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dimanche 30 novembre 2008

Chantons sous la Douche


Pour nos amis inconditionnels du micro, qui ne sauraient s'en passer ne serait-ce que pour chanter dans la douche, ce petit accessoire déniché sur ce blog regorgeant d'inventions toutes aussi indispensables les unes que les autres.

samedi 29 novembre 2008

le Son des UFR

mercredi 26 novembre 2008

L'amour est Un Terrasier

Et puis tu m’as laissé, seul abandonné,
En morceaux, cassé, tout éparpillé
Tu m’as laissé à part
Sans aucun rempart
Tu m’as foulé du pied, tu m’as piétiné
Sans même un regard
Sans dire au revoir

Je voudrais te dire que je vais bien
Je vais bien
Je voudrais te dire que je vais bien

Longtemps je suis resté amer et prostré
Comme désemparé, seul désabusé
Dans le silence du soir
Ma tête en plein foutoir
Toi tu t’es éloignée sans te retourner
Je n’avais pas d’espoir
Livré au hasard

Je voudrais te dire que je vais bien
Je vais bien
Je voudrais te dire que je vais bien

Je me suis vengé, parfois j’ai encaissé
Mais j’ai recollé les morceaux fêlés
Ma vie est un chantier
L'amour son terrassier
Ma terre en friche attend qu'on la fauche
Pour que repousse encore
La passion qu’on dévore

Je voudrais te dire que je vais bien
Je vais bien
Je voudrais te dire que je vais bien

mardi 25 novembre 2008

De l'Autre Coté des Miroirs

Après ce que nous avons vécu ce dernier week-end, durant les deux heures intenses du concert de SQ, comment s'atteler sérieusement au compte-rendu de notre dernière répétition ? Je crois que c'est là une gageure. Cependant l'exhaustivité de notre démarche nécessite qu'on en passe par là.

Que s'est-il donc passé mercredi dernier qui mérite de retenir notre attention ?

L'immuable SJM nous attendait, nous l'investîmes avec bonheur. Il est bon de retrouver cette salle chaque semaine, elle est désormais empreinte de quelques uns de nos meilleurs souvenirs musicaux, elle est chargée aussi du poids d'incroyables désastres cacophoniques. La SJM en ce sens est une métaphore de la vie, ses joies, ses peines, ses plaisirs simples et partagés. Elle est le réceptacle de nos espoirs et nos passions, de nos humeurs et nos coups de blues. Tel le phénix, elle renaît de ses cendres selon un cycle immuable pour mieux abriter la vie fragile de notre groupe. Surtout elle atteste d'une valeur fondamentale de l'humanité, qui se caractérise par l'importance de la relation au monde et à l'autre, et fait de lui l'Animal Social.

Ce qui m'amène a une découverte fondamentale et fascinante de la dernière décennie en neurosciences, dans la compréhension du cerveau humain : les neurones-miroirs (Giacomo Rizzolatti - 1996) Ils sont tout simplement à la base de notre civilisation et toute nos actions ne sont que le « reflet de ces miroirs ». Ce sont des syntoniseurs, à l’image de ce dispositif des transistors anciens qui rentrait en résonance avec les ondes radiophoniques pour produire du son (le bouton de l’accord et l’œil magique qui darde quand on est calé sur la station). Ils interprètent nos perceptions pour leur donner du sens. Ils sont à l'origine de notre socialisation, par l'appréhension, la compréhension et l'interprétation de notre environnement mais aussi des autres individus. Il nous aident à faire la différence entre ce qui nous ressemble -les autres humains- et de simples objets. Par la même ils participent à la notion de conscience de soi. Ils traduisent notre degré d'empathie, interviennent dans le processus d'apprentissage, par le biais de l'imitation.

Notre langage, notre gestuelle et tout ce qui fait que nous possédons des outils communs de communication résultent du travail de ces cellules. Ils ont surtout une fonction essentielle à l'évolution de notre espèce : celle de nous permettre de « désapprendre » c'est à dire de développer des nouveaux schémas de pensée. Grâce à eux, nous pouvons expérimenter et élaborer de nouveaux circuits neuronaux qui nous permettront de nous extraire de la routine. Ils ont initié toutes les grandes inventions, là où les animaux supérieurs comme les dauphins ou les éléphants sont condamnées à reproduire génération après génération, les mêmes comportements (on le voit bien, concernant les pachydermes, avec le triste spectacle que nous donne le PS). Ce qui est troublant, c'est que leur étude montre deux choses, on n'imite pas une action, comme on pourrait le croire, mais une « intention d'action ». C'est-à-dire que si on regarde quelqu’un s’acharner, sans résultat, sur le bouchon d’une bouteille de boisson ambrée (par exemple) et qu’il nous la tend, on n’imitera pas seulement son geste, on imitera son intention de l’ouvrir, développant au passage un sentiment de concurrence qui nous poussera à l’ouvrir, cette putain de bouteille, pour bien montrer à l’autre qu’on a réussi là où il s’est vautré dans l’échec.
Cela laisse entrevoir qu'il y a un lien informel entre individus qui dépasse le simple échange par signes, quels qu'ils soient. Lorsqu'on observe avec une caméra à positons l'activité cérébrale de deux individus, les mêmes aires cérébrales « s'éclairent » chez celui qui regarde et celui qui agit.

C'est à cause des neurones miroir que Jésou apprend et retient un enchaînement d'accords que lui montre Pierrot, c'est aussi par le mécanisme de leur action que je décide d'interpréter différemment une chanson après que ce même Pierrot me l'ait chantée. Elle nous permet de partager la même émotion, de la reconnaître comme telle. Par leur biais nous développons un langage commun, non verbal, à base de gestes, de mimiques dont la compréhension est commune à l'émetteur comme au récepteur du message, sans qu'il soit besoin de le verbaliser. C'est le phénomène d'empathie qui fait que ce qui est important pour l'un est décodé comme important par l'autre, sans qu'il soit besoin de l'exprimer explicitement.

On en a vu une illustration parfaite lors du concert des Status Quo. Rossi et ses compères les ont mobilisés à plein rendement, ces neurones miroirs; et dans nos têtes des aires « miroirs » vibraient à l'unisson. Quant Edwards s’est rapproché d’Alice, lui tendant un bras en souriant connement, l’un et l’autre ont très bien compris, sans avoir à le formaliser, l’émotion du moment. Ils étaient en phase. Alice était passée de l’autre coté du (neurone) miroir.

Mais tout cela appelle tout de même une remarque. Si on devait faire une analogie avec le fonctionnement d’un ordinateur, on pourrait souligner qu’il s’agit là d’une logique câblée, par opposition au software. En d’autre terme, nous sommes prisonniers de règles de comportement directement induites par programmation génétique. Ceci est avéré par des études montrant que l’autisme, ou certaines psychopathologies seraient le résultat d’un défaut de neurones miroirs.
Mais alors, cher Jacques (Monod), quid du libre arbitre si nous sommes prédestinés à agir dans un carcan comportemental inhérent à notre nature profonde ?

Putain, ça fout les jetons.

