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vendredi 31 octobre 2008

Un Vibrant Pladoyer pour la Respiration dans les Giratoires

Je n'en ai jamais parlé jusqu'ici. Je n'en avais pas pris conscience en fait. Je vous rassure, rien de scabreux, ni de honteux. Il s'agit d'un élément fondamental du chant. La respiration. Il est vrai que je suis plutôt lent à la détente en terme d'apprentissage, mais c'est hier, dernière répète du mois d'octobre, pratiquement deux ans après notre toute première réunion musicale, que j'ai mis un mot sur un phénomène physiologique auquel je suis confronté depuis le début. Bien sûr, en y réfléchissant, j'ai naturellement posé mes respirations plus ou moins dans les moments propices depuis tout ce temps. J'étais le Monsieur Jourdain de la respiration.

Mais cette fois-ci, c'est une révélation. Comme l'inspecteur Bourrel (Raymond Souplex), celui des cinq dernières minutes de nos années 60, je me suis exclamé, intérieurement : Good blood, but it is well sure ! ( oui, je pense en anglais quand j'ai une révélation). Jusqu'ici j'avais spontanément fait quelques découvertes intéressantes : On ne chante pas assis, on ne chante pas les bras croisés. La combinaison des deux est à proscrire absolument. Surtout si on tient une cigarette dans une mains et un verre dans l'autre. De même on ouvre grand la bouche : il faut articuler le chant. Egalement le son vient du ventre, (alors que le silence vient quand on s'arrête de jouer, ce qui est très satisfaisant aussi, parfois). On doit chanter souple. On doit sentir la gorge se déployer autour de la colonne d'air poussée par les abdos. On chante debout, avec un triangle de sustentation bien ouvert, les jambes un peu ployées. On peut aussi essayer avec un gilet jaune et un triangle de signalisation, mais ca n'apporte pas grand chose. D'autant que dans ce cas, il faut se tenir à une trentaine de mètres de l'audience, pour des raisons de sécurité.

Voilà pour le concept de base. Rien de révolutionnaire cela va sans dire, mais tout de même, ca va mieux en le disant. Comme d'aucun me reprochait de m'éloigner de la Res Musica, je suis ravi de lui donner quitus en recentrant le débat.

Pour poursuivre dans l'application du concept, j'ai testé récemment plusieurs types de voix : celle que je viens d'évoquer plus haut, une autre plus rocailleuse qui va bien avec le rock, et puis une encore qui passe par l'arrière du nez. On a l'impression que l'air circule derrière le nez. D'ailleurs certaines vibrations mettent tout ce fourbi en résonance, et ça chatouille ! C'est quelque part entre les sinus maxillaires et le sinus sphénoidal. Peut être les ethmoïdes ? On n'imagine pas toutes les cavités aériques qui allègent le crâne !

Enfin il y a une voix  gutturale, plus aiguë, avec une amplitude de modulation très importante, mais complexe à mettre en oeuvre car peu aisée pour articuler les mots. Pour l'instant je réserve cette voix « au dessus de la voix », une voix d'arrière gorge, à ma pratique solitaire (du chant). Elle nécessite un contrôle permanent, et se brise très facilement dans les fréquences extrêmes. Mais j'aime le contraste saisissant qu'elle introduit, surtout dans le cadre de ma tessiture limitée.

Il y a aussi toute la mécanique embarquée au niveau du larynx. Des pièces de précision qu'on imaginerait usinées au micron près, qui s'emboîtent parfaitement, et qu'il faut mobiliser de manière très rapide afin de produire le vibrato. J'adore le vibrato. Surtout associé à ma voix grâve, je trouve que ça donne du miel à mon chant. A la différence de Julien Clerc par exemple dont le vibrato est par trop caprin, quoique ces derniers temps ce ne soit plus tout à fait ça. Par parenthèse son dernier CD est plutôt pitoyable, bien qu'il me répugne de critiquer un confrère.

Personne ne s'aperçoit de ce don qui est le mien. Personne ne m'en a jamais complimenté. Ni même n'a manifesté le plus petit intérêt à son endroit. Pourtant de la même manière que mes yeux verts illuminent d'un éclat singulier un visage par ailleurs « intéressant », mon vibrato éclaire ma voix, et lui confère sa chaleur. J'ai une voix de crooner qui se serait égaré dans le rock. C'est en tout cas ce qu'affirment certaines personnes qui ont pris le temps de m'écouter. Elles.

J'ai aussi pris conscience du caractère musculaire de tout ce bazar, et donc de la préparation sportive que cela implique. Dans l'idéal il faudrait que je trouve un exercice qui serait l'équivalent des pompes de l'athlète. Faire des pompes avec ma bouche, quoi.

Pour en revenir à la respiration, c'est en chantant nos dernières compos que je me suis aperçu de son utilité. En effet il faut débiter les textes très rapidement, et la reprise de souffle est problématique. Il faut vraiment s'y prendre au moment opportun, sous peine de se retrouver les poumons collabés, à la limite de la cyanose, exsangue.
Il faut dire que si nos textes se résumaient à des onomatopées étasuniennes, cela me faciliterait le travail. Hélas, Poun et moi sommes bavards. Nous écrivons des chansons à lire et non pas à chanter !

Bien sûr, il ne faut pas sous estimer le travail des musiciens. Mais d'une certaine manière il s'agit d'agilité digitale. Il suffit de poser les doigts au bon endroit. Ca nécessite un peu de pratique, mais rien qui ne soit insurmontable. La preuve en est que même l'Ultrabassiste y parvient sans difficultés majeures. Lui qui n'avait jamais approché un instrument à cordes... si ce n'est peut être son distributeur de fil dentaire, ou encore l'étendage au fond du jardin.
Alors que la voix c'est une autre affaire. Il faut de la technique, de la maîtrise, et puis une sensibilité exacerbée pour DONNER au public tout ce que l'on a dans les tripes, la palette infinie des émotions humaines. Je pense que chacun des mes partenaires, même s'il ne m'en pas encore parlé explicitement, ressent de la fierté pour ce que j'apporte au groupe et pour la charge émotionnelle que j'accumule puis libère en trois minutes intenses.

