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mercredi 29 avril 2009

La Thérapie par le Rire

Je commençais à estimer que peut-être nous n’étions pas si mauvais que ça. Je voulais espérer que le travail payait finalement et que notre groupe n’avait pas à rougir de sa musique. En tous cas j’avais le sentiment d’une progression. Pas d’un talent, mon Dieu non, loin de moi cette pensée orgueilleuse et inapproprié, mais peut-être d’un soupçon de pratique. Heureusement je suis allé vendredi dernier chez les Desimeur pour aller chercher Philou avant de partir voir l’excellent match de foot que Nîmes a remporté deux à un contre euh… . Ça m’échappe sur l’instant mais ça me reviendra.

Mathieu D. était là. En visite chez ses parents. Il était calme, détendu, serein. Loin des strass et des paillettes, du succès, des hommages, et finalement des vicissitudes parisiennes d’une vie d’artiste dont on ne soupçonne pas les pesantes obligations en regard de l’énergie qu’il faut mobiliser pour accomplir son destin. Je perçus qu’il était retourné en province pour se ressourcer aux plaisirs simples de la vie familiale. Je le saluai, échangeai quelques banalités, puis rejoignis Philippe au salon. J’avais apporté un Cd de notre dernière répétition pour le faire écouter à Lolo. Dans la minute qui suivit, dès les premières mesures, mes illusions s’étaient envolées : Mathieu venu par hasard au bar était plié en deux, -de rire- me suppliant d’arrêter le massacre !

Il est bon de pouvoir, dans ce monde changeant qui est le notre, qui nous échappe à chaque fois qu’on tente d’en saisir la complexité, se raccrocher à un invariant, une sorte d’îlot de stabilité propre à nous rassurer. Mathieu est de cette trempe. D’année en année il nous conforte sur notre niveau, qui reste nominalement médiocre, et en tous cas hilarant. Parfois on dérive, on se prend à espérer, on oublie d’où on vient, on se berce d’illusions. Mais par chance certains ont la faculté de recentrer les choses. Et ça c’est infiniment précieux. C’est comme un bain revigorant, une jouvence salvatrice. Une thérapie par le rire.
Lolo, miséricordieuse incrimina la qualité de l’enregistrement, mal servi par un appareil à la technologie douteuse. Conciliant à mon tour, faisant appel à toute l’hypocrite complaisance dont j’étais capable, je convins de la chose, laissant Mathieu retourner vers son poker online multiplayers.
Un rayon de soleil cependant : ça n’est pas pire qu’il y a un an. On se maintient. Et tout ça grâce à notre travail hebdomadaire régulier.

Pourtant le mercredi, ça nous avait semblé honnête. Bien sur nous n’étions pas au taquet de nos possibilités, mais c’était d’un niveau correct. Bon, évidemment si l’on passe sous silence quelques solos évasifs, sur une rythmique parfois absente sous l’impulsion un peu hasardeuse d’une batterie désinvolte. Cependant on ne peut la blâmer tant la basse était omniprésente. Il est vrai qu’au chant j’étais au fond des cordes et que les chœurs n’en avaient plus guère –du cœur- pour prendre la peine de chanter en harmonie, ce qui influa grandement sur le tempo des claviers. Cependant ils étaient utilisés d’une main, l’autre était occupée à fumer.

Mais grosso modo on reconnaissait assez bien les morceaux. Surtout qu’on les jouait assez fort. Enfin, moins fort que d’habitude, mais tout de même suffisamment pour inciter Lololalolo à jouer avec le casque antibruit. Encore que je me demandai sur l’instant si c’était à cause du niveau sonore, ou bien par anticipation du fou rire de Mathieu D. le samedi suivant. Il est vrai que notre perception était comme à l’accoutumée faussée par un niveau modéré d’insouciance suite à une thérapie déshinibitrice à base de Starter. A ce niveau « d’insouciance » on est perméable à tous les excès notamment celui de croire qu’on joue bien.
La pause permit à Jésou de nous raconter une anecdote désopilante comme lui seul en a le talent, celui des conteurs occitans. J’aurais voulu vous en faire partager le sel, hélas j’ai beau me creuser la tête je n’en ai plus que le souvenir de nos rires.

Pour conclure j’ai reçu un « faire suivre » de Pascou contenant deux compos du KreaX. Je les ai un peu évoquées en commentaires : j’ai bien aimé le thème de Pichon 3. Juste une chose pourquoi ce nom « Pichon » ? Il se trouve que pour moi il renvoie au patronyme de mon ancienne chef, Madame Jeanne Pichon, une espèce de teigne madrée, sournoise et calculatrice qui n’eut de cesse que de me barrer le chemin vers la promotion durant dix ans.

Donc, cher Michel, si tu pouvais changer le nom de tes compos, ça m’éviterait de mauvaises pensées à chaque fois que j’ouvre un de tes fichiers.

lundi 27 avril 2009

La Réalité Dépasse la Fiction

Nico of course !!! dit :
salut papa :)
michel dit :
salut nico
michel dit :
alor toi aussi tu as visité les catacombes ?
Nico of course !!! dit :
bah bien sur nous on fait des excursions la nuit vers 3 heure du mat on se ballade dans les jardins de la fontaine et tous ces endroits sombres
michel dit :
si ça se trouve on aurait pu se rencontrer lol... tu entends pas la guitare de Pierrot des fois ?
Nico of course !!! dit :
ahahaha non je ne l'ai jamais entendue :P mais vous avez vraiment trouvé un passage ou c'est une histoire ( en tout cas j'y ai cru et j'ai adoré comment tu a raconté ça :P)
Nico of course !!! dit :
Tout le texte ma tenu en haleine :P
michel dit :
lol, même moi ça m'a tenu en haleine ! A la fin j'ai vraiment eu la sensation que j'y étais vraiment allé
Nico of course !!! dit :
MDRRRRRRRRRRrrrr :)
michel dit :
En fait au début j'ai fait le montage photo avec Pierrot, c'est après que j'ai eu l'idée de faire le texte
Nico of course !!! dit :
Tu a bien eu raison :) en tout cas si vous cherchez des coins pour jouer la nuit à 3 heure du mat j'en connais plein et des bien sympa :)
michel dit :
Et il y a pas d'autres visiteurs ?
Nico of course !!! dit :
Non personne !!
michel dit :
Mais tu descends dans les égouts ?
Nico of course !!! dit :
Non on escalade des murs et des grilles lol
michel dit :
et puis tu te retrouves ou alors ? Dans le jardin de la fontaine ?
Nico of course !!! dit :
Oui tout au milieu du jardin de la fontaine mais je connais un immeuble quand on descend dans la cave il y a des souterrains et ils mènent a l'église saint bodil
michel dit :
ouauh, tu devrais prendre des photos, et faire un reportage sur le blog
Nico of course !!! dit :
La femme nous avait raconté que c'était les prots qui les avaient construits pour éviter de se faire zigouiller je crois
michel dit :
Dans le style la réalité dépasse la fiction…
Nico of course !!! dit :
Tu veux un reportage foto ? :)
michel dit :
vi
michel dit :
Ben tu vois, j'étais pas loin de la vérité alors
Nico of course !!! dit :
si pour ça que j'y ai cru mdr
Nico of course !!! dit :
tu m'a motivé pour taper l’excursion ce soir :P
michel dit :
lol fais attention quand même
Nico of course !!! dit :
oui tkt on a l'habitude ^^
Nico of course !!! dit :
A 3 heure du mat tout le monde dort
michel dit :
Bon.. Et si tu trouve du château Yquem, rapportes m'en 6 bouteilles
michel dit :
ça nous changera de la boisson ambrée !
Nico of course !!! dit :
ahahaha pas de souci :P
Nico of course !!! dit :
De toute façon on boit pas de vin nous :P
michel dit :
oui, je sais, les jeunes sont sobres
Nico of course !!! dit :
Exactement :)
Nico of course !!! dit :
Je vais te faire un reportage foto sur tout les lieux mystique de Nîmes la nuit :)
michel dit :
Sourire. Bon, donc j'attends tes photos, et le reportage texte avec les détails
michel dit :
ça va être ENORME
Nico of course !!! dit :
vi :)
michel dit :
On va le vendre à Midi Libre
Nico of course !!! dit :
AHAHAHAHAH :P
michel dit :
Bon, j'annonce ça sur le blog, on est tous en haleine ; l'aventure continue !
michel dit :
Ah, on passe à table.
michel dit :
canellonis
Nico of course !!! dit :
bon appetit :P
michel dit :
Ok, bon maman hurle, j'y vais, à plus
Nico of course !!! dit :
bisouxx :)

dimanche 26 avril 2009

Underground

J'ai eu récemment le privilège d'accompagner Pierrot dans ce qui est un des aspects les plus secrets de sa vie artistique : La recherche de l'inspiration.
Je lui demandais lors d'une soirée quelle était la clé de son processus créatif. Il resta très vague dans sa réponse et je sentis une sorte de gène dans ses propos. Je n'insistai pas sur le moment, mettant son attitude sur le compte d'une méfiance après tout légitime. L'artiste n'aime pas dévoiler ses secrets, et exposer aux yeux de tous l'intime travail de ses émotions au service du difficile exercice que constitue la composition d'une chanson.

