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dimanche 21 septembre 2008

Alice in Wonderland : Le Non-Anniversaire

Ce mercredi soir, Charles Dogdson s'était invité aux Clématites.
La veille, le Lapin Blanc avait appelé le Chapelier. En effet, ce dernier avait fait part du soucis d'Alice par rapport au bruit généré par le « band ». Et tous étaient bien conscients des nuisances hebdomadaires qu'induisait l'accueil du groupe.
Le milieu de la semaine ne semblait plus aussi propice pour répéter, car outre les raisons évoquées plus haut, il y avait aussi le fait que tous devaient retourner travailler à Wonderland le lendemain. Ce qui ne laissait que quelques heures pour dormir.
Pour toutes ces raisons le mercredi n'avait plus le vent en poupe, et le samedi après-midi paraissait plus pratique : repos le lendemain pour les adultes et les enfants, Alice absente pour cause d'entraînement canin.
Il sembla donc pour le Lapin Blanc et le Chapelier que le destin du mercredi fut scellé et que celui-ci serait le dernier.
C'est donc avec un brin d'émotion que le Lapin Blanc s'apprêtait à vivre ses dernières heures de répétition nocturne.
Mais c'était compter sans la forza del destino.
La Duchesse Natricia par exemple est absente un samedi sur deux pour vaquer à ses bonnes oeuvres, et le Lièvre de Mars ne peut répéter que jusqu'à 17 heures ce jour là.
Tweedeldrum quant à lui travaille le samedi matin, ce qui aurait pu être une cause de lassitude au fil des semaines de ne pas voir son épouse tous les samedi après-midi.
Sans augurer des absences possibles des uns et des autres, plus fréquentes le samedi, avec pour conséquences directes une gestion beaucoup plus aléatoire de l'agenda du groupe.
Par conséquent, le remède étant pire que l'affection, on décida de maintenir la répète du mercredi le mercredi mais en aménageant les horaires : début effectif de la répétition à 21 heures, et fin des hostilités à 23 heures.


En ce mercredi, qui avait eu chaud, C'était le non-anniversaire d'Alice. Autour d'une très bonne tarte aux fraises, avec comme une inscription dessus qui aurait dit « mange moi », La Duchesse Natricia, la Reine de Coeur, le Lapin Blanc, le Chapelier, le Chat du Sheshire, le Lièvre de Mars, Tweedeldrum sans Tweedeldee, étaient rassemblés près de notre hôtesse, qui démêla patiemment, le temps d'un rock, le ruban frisé qui scellait les anses d'un sac de boutique par ailleurs hermétiquement agrafé. L'intensité de l'instant était à son comble.
Nos yeux étaient rivés sur le patient travail de dentellière de la Première Fane. Dans son regard se lisait le plaisir du mystère encore voilé que renfermait le sac qu'on avait passé de dos en dos afin d'en dissimuler jusqu'au dernier moment la présence. Une progression dramatique digne d'une scénario de Stephen King emplit la célèbre cuisine des Smith d'une électrique tension. Même la chienne, triple championne olympique d'agility de plein champ, Kaîra, interrompit ses divagations enthousiastes. Il est vrai qu'un sournois lui avait susurré « bonbon » le mot magique qui lui fit marquer l'arrêt comme un setter anglais et saliver des hectolitres de salives dans l'attente fébrile de quelque prébende. Nino quant à lui, resta serein. Présent depuis 20 ans déjà dans la famille, tout lui était arrivé : un séjour prolongé dans la machine à sécher le linge grâce à la complicité des deux jumeaux, un passage répété sur le corps lors d'une marche arrière mal négociée de son maître, une expérience assez traumatisante de plongée en apnée dans la piscine, ce n'était pas un non-anniversaire qui allait le perturber. Il resta donc à sa place, dans le foyer de la chemimée, rare lieu de la maison « safe ». Le museau sagement blotti entre ses pattes-pantoufles il laissa passer l'ondée, pour lui, (déclara-t-il plus tard à Kaîra en aparté) c'était Wonderland tous les jours.
Alors que les bords du sac s'écartaient, ainsi que les lèvres chaleureuses d'une matrice féconde, Notre sage-femme improvisée extirpa fluidement un.... Sac ! Avec deux anses, comme l'autre, mais plus solide et compact, en toile épaisse parcourues de bandes automnales, composant un hymne aux plaisirs champêtres, châtaignes et champignons compris. Oh, un sac, confirma joyeusement Alice, observatrice. « Un Longchamp, précisa-t-elle. « Presque, tempéra la Reine de Coeur. « Je l'ai choisi pour toi, glissa le Lapin Blanc, obséquieux.
« Je sais pas si c'est la chaleur ou l'émotion, lança le Lièvre de Mars, après avoir consulté, la larme à l'oeil, son oignon, et péremptoirement tapé sur ses cuisses, "mais si on s'y mettait ?
On descendit donc.

La salle Jim Morrison avait été nettoyée par erreur par la femme de ménage, qui avait passé la matinée à faire quelques travaux d'époussetage et de rangement et rassemblé cadavres de bouteilles et cendriers pleins. Une trentaine de bouteilles avaient ainsi été remontées des catacombes selon les organisateur : trois dont deux de limoncello, selon les participants. Bon, je pense que Rhadija s'est un peu fait mousser en parlant de ménage à fond à sa Maîtresse trop crédule, car sans trop chercher , nous avons quand même exhumé un cendrier plein, de sous un canapé. De plus il m'a semblé que les pieds de micros n'étaient pas nickel. Tweedeldrum a trouvé une tasse qui traînait.
Le petit personnel n'est plus ce qu'il était.
Mais enfin, c'était acceptable. Bien que je ne sois pas favorable à une trop grande fréquence du nettoyage de cette pièce : Il y a là du matériel fragile, dont les réglages au cordeau nécessitent une attention particulière. Une personne, même consciencieuse, étrangère à la « scène musicale », ne peut qu'être considérée avec la plus grande méfiance.