Cet exercice me laisse épuisé à la fin de chaque séance. Je ne le montre pas. Je ne suis pas pour l'exhibition des sentiments. Je suis quelqu'un d'une incroyable pudeur, cela me gène de mettre à nu mon âme et d'exprimer ma joie/souffrance. Je termine chaque session vidé physiquement et émotionnellement. D'autant que les approximations de mes comparses, bien excusables au vu de la difficulté de ce que nous interprétons, m'amènent, sans reproches aucun, et avec toute l'empathie dont je suis capable, à répéter, reprendre, inlassablement, des morceaux dont il me semble qu'ils devraient être intégrés désormais à notre répertoire.

Mais intéressons-nous à la dernière répète. Ce qui me plaît le plus, dans les répétitions, c'est quand on s'arrête et qu'on fait la pause. Parfois, quand on passe la main à tout hasard derrière les coussins des fauteuils, on à la chance de trouver une bouteille de bon bourbon. L'ambre de la bouteille accroche la lumière du spot en face. Je peux voir au travers de la double aberration du verre et du liquide, les visages graves de Pascou Pierrot et Lolo, aux prises avec quelque douloureux sujet de société. Ca calme la sécheresse buccale, ca baigne la gorge dans une chaleur réconfortante, et ça rend plus claire chacune de nos réflexions. Pour les stakhanovistes de la corde, de la touche ou de la baguette, on peut y tremper ses doigts afin d'en calmer l'inflammation.
Ainsi avons nous parcouru l'éventail des problèmes actuels.
Notamment celui, récurent, du giratoire. Il faut se rappeler que le giratoire est d'origine anglosaxonne, ce qui en explique à mon sens très bien les incongruités. Les anglais sont les maîtres du non sens. Le non sens giratoire ! Du giratoire nous avons bifurqué vers l'impasse, sujet complexe, qui nous a entraîné dans les méandres et les subtilités des questions pièges du permis de conduire.

C'est pour cela aussi que j'aime répéter avec mes amis. On apprend des choses. Essentielles.

mercredi 29 octobre 2008

Le Barde Expliqué aux Adultes #7


Mais de nouveau, tout celà n'a qu'un temps. Le Barde ne peut vivre longtemps sans projet artistique. fervent admirateur de Shakespeare, l'immortel Barde du XVIIème siècle, Il aime porter des costumes d'époque et charmer ses admiratrices en leur donnant l'Aubade de son Luth, comme dans Roméo et Juliette. Cuisinier accompli, Après avoir longtemps lardé les Bars qu'il péchait, on le surnomme désormais le Barde de l'Art.

Le Barde Expliqué aux Adultes #6


Cependant on ne peut maintenir le Barde en Cage très longtemps. Il rompt avec la vétérinaire et rencontre par le biais des petites annonces du Figaro une adepte de la pêche au gros. Il mord à l'hameçon et le voici ferré. Avec Sylvie, il trempe sa ligne dans toutes les mers du globe. A cette époque on le surnomme Le Barde de Ligne ou Barde Sauvage, en opposition au Barde d'Elevage qu'on reconnait aisément à sa queue prématurément usée de par les frottements occasionnés par l'étroitesse des bassins dans lesquels il évolue.

Le Barde Expliqué aux Adultes #5



Après l'épisode Soviétique, Le Barde perd complètement pied. Il se réfugie dans ses fantasmes. Son rêve le plus secret : être un gros chat, se faire caresser dans le sens du poil par de douces et expertes mains et frotter son corps velu contre des jambes féminines. Dans les petites annonces du Chasseur Français, il rentre en relation avec une jeune personne qui aime à le travestir en félin et lui prodiguer des "soins". "Allez mon gros tigre, susurre-t-elle, fait ron-ron pour ta maitresse.

lundi 27 octobre 2008

Commerciaux Débiles et Croates des Champs

Me voici dans le TGV qui me ramène à grande vitesse vers mon vaterland. En manière de présage, alors que durant toute la matinée le temps avait été printanier après l'ondée nocturne, celui-ci s'est singulièrement dégradé à mesure que l'heure du départ approchait. De lourds et lents nuages se sont amoncelés au dessus du dôme métallique de la gare de Lyon, dans une invite à peine voilé à déguerpir sans demander son reste.

Alors que je file en première classe, la campagne déroule son décor autour de moi, ma vision périphérique détectant de part et d'autre des taches filantes et colorées indiquant la vitesse grandissante de la machine dans son entreprise d'arpentage à grande échelle des provinces traversées.

Décidément je déteste ces grand-messes professionnelles, qui rassemblent dans une unité de temps et de lieu les acteurs du Landerneau radiologique. On se retrouve dans une ambiance de salon, pressé de toute part, sollicité, badgé.

Ce dernier point est amusant.

Nous possédions des badges « exposant » fournis par la société F... . Car l'inscription à la visite de l'exposition technique est hors de prix, voire dispendieuse. On le sait l'administration répugne à engager l'argent du contribuable dans des dépenses somptuaires et incite donc son personnel, cadres compris, à se former ou s'informer sur leurs propres deniers. C'est pour cette raison que nous sollicitons nos amis constructeurs et labos afin de participer au radiothon qui nous permettra de manger et dormir sans l'aide du SAMU social.

Lorsque nous abordions le stand d'un constructeur concurrent, une hôtesse, en général JJMS (jeune jolie mais seule) nous abordait avec un stylo optique afin de « doucher » notre identifiant opportunément agrémenté d'un code à barres. « C'est pour nos statistiques et afin de mieux personnaliser nos services futurs » précisa l'une d'elle. Mais la lecture optique révélait notre supercherie et le sourire engageant se faisait un peu soupçonneux. Peut être étions nous des espions à la solde d'une cellule de vieille technologique ennemie, venus en repérages sur le site afin de déterminer les tendances lourdes de la décennie à venir !

Cela nous faisait beaucoup rire de voir les visages des commerciaux se figer alors qu'ils tentaient de déchiffrer nos noms sous les reflets du carton plastifié qui oscillait sur nos poitrines au grès de nos mouvements souples. L'un d'eux, un haut responsable de G... E..., ôta même l'un de ses deux badges et me le tendit, afin que je déambule parmi les machines exposées sans déclencher l'ire de quelque zélote mal embouché, ni ne détourne un client potentiel de son chemin programmé.

Des années de participation à des congrès et expositions me confèrent désormais une expérience utile. Il est important de s'économiser, surtout « à nos âges ». Au fil des heures et des piétinements, les jambes deviennent lourdes, les reins sensibles, les talons douloureux. Les spots nombreux et les matières synthétiques induisent une fatigue oculaire aggravée de réactions allergiques à types de larmoiement. Il ne faut pas hésiter à s'asseoir dès qu'on en a la possibilité. Il s'agit là d'un marathon.