Je ne pensais plus à cette conversation lorsqu'un soir je reçus un coup de fil étrange :

« Mitch ? C'est Pierre. Tu m'as demandé comment je m'y prenais pour composer. Si tu veux, retrouve moi devant l'entrée de la buvette du jardin de la fontaine, et tu auras tes réponses.

« A quelle heure ?

« A 2 heures. Au fait, apporte une lampe, de la boisson ambrée. Habille toi avec des vêtements chauds et sombres.

A L'heure dite, je battais le pavé depuis une dizaine de minutes quand Pierrot arriva. Il avait sa guitare et un petit ampli dans un sac a dos.

Après une rapide poignée de main, d'une voix mystérieuse il me dit « suis-moi ».
« Ou ça ?

« Par là, m'indiqua-t-il du doigt, me montrant les sombres et inquiétantes frondaisons du jardin.

Sur ce il partit. Longeant les façades, il s'arrêta devant une des portes cochères, près des grilles du parc. Il appuya sur une sonnette et la porte se débloqua instantanément.
« J'ai trouvé ça il y a quelques mois, un jour que je venais faire un soin à une vieille propriétaire. Si tu sonnes rapidement deux fois de suite, en tirant la porte à toi, ça s'ouvre ! Bon, allez on continue. Pas de bruits surtout !

Par chance j'avais mis mes chaussures à semelles souples et je constatai que Pierrot avait fait de même. Tels deux fantômes, nous empruntâmes un couloir monumental sur une dizaine de mètres. Sur la droite, Pierrot avisa une porte basse : « C'est là qu'ils entreposent les poubelles » expliqua mon guide. Nous pénétrâmes dans une petite pièce. Le sol était bétonné, le plafond voûté incurvait ses ogives sur des murs en pierres apparentes. Pierre alluma sa lampe torche. Il éclaira le fond de la pièce. « Là », me montra-t-il. Un double volet de bois au sol, à moitié dissimulé par des poubelles donnait accès à une cave. « Aide-moi ». Il commença à déplacer les poubelles. Je lui prêtai main forte. La tournure des évènements commençait à m'exciter. Voilà qu'une simple question posée lors d'un cocktail mondain entraînait des évènements pour le moins singuliers. Le Pierrot cachait bien son jeu.

Il souleva les volets, découvrant un escalier qui se perdait dans l'obscurité.
« Pierrot, c'est dingue, on se croirait dans un épisode de Belphégor ! Comment as tu trouvé ce passage ?
« C'est ma patiente, elle voulait m'offrir une bouteille de vin pour me remercier. Elle était constipée depuis plus d'une semaine, et par des massages périnéaux que j'avais appris j'ai pu rétablir son transit. Alors une fois qu'elle a bien tout évacué, elle m'a conduit ici et nous sommes descendus à sa cave. Elle a des tas de bouteilles. Il y a des cognacs qui remontent à 1880, et il lui reste une douzaine de Château D'Yquem de la même période. D'ailleurs elle m'en a donnée une. Il faudra qu'on la goûte.

« Un Yquem ?! Mais sais-tu combien ça coûte une fiole de 1880 ?
« Bah, elle vit toute seule maintenant, elle s'en fout. Ses neveux sont des cons, elle n'a jamais eu d'enfants. Elle préfère en faire profiter les gens qu'elle aime bien. Bon, c'est pas le tout : on continue à discuter oenologie ou bien est-ce qu’on avance ?
« Tu as raison, allons-y.

Nous empruntâmes l'escalier, les disques de lumière de nos lampes accrochant les anfractuosités des murs, et projetant nos silhouettes déformées. Pierrot referma les volets derrière moi. Au bout d'une vingtaine de marches, nous accédâmes à un couloir étroit desservant des caves de part et d'autre. Le Leader fit quelques pas puis stoppa devant une porte. « C’est là ». Il porta sa main au dessus du linteau et promena ses doigts. Son visage s'éclaira : « Ah, voilà ». Il tenait une clé ancienne. Il s'en servit pour manoeuvrer la lourde serrure qui céda en grinçant. Il ouvrit la porte. Un courant froid et humide nous lécha les pieds tandis que nous franchissions le seuil.

La cave était de dimensions respectable : Une trentaine de mètres carrés. Elle était encombrée d'objet divers recouverts d'une séculaire couche de poussière. On comprenait que les lieux n'étaient pas visités souvent. D’un geste il m'indiqua un mur : des centaines de bouteilles reposaient. « Que du bon ! » Commenta-t-il. « Alors c'est là que ça devient intéressant » poursuivit-il. « Tu vois au fond là-bas ? » De la lampe il m'indiqua le coin opposé de la pièce. Une glace monumentale richement décorée, au teint piqué nous renvoya notre reflet estompé par une couche épaisse de poussière. Je constatai qu'elle était appuyée sur un mur, et qu'elle laissait apparaître à moitié une porte basse.
« On va passer par là ». Il ouvrit la porte qui racla contre le sol de terre battue. Sa lampe éclaira l’espace vide derrière. Le faisceau se perdit dans le noir sans rencontrer d'obstacle. Pierrot m'expliqua : "Ma patiente pense que ce couloir date du temps des guerres de religions. Quand les protestants étaient pourchassés pour leur hérésie. Elle m’a indiqué que le couloir faisait plusieurs centaines de mètres et rejoignait le réseau d’égouts mis en place par les Romains.

Nous avançâmes vers l’obscurité. Notre progression était relativement lente car le plafond était bas, nous devions marcher un peu courbés et faire attention aux accidents du sol. Il était constitué de dalles de pierres dont le jointement était rendu approximatif par les effets du temps. Au bout d’une dizaine de minutes, nous franchîmes un seuil, en ouvrant une porte en barreaux de fer qui pivota sans bruits sur ses gonds.
« La dernière fois j’ai apporté une burette précisa Pierre. J’en avais marre qu’elle grince tout le temps.
Nous débouchâmes dans une immense salle. Elle était circulaire, haute de cinq mètres, d’un diamètre équivalent à celui d’une petite place. Une margelle d’une soixantaine de centimètres de large en faisait le tour ; au centre, un bassin de rétention à la surface sombre accueillait les eaux de canaux disposés en étoile disparaissant par des ouvertures à hauteur d’homme. La salle était bien éclairée par des grosses lampes protégées par des grilles. Nous éteignîmes nos torches. Pierrot posa sa guitare et alluma une cigarette. J’en profitai pour m’en rouler une également. Le silence s’installa alors que nous fumions et que les volutes de fumée se perdaient vers une bouche d’aération.

« J’ai du explorer tous ces collecteurs durant plusieurs expéditions, me précisa Pierre. Là on se trouve sous l’entrée Jean Jaurès du Jardin de la fontaine.
Bon, tu as porté une bouteille au fait ?
« Oui, j’ai pris du Glenfiddish, j’ai pensé qu’un whisky bien tourbé serait parfait pour l’occasion. Je lui tendis la bouteille, il en but une ample rasade qu’il ponctua d’un soupir de satisfaction puis me la rendit pour que je puisse à mon tour me réchauffer. En cette nuit d’avril et bien que la température extérieure soit plutôt douce, l’humidité et la fraîcheur du lieu commençaient petit à petit à imprégner nos os. Le feu de la boisson ambrée me fit du bien, et je sentis une agréable chaleur irradier mon corps. Je regardai ma montre : Il était presque 3h.

« Allez, c’est pas là que ça touche comme dirait le Baou ». Les paroles de Pierrot rompant le silence me firent sursauter. Je rangeai la bouteille et le suivis alors qu’il s’engouffrait déjà par un des accès de la rotonde.
« Tiens je vais te montrer un truc me lança-t-il sans se retourner. Nous marchâmes plusieurs minutes. Le canal était rectiligne. Nous marchions sur l’une de ses deux berges. L’odeur n’était pas des plus agréables mais restait supportable. Nous pouvions marcher debout, de loin en loin des ampoules électriques ponctuaient notre progression, constituant un archipel de lumière au long du quel nous voguions.

Nous finîmes par stopper devant une nouvelle grille que Pierrot poussa : Nous avançâmes sur une sorte de vaste terrasse en dalles lisses. Un courant d’air frais m’indiqua que nous étions à l’extérieur, ce que me confirma un regard vers le ciel constellé d’étoiles. Devant moi je vis dans la clarté lunaire des colonnes romaines circonscrivant une surface rectangulaire. Le sol descendait en degré vers une étendue d’eau calme.