Je serais rassuré d’apprendre qu’à l’instar des neurones miroirs, il existe aussi des neurones « pif-paf » (pile ou face), dont l’action nous ferait agir au hasard.
Et puis je me demande tout de même une chose, vu les possibilités infinies des connexions neuronales, pourquoi imite-t-on si mal ? Enfin tout de même ! À avoir une structure si miraculeuse, on l’espèrerait plus efficace. Pourquoi le simple fait de regarder un geste ne nous permet-il pas de le reproduire à la perfection, pourquoi cette longue succession d’échecs avant de parvenir au succès ? Est-ce un problème d’appauvrissement du signal, un transcodage imparfait ? Des interférences dans l’éther qui nous sépare les uns des autres ? Pourquoi même après avoir écouté Lenny Kravitz 50 fois, suis-je incapable de chanter « I’ll be Waiting » ? Et coté empathie, comment se fait-il qu’on ne comprenne pas mieux les femmes, ces être mystérieux ? Manqueraient-elles de neurones miroirs ?

Cependant il s’est passé un phénomène intéressant lors de la répète, ce mercredi. J’ai perçu les « bonnes vibrations » comme jamais ; sur un rythme lent et lourd, j’ai ressenti le blues comme rarement, et j’ai laissé s’écouler l’émotion de ma voix. Et éprouvé au creux de mon ventre le cri des guitares, le feulement de la basse.
Je crois que certains des mes amis ont partagé ce moment. De l’autre coté des miroirs.


pour en savoir plus sur notre relation à la musique d'un point de vue cérébral visitez ce lien, passionnannt :

dimanche 23 novembre 2008

Status Quo au Zenith

Il me vient à l’esprit ce titre des Clash, «The Magnificent Seven »en référence au film mythique de Jonh Sturges éponyme, lamentablement traduit en français par « les sept mercenaires ». Les musiciens de Status Quo ne sont que 5 sur scène. Mais on peut sans grandiloquence les qualifier de « magnificent five » tant leur concert est à couper le souffle. Les guitaristes/chanteurs Francis Rossi et Rick Parfitt, le pianiste Andy Bown, le bassiste John "Rhino" Edwards et le batteur Matt Letley nous ont livré deux heures de musique passionnée, intense, physique, avec une aisance déconcertante pour nous autres, besogneux du rock, englués dans nos imperfections.

Nous arrivons au Zénith de Montpellier vers 18h30, par une soirée venteuse et fraîche. Une petite foule attend déjà devant les entrées closes. Une moyenne d’âge tutoyant la cinquantaine qui nous renvoit en miroir notre propre parcours. Dans la queue peu de jeunes, des conversations tournant autour de sujets graves (le PS, les passifs boursiers, la bulle immobilière..). On cherche du regard les déambulateurs et les fauteuils roulants qui confirmeraient l’aspect vintage de ce rassemblement. En parcourant les abords, on cherche les antennes SAMU, qu’on imagine nombreuses, et leur personnel qualifié dont les organisateurs ont surement pris la précaution de s’adjoindre les services afin de prévenir les accidents de piles cardiaque et autres désagréments d’une population dont la naissance coïncide avec celle de la télévision (en noir et blanc) et le lancement du spoutnik.

Les portes s’ouvrent enfin et laissent s’écouler le flot, à peine ralenti par des videurs débonnaires s’étonnant juste que ces dames aient pris la précaution de ne pas prendre de sac. Ils ne prennent même pas la peine de nous fouiller !
L’entrée du zénith rappelle celle des grands complexes cinématographiques : grand hall bordé de stands où se pressent déjà les premiers estomacs vides. Nous longeons l’échoppe Haggen Dass pour emprunter le couloir qui mène à la fosse. Pour l’heure nous n’avons aucune difficulté à atteindre la scène et prendre position. Sylvie se campe sur ses jambes et organise les rotations. Elle ne bougera plus de là durant toute l’attente du concert. Nous apprenons que la première partie sera assurée par Michael Johns l’ex-guitariste de JJ Goldman. Fort de cette information, nous partons au ravitaillement. La buvette, sans être prise d’assaut, est déjà bien fréquentée et nous mettons plusieurs minutes à commander des hot dogs. Lorsque vient notre tour, il n’en reste plus que 5. Surprenant de constater que l’approvisionnement soit si chiche pour un concert qui va rassembler 4000 spectateurs.

La salle se remplit tandis-que nous attendons Michael. Je regarde la scène. Je devine sous des grandes toiles noires, le matériel des SQ. Devant, plus modestes, les instruments du groupe de première partie.

Michael Johns, accompagné d’un batteur et d’un bassiste, s’avance sur scène. Je ne le reconnais pas tout de suite. Il est plutôt petit, ses cheveux poivre et sel sont coupés courts. Ca démarre. Le bassiste en fait des caisses, prend des postures, arpente les « stages ». Mais la sauce ne prend pas vraiment. Comme nous sommes civilisés, nous applaudissons poliment aux titres enchainés, mais sans grand enthousiasme. Le bassiste, qui vient de Pezenas, tente de nous faire battre des mains, avec un succès mitigé. C’est vers la fin que nous manifestons un peu plus d’empathie. Il fait dire que les trois derniers titres sont des emprunts aux standards du rock. Finalement Johns nous laisse au bout d’une demi-heure. Contrat rempli. C’et un excellent technicien, mais ses chansons sont sans grand intérêt d’un point de vue mélodique, et manquent de rythme, surtout dans ce contexte particulier où nous attendons les princes du boogie. Il lui manque le charisme qui électrise les foules. Ce qu’il joue est « plaisant » mais sans aucune originalité. De plus il est très handicapé par une sono qui ne le favorise pas : on entend à peine sa voix, qui se noit dans l’acoustique des guitares et les martellements du batteur. Des spectateurs lui en font la remarque entre deux morceaux. Johns interpelle la régie pour améliorer le rendu sonore, mais visiblement sans grand succès. Comme le dit Jésou, le son de la première partie n’a rien à voir avec celui du concert lui-même. C’est à se demander s’il n’y a pas une volonté délibérée derrière tout ça. Mais en l’occurrence, avec Michael Johns ce n’était pas la peine de la part des organisateurs, de saboter le son : Il s’en charge très bien tout seul !

Nous profitons de l’entracte pour aller fumer une cigarette, et lorsque nous revenons dans la fosse, nous constatons qu’elle s’est bien remplie dans l’intervalle. Il faut un peu se contorsionner et jouer des épaules pour atteindre le reste de la bande restée en place. Mais rien d’insurmontable. Les espaces restent corrects. Sylvie s’est remarquablement acquittée de son travail de préservation de notre territoire. C’est elle qui organisera durant le concert la noria des filles afin qu’elles puissent se tenir au contact de la scène. Nous patientons un quart d’heure. La tension monte. Sur les trois écrans géants qui surplombent la scène, passent des photos du groupe. En contrebas, dans la pénombre, les formes blanches des amplis de scène se détachent nettement du grand rideau noir qui circonscrit l’espace. Ce sont des Marshall, il y en a 6. La batterie est installée au milieu, à sa droite les claviers attendent Andy Bown ; devant, trois micros se tiennent prêt à délivrer le message des chanteurs. Un machiniste dépose au pied des micros des feuilles blanches sur les quelles on distingue une liste. Sans doute celle des titres de ce soir. Puis la lumière change, les projecteurs s’activent. Derrière la scène on entend des essais de guitare, et on perçoit une accélération des mouvements, quelques derniers « stagemen » en short venant fugitivement vérifier tel ou tel équipement puis disparaissant derrière la scène.