Les milliers d'animaux humains qui se côtoient en ces lieux dégagent une phénoménale quantité d'énergie calorique : la chaleur est étouffante. Je passerai sous silences les fragrances plus ou moins agréables qui envahissent l'atmosphère par ailleurs confinée des locaux. Par chance, je « bénéficie » d'un odorat très anémique qui me préserve du pire. Il est primordial enfin de voyager léger. Pas de lourd manteau, pas de sacoches ni de mallettes. Des vêtements de sports seraient l'idéal ; un minimum de présentation est toutefois nécessaire pour rester crédible dans son rôle de prescripteur. Pas de jogging donc, mais un coté sportswear de bon aloi fait l'affaire.
Surtout, en toute circonstance, s'efforcer de garder les deux mains libres, refuser tout sac publicitaire ou autres plaquettes techniques et encore moins ces affiches roulées censées résumer une technique. Les mains doivent conserver leur indépendance vis à vis des redoutables prédateurs, ces squales qui tentent par tous les moyens de vous attirer dans leurs rets et vous immobiliser dans leurs stands. Ces derniers, si on n'y prend garde peuvent se transformer en geôle.

Moins qu'un désir de vous exposer leur savoir-faire, ces hyènes n'ont qu'un but : vous empêcher de visiter la concurrence. Pour cela tous les moyens, toutes les bassesses sont à craindre. On vous oblige à des séances de poignées de mains interminables, des diaporamas à coté desquels les soirées super 8 de note enfance acquièrent la capacité narrative d'un Audiard. On vous glisse dans les pattes la pin up locale, en tailleur strict, mais avec le chemisier savamment et négligemment ouvert. Elles ont souvent le titre « d'ingénieur d'application » ce que chez Auchan on nommerait « démonstratrice » et curieusement, elle ont toutes moins de 25 ans.

Enfin et surtout on multiplie les offres de libations. Cafés, jus de fruits, puis alcools divers à dominante champagne. Et puis il y a ce que Philou aime appeler les « tapaâ » cacahuètes, olives, petits crackers, canapés de traiteur : le meilleur côtoie le pire. Il faut voir certains pains de mie badigeonnés de rillettes et abandonnés sans doute la veille. Tourista garantie. Dans toute l'exposition, durant quatre jours, c'est un festival pyrotechnique de bouchons de champagne. Il doit s'en boire autant à mon sens, qu'au cours de la féria à Nîmes. On ne veut pas vous bourrer la gueule, non, après tout nous sommes tous des acteurs de santé. Simplement on veut vous occuper, vous fixer.

Et puis il y a les échanges, les mondanités, ces paroles vides de sens, cet humour commercial sensé montrer qu'on sait tenir une conversation, de préférence sans intérêt. Il faut rester convivial, rebondir. La flagornerie est de rigueur. Le commercial tâte le terrain, tente de juger si vous êtes un bilieux, un sanguin, un flegmatique ou un mélancolique. Avec un peu d'observation, on arrive à suivre son processus intellectuel, sa mécanique ondulatoire : médiocre expérience des réactions humaines aux stimuli classiques : politique, sexe machisme, argent, glanée au grès des réminiscences de stages de communication et de management. Hurler avec les loups, veulerie, complaisance... Psychologie de comptoir dont je me régale à mettre à jour les ficelles, prenant un plaisir pervers à en brouiller l'action, multipliant les messages contradictoires, entraînant à ma suite le requin dans des impasses, des détours, un labyrinthe sémantique dont il ne ressort qu'au prix d'une rame à contre courant qui le laisse pantelant. Comme tous les squales, quand un requin s'arrête de nager, c'est l'asphyxie, il meurt : on peut passer au suivant. Chasser le prédateur sur son propre terrain, en utilisant sa force, comme au judo, j'adore ça.

Nous avions appris par une indiscrétion à type délatoire, dans la matinée de samedi; qu'une commerciale représentant une société de produit de contrastes avait offert à l'un de nos médecins une visite privée au musée d'Orsay pour l'exposition Picasso. Hélas, il n'y en avait pas pour nous. J'ai pris grand plaisir à l'aborder, faussement candide, jouant le gaffeur, en la remerciant pour son invitation à l'événement mais déclinant son offre prétextant une autre obligation. La pauvre femme ne savait plus comment s'en sortir. Elle était à mille lieue de se douter que nous étions au courant, et quant bien même, elle se serait attendue à ce que courtoisement nous n'abordions pas le sujet. Mais je ne suis pas courtois. plutôt joueur. Elle ne savait plus que faire avec ses tasses en carton de nescafé, empêtrée dans des circonlocutions alambiquées, invoquant la conjoncture économique, les tentatives désespérées de nous joindre, la rareté des places, les nouvelles lois d'éthique, la mort de Picasso. J'en passe.

Mais laissons ce jeux puérils.

J'ai aussi découvert le petit peuple de Paris, tellement simple, tellement attachant. Et notamment ceux que je nommerai par commodité « les croates ». Ces gens qui vous abordent pour vous demander un peu de monnaie, exhibant leurs stigmates, leurs enfants, leur folklore, proposant de participer financièrement à des causes improbables. Je suis d'un naturel méfiant quand je suis en territoire inconnu, et plutôt paranoïaque. Je me dissimule derrière un masque chafouin, opposant ma résistance passive aux sollicitations. Cependant, alors que je contemplais l'arc de triomphe, debout, fumant tranquillement, imprégné de l'activité du lieu, je ne pris pas pas garde qu'une jeune femme s'approchait de moi. Comme elle, plusieurs dizaines de personnes allaient et venaient, prenant des photos, s'embrassant, se dirigeant vers la bouche de métro proche, baguenaudant insouciants.

J'étais dans mes pensées, contemplant l'édifice Napoléonien et le carrousel de véhicules lui rendant hommage dans leur frénétique et aléatoire mouvement quasiment brownien. J'avais le sentiment que le monde s'accélérait autour de moi. Je le contemplais, comme dans ces exercices de pixillation, de prise de vue image par image. Sujet immobile j'observai le ballet régulier des bus qui déversaient des marées humaines aux mouvements saccadés, touristes le bras tendu en un salut ambigu au monument, tenant en mains leur téléphone en guise de boite à image, qui remontaient presque instantanément dans leur vaisseaux de l'asphalte, ne laissant pour toute trace que quelques immondices vite balayés par un agent de voirie indolent.