« On est dans les termes romains précisa Pierrot. Le Jardin est au dessus. Pas mal hein ? Tu me demandais comment je cherchais l’inspiration, et bien je peux te dire que c’est ici que j’ai composé Juke Box. Protestsong c’était dans la rotonde où nous étions tout à l’heure.

« Je restai sans voix, occupé à explorer des yeux la beauté de l’endroit. Je tentai d’imaginer ces termes du temps de leurs contemporains. Ce puits millénaire que j’essayai ainsi de sonder me procura un court vertige.

« Allez, encore un petit effort et on est arrivé », m’encouragea-t-il. Je le suivis à reculons, pour profiter encore du spectacle serein des termes assoupis puis nous retrouvâmes le canal que nous remontâmes à contre courant, nous enfonçant sous la colline de la Tour Magne.

« Je pense que c’est le collecteur des égouts du quartier de la tour Magne » lança-t-il. Ca doit être un sacré bazar parce que d’un coté il y a les collecteurs, et de l’autre l’eau de la Fontaine. Les deux ne doivent pas se mélanger. Une fois alors que je me promenais, j’ai failli être surpris par une ronde des égoutiers. Je me suis caché, mais après coup je me suis dit que j’aurais du les aborder. Ils m’auraient fait visiter. C’est vachement intéressant ces égouts. Ca suit les rues. Je suis certain que dans la journée un type qui connaît bien le plan peut aller d’un bout à l’autre de Nîmes en un rien de temps !

Il me montra à gauche une désormais classique grille d’accès : "Par là on grimpe un escalier en colimaçon qui conduit aux sous-sols de la Tour Magne. Quatre vingt quinze marches. Et pas en très bon état. Ils étaient prévoyants ces romains et ces huguenots, ils ont relié à peu près tous les bâtiments de Nîmes entre eux. Je suis sur que si on cherchait bien, on pourrait trouver un chemin pour rentrer chez les Desimeur par leur cave, avenue Carnot! Ca ferait une bonne salle de répétition d’ailleurs, tiens…

Nous poursuivîmes notre pérégrination. Pierrot sifflotait. Je marchais derrière lui, perdu dans mes pensées, avec en fond sonore le clapotis de l’eau et les bruits étouffés de nos pas.

« Voilà, c’est là ! » Je levai la tête et sortis de ma méditation. « Tu vois si on continuait par là, on tomberait sur le Castellum, mais pour ce soir, nous allons nous arrêter là ». Il tourna à main gauche et disparut de ma vue. J’eu une courte sensation de solitude, une peur irraisonnée qui sûrement fit appel à des peurs anciennes. Mais rapidement je fus à sa suite. Nous débouchâmes dans une pièce surprenante. Une chapelle.

« Alors là ! Si je m’attendais à ça, fis-je ébahi. Je tournai la tête pour embrasser l’espace réduit dans lequel nous nous trouvions. En face de nous, sur une petite estrade de pierre, un autel massif trônait. Sur le sol dallé, des bancs de pierre étaient disposés sur trois rangs, séparés par une petite allée de trois mètres menant à l’autel. De part et d’autre, sur les murs latéraux des représentations gravées dans la pierre des 12 stations de Jésus, faisaient comme une haie d’honneur. A l’entrée, près de nous à droite, se trouvait un bénitier. Le plus surprenant était qu’il était rempli d’eau. Une eau limpide. Un christ tourmenté sur sa croix nous dominait et irradiait sa passion.

Ca te plait ? Me demanda Pierre, et il s’esclaffa devant ma mine stupéfaite. Pas mal mon studio de répète, non ? Voilà c’est là que j’ai composé Marre et Ecolosong. Tiens, sur ce banc là : Il me montra l’un des deux bancs près de l’autel. Pendant qu’il me parlait, il me dit d’allumer ma lampe. Il fouilla dans son sac, en sorti un de ces dispositifs s’adaptant aux douilles des ampoules pour fournir une prise de courant. Il fixa à nouveau l’ampoule puis brancha son ampli.

« En plus l’acoustique est parfaite ! Et il attaqua le riff de Docteur Bonheur.

J’étais sous le charme, à la fois du lieu, et de la manière dont nous y étions parvenus. Quel étonnant Pierrot, qui nous dissimulait depuis des mois ces escapades nocturnes et nous en ramenait ses exceptionnelles compositions. A la lumière des évènements que je venais de vivre, le travail de Pierrot n’en prit que plus de relief. A nouveau je me laissai entraîner à ma rêverie sous les accords feutrés du Leader Maximo auxquels les murs de la chapelle firent écho, imprimant à la mélodie des allures de musique sacrée.

Comme je pensais que vous ne croiriez jamais cette histoire, j'ai pris la précaution de prendre une photo. Ainsi toute ambiguité sera levée sur la véracité de ce présent récit.

Au Bout du Tunnel : Les Undertakers !

mardi 21 avril 2009

A Force d'Avoir la Tête dans l'Armageddon...

Deux répètes cette semaine. La traditionnelle « séance d’entretien » du mercredi et sa petite soeur pré-dominicale du samedi.
Mais avant d’en extraire les temps forts, il nous faut rendre compte de la soirée d’inauguration du nouveau cabinet de Catou.
Sis dans le quartier nîmois qui abrite également le cyclotron, au-delà du Parnasse, et du complexe cinématographique Kinepolis, il occupe une partie du premier étage d’un petit immeuble d’une trentaine de mètres d’arrête en toit terrasse. Catou en partage la propriété avec trois confrères. Au fronton, une enseigne indique « NEMOSART ». Je ne sais pourquoi ce nom m’évoque une destination artistique : une galerie ou un musée, à tout le moins une villégiature pour artistes dans le style de la Villa Médicis. En fait il faut lire : Nem(ausus), OS, ART(iculation). Ce qui est un peu plus prosaïque, quoique assez poétique au final et ne m’étonne nullement de Catou, auteur de l’acronyme.

Tout d’abord, saluons le buffet impressionnant et délicieux, et son excellente gestion par l’énergique Josette, factotum de l’association. La Compagnie du Cercle élargie avait répondu présent à l’invitation, et c’est dans une ambiance amicale, presque exempte de trous du cul (mais on n’est jamais à l’abris d’en être un soi-même hélas) que nous visitâmes les bureaux et installations du lieu. Le concept est intéressant qui a permis à chacun des médecins de personnaliser son bureau selon ses goûts. Chez Catou, ambiance New Yorkaise avec un gigantesque cliché de la ville pris depuis le sommet de l’Empire State Building, chez ses confrères atmosphère marocaine, ou bien littorale. Des aménagements confortables, presque intimes, où il sera dommage selon moi d’accueillir des patients ! Enfin, il faut bien vivre..

Je constate (entre parenthèses) que le lieu serait propice -et « Nemosart » en prendrait toute sa signification- à l’épanouissement nocturne d’un groupe de rock, qui ne saurait que prendre un essor fulgurant dans un tel environnement. Je laisse l’idée cheminer. Mais tiens-moi au courant Catou. Après 21h on ne devrait plus gêner grand monde.

Entre deux amuse-gueules cette rencontre fut l’occasion pour notre Baou, le choriste honoraire, de demander notre avis de la part de son caviste personnel J.P. Pottier sur le whisky français que sa mère avait offert à Pierrot. Nous fûmes plutôt embarrassés pour répondre. Comme boisson, ce produit est intéressant, il est fruité, en même temps fort en alcool. Mais à l’épreuve d’un blind test il rappellerait plutôt un calva ou un cognac et n’aurait qu’une lointaine parenté avec le goût tourbé d’un whisky écossais. En manière d’analogie, je rappelai à Alain qu’en Californie on faisait un excellent vin « méthode champenoise », pour autant les puristes ne le qualifieraient pas de champagne. Ce qui ne l’empêchait pas d’enivrer fort correctement son homme.

L’opportunité fut également donnée à Bernard, l’avocat bien connu, de nous renouveler son inconditionnel soutien dans notre entreprise, et de réaffirmer la nécessité d’enregistrer enfin nos compos auprès des instances compétentes afin de les protéger, dans un contexte international féroce, des prédateurs de tous ordres, tant leur originalité de ton et leur perfection mélodique sont des attracteurs potentiels puissants de la fourbe convoitise des rapaces de l’édition musicale. Pierrot en convint, qui promit de coucher sur papier les lignes mélodiques de ses compos et d’y joindre sous pli pas trop discret les paroles de nos chansons.

A l’instar du champagne étasunien évoqué plus haut, les deux dernières répétitions ne furent pas exceptionnellement pétillantes. Et s’il devait y avoir des bulles elles prendraient une forme moins champenoise, plus grosse, à types de boulette, dont chacun à son tour émailla sa prestation. Mais modérons notre propos, ce ne fut pas catastrophique pour autant. Pour tout dire c’est de moins en moins habituel, par conséquent les rares imperfections n’en prennent que plus de relief. On va le dire comme ça…

Mercredi, en l’absence de Lolo, partie avec sa tribu tester le whisky agricole de la Guadeloupe, nous pûmes tout de même travailler les chœurs avec Odile, et aussi les duos, notamment sur Proud Mary, God Save the Queen ou Should I Stay. Comme j’en ai fait un enregistrement, j’ai pu par la suite constater que l’harmonie, ce n’est pas facile. Il faudrait vraiment qu’on s’y mette, de ce coté. Chacun a tendance à composer sa propre partition, parfois ça tombe plutôt juste et parfois c’est… perfectible !