Le noir se fait. Seul un éclairage ultraviolet parcourt la salle. Une note électronique, sourde s’installe puis enfle, imprimant une atmosphère solennelle au lieu. Des silhouette se découpent dans l’obscurité scénique et prennent possession de l’espace. Avec l’éclatement des sunlights qui éblouissent la scène déferle un déluge de son. Nous reconnaissons l’intro : c’est Caroline. Ca y est on est dans le bain, et déjà on sait que la soirée sera mémorable. La scène est très large, on a du mal à embrasser d’un même regard tous les musiciens. Ils sont à trois mètres de nous, et nous découvrons leur visage. Ils sont marqués. On comprend que quarante ans de tournées en ont façonné l’aspect.Rossi semble être celui qui a le moins changé. Il joue avec une étonnante désinvolture, ses doigts caressent les cordes avec une aisance surprenante. L’instrument est une extension du corps mince du chanteur. Ce dernier ressemble un peu à Guy Marchand, il porte ses cheveux en catogan. Il se déplace constamment, joue avec la scène, apostrophe le public, puis s’approche du pianiste ou du batteur pour échanger quelques mots. Quand il part dans des solos, il « meumeume » les notes, son expression s’accordant à la « couleur émotionnelle » de ses variations. Il pleure, il rit, s’étonne, puis redevient sérieux au rythme des accords qu’il plaque et du jeu de sa main droite. Selon le morceau, il cède sa place de chanteur à Parfitt. Celui-ci est plus marqué que son comparse, un peu plus vouté, plus massif aussi, son visage raconte des années d’excès et de galère. Mais sa voix reste intacte, celle d’un Guitar Héro, dont les accents se font lyriques à mesure qu’elle se chauffe et atteint sa pleine mesure. Régulièrement tous se retrouvent autour d’un chorus, instrumental ou musical. Le pianiste prend sa guitare et se joint aux guitaristes. Ils jouent et chantent à l’unisson, développant des harmonies, s’accordant à la tierce pour produire des phrases mélodieuses qui contrastent, telles des oasis au milieu du maelström musical.

Le pianiste est incroyable. C’est un homme mince, au visage impassible. Il porte une chemise immaculée totalement raccord avec sa crinière blanche. Il a une démarche de dandy anglais. Parfois ses traits s’éclairent d’un sourire lumineux lorsqu’il s’approche du bord de la scène et adresse un regard à quelque groupie
C’est d’ailleurs une constante parmi ces Rockeurs, la fraîcheur, le regard juvénile et rieur, un humour potache et le désir d’aller au devant du public et de rentrer en communion avec lui. C’est étonnant. On pourrait imaginer qu’après plus de 5000 concerts au long de ces années, ils se soient blindés, blasés et n’offrent plus qu’un jeu aseptisé au public. Mais au contraire l’émotion est intacte. Ils prennent du plaisir à ce qu’ils font et ils savent partager celui-ci avec l’auditoire. Les trois plus vieux, Rossi Parfitt et Bown frisent la soixantaine. Les deux « juniors » frôlent les quarante ans. Le bassiste, Edwards, semble le plus marqué du groupe. IL est d’une laideur attachante, son facies porte les stigmates d’abus en tous genres. Il arbore une basse futuriste, dépourvue de clés au bout du manche, ce qui lui donne un aspect bizarre, « pas fini ». Au milieu du manche, entre deux frètes, des diodes projettent une lueur rouge. Simple dispositif décoratif, ou élément concourant à quelque réglage ? Toujours est-il que c’est du meilleur effet ! Quand il s’approche de la scène, le « jeunot » semble faire son marché : il pointe du doigt telle ou telle fan puis lui sourit de manière engageante l’air de dire « on se retrouve dans ma loge après le concert, baby ». Il prend des poses théâtrales, puis arpente la scène pour entamer un conciliabule avec le pianiste ou le batteur.

Il se dégage de ce concert une impression de complicité entre les musiciens, de plaisir partagé. Le professionnalisme n’est pas un carcan pour les SQ, mais le ciment qui permet à l’édifice de s’élever. Cette base technique, les automatismes qui sont mis en place, permettent à chacun d’exprimer sa sensibilité sans plus se préoccuper de l’aspect opérationnel. Le soucis permanent qui est le notre de savoir ce que les autres font, et de s’assurer que nous jouons bien ensemble, la concentration qui nous est nécessaire pour jouer chacune de nos compos, tout cela les SQ l’ont assimilé et évacué. Ils peuvent alors exprimer leurs émotions spontanément, les autres réagissant instantanément, comme un troupeau de gnous change subitement de direction dans la savane, sans qu’on sache très bien lequel a initié ce mouvement. De temps en temps, je regarde mes amis : On dirait des enfants regardant pour la première fois un Walt Disney.
Poun notamment aura passé le concert bouche bée, un sourire aux lèvres, émerveillé. Plus technicien, Pierrot semble analyser le jeu des guitaristes afin de se l’approprier et tirer des enseignements qui nous seront utiles pour nos répètes. J’avais de l’inquiétude concernant les filles. Mais elles paraissent conquises. Elles ondulent, manifestent, accompagnent, applaudissent. Leurs yeux brillent de l’émotion qui se dégage de cette soirée. A coté un groupe important connaît les chansons par cœur. Ils appuient les refrains de leurs bras brandis et de leur voix. Ici ou là un pogo spontané s’instaure, les corps sautent et se bousculent. Parfitt les interpelle, joue avec eux, et c’est un véritable échange qui s’installe dans la salle.
Vers les deux tiers du spectacle, les musiciens se retirent en coulisse pour se désaltérer et soulager des prostates malmenées. Le batteur en profite pour dérouler un solo époustouflant. Le jeu de lumière accompagne ses scansions et rythme les phrases de percussions, donnant l’impression d’un spectacle pyrotechnique. Les pressions générées par les caisses sont tellement fortes qu’elles sont autant de coups de boutoir que nous prenons en plein ventre. Nous sommes balayés par une onde puissante qui nous laisse pantelants et émerveillés. Je me prends à imaginer que ce sont autant de souffles d’explosions qui assaillent nos muscles, nos viscères et nos sens. A ce stade il n’est plus temps de rationaliser quoi que ce soit. Il s’agit d’émotions pures, qui balaient toute raison, toute réflexion. Même le sens esthétique se met en veilleuse. Ne reste qu’un plaisir sauvage, celui des tribus dés débuts de l’Homme, autour du feu, quand les corps luisants de sueur se mêlaient frénétiquement, habités par quelque esprit chamanique avant que la folie sexuelle ne les emporte dans une nuit torride. Un temps, j’ai la tentation d’étreindre ma voisine (Lolo) mais il me reste encore assez de self-contrôle pour renoncer.

Parfitt s’approche de nous, se penche. Mu par l’instinct, je lance vers lui mes deux bras, doigts tendus, je hurle. Il me regarde, nos yeux se croisent. Les siens sont malicieux. Il me fait signe qu’il veut que je lui donne mon manteau de cuir, que j’ai passé sur mon Tshirt des UFR. Je ris, béatement, fais mine de l’ôter. Puis il s’éloigne. Déjà l’attire Alice, qui s’est débarrassée de son pull. Il fait une chaleur moite : La chaleur des corps, les odeurs des corps que ne masque plus celle des cigarettes, désormais interdites. Alice porte un petit haut blanc à fines bretelles, elle ondule au rythme du couple bass/batt. Elle apprécie ; son corps se fait liane, ses sens en émoi, sa poitrine se soulève et tire l’œil du bassiste qui s’approche et lui sourit. C’est une messe païenne, ils en sont les officiants, nous en sommes les fidèles. En guise d’Ostie, au terme de leurs solos, les guitaristes lancent à la foule leur médiator : prenez, ceci est ma sueur, donnée pour vous en permission des péchés.