Soudain un mouvement attira mon attention, la jeune femme aperçue à quelques mètres, remarquait quelque chose à mes pieds, se baissant puis me regardant, dans une attitude interrogative. C'était une croate. Son allure me l'indiquait, son accent slave me le confirma. Le dialogue fut laborieux. D'une part elle s'exprimait dans un français plus qu'approximatif, et pour ma part j'ai la plus grande difficulté à saisir des mots prononcés à une certaine distance dans un environnement bruyant. Elle me montrait quelque chose : Une bague.
Je reproduis le dialogue, mais il faut garder à l'esprit que compte tenu des difficultés évoquées plus haut, je remets tout cela dans l'ordre et le condense. Il s'agit donc d'un docufiction.
« Vous avez perdu quelque chose monsieur, commença-t-elle, me montrant la bague. J'émergeai de ma bulle. « Pardon ? « C'est une bague, elle était à vos pieds, elle est à vous ? Je regardai l'objet. Un grosse alliance. « Non, ce n'est pas à moi Mademoiselle » je ne méfiai pas plus que ça car la croate était bien mise. Très « propre sur elle ». Elle rit. « Alors, me dit elle, qu'est ce qu'on fait ? « gardez-là répondis-je, c'est vous qui l'avez trouvée. « Paris vous porte chance, fis-je dans une poussive tentative d'humour. Elle me regarda. Préoccupée. Je sentais que je ne répondais pas à ses sollicitations comme je l'aurais dû. Elle regarda l'objet, le tournant entre ses doigts aux ongles par ailleurs excessivement rongés. Examinant l'intérieur de la bague, elle attira mon attention sur des inscription. « Vous avez vu ? C'est de l'or vous croyez ? Elle me tendit la bague. En effet, sur la face interne du bijou, on pouvait découvrir des chiffres gravés. « C'est de l'or ?! Poursuivit-elle. Je ne suis pas un expert, mais deux choses me chiffonnaient : le bijou était lourd, mais pas tant que ça pour un objet en or, et puis il me semblait me souvenir que pour certifier un travail d'orfèvrerie, il y a un petit animal poinçonné : une chouette par exemple. De mon coté je n'avais aucun doute, cet objet ne valait rien. Je le lui rendis. Mais ne voulant pas la décevoir je lui répondis : « Oui, en effet, c'est de l'or ! Son visage s'éclaira. Je rentrai dans le schéma classique. « C'était à vos pieds, elle est à vous enchaîna-t-elle. « Non, non, gardez la : vous l'avez trouvée. « Je ne peux pas, je suis évangéliste, je ne peux pas porter de bijoux. Elle me colla la bague dans la main, me salua, et s'éloigna. Durant le temps de notre conversation, ma méfiance s'était tout de même éveillée ; tout cela avait l'air d'un scénario bien ficelé, et j'en appréciai le montage et l'exécution. Tandis qu'elle s'éloignait, j'étais tout de même indécis. Elle n'avait rien demandé. Ca me faisait penser à un bouquin dont l'intrigue ingénieuse laisserait le lecteur sur sa fin dans une conclusion escamotée. Je roulai la bague entre mes doigts, notant au passage des défaut dans la dorure, souriant rétrospectivement à ce petit échange verbal. Et puis je la vis réapparaître dans mon champ de vision : « Vous n'auriez pas un peu de monnaie ? Je n'en ai pas pour prendre le métro. Nous y voilà pensai-je, presque rassuré. Je lui rendis la bague, lui conseillant, faussement candide d'aller chez un bijoutier pour la revendre, indiquant qu'ainsi elle pourrait s'acheter plein de tickets de métro. Elle ne prit pas la bague, et s'éloigna à nouveau en souriant. Je ne la revis plus..... croyai-je.

Le lendemain, je rencontrai à nouveau cette jeune personne sur les Champs (Elysées). Mais cette fois-ci, elle était vêtue de vêtements traditionnels croates, un fichu sur la tête. Elle s'appuyait sur une béquille. Sa jambe tordue traînait pitoyablement derrière elle. Elle marmonnait une litanie incompréhensible. Il était question de Dieu et d'enfants et de manger. Elle me reconnut, et entre deux psalmodies, elle me sourit. J'appréciai ce geste de connivence. Pour elle, désormais, j'étais à la coule.

Le lendemain, gare de Lyon, un type se pencha soudain devant moi. Une lueur de surprise dans son regard. Se relevant il m'exhiba une bague en or. Le même modèle que celui que j'ai encore dans ma poche. Avec son fort accent croate il me demanda, reconnaissant sans doute un joaillier de la rue des rosier dans ma personne chapeauté de noir : « Vous avez perdu çà monsieur ? Sans sourire je lui répondis : « Non ! Me mettant la bague sous les yeux il insista, excitant ma convoitise : « C'est de l'or, non ? Le regardant dans les yeux, sans même regarder l'objet je lui répondis : Non !
Il s'éloigna en maugréant.

Que vont-ils trouver, ces escrocs patentés, en costumes de ville de commercial cordial ou en vêtements folklorique de croate , pour ma prochaine visite parisienne ? Ils ont mis la barre très haut cette fois, ils auront du mal à faire mieux.

Mais je leur fais confiance.

400

C'est le 400ème message. J'avais loupé le trois-centième. Ca fait quelques jours que je me dis : le 400ème, il faut pas passer à travers. Je me l'étais gardé de coté, j'avais même interrompu la Saga du Barde pour l'occasion. Pourtant j'en ai encore sous le coude concernant le Barde. Il y a tellement à dire. Son son aspect immobile, c'est chaud à l'intérieur du Barde. Ça bouillonne, ça fourmille, c'est un pine à tout beau qui ne demande qu'à rentrer en érect... en éruption. Mais cela attendra un peu. Pour là 400ème édition du billet du mercredi je voulais que ce soit un feu d'artifice, une apothéose, un Everest, un condensé de ce qui peut se faire de mieux en matière de chronique. Même si bien sûr je triche un peu : il n'y a pas eu 400 répétitions. Tout au plus la moitié. Appelons cela une licence poétique.