A la pause nous parlâmes eschatologie. « L’étude de la fin ». Pour Jésou (qui est au courant, mais qui aime brouiller les cartes), prompt à fourrer des plumes dans le cul de tout ce qui paraît exotique, je précise qu’il ne s’agit pas d’une version érudite de la scatologie, mais plutôt d’une tentative de prédiction de la fin des temps. Une sorte de météo cataclysmique à plus de cinq jours, au caractère aléatoire fort, et très empreinte d’un naïf anthropomorphisme teinté de créationnisme à rebours issus des délires psychédéliques des hippies mystiques de l’époque. Elle est prophétisée par toutes les religions, sur des modes divers. Pour les catho un consensus semble s’être dégagé au cours des siècles, à grands renforts de conciles et d’encycliques, d’excommunications et de massacres variés, tandis que chez les protestants et les musulmans il apparaît que chaque ministre du culte développe sa propre analyse comme on joue une variation d’un standard du jazz. Pour les juifs et les bouddhistes, ainsi que les hindouistes c’est un peu du même tonneau. Une constante toutefois : tout ça va se terminer dans le plus complet chaos ! Là-dessus l’opinion est très œcuménique : avant d’accéder au Nirvana et ses clones, on va passablement en chier. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre l’avenir misérable de l’humanité dans son cheminement terrestre et la destinée des UFR. Quelle sera notre eschatologie ? Sera-t-elle glorieuse, ou bien ne connaîtrons nous l’apogée du groupe qu’une fois son souvenir dissout dans les turbulences d’un Armageddon du Rock et ses membres dispersés au hasard des falaises du haut desquelles on aura jeté leurs cendres ?

A ma décharge cette vision apocalyptique et brumeuse de notre avenir me vint après avoir testé un peu du starter de Jésou. Rappelons-le, il s’agit d’un détonnant et instable mélange de Limoncello de Sylvie (qui est au limoncello standard ce que le TNT est au petit bâton qui pétounège des étincelles, qu’on pose sur les gâteaux d’anniversaire) et de Rhum agricole. Ce cocktail est d’ailleurs connu pour ses effets dévastateurs sur les centres cognitifs. Les américains l’ont utilisé durant la guerre du Viet Nam, et l’on constamment perfectionné depuis. C’est le même produit qu’a utilisé la CIA dans les sinistres geôles de Guantanamo pour briser les résistances des chefs présumés d’Al Kaida. Le principe actif est extrait d’une plante rare des bords du fleuve Orénoque, jalousement protégé jusqu’à récemment par la tribu Arumbaya (celle là même qu’évoqua Hergé dans l’Oreille Cassée) et volé au cours d’une nuit d’orgie par un missionnaire adventiste dévoyé et saoul, puis échangé contre une bouteille de mauvais whisky au représentant d’une grand groupe pharmaceutique français en cheville avec le directeur régional de l’INRA de Montpellier travaillant sur l’hybridation des citronniers quatre saisons. Un client de Sylvie. En remerciement d'un silence complaisant au sujet d'un découvert mineur, il s'était engagé à lui fournir des boutures de l'agrume expérimental.

C’est peut être du coup par excès de méfiance que nous décidâmes tacitement de nous débrouiller à l’eau claire le samedi. Ce fut une répétition d’homme, virile à souhaits, et sobre. Pour autant elle promit plus qu’elle ne tint. Pourtant tout se passa brillamment durant la première moitié de la répète. Et puis l’écueil : Proud Mary et Caroline. Le soufflet qui retombe. Et le son qui enfle.

Bon, au final nous travaillâmes tout de même avec un relatif bonheur nos deux chansons subversives des Clash et des Pistols. Et puis n’oublions pas, dans une sorte de trilogie de la rébellion, le cultissime Antisocial de Trust dont nous devons accrocher le titre à notre tableau de chasse dans les prochaines sessions.
En parlant de final, et d’eschatologie, rappelons que les finaux, justement, sont notre point fort. On est parfois approximatifs dans nos interprétations mais pour ce qui est de les conclure, ça on sait faire ! Si on ne voit pas comment va finir le groupe et s’il y aura une résurrection après sa mort si tant est qu’elle survienne un jour, en tous cas on à la certitude qu’il sait terminer les morceaux.

Un premier pas sur le chemin de la sagesse mais à force de pédaler le nez dans l’Armageddon, à fixer les cailloux de la route du succès, on oublie de lever les yeux, contempler le paysage et se laisser gagner par l’émotion. Le rock, ça doit être planant, intemporel, sauvage et tripal, sans règles ni barrières. On s’en fout de demain. Le Rock c’est ici et maintenant. Hic et Nunc. C’est notre Religion.

mardi 14 avril 2009

Les Rois du Monde

Les rois du monde s’invitent
Et les fiers pantins s’affichent
Devant les flashs qui crépitent
Et font leur numéro d’artiste
Pour les pages de papier glacé
Des périodiques branchés

En vérité je vous le dis
Le ver est dans le fruit
Je ne pense pas que ce soit ça la vie

Ils disent qu’on est des citoyens
Qu’on est le peuple souverain
Cependant ceux-là nous trompent
Qui foulent au pied les principes
Et bafouent les lois éthiques
Comme des corbeaux cyniques

En vérité je vous le dis
Le ver est dans le fruit
Je ne pense pas que ce soit ça la vie

Ceux-là sont nos nouveaux princes
Mais que valent leurs promesses
A l’aune de toutes détresses
De leurs sujets hier en liesse
Ce ne sont que des prédateurs
Des rapaces des imposteurs

Ils disent qu’on est des citoyens
Qu’on est le peuple souverain
Cependant ceux-là nous trompent
Tout en nous cirant les pompes
Ils escamotent leur honte
Et pendant ce temps nous tondent


En vérité je vous le dis
Le ver est dans le fruit
Je ne pense pas que ce soit ça la vie
Le ver est dans le fruit
Le fruit mal défendu
De la vérité nue
Le fruit de la vertu
Qu’on viole et puis qu’on tue
Qu’on presse jusqu’à l‘abus
Qu’on jette aux détritus
Je ne pense pas que ce soit ça la vie

lundi 13 avril 2009

Une Répète pour les Sourds et les Malentendants

La répète du mercredi. Sujet cent fois traité. Exercice imposé mais jamais bâclé. Chaque réunion des UFR est comme un nouveau départ, une nouvelle promesse de lendemains qui chantent. Et je me dois d’en traiter le compte-rendu avec la plus extrême rigueur. La postérité nous jugera sur ces brefs rapports, ils se doivent de relater le plus fidèlement possible les évènements qui ont influé sur la vie et les progrès du groupe. J’en regrette parfois le caractère austère, le style télégraphique et la trop grande concision. J’aimerais développer au long des pages le fil de nos débats animés afin de restituer exactement les événements qui ont conduit à l’élaboration par exemple de tel ou tel arrangement dont la pertinence ne peut être contestée. Hélas le temps me manque parfois, et je dois tailler dans le vif afin de ne garder que l’essentiel. Je prie le lecteur de m’en excuser.

Sylvie est absente lorsque nous prenons place autour de la table familiale. Mais heureusement Kaya est là pour assurer une présence féminine ; son accueil est chaleureux et humide mais empreint d’une certaine retenue : Quand elle vous renifle le cul, c’est avec tact et courtoisie et ses léchouilles ne se portent aux couilles que parce que son Maître, Jésou, lui a insufflé le sens de la rime. On reconnaît là le résultat de longues heures d’agility : pour les gosses comme pour les chiens, l’éducation, ça paie ! « Nos » femmes, Odile et Lolo, sont présentes aussi, qui tempèrent de leur féminité les outrances joyeuses du reste de la meute (avec moins de léchouilles par contre).

Je profite de l’occasion pour distribuer un exemplaire personnalisé de l’enregistrement de notre dernière répète. Ce n’est pas la première fois que je grave dans l’acétate nos travaux musicaux, mais cette fois-ci, je suis plutôt satisfait. L’objet est assez réussi esthétiquement, imprimé sur l’une des faces, et présenté dans un package original. Par ailleurs le contenu en est intéressant, même s’il n’est pas exempt d’imperfections. Il reflète l’état de l’art des UFR à un instant T dont nous n’avons pas à rougir. Enfin c’est mon avis. Il est vrai que je suis un peu de parti-pris.