Cela fait presque deux heures qu’ils jouent. Ils ont interprété Whatever. J’ai chanté à pleins poumons. Et maintenant ils sortent de scène. C’est fini. Pas tout à fait : on les réclame, on les acclame, on invective, ça siffle, ca chante, ca tape des pieds derrière, sur les gradins des nantis assis.

Ils reviennent. Une ovation gronde et enfle. Exultation et joie, assouvissement, partage, plaisir immédiat. Deux derniers titres, des reprises, des standards du Rock N’Roll. Et puis comme la marée se retire et abandonne sur la plage les coquillages épars, les musiciens disparaissent rapidement derrière les rideaux. On attend encore. Quelques rappels. Lentement c’est le retour à la réalité. Un peu désemparés par le silence soudain, et le calme étrange qui s’installe, on quitte à contre cœur la fosse, sans se presser, dans le recueillement.

Alors que nous passons les lourdes doubles portes métalliques et allumons la cigarette qui va accompagner l’échange de nos premières impressions, un bus s’éloigne déjà et passe l’entrée monumentale du parking. Le prochain concert est à Nice. Ils y seront dans la nuit tandis que dans la salle désertée, les machinos démontent le matos.

The show must go on.

Prochainement : Status Quo, Le Récit

samedi 22 novembre 2008

La Gibson, By Kalach'

On connait Pierrot comme un être calme, posé, mesuré. Il supporte avec élégance nos caprices de stars, nos limites, nos approximations. Il tente constamment de rester à notre niveau et nous porte à bouts de bras dans notre lente progression vers l'Everest du Rock.
Cependant derrière cette façade lisse et courtoise se dissimule un artiste passionné bouillonnant, foisonnant, qui s'accomode difficilement de la lenteur de notre travail.

Je connais bien le Leader Maximo, et j'ai pu reconstituer à partir d'une analyse psychologique poussée l'instrument qui correspondrait le mieux à ses attentes, et lui permettrait, lorsque nous sommes tous rassemblés dans la Salle Jim Morrison, l'antre des possibles musicaux, d'enfin exprimer son moi profond dans sa confrontation hebdomadaire à nos pitoyables divagations.

Ce qu'il nomme en privé "une guitarme de poing" et qu'on trouve sur Ebay, sous licence Gibson, manufacturée par Kalachnikov et montée sur un chassis d'AK 47, lui permettrait enfin de corriger efficacement nos erreurs.
De "corriger le tir" en quelque sorte.

mardi 18 novembre 2008

La Guitare Suisse


Le week end dernier Pierrot a ramené de Lyon, acheté sur Ebay, un "clavier maître" et son expander. Il possède aussi une batterie, quatre harmonicas, un autre clavier, un violon, une basse, trois cochons d'inde accordés au La 440 quand on leur presse le ventre, et un cor de chasse ainsi qu'un chien feru de bel canto.

Il lui manquait, pour "faire la synthèse" (expression à la mode dans le contexte électoral du PS actuel), une guitare suisse, qui est à l'arrangement ce que le couteau helvète est au randonneur : universel(le).

Une Répète Très Quelconque (Par Poun)

Mercredi dernier,routine oblige,nous nous sommes retrouvé a 9 heures chez les fabres
On s'est bu un petit café puis dès que pierre est arrivé,descente au sous sol (salle j.morrison)et attaque immediate de nos morceaux .
C'etait bien!
a 11 heures on a plié le matos et chacun est rentré chez soi
FIN
Au fait, mitch et odile,je crois me souvenir,n'etaient pas là

poun




2eme version:

L'etre humain est extraordinaire!
Finalement,on se ressemble tous,une tete deux bras deux jambes,un sexe,suivant qu'il ressemble a un concombre ou a l'interieur d'une caverne broussailleuse (encore que ce soit plu trop a la mode) on est un garçon ou une fille,mais a ce detail pres,on est tous pareils.
Sauf que.....
Sauf que,certains d'entres nous on un don,et là.....on touche au merveilleux
ça ne s'analyse pas,ça ne se quantifie pas,ça ne se mesure pas
Le don est irrationel,intangible et inexplicable
Ainsi pour pierrot tout le monde le sait,c'est la musique,elle coule en lui ,en flots impetueux comme le gange a travers l'inde
kéké lui c'est la photo ,farçi comme un chou ,une main attaché dans le dos,un instamatic kodac dans l'autre ,et les yeux bandés,il vous fait des photos digne de julien clergue,ou de botani rince
phil le k: si vous voyez a quelle vitesse il s'enfile un bol de riz gluant,rien qu'en maniant ses baguettes......c'est allucinant!
Jesou lui,c'est pas les baguettes, c'est plutot la braguette son domaine!
je connais une tonkinoise qui est devenue aveugle,sourde et muette ,apres avoir passé une nuit dans ses bras
philou ,il est capable de vendre le plus infame taudis qu'on puisse imaginer a un redoutable requin de la finance au prix d'un hotel particulier du marais,sans que cet expert en arnaques en tous genre n'y entrave que pouic!
ET LES FILLES,elles aussi elles ont des dons!
Odile.....ces seins....magnifique!
laurence ...ces seins .....merveilleux!
sylvie.....ces seins....sublimes!
bref,pleins de gens ont un don ,sauf moi!
c'est du moins ce que je pensais jusqu'a il y a peu,mais voila,j'ai trouvé
Moi aussi je suis béni du ciel
Bon,c'est un peu special comme don, mais peu importe ce qui compte c'est d'en avoir un

Moi le matin,je me lève et comme une fulgurance,en un instant je pressent ce que sera ma journée
Par exemple,un jour quelconque de la semaine ,j'ouvre un oeil,il pleut,il fait froid,je dois aller travailler,le reveil a pas sonné,j'ai plus d'essence dans ma voiture,plus de cigarettes dans mon paquet de gitanes.....et bien,d'un coup,sans aucune espece d'hesitation je m'affirme,in petto....journée de merde!
c'est pas beau ça?
Mercredi dernier,et c'est a ça que je voulais en venir(je sais, ça a été un peu long)en ouvrant les yeux,je me suis dit journée extraordinaire!et effectivement,la journée,s'est passé comme dans un rève,mon café au lait du matin etait parfait,en general,ou je m'ebouillante,ou c'est tiedasse.
le petit creme qui a suivit ,pris au jean-jaures avec kéké,fut lui aussi tres agreable en tout points,une savoureuse discution a batons rompus sur les innombrables plaisirs que nous procure notre metier,
discution regulierement interrompue par la venue de charmantes jeunes femmes passant nous saluer,une ex fiancée de vincent,puis madame almensa et son chihuahua.
Diverses,mais toutes charmantes,visiteuses medicales ,au sourire aussi aguichant qu'est profond leur decolleté,c'etait vraiment tres agreable
apres ça, j'ai vu pierrot au bar de castanet,s'en est suivit la degustation d'un excellent café allongé que nous avons savouré accompagné d'une tarte au pomme delicatement parfumée a la canelle que lui prepare quotidiennement une de ces patiente qui n'a visiblement rien d'autre a foutre de toute sa journée!
Puis rentrant d'intermarché,je suis allé rendre mes hommages du matin a ma bien chere mere,qui toute heureuse de me voir m'a preparé un petit nescafé chicoré des familles, je ne vous dit que ça!
Apres le dejeuner de midi on s'est enfilé,catou et moi.........un petit nespresso bien corsé
A quatre heure,ma belle soeur sylvaine est passé nous dire un petit bonjour,et nous porter les legumes bios de la semaine :l'occasion etait belle ,nous avons pris une legere collation accompagnée d'une ricoré bien fumante: un regal!
C'est apres le repas du soir (excellent repas et surtout excellent dessert :une mousse au café)que je me suis offert un petit expresso bien serré comme je l'aime
Arrivé huit heures,je pars chercher laurence ,notre clavier,qui n'aime pas rouler de nuit et que je devais par consequent covoiturer jusque chez les fabres .
En parfaite femme d'interieur ,elle m'a bien evidemment proposé un petit café,que je bus, langoureusement installé dans ces fauteuils club aux couleurs eclatantes ,mais le devoir nous appelait,et nous repartimes ,la fleur au fusil et le coeur en fete vers notre destination finale.
Arrivé chez nos hotes,l'accoeuil fut a la mesure de nos esperances,sylvie nous avait preparé un gateau ,sa specialité,ai-je cru comprendre:
on appelle ça un moka, je n'en connait pas les ingredients,mais c'etait tres bon,surtout accompagné d'un sublissime "ristretto" de chez nespresso
Que dire de la prestation musicale qui suivie sans etre exagérement dithyrambique ?.....C'est pas facile ;en fait tout fut a la hauteur de cette belle journée,le son .....ideal
les voix .......cristallines
les instrumentistes ....excellents