Et puis je suis là, seul, dans ma somptueuse chambre d'hôtel, avenue de Friedland, à cinquante mètres de l'arc de triomphe, allongé au milieu de ce lit que le général De Gaule n'aurait pas renié. L'hôtel Napoléon. Déco empire, atmosphère surannée, cosy, cossue, bourgeoise. Une petite roumaine en livrée rayée est venue préparer le lit pour la nuit, déposant sur le drap replié en triangle, une friandise. Elle avait un sourire malicieux, et de la musique dans la voix.

A la télé ils passent Voyage au Bout de l'Enfer. Et à cet instant Robert de Niro « Michael » dans le film, a dans son viseur ce superbe cerf, dont la ramure se découpe sur le ciel bleu lacéré par les monts enneigés en arrière plan. Il le tient au bout de son canon, le dix-corps n'a pas conscience du danger. De Niro finît par tirer en l'air. Il laisse s'éloigner l'animal, qui disparaît sereinement derrière des rochers.

Cette solitude après la frénésie de ces jours de congrès, de visite des stands des constructeurs, de mondanités commerciales sur fond de cafés et de mauvais champagne, de courses en taxi et de rames de métro, cette quiétude luxueuse m'entraînent à la méditation. Et quand le Mitch médite, ce n'est jamais vraiment très bon. IL se perd dans les méandres de ses pensées, il disparaît en lui-même et perd le contact avec le concret. Il se dilue dans la mélancolie, devient rêveur, ses propos tournent à l'incohérent.

Mais pas cette fois.

Je voudrais profiter ce cette occasion pour saluer nos contributeurs réguliers. Plus de 2600 fois, ils ont bien voulu accompagner mes errances de leur prose fertile drôle truculente, émouvante critique et caustique. Je les en remercie avec une émotion réelle. Même si certains, certaines, se font trop rares.

Je crois, cher Kéké, que les pages du bouquin que tu voulais que j'écrive sur notre petite communauté se noircissent en ce moment. C'est un ouvrage collectif. C'est une tranche de nos vies. Un reflet de ce que nous sommes, de ce qui nous rapproche, de ce qui nous lie. Même si le prétexte en est la chronique de quelques fossoyeurs, en filigrane on brosse ici un tableau plus large. Celui d'une poignée d'irréductibles luttant contre l'empire de la trouducuïtude ambiante, si on me pardonne ce néologisme. Ce qui nous rassemble, c'est au delà de la la musique le désir farouche de nous abstraire de la connerie, d'en être épargné. Un peu comme si nous luttions contre une maladie, une épidémie, qui gagnerait principalement les gens de nos âges, déjà englués dans leur suffisance, la sclérose de leurs certitudes, et leur benoît bien être de parvenus respectables.

Je m'égare. Grâce à Dieu, nous ne sommes pas touchés par cette gangrène. Et si parfois nous en présentons les symptômes, nous utilisons une prophylaxie efficace, l'humour et l'autodérision : traitement salutaire !

Dans un travail d'écriture, surtout s'il est à visée professionnelle, il est toujours commode d'utiliser le canevas classique : bilan et perspective. La première partie du présent rapport est donc achevée : c'était le bilan.

Pour les perspectives, tout est ouvert ! Après presque deux ans, je ne saurais dire comment va évoluer le bolide UFR, tant nous avons du mal à en diriger la course folle. Certaines fois il nous semble le maîtriser enfin, d'autres il nous apparaît que rien n'est acquis et que tout est à recommencer. La dernière répétition était de cet ordre. Pas la pire... mais loin d'être la meilleure. Cependant, même si ce n'était pas là notre top niveau, la séance s'est déroulée dans la bonne humeur. Au moins avons nous pris du plaisir à défaut d 'atteindre le zéro défaut. D'ailleurs notre principal biais est identifié depuis belle lurette : Nous jouons trop fort ! Occupé à vociférer, je suis en peine de me concentrer sur autre chose. Par ailleurs les répètes ne sont pas vaines. Le lent travail de répétition finira par porter ses fruits. Un jour.... bla bla bla
J'ai du dire ça une cinquantaine de fois au cours des deux dernières années! Sans doute une application de la méthode Coué, un voeu pieu, une manière de ne pas trop désespérer. Et toujours en fond, cette recherche de la répète parfaite, mais surtout du concert parfait.

Sagement, au cours des séances, je m'en tiens à un objectif minimal dans ma pousuite de la perfection : me rouler la cigarette parfaite. Au moins dans ce domaine, je ne suis pas trop mauvais !

Pierrot continue son travail de composition sur les textes que nous lui fournissons. Il nous a produit un ovni surprenant, qui se chante à la vitesse d'une balle de fusil et produit sur l'auditeur le même effet que les dards du tazer pénétrant la chair du délinquant : un sorte d'épilepsie catatonique électrique. Ça m'apprendra à écrire des textes abscons à rallonge.

Je suis trop bavard pour être un bon parolier de chanson !

mercredi 22 octobre 2008

Le Barde Expliqué aux Adultes #4



Dans les années 50, Jésou ne décolère pas. Son talent n'est pas reconnu, il ne décroche aucun contrat, il s'étiole, trouvant ça et là des engagements dans des MJC de province. C'est la qu'il croise Mouloudji, Lénié Escudéro et Hugues Auffray.
Son discours se radicalise. Sur les conseils de Simone Signoret (enfin, presque, en fait de la gardienne de l'immeuble de Simone), il part en tournée avec une troupe amateur au pays des Soviets. C'est la révélation. Il chante Santilliano à l'occasion du 37ème anniversaire de la révolution Bolchevique devant Staline lui même.

Il est intégré dans la nomenklatura et devient vice ministre aux kolkhozes artistiques ("goulag" en français). Il se lance dans l'importation de guitares US en les faisant transiter par la Suède et le Khazakstan. Il tente même de lancer une production de balalaikas sous licence Fender. Ca ne marche pas. Les russes ne sont pas prêts.

Mais c'est aussi un artiste complet. Il décide de redessiner le drapeau du parti communiste et présente son projet au Petit Père des Peuples.

La maquette est jugée intéressante, mais avant-gardiste, et peut-être trop révolutionnaire.

On le remet dans l'avion le lendemain.

On n'a, à ma connaissance, jamais vu ce drapeau flotter où que ce soit.

Le Barde Expliqué aux Adultes #3



Après des années d'activités sportives intenses, avec les conséquences lourdes sur son organisme fragile qu'on connaît, Le Barde ne peur renoncer à l'activité physique. Il décide donc de se mettre au golf.