Fidèles à notre volonté de nous focaliser sur les nouvelles compos, nous avons longuement travaillé sur Docteur Bonheur. Nous avons dû passer une heure dessus, et je l'ai sûrement chanté plus d'une quinzaine de fois. Ce titre est très rapide, le texte touffu. J'aimerais connaître le bloody bastard son of a beach (volley) qui a pondu ces alexandrins. On est à la limite du rockabilly dans le tempo et ça ne traîne pas, tout au long de l'interprétation. Tout le monde est soumis à rude épreuve, depuis le batteur qui mouline à 140 bpm, jusqu'aux choristes qui accompagnent les couplets de « ouhap, ouhap, ouhap » durant les 5 minutes du morceau. Tout doit être réglé au pied à coulisse, pour produire un effet de fluidité. Ca s'emboîte et s'imbrique sans temps morts : c'est un véritable marathon de précision helvète (Underground). En revanche c'est un titre très dansant qui devrait plaire au public, même si les jeunes auront du mal à mon sens à l'adapter à leur tektonik.
Rappelons rapidement la symbolique des mouvements de base de cette « danse », qui m'ont été expliqués par mon fils Nicolas (une pointure, dans le domaine festif et en matière de psychologie du jetsetter) et qui mettent en oeuvre un intense travail de la partie supérieure du corps, et notamment des bras :
"Je me coiffe l'hémi-crâne droit avec la main gauche,
"je fais de même sur l'hémi-crâne gauche avec la main droite,
"je mime avec mes deux mains, réunies devant ma bouche, puis qui s'éloignent en ondulant, que je suis en train de vomir ma (mes) bière(s), ou mes softdrinks pour les plus fortunés,
"et de même par un mouvement inverse, je signifie aux autres que je ravale mon vomi.
"Puis je me recoiffe selon le schéma précédent.
L'Ecole Suisse, très à cheval sur l'hygiène, a introduit des mouvements annexes pour indiquer qu'elle se lave les mains entre chaque phase, particulièrement la dernière. Mais on rentre là dans une interprétation libre qui s'éloigne de l'orthodoxie et pourrait à termes entraîner un schisme.
Pour les filles à petite poitrine, il existe un enchaînement de mouvements pour signifier à quel point on se sent diminuée de n'avoir pas de bonnets plus imposants (balayage en croix à hauteur de l'emplacement supposé des seins). C'est une branche particulière de la tektonik : la tektonik dite « des plates ». Cette dernière s'est même vue enrichie d'une chorégraphie particulière, mais cela nécessite la présence de deux octogénaires. Les « plates » exécutent leurs figures entourées des vieux qui, on s'en doute, ont bien du mal à contrôler leur trajectoire. On parle alors de tektonik des plates accompagnée d'une dérive des incontinents.
On ne voit cela pour l'instant que dans les milieux branchés New Yorkais (ceux-là même où Woody Allen, respectable octogénaire, aime agiter sa clarinette devant les nymphettes en mal de sensations géronto-céréalières). rappelons pour mémoire que le blé est une céréale.

Alexis passait par là. Nous l'avons prié de nous donner son avis (sur la chanson). Ce dernier est mitigé. Il pense que nous sortons de notre répertoire habituel. Nous sommes dans la catégorie Pop-Rock, et là, pour lui, ce titre détonne et ne correspond pas à notre « ligne éditoriale ». Mais comme l'a fait remarquer l'un d'entre nous, (le Chat du Sheshire me semble-t-il) il est toujours bon de surprendre son public, et de le rencontrer sur des terrains où il ne nous attend pas forcément. Et depuis qu'Alexis est devenu gendarme, je doute un peu de sa capacité à donner un avis fiable. Le gendarme n'est pas ce qui se fait de mieux en matière de critique musicale Rock. Et puis rétrécir son cadre, alors qu'on n'est même pas encore connu, n'est-ce pas mettre les vieilles charrues avant les beufs ?!

Pour conclure cette session, Nous avons repris « Oublie » cet hymne à la vie en couple et à l'effort partagé. Comme on devait s'y attendre, les filles ont peu participé à ce moment de la répétition. Pourtant Pierrot a fait un énorme travail de toilettage sur la mélodie, afin de dynamiser ce titre au niveau musical. Parce que coté texte, on ne pouvait pas faire grand chose de plus : tel quel c'est déjà une bombe ! Cependant Pierrot a aussi repris le refrain pour lui donner plus de volume.
Très sincèrement, les modifications introduites ont considérablement amélioré ce titre, qui sera selon moi un des éléments phare de la prochaine saison. Surtout si les filles consentent à s'y mettre un peu. Jusqu'ici elles n'arrivent qu'à dire (fort bien d'ailleurs) une phrase de leur composition durant le refrain, encore celle-ci ne pourra-t-elle pas « passer » partout car il y est question de « trou du cul ».

Une légère tension donc sur ce dernier titre, mais nous ne désespérons pas d'arriver à un accord sous peu.

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