VERS 10 Heures 30 ,petite pause,mais pour une fois sans alcool,juste un petit café,et puis c'est reparti sur les celebres reprises qui ont fait notre reputation dans le landernaux nimois
A 11 heures comme nous l'avons décidé ont a plié boutique ,et chacun est rentré chez soi
Sauf moi evidemment qui devais ramener laurence a son domicile,mais la belle toute emoustillée par l'excellence de notre repetition,et la promiscuité sensuelle qui nous unissait dans ma petite voiture,m'a proposé,la levre humide et l'oeil langoureux......d'aller boire un café dans un café ,ce qui fut fait!
Deux heures plus tard,je la deposais avenue carnot
Il faisait nuit, tout le monde dormait dans la maison ,il regnait dnas cette demeure silencieuse une athmosphere irreelle,propice a tous les debordements des sens ,soudain une impulsion subite et irrepressible nous envahis tous les deux, et faisant fi de toute pudeur et sans aucune retenue nous nous enfilames sauvagement!



Un dernier café

Oups,fautes de frappe

Je reprend: y en a qu'on pas tout suivit,je disait donc : Nous nous enfilames sauvagement un dernier café!
Puis je suis rentré chez moi.....un dernier petit caoua et au lit!
Et bien croyez moi ou pas,mais bien que j'ai passé une excellente journée ,cette nuit là.....j'ai tres mal dormi! comprenne qui pourra!

Au fait, mitch et odile,je crois me souvenir,n'etaient pas là

dimanche 16 novembre 2008

Le Buzz



(extrait dépêche AFP dim. 16 novembre 15h.)

Dans le milieu interlope de la mode et du luxe, il se murmure que Mitch, le célèbre chanteur des UFR (Undertakers les Fossoyeurs du Rock) aurait été approché par le patron de la célèbre maison Milanaise, Alfredo LCeGabanna, pour devenir le porte drapeau de sa collection de jeans Printemps-Ete 2009. Des indiscrétions porteraient à penser qu'il se serait rendu dans le plus grand secret chez la célèbre photographe Bettina Rheims afin de faire des essais-lumière qui se seraient montrés très concluants. "il a un grain de peau qui accroche incroyablement bien la lumière" aurait déclaré à l'issue de la séance Bettina.

Rien n'est signé pour l'instant, mais les milieux autorisés s'accordent à penser qu'un accord croisé serait en bonne voie, qui viserait à promouvoir l'image internationale des UFR dans le cadre de défilés de mode D&G. Il semblerait que tous les musiciens des UFR soient associés à cette campagne et seraient habillés et accesorisés en D&G lors de leur tournée de concerts prévue pour bientôt. Malgré un vibrant plaidoyer du chanteur en faveur des autres membres du groupe, il n'est pas question pour l'instant d'envisager de campagnes mettant en avant les musiciens, jugés "sympas" mais peu vendeurs.

Par ailleurs Mitch aurait déclaré que "si le contrat est conclu (ndlr : on parle de plusieurs millions d'euros), je vais consacrer la part qui me revient au profit des petits nenfants des régions les plus défavorisées : ils seront tous habillés en D&G".

samedi 15 novembre 2008

Réveillon Hors du Commun : Osez l'Exotisme


Vous en avez marre des réveillon tristounets et convenus, vous rêvez d'un évènement rare et original, qui vous plongera dans un univers raffiné de paillettes et de strass, dans une atmosphère chaleureuse fleurant bon la gaieté, et la fête : Osez l'exotisme Passez votre Réveillon au Douhet en Charentes Maritimes et profitez de la Présence exceptionnelle de la belle Sandra, qui animera votre soirée depuis l'apéritif de bienvenue jusq'à la soupe à l'oignon de l'aube. dépaysement garanti !

jeudi 13 novembre 2008

Comme le Dit Obama : Yes, Week End !














Philou est un Poète

Le Philou est un poète. Alors que nous roulions sur l’autoroute aux alentours de Montpellier, regardant une zone industrielle proche, il se fit lyrique en théorisant sur la vie des grues de chantier. Les mâles rouge et blanc et leur flèche glorieuse, les femelles jaunes arborant une balise clignotante, comme une invite discrète mais pressante. A l’instar des troupeaux d’éléphants il développa une organisation sociale complexe, des périodes de rut, des compétitions entre mâles pour la conquête des femelles, l’élevage des petits, la mise à l’écart des vieux mâles et leur départ pour le mystérieux cimetière des grues.

Ce délire onirique nous tint jusqu’à Castelnaudary où nous sortîmes afin de préparer la nourriture du corps après avoir satisfait à celle de l’esprit. Dans un hôtel du centre ville recommandé par nos amis Coco et Daniel, nous achetâmes un bocal de foie gras et deux kilos de cassoulet pour le soir.

Le temps médiocre nous ouvrit tout de même une fenêtre afin de nous restaurer de remarquables sandwiches au foie gras. Comme l’a dit quelqu’un bien avant moi, le trajet fait partie du voyage. Il est important de ne pas négliger cette période de transit et de se l’approprier dans les meilleures conditions de confort. Un sandwich d’accord, mais pas un de ces pitoyable en-cas d’autoroute, tristement présenté sous blister plastique, taillé à l’anglo-saxonne en triangles, mou et déjà blette avant que d’avoir été acheté, puis enregistrés à la caisse par quelque chafouine et mal aimable serveuse. Le sandwich doit être roboratif, confectionné à façon sur le lieu de repos, découpé dans des pains croustillants au moyen d’un laguiole et consommé convivialement tout en contemplant la campagne alentours. Jadis on l’accompagnait modérément d’un verre de vin local. Désormais la tempérance est de rigueur, tout au plus l’au pétillante peut-elle rincer de ses bulles le palais afin d’apporter une note ludique à l’agape autoroutière.

Simone notre incarnation du tomtom nous avait prédit 6h de route, il nous en fallut 7 et demi pour rallier notre port d’attache saintongeais : La Foucherie.