Au coté notamment de Tiger Wood, il s'initie aux arcanes du swing et du put, apprend le planter du Tee. Il se sert longtemps de ce dernier accessoire comme bottleneck. Toujours aussi fétichiste de sa Fender, il abandonne les clubs et adapte son jeu aux particularités de l'instrument. Ce qui lui confère ce style, inimitable, que beaucoup lui envient sur les fairways.

On dit même que les Who et la génération punk se sont inspirés de ses mouvements pour casser les guitares sur scène.

Le Barde Expliqué aux Adultes #2



Le Barde n'a pas toujours été immobile. Plus jeune il a même constitué un duo mémorable dans la discipline du "double canoë sans barreur" avec un autre membre du groupe, l'ultrapagaïste.

Vivant une relation fusionnelle avec sa guitare, ne pouvant s'en séparer, de jour comme de nuit. C'est avec son instrument qu'il signe ses plus beaux succès aquatiques.

Il fallait le voir faisant la course avec les saumons remontant les chûtes du Zambèze, guitarant comme un fou de ses puissants bras musclés, l'eau éclaboussant son torse puissant, avec dans les oreilles les pulsations psychédéliques du VanderGraff Generator.

mardi 21 octobre 2008

Le Barde Expliqué aux Adultes #1



Une double explication au surnom de Christian : "Le Barde Immobile".

1 Issu d'un accouchement par le siège, il a appris la musique assis, il travaille toute la journée assis.

2 Quand on lui a offert sa première guitare, il ne savait pas bien comment s'en servir. assis sur son canapé, un samedi après midi, il a vu Rostro à la télé. Il a bien aimé, pas tellement le son, plutôt la prise en mains de son instrument.

Durant des années il a joué du Rock comme ça.

Et puis Pierrot est arrivé et lui a montré.
Depuis Jésou a fait énormément de progrès !

dimanche 19 octobre 2008

Changez de Cadre de Vie !

Outre que je me prends parfois pour un chanteur, je me prends aussi pour Begbeder, dans sa période pub (avant 99 francs).
Voici donc un projet de pub pour un atelier d'encadrement bien connu sur Nîmes.
le texte qui sera retenu paraîtra dans un gratuit nîmois. Il doit faire une vingtaine de lignes. A vos plumes !
J'ai joint la photo ci-dessous, ca irait bien je pense pour une campagne d'affichage en 4x3 un peu partout dans la région.


L'hiver approche, avec ses frimas, ses journées qui déclinent. Dans cette période morose, en attendant les fêtes, éclairez vos journées simplement : Changez de cadre de vie.
Rassurez-vous, point n'est besoin d'entamer un périple autour du monde, ou d'effectuer quelque retraite dans un monastère lointain. Il n'est pas nécessaire non plus de se jeter à corps perdu dans une activité intellectuelle ou sportive inaccessible.

Il suffit de vous asseoir, chez vous, dans votre fauteuil et de regarder pour une fois votre intérieur avec un oeil nouveau !

Depuis combien de temps ne l'avez-vous plus fait ? La réponse à cette question vous étonnera :

Ce miroir au dessus de la commode, papy et mammie près de du téléphone, cette gravure ancienne , cette oeuvre d'un peintre local ou ce tableau de Maître, ces reproductions, lithos et affiches, ces photos d'une sortie entre amis se sentent bien ternes, encadrées sans imagination par les baguettes standardisées d'une bricolerie sans âme.

Théo (c'est elle), et Vincent (c'est lui) vous aideront à redonner de la chaleur à votre lieu de vie en portant un regard original sur vos travaux d'encadrement. Elargissez votre cadre de référence, faites exploser les cloisons de la standardisation et de la production de masse.
Donnez corps à vos désirs :
Des outils performants, des baguettes originales et à tous les prix, un savoir faire reconnu, une imagination sans limites seront au service de Vos Envies.

Vous bénéficierez, après devis, d'un travail à façon et personnalisé à nul autre pareil pour votre fierté, et le plaisir de votre entourage.

Changez votre cadre de vie, et menez la à la baguette, celle de Théo et Vincent, encadreurs à Nîmes.

samedi 18 octobre 2008

La ReVisitation de la Coda

Sur la remarque pertinente de notre amie du terrier au patronyme absent (une anonyme en quelque sorte), concernant notre éparpillement vers des sujets culinaires ou sportifs à caractère élitiste, je me recentre sur le moteur principal de ce blog : la musique.

Ce vendredi soir, je reçois un appel du Barde vers 21h: Avec l'Ultrabassiste et le Leader Maximo, ils ont l'intention d'aller voir un groupe local, dont les musiciens sont des amis du gendarme Alex, propre fils de Jésou. Un groupe recommandé par un pandore, fût-il jeune, je ne sais pas, je ne le sens pas bien ; je propose donc au Barde de m'appeler une fois sur place si ça en vaut la peine. Ça se passe dans un bar derrière l'église Saint Paul, célèbre (ceci pour nos amis canadiens ou estoniens, qui ne connaissent pas bien Nîmes) pour ses demoiselles peu vêtues dont l'opiniâtreté à arpenter les lieux confine au sacerdoce. Un sacerdoce tarifé cependant . J'avoue un léger assoupissement entre temps, mais m'étant endormi sur le téléphone je constate que celui-ci n'a pas sonné durant ma petite absence. J'en conclus que l'occasion ne valait pas la peine d'un déplacement.
Tout de même le lendemain, je passe un coup de fil à Pascou. Ce dernier m'apprend qu'il sont bien allés au miniconcert et que les musiciens étaient excellents. Mais leur compos n'étaient pas géniales, assez stéréotypées, orientées métal. En plus le chanteur chantait faux, et pas très bien. Pascou conclut que c'est pour cette dernière raison surtout qu'ils ne m'ont pas appelé. Je n'en ai pas dit mot à Poune, mais JUSTEMENT, ils auraient dû m'appeler. Ressentir enfin le plaisir d'assister à un concert et éprouver la satisfaction de pouvoir critiquer. Un chanteur moins bon que moi : mais c'était pain béni ! Pouvoir me dire que je peux faire mieux, que je suis au niveau, moi qui doute en permanence de mon utilité dans le groupe. Mais je comprends bien pourquoi ils ne m'ont pas appelé : ils ne voulaient pas me faire ce petit plaisir, et avouer que je contribuais un peu à la célèbre Patte Undertakers. Je comprends, c'est de bonne guerre.