Cela me permet de proposer un enchaînement des titres, afin de constituer une base pour nos concerts. Le prochain se profile désormais au bout de la ligne droite, puisque Sylvaine nous attend le 9 mai pour la pendaison de sa crémaillère. Il est temps de se fixer clairement un objectif et d’arrêter la liste des titres que nous allons interpréter. Grosso modo, nous n’avons pas les moyens de faire la fine bouche, ni d’ergoter sur les choix : ce seront TOUS nos morceaux que nous proposerons au public. Ce qui en fera 15. Notre seule marge de manœuvre reste donc leur ordre de passage, avec cette contrainte qu’on n’enchaîne pas deux titres de même tonalité. Ne me demandez pas pourquoi, il semble que ce soit un problème de lassitude auditive. Par chance je suis tombé presque juste, un peu comme le gagnant au Millionnaire, j’ai rempli ma grille : tous les numéros sont sortis, même si deux d’entre eux l’ont été dans le désordre.

C’est donc à cette nuance près dans l’ordre du CD, que nous faisons notre premier marathon. Je me dois de préciser que je ne suis pas au mieux de ma forme vocale. L’ambiance sonore y est peut-être pour quelque chose. Il est vrai qu’au delà des 120 décibels (dont l’échelle est logarithmique), c’est à dire à peu près le bruit des réacteurs d’un 747 au décollage, quand il prend son essor en bout de piste, ses roues se rabattant quelques centimètres au dessus du crâne de l’auditeur, j’ai du mal à hurler de manière intelligible et mon trémolo prend un peu de gîte tandis que mon sustain donne de la bande. Cependant j’ai appris à m’accommoder des ambiances sonores les plus hostiles, et à m’écouter chanter un peu comme le sourd suit une conversation sur les lèvres. Odile, quant à elle, se contente dans un premier temps de mimer les refrains, ce dont personne ne s’aperçoit, moi compris, avant qu’elle ne m’en fasse l’aveu lors du trajet de retour.

Elle est pourtant plus favorisée que moi puisqu’elle bénéficie d’une protection auriculaire prenant la forme d’un casque anti-bruit fort efficace.

L’atout majeur des UFR, c’est leur manière élégante de conclure un morceau. Des finaux propres et carrés comme on les aime. Autant parfois le corps musical est un peu approximatif, autant le final est d’une précision presque germanique. Ainsi, considérant que cela au moins est acquis, nous trouvons plus simple de le shunter .On sait faire : on se concentre sur les parties perfectibles.
Du coup ça va beaucoup plus vite ! On commence un titre et on l’exécute un peu à la manière de ce collectionneur mélomane qui passe ses titre en revue sur le magnétocassette : lecture, avance rapide, lecture, pause. Un couflet, deux reprains, le solo vite fait et on passe à autre chose !

Comme il n’y a plus de boisson ambrée, Jésou nous descend une bouteille de limoncello, dont les vertus curatives –à moins qu’elles ne soient qu’anesthésiantes- sur le nerf auditif ne sont plus à démontrer.
Mélangé à du rhum, ça donne « le Starter ». Nous l’avons testé il y a des mois puis l’avions abandonné : effets stochastiques redoutables. J’ai connu une polonaise que ça a rendue aveugle. Pour notre part, ça nous procure une sensation très agréable de toute puissance. Nous avons l’impression que plus rien ne peut nous arrêter et nous massacrons dans les règles de l’art nos titres dans un état d’excitation sereine assez éloigné de la réalité objective : C’est à chier, mais on ne s’en aperçoit plus. Pire : On a l’impression qu’on n’a jamais mieux joué !

Comme souvent, c’est dans la dernière partie de séance que les choses bougent. Les doigts tombent mieux sur les cordes, les voix sont meilleures, la rythmique en place. Et quand on n’a pas trop forcé sur le Starter, c’est sûrement dans ces périodes assez courtes que notre technique progresse. Ainsi c’est une demi heure avant la fin que nous reprenons Should I Stay. Odile et moi n’avons pas rechanté le morceau depuis une semaine, nous ne sommes pas très chaud pour nous y mettre. Mais finalement Pierrot a bien fait d’insister. Les paroles commencent à se mettre en place sur les accords déjà bien travaillés des musiciens. Quant à God Save The Queen, ça finit par ressembler à quelque chose. En tous cas c’est déjà bien mieux que l’original !

Peut être, si nous continuons à les travailler assidûment, pourrons nous proposer ces deux titres au prochain concert. On ne m’ôtera pas de l’idée qu’on devrait reprendre Highway to Hell aussi. Depuis que je l’ai entendu interprété par les Pop Ups, avec une magistrale approximation, je me dis qu’en définitive on serait bien bêtes de s’en priver !

Tien au fait, pour leur premier concert, nos jeunes Bouillarguais ont récolté 150 euros, on leur a offert une double pédale pour leur batterie, ils ont eu des bières à gogo, on leur a payé leur repas, et ils ont le droit de revenir jouer au Bureau. Elle est pas belle la vie ?

A ce tarif, je veux bien leur massacrer Highway to Hell une fois par semaine, aux gars du Bureau !

Apres les UFR, C'est Encore du UFR

samedi 11 avril 2009

Soirée Concerts

Lorsque Mercredi dernier Lolo m’annonça que je devais me présenter à « la loge » pour le derby languedocien Nîmes-Montpellier de foot, je ne cachai pas mon plaisir. Cela faisait trois matches auxquels je n’avais pu assister, les dures contraintes de la vie ne permettant pas toujours de se libérer. J’étais très désireux de renouer avec cette ambiance particulière du stade, au milieu des supporters, et puis après, à la table du repas, refaire le match avec Hubert et Jérôme, Philou et Jésou, le baou de Camplanier, avec JP A. notaire bien connu en guest star à la faconde dyslexique et péremptoire. Autant de spécialistes introduits aux arcanes de ce sport mystérieux, dont je ne me lasse pas d'écouter les commentaires pertinents, toujours teintés de modération, et les analyses au cordeau dont la pondération suscite ma béate admiration, surtout lorsqu'elles interviennent en fin de repas, alors que la "fatigue" du match se fait nettement sentir et que la parole a plus de difficulté à se frayer un chemin depuis le cerveau jusqu'à la bouche.

C’est pourquoi je fus très désappointé de ne pas faire partie des happy few cette fois-ci. Outre le fait que l’évolution de Nîmes en deuxième division me passionne, et que sa possible relégation me navre, j’aime partager les moments d’émotion que nous offre le jeu passionné, éclairé, brillant des Crocodiles.

C’est fortuitement, alors que j’avais décroché le téléphone, que Lolo m’apprit que Philou avait donné MA place à son futur gendre Domi. « Soi-disant » que je n’avais pas été très assidu ces dernières semaines. De plus Lolo n’appelait même pas pour me parler, mais dans le but de proposer à Odile de sortir entre filles au restaurant. Ejecté du foot comme un malpropre par Philou, ignoré pas son épouse, je me sentis soudain comme un paria, mis au banc de la vie gastronomique et sportive de la cité aux sept collines. A l’instar de son homologue cisalpine, La roche Tarpéienne de nouveau jouxtait funestement le Capitole ; plus fulgurante l’ascension sociale, plus vertigineuse la chute. Je n’étais plus invité, j’étais évité.

J’étais au fond du trou, terrassé par cette épreuve, lorsque je reçu un appel de Pascou. Il me proposait de faire avec Pierrot une virée musicale à L’entrepôt du Bureau et à La Suite, rue Fresque. C’est dans ces moments qu’on reconnaît ses vrais amis, ceux qui vous tendent une main secourable quend le doute vous étreint (couchette). Nous nous retrouvâmes chez Pierrot, devant un verre de whisky Guillon, distillé en champagne. C’était un cadeau de « Momo » La maman d’Alain, en remerciement des soins prodigués à la suite de son hospitalisation récente. L’alcool était bon, avec un arrière goût de fruits. De la pomme nous sembla-t-il, ou peut-être de la poire. Un whisky français, distillé en champagne de surcroît, la démarche était audacieuse, cependant. Sincèrement, les yeux fermés, on m’aurait dit que c’était du calva que je n’aurais pas crié au scandale.

Nous descendîmes en ville dans la petite Aygo de Poun. Un CD des UFR passait en sourdine. Nous stoppâmes en face du Napoléon et fîmes à pieds le chemin de la rue Fresque. Nous retrouvâmes Alexis, qui attendait. Le concert n’étant pas commencé, nous décidâmes de pousser jusqu’aux halles. J’avais un petit creux. Alors que nous attendions devant le guichet du MacDo on nous héla depuis une voiture : c’était Valou l’adorable épouse d’Hubert. Elle venait de manger avec ma filleule préférée (et unique) Marine au restaurant L’hypo. Inutile de dire que les oreilles d’Hubert durent siffler à nos commentaires. Sans doute du-il croire à cet instant que l’arbitre venait de sanctionner quelque action dangereuse des Montpelliérains. Qu’est-ce qu’une fille admirable comme elle pouvait bien trouver à ce type ? Nous planchâmes un moment sur ce mystère, puis notre tour venant, nous commandâmes des sandwiches et les dévorâmes tandis que des éboueurs et leur camion dansaient un ballet virevoltant autour de nous. Cela occupa d’ailleurs notre conversation un moment. A Marseille ils travaillent selon le principe du « fini-parti » qui a l’avantage d’accélérer la collecte des ordures, mais dont l’inconvénient est un travail parfois bâclé.