Le lieu était tel qu’à l’habitude. Paisible, immuable, comme une île de pierre posée sur un océan de champs fraîchement ensemencés et déjà verdoyants de la prochaine moisson. Nous prîmes nos quartiers, laissant à la demeure le temps de se réchauffer au feu joyeux que nous avions allumé dans la cheminée de la salle commune.

Le séjour à Saintes est désormais rodé, rythmé par les visites aux cousins et voisines, aux descentes sur la ville pour les courses dans l’un des trois marchés disponibles et à la fréquentation occasionnelles du bar du Douhet où l’on nous réserve toujours le meilleur accueil, le patron n’hésitant jamais à payer sa tournée. On emprunte en général le chemin de Compostelle qui traverse le village, ce qui apporte sa caution mystique au séjour. Le plus souvent le temps est conforme à ce que nous attendons, à savoir pluvieux et doux quelle que soit la saison. Notre attente en ce sens fut comblée : seules quelques rares éclaircies vinrent éclairer nos diverses pérégrinations dans la région de leurs incongrues apparitions.

Le samedi fut consacré à une incursion en pays rochelais : Laurence avait commandé sur Ebay un fauteuil qu’elle avait laissé en dépôt chez les propriétaires en prévision de notre venue. Grâce à Simone, nous n’eûmes aucune difficulté à trouver l’adresse. Nous pliâmes l’affaire en 10 minutes chrono, réduisant les civilités au minimum syndical. La propriétaire n’était pas d’humeur à s’étendre, nous précisant tout de même que le fauteuil appartenait au grand-père et qu’elle avait lavé les coussins. Nous extrapolâmes dans la voiture les raisons de cette vente. Le grand-père vraisemblablement était décédé quelques mois auparavant, c’était entendu, mais les circonstances du décès restaient inconnues, qui furent l’objet de nos supputations : était-il mort sur le fauteuil ? et si oui, combien de temps avait-il séjourné sur celui-ci avant qu’on le découvre ? Cela nous occupa tout le temps du parcours jusqu’au centre-ville. Le reste de l’après midi fut consacré à la visite de la cité, dont l’architecture est admirable. Les femmes s’intéressèrent plus particulièrement à l’offre commerciale du lieu, mettant un point d’honneur à honorer de leur présence chacune des boutiques de vêtements des principales rues commerçantes.

Le départ du Vendée Globe était tiré le lendemain, aux Sables d’Olonne. Les femmes préférant entretenir le feu nous donnèrent mission d’assister à cet événement exceptionnel. Celui-ci a lieu tous les quatre ans ; sa première édition date de 1989. Treize concurrents avaient alors pris le départ. Trente s’alignaient ce dimanche sur les darses de Port Olona ; la plupart avaient déjà emprunté le chenal lorsque nous arrivâmes, Philou et moi sur les lieux. Juste à temps pour regarder manœuvrer puis s’éloigner le 60 pieds de Mich’Dej’ (Michel Desjoyaux) le skipper de Foncia. Moment intense et émouvant pour le président de Foncia Métropole. Je regardai Philou, seul sur un ponton, saluer Michel. Je sentis l’émotion le gagner, tandis que son héraut s’activait sur le pont du monocoque. Il se tourna vers moi, grave, les yeux embués, la voix incertaine. « Ca c’est fait ! » commenta-t-il sobrement. Les hommes ont cette pudeur. Il essuya l’un de ses yeux, et renifla deux fois, puis remonta vers le quai alors que Desjoyaux se fondait dans la perspective lointaine du port. « je suis content » conclut Philippe.
Sur les conseils d’une autochtone, nous poussâmes jusqu’à Talmont Saint Hilaire, puis sur la plage de La Jarde afin d’observer à l’horizon le lent balais des immense voiles de ces coléoptères des mers. Le temps n’était pas propice à cet exercice. Des bourrasques de vent poussaient les nuages bas sur une mer houleuse aux couleurs venimeuses qui cachait périodiquement les mats des voiliers. La visibilité était encore diminuée par les grains et brumes locales. Nous contemplâmes le spectacles tout en dévorant un maigre sandwich puis regagnâmes le havre sécurisé de notre fidèle Kangoo dont la pilote électronique, notre chère Simone, entreprit de nous ramener à bon port.

Est-il nécessaire de commenter le reste du séjour, tant il se révéla conforme au protocole établi il y a déjà fort longtemps ? On consomma les produits du terroir et de l’océan dont la saveur, la fraîcheur, et le coût modique en regard des tarifs inconvenants pratiqués chez nous contribuent à l’attrait du lieu. On visita les uns et les autres, sacrifiant, plusieurs fois, au rituel du pineau. Odile acheta le pain sous flamme à Taillebourg. Lolo commanda 20 kilos de miel pour Nanette. Philou, en communion avec la nature m’expliqua le repas des étourneaux, les plumes bleus qui indiquent les moineaux males, la fourberie des merles, la puissance du héron cendré, la beauté du vol lourd de la buse. Nous jetâmes des pierres dans le puits du village afin d’en évaluer, à l’écho, la profondeur. Certains d’entre nous promenèrent dans les bois environnants tandis que d’autres faisaient la sieste. Les nuages et les ondées lessivèrent à leur tour les ruelles du village, séchées en parties par des éclaircies projetant sur les paysages des lumières obliques et chaudes, et fugitives.

On aurait pu évoquer la douceur Angevine si elle n’avait été Saintongeaise, en tout cas nous nous laissâmes aller à une douceur de vivre bien agréable dans ce monde impitoyable et sauvage qui est le notre.

lundi 10 novembre 2008

On choque à 300 !

Lolo ne participe pas à notre répétition ce mercredi. Elle se consacre aux siens. On connaît son abnégation et son sens du sacrifice. Elle en profite pour traverser un long tunnel de trois épisodes de Grey's Anatomy. Elle doit parfois faire des choix cornéliens et sacrifier sa vie personnelle au bénéfice de sa famille. Quant à Odile et moi, pour une fois nous arrivons premiers à la MJC des Clématites.

Ce 5 novembre est un événement considérable aux States. l'abolition de l'esclavage ne date que de cent cinquante ans, et c'est dans les années soixante que le célèbre docteur King, prononce son inoubliable discours « I have a dream », avant d'être assassiné. Il a fallu tout ce temps pour qu'un métis afro-américain soit élu à la Maison Blanche. Comme l'a très justement remarqué Philou, on ne peut pas dire qu'un descendant d'esclave soit enfin parvenu à la magistrature suprême, dans la mesure ou le père d'Obama est arrivé directement du Kenya une cinquantaine d'années auparavant. Mais ne boudons pas notre plaisir, le symbole est fort. En France on n'est même pas encore parvenu à élire une femme. Bon, on a failli. Mais sincèrement, à mon sens, elle n'était pas tout à fait à la maille. L'adversaire non plus ceci dit. Et c'est LA différence fondamentale. Seule une femme exceptionnelle rassemblera nos suffrages, alors que le premier politicien clinquant venu en est capable, sur la base de promesses d'arracheurs de dents (ça ne fera pas mal, détendez-vous).

Nous descendons dans l'antre des possibles musicaux. Une légère manutention est nécessaire après notre brillante prestation de samedi dernier aux Pins afin de rétablir les liaisons utiles entre les différents dispositifs. Répétition qu'on nommera, plus tard, dans notre biographie, comme « la multiplication des Pins » en référence aux innombrables échos réverbérés par les murs vierges de notre studio improvisé.