Pourtant, mercredi dernier, en ce milieu d'octobre, par une nuit particulièrement douce, nous avons partagé un de ces moments rares qui justifie pleinement nos efforts et atténue le doute qui nous taraude continuellement sur l'opportunité de nos efforts. Nous avons retrouvé la fraîcheur des origines, l'enthousiasme de nos débuts.

Je me souviens de cette époque voici deux ans. Nos premiers pas avec Whatever You Want des Status Quo. Seul Pierrot était à même de relever le défi, avec son bagage musical déjà bien installé. les autres n'avaient que leur envie à donner en partage. Particulièrement votre serviteur. Et pourtant, nous prenions notre pied chaque soir de répète. C'était une ambiance masculine, potache, grivoise tendance lourde. Nous avions envie d'en découdre avec les standards, et de mordre à belles dents dans cette institution, cette chapelle qu'est le Rock, de le pousser dans ses retranchements, de le bousculer. Nous étions, déjà, les fossoyeurs. Nous rendions hommage aux grands anciens, mais avec le désir de le faire sans flagornerie, d'une part car nous n'en avions pas les moyens artistiques, mais aussi dans un parti-pris de nous approprier ces oeuvres et de les arranger à notre sauce. A quoi bon copier, pourquoi ne pas revisiter ?

Petit aparté : La Visitation cet événement majeur de l'iconographie catholique a un certain cachet, c'est indéniable, mais la Revisitation ça a aussi une sacrée gueule. Quand on s'est emparé de Jumping Flash, et qu'on en a fait ce qu'il est désormais, le Landerneau Mondial du rock en a tremblé sur ses bases, ici, à Nîmes, impasse des Clématites.

Pour en revenir à cette Visitation, chère au Catholique, elle rend compte de la visite de Marie (qui était encore gamine bien qu'elle ait déjà rencontré Gaby), auprès d'une cousine :
-- En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers le haut pays, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. Or, dès qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie du Saint Esprit. Alors elle poussa un grand cri et dit : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de son sein ! Et comment m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! »
(Évangile selon saint Luc, chapitre 1, versets 39-45)

Je rêve d'une Revisitation, qui fasse tressaillir les seins de notre choriste et notre pianiste.. Mais pour l'instant, c'est pas gagné !

Pour revenir dans l'évocation du passé : Vint le temps de l'apprentissage, après celui des gutturales débridées.

Loin des plaisirs simples du début, de jouer à peu près en rythme et raisonnablement juste, nos exigences se sont élevées. Nous avons voulu atteindre d'autres niveaux, et cette première phase qui ne visait qu'à préparer un prototype bricolé pour un événement unique et sans lendemain a trouvé son épiphanie lors du concert de Woodsport en Septembre 2007. Bien sûr nous savons tout cela, nous membres du groupe et vous fans des débuts. Mais il était important de rappeler d'où nous venons pour mieux expliquer notre travail actuel aux nouveaux lecteurs.

Insensiblement, à notre insu (mais de notre plein grès), Pierrot formidable pédagogue, a su faire évoluer le groupe en augmentant son degré d'exigence technique. Ainsi les arrangements simples du début se sont sophistiqués. Il y a également eu un transfert de compétence vers les autres musiciens du groupe à mesure que leur habileté progressait : Jésou n'est plus un simple support d'accompagnement dans sa partie guitare rythmique, Pascou doit enrichir son jeu à la basse pour coller à un cahier des charges en constante évolution, et l'arrivée du clavier à bouleversé encore la donne, nous obligeant à un effort d'intégration.
Le groupe s'appuie désormais sur des musiciens solides, dont trois ont une pratique musicale assurée qui charpente l'ensemble. Nous avons deux piliers, l'un pour la partie mélodique (Pierre) et l'autre dans la section rythmique (Phil le K) qui sont à même de détecter et corriger nos faiblesses.

Le « groupe de circonstance » des débuts n'est donc plus. Nous avons tâté de la répète avec une centaine de séances, nous nous sommes colletés aux matériels, nous commençons à en maîtriser les caprices. Nous savons ce qu'est la préparation puis l'exécution d'un concert. Nous en avons géré les stress et le blues post partum. Nous avons été confrontés à des publics différents, nous avons affronté des difficultés en cours de concert et avons touché du doigt ce que 'the show must go on » veut dire. Nous ne sommes pas encore de vieux routard de la Scène, mais en tous cas nous pouvons désormais parler de choses que nous connaissons et dont nous avons fait l'expérience concrète. Par ailleurs notre expérience artistique s'est nourrie du talent de compositeur de Pierrot, et des textes maison que nous commettons, et nous avons pu affronter un studio d'enregistrement et les conditions particulières qui président à la mise en conserve de nos « oeuvres ».
Pourtant, à part dans ces colonnes, par provocation par jeu et désir d'allumer un peu les débats, aucun de nous ne prend des postures de Rocker ni ne se prétend artiste.
Nous restons, farouchement, une bande d'amis.

C'est cet esprit que j'ai retrouvé mercredi. Odile était absente de la séance pour des raisons de santé, mais la permanence féminine était assurée par Lolo. Nous avons travaillé durant une heure sur Docteur Bonheur et sur Trouduc (Oublie). Nous avons mis le métier sur l'ouvrage jusqu'à ce que nous soyons satisfaits du résultat; ce qui a été assez rapide sur « Bonheur » mais beaucoup plus laborieux sur Oublie. Surtout au niveau du pont musical qui a nécessité une longue phase de réglage. Notamment lors des premiers essais, Lolo, qui a un gros travail sur ce morceau, était prise d'une envie fébrile d'en finir et torchait les mesures qui lui étaient dévolues en la moitié du temps des autres. C'était assez cocasse : elle exécutait sa partie, Pierrot courant derrière pour la rattraper, et puis elle s'arrêtait et croisait les bras le temps que tout le monde la rejoigne à la coda. (dans ma définition de la coda, que je suppose être le moment où tout le monde se retrouve pour la reprise, mais je n'en mettrais pas ma gorge au feu)..... et d'ailleurs je fais bien, et j'aurais du m'en douter si j'avais fait plus de latin : coda = queue bien sur. Donc c 'est à la fin du morceau : Clic Clac Coda ! Heureusement, nous nous retrouvons ensemble avant la fin du morceau, lors des reprises par exemple, ce qui n'est pas plus mal pour la qualité acoustique de nos chansons.