La Suite, rue Fresque, le Jour.
Tandis que nous nous interrogions sur le fonctionnement de la voirie Nîmoise, nous retournâmes rue Fresque. Il y avait toujours autant de monde devant le bar. Je plaignis les riverains : Les bars ne sont plus enfumés, mais désormais ce sont les places et les rues qui sont envahies, et les habitants des immeubles qui profitent des conversations animées. Las d’attendre, et comme il était déjà près de 22h, nous décidâmes de nous rendre au Bureau. Il y jouait pour la première fois le jeune groupe dont je vous ai parlé tantôt : Les Pop Ups. Après avoir acquitté notre droit d’entrée : 5 euros, avec une consommation offerte, nous montâmes à l’étage de l’entrepôt. Il y avait foule. Des jeunes et des vieux. A mon sens tous les amis Bouillarguais des musiciens étaient là. Nous arrivions après la pause, au mur passaient des vidéos de défilés de mode. Le groupe jouait depuis une heure. Il était installé sur une mezzanine assez exiguë. On y accédait par un escalier métallique abrupt. L’étroitesse de la scène obligeait le bassiste à jouer sur l’une des marches. Je fus accueilli par mon fils Nicolas, très élégamment vêtu d’un blaser et d’une chemise sombres. Je remarquai ses pieds chaussés de longues chaussures de cuir acajou, au bout interminable. Au bar, îlot de lumière dans la pénombre ambiante, j’aperçus François Lejeune, qui nous interpella joyeusement.

Pendant qu’on nous servait nos whiskys, je portai mon attention sur les Pop Ups. Inexplicablement, la magie de la répète s’était envolée. Le son était assez plat et le chanteur me parut moins assuré. Je ne retrouvais pas dans sa voix les accents qui m’avaient plus. On en était à la période des « slows », sans doute les Pop Ups étaient-ils un peu émoussés par une heure de concert, à moins que les bières offertes par l’organisation les aient amollis. J’en profitai pour aller embrasser Vincent, dans son costume BHL, chemise immaculée au col largement ouvert. Il en profita pour me gratter l’amitié : je lui offris une consommation. Poun et Pierrot étaient en grande conversation avec Lejeune. Ce dernier s’inquiétait de l’actu des UFR : les contrats, les dates et tout ça. Il proposa à nouveau de nous arranger le coup pour qu’on joue, en première partie au moins, au Mistinguett. Depuis ma récente prise de conscience de notre amateurisme, cette perspective ne me réjouit pas autant qu’elle l’aurait dû.

C’est à ce moment que les Pop Ups entamèrent Highway to Hell. Ca tombait bien, nous l’avions mise à notre répertoire et l’avions souvent répétée. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, ou pour nos nouveaux lecteurs Ouzbeks, je rappellerai que nous avions cessé de l’interpréter lors du cauchemardesque concert « du jeudi noir de la féria » chez Mathieu D. un an auparavant. J’en connaissais le texte, et les pièges de l’interprétation. Hélas Jimmy le chanteur négocia difficilement l’exercice. Sa voix, sans doute fatiguée écrêtait les aigus, et surtout il ne chanta pas très juste. Ce qui -et ce n’était pas une attitude très charitable- me rasséréna et m’amena à considérer différemment un éventuel passage au Mistinguett. Un regard échangé me confirma ce que pensaient mes comparses de cette prestation. Nous décidâmes de bouger. Après avoir salué les connaissances, embrassé mes fils, nous traçâmes à grandes enjambées pour rejoindre la rue Fresque.

La place était dans l’état où nous l’avions laissée une heure plus tôt : noire de fumeurs. Nous pénétrâmes dans le lieu. Nous dûmes nous acquitter d’un droit d’entrée de trois euros avant de nous avancer péniblement dans la salle du concert. Pour voir les musiciens, dans une salle au bout d’un couloir servant aussi de bar, nous nous insérâmes dans le lent flux des clients. Le bar laissait peu de place aux mouvements. J’imaginai le déplacement des glaciers, les plaques de glace se frottant les unes aux autres et laissant peu d’espace aux eaux libres, puis se rapprochant soudainement au risque d’écraser l’imprudent qui se serait aventuré dans les interstices pour avancer plus vite. Le flot nous échoua à quelques mètres de la scène, sur le bord. Notre vue était très partielle, le public et les murs nous cachant la majeure partie du spectacle. Il s’agissait d’un trio, bass/batt et guitare. Au fil des morceaux, interminables, se dégagea un schéma simpliste qui leur tenait lieu d’inspiration. Une ligne de basse monocorde, sur une note, rappelant le bourdon de la vielle, sur laquelle se greffaient les trois accords du guitariste, soutenus pas les battements lourds et cardiaques des drums. Le chanteur me rappela celui de Magma, le groupe des années 70. J’avais l’impression qu’il chantait en Cobaien, d’une voix sépulcrale. Le texte était incompréhensible. D’autant qu’il s’ingéniait à appliquer des effets de distorsion à sa voix, par des sortes de trémolos et des saccades gutturales intéressants mais très répétitifs à la longue. On percevait qu'il prenait énormément de plaisir à écouter sa propre voix et qu'il semblait en temps réel en explorer des ressources ignorées et fascinantes pour -du moins en était-il persuadé- le plus grand plaisir de l'assistance. Nous nous laissâmes à nouveau entraîner par les mouvements de la foule, qui nous rejeta finalement au fond de la salle. Nous y retrouvâmes Mathilde Charras et Charlotte la fille du Kéké et leurs amies. Elles n’étaient pas très enthousiastes. Elles nous apprirent que c’était le Clan Edison, anciennement « La Mouise ». Après une petite demi-heure de ce régime musical, nous décidâmes de sortir. Mais avant de franchir la porte, nous attendîmes qu’on nous apporte des gobelets en plastique dans lesquels verser nos consommations, afin qu’on ne (se) casse pas (avec) les verres !

Nous venions de voir deux groupes. Le premier m’avait déçu au regard de sa performance en demi teinte comparée à son travail en répétition. Il avait été desservi par une sono très perfectible. Le chanteur n’était pas au mieux de sa forme. Et puis nous n’avions assisté qu’à la fin de leur concert. Je veux espérer que le début aurait mieux comblé nos attentes. Le second groupe, professionnel, bénéficiait d’un excellent son. Mais ses compos étaient sans inspirations, basées sur le duo bass/batt. Une musique répétitive sans imagination, déroulant au long de plage interminables une autosatisfaction palpable. Une musique sans aucune ligne mélodique. Du son, du rythme, et une mélopée, lancinante. Efficace par contre : Avec trois morceaux ils tenaient une heure !

Nous prîmes le temps de discuter un peu avec les filles, assurant que les UFR auraient aisément tenu la scène, avec un meilleur résultat, que « La Mouise ». Plutôt ragaillardi par cette soirée un peu tiède sur le plan musical, mais riche en enseignements, nous raccompagnâmes Pierrot chez lui. Nous passâmes une demi-heure dans la voiture, à écouter notre dernier CD, finalement satisfaits du résultat. Un disque techniquement basique, non exempt de défauts, mais chaleureux. Même le son Garage, un peu sourd et brut nous émut. Au moins les UFR avaient-ils un son. Un son que nous étions prêts de nouveau à proposer au public.

vendredi 10 avril 2009

Sex Pistols - God Save the Queen

The Clash On Stage : 1982

Should I Stay... : The Lyrics

lundi 6 avril 2009

Bientôt dans les Bacs



L'intégrale ! Notre dernier enregistrement en répétition des 14 succès du groupe. Livré à la demande sous plis discret, dans son emballage-fraîcheur

dimanche 5 avril 2009

Au menu : Des Pop Ups

Cet après midi j’accompagne Vincent chez ses amis les « Pop Ups », anciennement « California Children ». C’est un groupe de Rock Bouillarguais.

Les mecs on a du souci à se faire. Ils sont excellents. Ils jouent des reprises des Pink Floyd, ACDC, Nirvana, Metallica, Led Zeppelin… Ils jouent ensemble depuis quatre ans pour certains fondateurs du groupe. Quand je pénètre dans leur antre, une grande salle qu’ils ont aménagée dans l’entrepôt du grand père de l’un des musiciens, je reconnais le bruit familier des guitares qu’on accorde, des essais voix, de la batterie qui riffe.