Ce soir, il est question d'expérimenter à nouveau l'enregistreur numérique. Notre dernière séance de captation chez le Pascou quelques semaines auparavant n'avait pas été des plus brillantes. Il est temps de rectifier le tir. Ce sera une prise de son directe de l'orchestre. Du coté de la section chant, nous n'utiliserons pas les micros. Je me contenterai de « meumeumer », afin de servir de repère aux musiciens. Une sorte de filage, comme on dit dans le milieu de la mise en scène. On reprend quatre fois Spam avant d'être satisfait. On passe l'enregistrement sur la sono de scène. Il est étonnamment bon compte-tenu des conditions de prise de son. En fond, on entend tout de même assez clairement ma voix, ainsi que les « Spam ! » péremptoire d'Odile.

A partir de cette base, c'est à mon tour de placer ma voix sur l'enregistrement. Je m'écoute au casque, pour que le retour des haut-parleurs ne pollue pas les pistes. Ça doit donner quelque chose d'assez surréaliste pour l'auditoire. D'ailleurs leurs mimiques et les spasmes qui contractent leur visage m'en disent long sur leur appréciation. De plus la voix résiduelle du premier enregistrement me perturbe, ça induit une sorte d'écho très désagréable, je n'arrive plus à me caler sur l'orchestre : ma propre voix me fait bégayer. Je finis par me planter lamentablement. Il n'y aura pas de deuxième prise. Déjà on passe à autre chose. L'artiste est fantasque et superficiel!

S'ensuit une période de flottement, durant laquelle nous hésitons entre poursuivre notre approche expérimentale ou passer à autre chose.

Finalement nous passons à autre chose, avec la ferme détermination toutefois de s'y mettre sérieusement la prochaine fois. Il est vrai également que je n'ai pas potassé la doc, et que certaines fonctions de l'appareil me sont encore un peu obscures. Notamment tout ce qui concerne les reports de pistes. En effet pour faire un enregistrement propre, nous utilisons la technique Jako : enregistrement de l'orchestre, puis prises de son successives de chaque instrument. Mais la machine ne possède que six pistes différentes, il faut à mesure déplacer et superposer des canaux pour libérer de l'espace. Je ne sais pas si vous me suivez... parce que moi je m'y perds un peu... Tout ça c'est des trucs techniques. Au final, tout ce que nous voulons c'est arriver à mettre notre production en boite, et au train où ça avance, ce n'est pas demain la veille du jour où notre CD sera dans les bacs.

D'autre part, on notera l'exceptionnelle sensibilité du couple de micros du « magnétophone ». Durant les silences, je peux distinctement entendre sur la bande, provenant de l'étage, le Docteur Mamour de Grey's anatomy crier « on choque à 300 » à son assistante avec laquelle par ailleurs, il est en train de rompre. A ce propos, Sylvie descend à la cave par deux fois pour nous demander de baisser le son : ça déclenche des extrasystoles au malade.

Après la courte pause cigarette, nous interprétons l'ensemble de nos titres (ce que nous nommons « le marathon » ) avec un résultat honorable. Odile malgré quelques séances d'absence reprend contact avec New York. C'est très satisfaisant.

On se sépare vers 23 heures, conformément à l'horaire syndical défini récemment.

Pour conclure ce billet, écrit depuis notre villégiature Charentaise, prochainement sur ce canal, la relation intégrale de notre séjour Saintongeais. Vous retrouverez les personnages attachants que nombre d'entre vous connaissez, les cousins Yves (Monsieur K) et Guy, le chien Oscar, les demoiselles Villeur et l'inénarrable Jean-Jacques. La Foucherie, Saintes, La Rochelle, Les sables d'Olones, Le Douhet, autant de personnages et de lieux authentiques dont vous pourrez suivre la vie simple, cette vie des provinces de France dont chacun d'entre nous éprouve la nostalgie, qui puise sa source dans nos mille souvenirs d'enfance. Le tout dans une atmosphère océane, douce et pluvieuse et atlantique.

lundi 3 novembre 2008

La Moumou, c'est Tip Top !

Nous sommes invités à une journée champignons ce samedi 1er novembre. Aux Pins, près de Connaux. L'endroit nous est connu déjà, c'est une bonne maison, on nous y réserve le meilleur accueil. Accessoirement le1er novembre c'est aussi la Toussaint, et en la circonstance le temps tient ses promesses. Le ciel est remarquablement bas, l'atmosphère est humide à souhaits, et la journée tout entière est copieusement arrosée de pluies et de parses sur ce qu'il est convenu d'appeler « les reliefs ». D'ailleurs les média ont prévenu : Météo France a lancé une alerte orange, dans le cadre d'un de ces épisodes cévenols dont la région a le secret. Il nous est même conseillé d'éviter tout déplacement inutile. Mais nous n'en avons cure : une répète, où qu'elle se déroule, est un événement de la plus haute importance, sur lequel il ne saurait être fait aucune impasse. Les Undertakers se sont donné rendez-vous chez les Fabre afin de charger le matos. Cette fois nous voyageons léger, nous ne prenons que le strict nécessaire pour produire du son. Les amplis individuels, quelques pieds et micros. Nous laissons sur place le volumineux dispositif de sonorisation de scène.

A notre arrivée, Michel « Mitch » Créach est là, qui nous attend au bord du chemin. « Vous êtes arrivés » constate-t-il. « Oui, c'est vraiment tip top » répondons-nous tous en choeur. Nous avons été briffés dans la voiture des Ritchwood : Le mot de Michel, pour signifier son contentement est « tip top ». « J'ai trouvé  des girolles » nous apprend-il tandis-que nous déchargeons les véhicules. En effet, alors que nous envahissons le salon au rez-de-chaussée, nous découvrons deux grand plats débordant de girolles. Je suis très déçu, je me faisais un tel plaisir de crapahuter dans la campagne à la recherche des précieux champignons. J'affectionne ce loisir particulièrement quand il pleut, et que je peux fouler et fouiller les sols détrempés, sous la lueur sombre de la clarté automnales éclairant péniblement la végétation dense. J'avance plié en deux, l'oeil rivé au sol, le visage et le corps fouetté par les branches basses, mes pieds marchent sur des choses molles et glissantes, et un tapis de champignons d'hivers et avariés s'offre à ma vue. Aucun n'est bon, bien sur, même si esthétiquement beaucoup d'entre eux remporteraient une palme s'ils devaient concourir pour un prix d'excellence. A cause de Michel, qui a déjà fait le travail, je n'aurai pas le plaisir de marcher et d'entendre ici et là « j'en ai un, ouaouh, c'est un cèpe, et un gros ! »pendant que je dériverai de troncs en tronc, exclus de ces joies sylvestres.

Nous installons le matériel dans une pièce fraîchement repeinte près de la terrasse. Alors que l'apéritif s'installe en bas, nous branchons les instruments. L'acoustique est très particulière. Les murs nus, le sol carrelé réverbèrent le moindre de nos sons, ce qui conduit à une soupe sonore assez indigeste. Et puis mon ampli, qui supporte le mixage des micros, n'est vraiment pas de taille à lutter contre la batterie et ses satellites à cordes et à touches remarquablement amplifiés. Bref je comprends très vite que ce n'est pas aujourd'hui que je vais pouvoir faire dans la dentelle. D'ailleurs même le macramé tressé d'écoutes à bateau n'est pas à ma portée. Pour rajouter à la difficulté, j'ai oublié de prendre les textes. J'en connais la plupart, mais nos dernières chansons ne me sont pas encore totalement familière. Heureusement Lolo a apporté son cahier de chant. Résigné, j'en profite pour donner sa chance à un petit nouveau : Philou. Ce dernier est dans son élément, il a la banane ! Il affectionne particulièrement EcoloSong.