La pièce de soixante mètres carrés comporte un coin scène au fond, et devant, un espace détente avec des canapés et une télévision, ainsi qu’un billard. Une vraie salle de pros qui dégage une impression de confort tranquille et douillet propice à des progrès rapides. Pas une bouteille, pas un cendrier : ça carbure à l’eau claire et ça respire l’air des montagnes. Ces jeunes ont entre 16 et 18 ans. Ils ont pourtant déjà accumulé un matos impressionnant. Notamment une table de mixage de taille respectable sur laquelle arrivent tous les instruments, et des retours « bain de pieds ». Le groupe comprend un ingé-son, absent lors de cette répète, qui s’occupe exclusivement des réglages. En son absence, c’est le chanteur qui s’en charge.

A ses cotés, une jeune groupie, silencieuse et respectueuse assiste à la répète. Un jeu de lumière éclaire la scène et confère à cette séance de travail des allures de concert showcase. Leur son est incroyablement bon, à des années lumières d’un quelconque son « Garage ». A 17 ans ils ont la maturité de vieux routiers ! Chaque instrument est clairement identifié dans l’espace sonore, la voix est présente et audible sans efforts manifestes. Pas de vibrations parasites, ni de distorsions intempestives, peu d’échos et un larsen immédiatement maîtrisé. Chaque musicien est respectueux et attentif au travail de l’autre. On remarque leur complicité, leur coordination et leur technique.

A partir de la gauche : Gaetan, Jeremy et Scott.

Le guitariste solo est un virtuose, le bassiste structure avec efficacité les lignes musicales, le chanteur adapte parfaitement sa voix aux tonalités des diverses « cover » et bénéficie au mixage d’effets puissants. Quant au batteur… C’est un génie ! D’une zénitude absolue, je l’ai vu soudain partir dans des solos hallucinants, avec une maîtrise du rythme qui m’a scotché.

Seule manque à ce groupe pour l’instant l’inspiration qui leur permettrait de faire des compos.

Pour ma part, je pense que les UFR devraient se dissoudre, ou se contenter de répéter entre quatre murs de temps en temps, pour se délasser. Aucun d’entre nous n’est à la maille. Je regrette d’en arriver à ce constat un peu pessimiste. Mais je ne veux pas vous casser le moral !

Ils jouent vendredi prochain au Bureau. J’ai bien envie d’aller les voir et vous invite à m’y accompagner.

(Un)Identified Flying Rocker

vendredi 3 avril 2009

Demolition Men

Un Problème de Traduction

Je remercie infiniment mon ami le guitariste rythmique pour son aide précieuse lors de notre dernière répète. L’ambiance était chaleureuse, limite festive, les conversations allaient gaiement dans tous les sens comme à l’accoutumée, quand on ne sait pourquoi durant un court silence, Jésou crut bon de lancer « alors Mitch, le jardin, comment ça va ? ». sorti du contexte ces propos semblent totalement anodins, et pourraient même témoigner d’un effort de socialisation du Barde, par ailleurs souvent un peu crispé durant les répétitions, occupé qu’il est à pincer comme il faut les cordes de son bazar, sous le double regard attentif de notre tutelle.

Cependant à l’éclat malicieux qui frisait ses yeux, je compris que c’était plutôt à Odile qu’était destiné cet envoi. D’ailleurs j’aurais dû me douter qu’il préparait un mauvais coup : un peu avant il s’était frotté le nez et avait reniflé, comme quand il s’apprête à raconte une bonne blague.
On le sait, il est des leviers sur lesquels il est préférable de ne pas appuyer, tant on est certain de la réaction pavlovienne que cela engendre. Ça n’a pas loupé. Odile, jusque là détendue, s’est jetée sur cet os comme le cane corso sur la gorge d’un jeune enfant. Avec la même puissance de serrage que la mâchoire du chien, elle s’est jetée sur cet os que lui avait lancé Christian et ne l’a plus lâché durant toute la pause. Merci encore M. Bip. Cela conforte encore ma certitude sur le bien fondé de ce sobriquet avec lequel vous signez vos rares interventions sur le blog : « M. Bip », c’est quand même plus joli que Môssieur Gros Con !

D’ailleurs en parlant de ça, ce gentil surnom qui était jusqu’ici l’apanage de l’UltraBassiste se démocratise. La plupart d’entre nous ce soir a pu tour à tour en bénéficier. C’est Jésou qui a trouvé la bonne formule : C’est Le système du Gros Con Tournant ! Ceci dit grâce au Barde, La répète de samedi, si elle a lieu sera une séance de musicos pur jus. Pour ma part je serai au milieu de mes terres, sainement occupé à les nettoyer sous le regard soupçonneux de mon épouse armée. (Amusant comme le choix d’une voyelle ou une consonne dans un mot peut éclairer de manière radicalement différente l’état d’esprit d’une épouse et ses dispositions au dialogue).

Au chapitre des remerciements -et en cela j’ai l’impression d’être le lauréat d’un prix aux Victoires de la Musique qui rend hommage à ses sponsors, sa maison d’édition, son agent, et accessoirement ses parents amis et alliés-, je tiens à féliciter avec émotion Poun qui n’a pas hésité à m’appeler à 20h10 hier soir en plein milieu du repas familial pour me signifier que j’avais 5 minutes pour trouver le texte de notre nouvelle reprise : Should I Stay or Should I Go, des Clash. Je passerai sur le débat que nous avions eue à ce sujet le samedi précédent, au cours duquel nous avions évoqué la possibilité de mettre ce morceau de légende au répertoire puis avions renoncé devant l’ampleur du défi. Nous sommes des artistes, fantasques, changeants, instables et donc prompts à toutes les volte faces.

L’estomac encore plein des restes du Osh, que l’adorable serveuse de « chez l’Ouzbek » m’avait emballé dans un doggy bag la semaine précédente pendant qu’on détalait précipitamment, je m’assis devant google et fis une recherche du titre. En trois clics j’affichai les paroles des Clash. (Le texte est interminable, même en police 8, il prend plus d’une page A4). Je repensai à certaines réflexions d’un de nos guitaristes, le jeune, qui pontifiait savamment sur la nécessité dans un morceau de Rock d’écrire des textes courts « sinon c’est trop verbeux et ça passe pas ! », je notai distraitement de le mettre en rapport avec Joe Strummer afin qu’il puisse lui dire sans ambages sa façon de penser, et lui expliquer que « coco, ton truc, il passera jamais à la radio, te fatigues pas, fais simple et court ».

En parcourant un des chapitres du texte, le second me semble-t-il, j’eu soudain l’impression, comme ça m’arrive régulièrement, d’avoir franchi la porte des étoiles : ç’était en espagnol une ligne sur deux ! Mon étonnement s’effaça devant une explication rationnelle : « Tiens, c’est bien, ce site, ils prennent la peine de traduire ligne par ligne les textes, quelle bonne idée ». Ceci dit ça ne me servait pas à grand-chose, je ne comprends pas l’espagnol : pour moi c’est de l’Ouzbek. Je parcouru de ma souris la page Internet afin de trouver le bouton permettant de changer la traduction anglais-espagnol en anglais-français.

Hélas je ne trouvai aucun moyen pour modifier cette traduction. En regardant mieux le texte, et bien que mes notions d’espagnol soient faméliques, je sentis que quelque chose clochait : la « traduction » n’avait rien à voir avec le texte anglais. Pour en avoir le cœur net, j’affichai un autre site de paroles et retrouvai la même anomalie. Au bout du troisième essai, je dus me rendre à l’évidence : EN PLUS, de nous donner un texte imbitable, ils avaient poussé le vice de le farcir d’un DEUXIEME texte ! Une sorte de message subliminal Ibérique. D’ailleurs je fis l’expérience : suivant la manière dont je clignais des yeux, comme pour une image stroboscopique, je pouvais faire apparaître au choix la partie anglaise ou espagnole ! C’est après, que je me souvins du triple Lp Sandinista. Enregistré en 1980, qui influença grandement la Mano Negra et Manu Tchao. Sandinista… si c’est pas hispanisant…

Outre La rédaction du compte-rendu des deux précédentes séances et sa publication sur le blog, un peu avant de manger, juste après que je sois rentré du boulot vers vingt heures, le travail de recherche et d’impression du texte des Pistols, et le transfert du mp3 de la chanson, il me restait une tache à accomplir : graver pour notre Phil un CD de l’ensemble de notre œuvre, enregistrée quelques jours auparavant, afin qu’il puisse parfaire ses nouvelles compos de batterie. Au regard mystérieux qui accompagnait sa requête, j’avais compris qu’il nous mijotait un truc énorme qui serait un contrepoint rythmique éblouissant au génie créatif du guitariste solo.

Au Levé vers 6h le matin, comme tous les jours, j’avais réveillé la maisonnée puis tour à tour sauvé des vies et managé les équipes. Du sommet de ma journée, je contemplai avec un brin de lassitude mais aussi une tranquille sérénité le travail accompli. Il était 20h50, je n’eu que le temps d’embarquer Odile, attraper la valise à micros, le CD, les copies du texte commandé, avant de filer chez les Fabre… Il apparut, en arrivant, qu’il manquait quelqu’un. Nous nous comptâmes et conclûmes que Lolo n’était pas là. Semble-t-il la veille au soir, peut être au cours d’un poker échevelé, et avant la décision d’intégrer les Clash à notre répertoire (je jurerais qu’entre les deux un bouteille de boisson ambrée du Kentucky se but sans modération), Lolo avait confié aux gens présent qu’elle viendrait. On était passé à travers.
C’est ça la vie trépidante d’un groupe de Rock.

C’est en l’absence de notre pianiste, qui aurait tout de même pu faire un petit effort, que nous nous exerçâmes. Disons rapidement que les séances se suivent et ne se ressemblent pas. Les compos furent plutôt laborieuses, les anglaises potables pour la plupart. On insista sur les Pistols, qui sortirent plutôt bien de la moulinette UFR. Pour les Clash, c’était…. Intéressant. Je réserve mon jugement, mais avec ce titre, je crois que nous avons mis la barre très haut. Ca me fait penser au perchiste français en recherche de sponsor qui a balancé sur la toile le clip de sa traversée de Paris à poils sa perche entre les mains. LUI a placé la barre très haut.

Peut-être qu’en jouant à poils…..

mercredi 1 avril 2009

Pascou et ses Pastèques

Je tente depuis quelques jours de faire la chronique hebdomadaire des deux dernières séances. Je suis assis dans le salon et j’ai par mégarde laissé la télécommande de notre écran plat seize neuvièmes à Odile. Elle a opté pour Ben Stiller dans ce qu’il est convenu d’appeler une comédie sentimentale américaine. Visiblement il campe un personnage falot, vendeur dans un magasin de musique, auquel personne ne s’intéresse. Bon, il est frustré, très mal à l’aise avec les femmes en dépit de ses trente ans bien tapés. Bien sûr sa sœur se mêle de lui faire rencontrer toutes ses copines célibataires les plus improbables et on sent bien que notre anti-héros va traverser les pires expériences avant de s’apercevoir que cette gentille fille qu’il ne regarde pas est faite pour lui alors que Tout les oppose. Voilà pour le pitch. Au moins ça constitue un fond sonore, et ça ne fusille pas les neurones. Ca reste accessible. De toute façon je suis depuis plusieurs années au degré zéro de la cinéphilie. Je n’aime que les films d’horreur, si possible tendance malsaine et gore. Ca m’apaise. Ca déclenche en moi une catharsis salvatrice. Et ces américains, si puritains dans leur vie réelle semblent comme moi raffoler de ce genre de film de genre. Très adeptes de la catharsis aussi, les yankees. D’ailleurs trente pour cent des américains sont obèses. Il y a trop de catharsis dans la bouffe de l’esprit étazunienne. Des études ont démontré qu’un abus de catharsis peut provoquer des troubles de l’érection, des angoisses anxiogènes, des arythmies cardiaques, et de l’obésité ; sans compter l’effet émollient sur le cerveau.

Les deux dernières répétitions se mélangent un peu dans ma tête. J’avais posé une ou deux vizirette ici ou là pour en tagger les évènement culminants, mais comme à chaque fois je n’arrive pas à voir au-delà du simple objet. J’ai l’impression d’être comme l’imbécile du proverbe, qui regarde le doigt quand le Sage lui montre la lune. Ma cathédrale perso est bourrée de bric à brac dont je ne sais plus quoi faire. C’est amusant d’ailleurs ce concept : J’ai le souvenir de souvenirs. Des enveloppes vides. Des fantômes sans substance. Sans saveur particulière, mais avec tout de même comme un parfum, une fragrance résiduelle de ce qui était à l’origine. Un peu comme l’index d’une encyclopédie qui pointerait sur des pages vides. Tout est là, mais inaccessible. Effacé comme la cassette VHS qui aurait séjournée trop longtemps près du vieux micro-onde dont le magnétron aurait des fuites.

Bon, on ne va pas en faire un roman, non plus.
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Rien que l’idée de mettre une cassette VHS « près » du micro-onde : pourquoi pas dedans tant qu’on y est. Faut avoir un grain, ou un TRES petit appartement, ou la nostalgie compulsive des objets anciens du siècle dernier. Tiens, peut-être que dans une cinquantaine d’annèes on renchérira à Drouot pour s’adjuger la cassette sous blister dans son boiter d’origine d’un workshop d’aérobic de Véronique et Davina ? Ceci dit j’ai eu longtemps un congélateur désaffecté qui faisait office de cave à vin, alors pourquoi pas un micro-onde range-cassettes-VHS. A l’heure actuelle J’AI une cave à vin. C’est comme un frigo en définitive. Et j’ai jeté toutes mes cassettes VHS, quelques années après mes Betamax. D’ailleurs on dira ce qu’on voudra, mais le Betamax, c’était vraiment le top question qualité. J’ai dû repasser la bande d’Alien un million de fois à l’endroit où Sigourney Weather est en marcel et slip militaire, infiniment érotique, dans la petite cabine de douche de sa capsule de survie, pendant que la Bestiole huilée du suisse H.R. GIGER paresse entre les tuyaux d’eau chaude et l’évacuation des eaux usées.

Au fait en parlant d’eau, c’est à cause d’elle que j’ai pu participer à la répétition de samedi. En effet j’avais promis à Odile de m’occuper du jardin ce week-end. Je n’exprimerai jamais assez mon indicible plaisir à m’occuper des espaces verts. Haies, arbres, plantes, pelouse, rocailles, taille, tondeuse, sécateur, feuilles mortes, déchetterie, sont des mots qui ont le don de provoquer une transe extatique en moi. C’est tellement trop de bonheur à chaque fois, que mon éducation judéochrétienne m’intime de ne pas en abuser. Je m’y plonge à corps perdu avec la plus extrême modération. Je m’étais toutefois résigné à sacrifier mon samedi au toilettage de notre terrain lorsque opportunément la pluie fit durablement son apparition. C’est ainsi que la mort dans l’âme je me retrouvai à la SJM avec mes compagnons d’infortune. Nous étions condamnés à répéter faute de meilleure occupation. Mais je brûle les étapes.

Le mercredi précédent, en l’absence de Lolo qui s’était déplacée pour applaudir Maxime Leforestier Nous avions fourni une prestation honorable. Ce n’était pas du stratosphérique, mais ça jouait propre et carré et nous avait valu un satisfecit de notre tutelle, en la personne des duettistes guitare-solo-batt. Doctement Phil nous avait expliqué que nous n’avions pas progressé mais que c’était mieux. A cause de la pratique hebdomadaire. Un raisonnement un rien jésuite, mais qui nous mit tout de même du baume au cœur. Jésou et Pascou en avait un peu gros sur la patate, qui avaient le sentiment d’avoir un peu progressé depuis notre premier rassemblement dans le garage de P., un soir de janvier, mais un compliment du Carré, fut-il en demi teinte, ne se refuse pas. Ce mercredi fut surtout marqué par la mise en chantier de God Save The Queen des Sex Pistols. Nous nous lançâmes un peu à l’aveuglette après les marathons de rigueur. Chacun déchiffra sa partie en écoutant attentivement la B.O. sur mon téléphone relié à l’ampli de scène. Au bout de cinq ou six auditions et plusieurs tentatives infructueuses nous arrivâmes tout de même à boucler le titre, un peu comme l’antique 4*4 franchit le lit de la rivière asséchée et remonte radiateur fumant la berge de l’autre rive. C’était fait ! A l’arrache. A la force du poignet. A l’énergie et aux nerfs. C’est au cours de ce morceaux que le Leader Maximo nous enseigna la notion du « jeu à l’étouffée ». Ca consiste à étouffer la note en ne plaquant pas complètement l’accord afin que les cordes rendent un son sourd : étouffé ! Jésou était scotché.

C’est le samedi, en l’absence des femmes du groupe, que nous travaillâmes réellement « God » dont nous fîmes un enregistrement de travail honnête musicalement, bien que la partie vocale soit très largement perfectible. En même temps ce qui nous sauve, c’est que les Sex Pistols, groupe de légende, ne l’est pas pour la perfection de son jeu ni les qualités vocales du chanteur Joe Strummer. C’est même leur marque de fabrique : le coté bancal, bricolé et faux. Je pense que dans ce domaine, je suis largement au niveau, et cela na-tu-rel-le-ment ! Par ailleurs nous parlâmes de notre jeu de scène, qu’il nous faut absolument développer. L’un d’entre nous proposa d’étoffer la section chœur en engageant des sortes de Claudettes. On chercha un nom pour elles : les blousettes (on puiserait dans le vivier des intérimaires infirmières) ou bien les Pasquettes. Le groupe changerait ainsi de nom et deviendrait : Pascou et ses Pasquettes. Jésou suggéra Pastèques, mais ce ne fut pas retenu.

Pourtant, « Pascou et ses Pastèques » , ça a de la gueule !