Le repas de midi est précédé d'un copieux apéritif. Il y a des tartes salées, et divers tapas, dont d'excellentes rillettes, et de la tapenade. Tout cela va très bien sur le whisky. Philou connaît mon penchant affirmé pour la bouteille et a prévu large : 5 litres de William Peel. Je plains mes amis : comme je bois verre sur verre, autant dire comme un trou, tout à mon adiction coupable, il ne leur reste que le vin et le pastis pour satisfaire leur soif. Les pauvres. Mais eux savent se contrôler, ils trempent leur lèvres plus qu'ils ne boivent, dans la modération la plus totale, avec ce détachement mondain que confère l'habitude. C'est bien simple, je ne les ai jamais vu ivres, encore moins joyeux, et jamais au grand jamais malades après quelque libation. Des moines. Pour ma part, je bénéficie d'un statut particulier : je suis l'ivrogne du groupe comme le constate avec régularité et bienveillance d'aucun, dont je salue l'opiniâtreté à compter mes consommations et à en faire le rapport détaillé à mon épouse avec une sorte d'allégresse qui me va droit au coeur et la réjouit plus encore. N'étant plus obligé de donner le change, je peux donc puisqu'on m'y encourage, me bourrer la gueule avec délectation, un peu comme le fou du roi a le droit de dire les pires horreurs à son Prince, bénéficiant de par sa fonction d'une immunité totale.

Ce qui précède n'est bien sur qu'une boutade. J'aime embellir la réalité et ajouter ça et là de petites choses de mon cru (classé) pour agrémenter des récits qui seraient bien ternes par ailleurs.

Je profite d'une pause cigarette à l'extérieur pour en apprendre plus sur la jeunesse de notre batteur. Je découvre ainsi qu'avant de devenir kiné, il a d'abord entrepris des études d'informatique, puis tenté pharmacie. J'aime discuter avec le Carré. Comme ses propos sont rares, les informations qu'il distille savamment sont comme des pépites parfois infimes, mais toujours passionnantes. Phil est discret, et c'est pour cette raison qu'on a envie d'en savoir plus sur lui.
La parcimonie de sa communication lui confère une aura de mystère. En cette période de crise, l'économie de moyens est une vertu ; en ce sens, Phil est éminemment vertueux. Il lui arrive pourtant de s'aventurer sur le terrain du cul, et sans rivaliser avec les ténors du genre, sa prestation est tout de même d'excellente facture.
Auparavant nous avons également fait la connaissance de Jean-Pierre, le frère aîné de Mitch. Il a 72 ans. Colonel de l'armée de l'air à la retraite, il en conserve la martiale attitude. Il n'aime pas faire la queue, surtout la queue de cégétistes ni être convoqué par son banquier, mais par dessus tout, il revendique sa part de girolles, qu'il considère comme une dîme puisque cueillies sur ses terres.

Mais il est déjà temps de passer à table. Odile a préparé pour ce midi un derrick de poulet C'est une sorte de colombo, mais dans des camaïeux de verts et de brun, comme dans la série de l'inspecteur teuton. L'ambiance, comme à l'accoutumée, est joyeuse. Les conversations s'entremêlent, se nourrissent les unes des autres, on rit, on chante. Un repas entre amis, convivial, détendu.
J'espère que le dernier repas du Christ était comme cela. Je veux croire que la Cène fut le théâtre de franches rigolades et de tapes dans le dos, avant que Jésus fasse le coup de « ceci est mon sang » à ses apôtres et que l'ambiance en prenne un sérieux coup. Pourquoi donc comparai-je notre repas à celui de Jésus ? Car nous sommes treize. Et heureusement aucun Judas.

A l'issu du repas nous remontons à l'étage pendant que Pascou fait un courte sieste réparatrice. Nous reprenons toutes les chansons du répertoire. Ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a du son. Je me surprends à chanter accroupi, l'oreille collée à mon ampli afin de capter quelques vibrations, dans la marée sonore qui agite l'espace. J'ai l'impression d'être une de ces algues qu'on nomme laminaire, qui ondule au grès des marées et des courants, ballottée et fouettée, lacérée par les rochers des récifs proches. Et même parfois il me semble chanter de l'intérieur du tambour fou d'une machine à laver. Je suis l'espèce de boule contenant la lessive qui virevolte à l'intérieur, bousculée par le linge un peu avant le programme essorage. Parfois je me mets en roue libre, je m'exerce au yaourth. Une sorte de mime verbal où des onomatopées s'enchaînent, sans aucune signification, juste pour donner un accompagnement. Philou m'épaule efficacement, tandis que les filles ont déjà déserté le lieu, les tympans percés, du sang s'écoulant de leur nez délicat, comme après un accident de décompression.
Jésou n'est pas à la fête non plus, terrassé par un puissant mal de tête qui tempère sérieusement son plaisir à jouer.

Régulièrement, les uns et les autres abandonnent les instruments, ne laissant en arrière garde sur le champ de bataille dévasté, que Michel et Pierrot, Phil, Philou et moi. La session se fait plus intimiste. On improvise sur des rythmes Bossa. C'est léger, agréable, acidulé, on se laisse aller à la rêverie, on déroule les lignes vocales sur les accords exotiques. C'est reposant.
Tour à tour Phil et Pierrot changent d'instruments, je fais moi-même un tour à la guitare alors que les autres ont la bonté d'improviser sur mes sol et mes do. Je prends beaucoup de plaisir sur cette partie de la soirée. Sur la fin nous accrochons des paroles sur des rythmes plus blues. Et pour finir nous piochons sur une étagère un bouquin, de la bibliothèque verte : la grande évasion. Nous en chantons à tour de rôle des paragraphes sur les accords de Pierrot. Très ludique !

Mais c'est déjà l'heure du repas du soir. Nos hôtes ont mis un gigot au four, qu'ils accompagnent de haricots blancs et de girolles. Un régal. De plus ça s'accommode agréablement avec la moumou. Pardon ? La moumou ? La moutarde bien sûr. Enfin, la moutarde selon Michel. La moumou c'est tip top !

Nous abordons un sujet pittoresque, celui du Libre-Manger. Je crois que c'est Catherine Rollin qui a trouvé cette expression. Il s'agit, en général le dimanche soir, de sortir les restes du réfrigérateur et de manger ainsi, à la bonne franquette. Il semble que tous connaissent ce principe, sous d'autres vocables, et l'appliquent régulièrement. Cependant même à la bonne franquette, cela reste un repas où tout le monde se met à table, même si ce doit être celle, basse, du salon, théâtre des célèbres plateaux-repas du dimanche soir. J'avais de mon coté une vision différente du libre-manger : chacun puise dans le frigo ce qui l'intéresse et improvise son repas selon son humeur. Et surtout, on n'est pas obligé de manger ensemble à table. Tel mange devant la télé, un autre sur le plan de travail de la cuisine. Aucune contrainte. Libre manger ! Et là j'ai dû constater que les traditions familiales ont la vie dure : on peut manger n'importe quoi, mais on doit manger ensemble, au même endroit et dans le même temps. Le repas s'apparente, dans son unité de temps d'action et de lieu, à la tragédie grecque ! La liberté de manger n'existe pas dans la cellule familiale.

Telles sont les journées des UFR ludiques et laborieuses, légères et didactiques, musicales, épicuriennes... les journées des UFR sont une métaphore de la vie.