Au final on a « validé » Docteur Bonheur. Il devrait désormais rester dans la forme que nous lui avons donné mercredi. Ce qui facilitera immanquablement les répètes futures.
Ce coté « marquage CE » et « norme ISO » appliqué à un titre me fait mourir de rire. J'ai le sentiment que dans le contexte actuel, où les chantres du consumérisme font la loi, il se pourrait que même une oeuvre artisanale comme la notre doive faire l'objet d'un cahier des charges, pourquoi pas d'une mise en concurrence, d'une maîtrise d'ouvrage, puis d'une certification, voire bénéficier d'une AOC. Un peu comme les pauvres éleveurs de chèvres des Cevennes qui doivent se plier aux oukases de Bruxelle pour éviter de se faire poursuivre en justice par un consommateur lituanien qui aurait attrapé une gastro en dégustant un fromage un peu trop fermier.

A ce propos, si nous devons « normaliser » Docteur Bonheur, peut-être nous sera-t-il demandé de retirer les marques Seroplex et Effexor de son refrain, ou, mieux encore, d'utiliser les noms des médicaments génériques correspondants afin de contribuer au comblement du trou de la sécu. Tiens d'ailleurs par curiosité je viens de faire un tour sur le net, et Seroplex, est déjà le générique de Séropram !
Nous vivons une époque formidable !

Pour achever ce long travail sur nos deux dernières productions, qui s'est déroulé dans une ambiance très détendue malgré nos difficultés, nous avons décidé d'entreprendre un petit marathon afin de nous détendre un peu. C'est traditionnellement moi qui au hasard indique à mesure notre prochaine chanson. Ces derniers temps, je propose uniquement nos compos à la « pioche » mais cette fois, pour dérouter un peu tout le monde, j'ai lancé : « Whatever ». Après une légère hésitation, tout le monde a joué le jeu... C'était assez poilant d'observer la mine de chacun, tentant de faire remonter à la surface des automatismes anciens de deux mois.
On a fini par le sortir, de brique et de broque, dans une hilarité générale qui nous a fait du bien. J'avais l'impression de conduire une vieille bagnole qui brinquebalait dans tous les sens sur une piste particulièrement défoncée. Mais finalement on a mené la 4L au bout !

Je voudrais signaler que du coté de ma voix, je me suis senti à l'aise comme rarement. Je t'arrête Jésou, abstiens-toi, je sais déjà que tu vas trouver une explication logique à cette euphorie.
J'avais des sensations pures de maîtriser mon instrument, il répondait à la moindre sollicitation, et surtout je pouvais lui imposer des contraintes qu'il m'était impossibles de contourner jusqu'ici. J'ai pu accéder sans trop d'effort à un registre plus aigu, moduler ma voix, et insuffler plus d'émotion dans mon chant. J'en ai pris conscience sur une version très « lourde » de SPAM, qui se rapprochait un peu, dans sa rytmique hypnotique du « nightclubber » de Iggy Pop (il y a quelques années c'était le générique du talk show « lunettes noires pour une nuit blanche » d'Ardisson). Je me sais présomptueux, mais j'ai eu la certitude que cette fois au moins, j'ai contribué à donner corps à quelque chose de très personnel au groupe et que mon interprétation à participé au plaisir de mes camarades (bien que je sache que concentrés sur leurs parties respectives, et confronté à l'acoustique perfectible de notre dispositif, les musiciens ne m'entendent pas). En tous cas j'ai ressenti les bonnes vibrations, et au moment où je l'écris j' en ai encore les poils qui se dressent sous mes aisselles !

Pendant que je chantais, comme une bête de scène, avec mes tripes, et que je sentais mon souffle pousser ma voix depuis mon ventre au travers de ma gorge mobile jusqu'à ma bouche ouverte comme celle d'un ténor italien, tandis que mon corps se pliait, se tordait, accompagnant mes mots de ses mouvements rageurs, j'écoutais jouer Jésou et Pascou. J'étais fier de leur maîtrise, de leur concentration, de la complicité que je décelais dans leurs regards malicieux : j'étais fier de leur plaisir.

En définitive, nous avons joué tous les morceaux de notre répertoire, avec une jubilation rarement rencontrée. Ce qui est de très bon augure pour la répétition des Pins, chez les Creach le 1er novembre prochain.

dimanche 12 octobre 2008

Nuit Orientale

Ce samedi soir j'étais allongé, indolent, devant le plasma familial, découvrant avec stupeur l'étendue de l'offre en matière d'indigence audiovisuelle sur le satellite, quand un appel téléphonique me tira de ma torpeur. Ktoo nous contactait afin de faire le compte des personnes intéressées par une sortie au restau le soir même. Je répondis présent, d'autant qu'Odile, les deux mains dans la farce, occupée à remplir des cannellonis, était un peu embêtée pour tenir le téléphone. Catou ajouta que nous pourrions essayer le restaurant libanais de la rue de la république, à quoi je répondis que c'était une excellente idée, avant de me poser la question, une fois raccroché le combiné (c'est une figure de style, il n'y a plus de combinés et ce qui en tient lieu n'est plus raccroché depuis belle lurettte) : Mais c'est quoi déjà la spécialité libanaise ? (J'appris plus tard que son nom est d'origine tchèque mais je ne veux pas déflorer trop tôt le sujet).

Sur le chemin pour rejoindre les 2Zi chez eux, Odile me confirma qu'elle n'avait aucune idée de ce que nous allions manger, mais nous nous accordâmes sur un modèle marocain à base de tajine sans doute, mâtiné de pakistanais, pour la partie épice. En quoi nous nous trompions, pas tellement sur la cuisine elle même qui tint à peu près ses promesses levantines, mais plutôt sur un élément dont nous avions ignoré la présence non négligeable : la partie cul. Mais je laisse au déroulement de ces lignes le soin de ménager un léger suspense avant de vous en dire plus.

Nous ralliâmes les arènes à pied, afin d'y rejoindre les Ritchwood et les Charras. Nous ne manquâmes pas de saluer Christian, qui étale sa cape pour l'éternité sur le parvis des arènes, en bute aux pires exactions des pigeons et des touristes. Les premiers étant surnommée les rats volants, et les seconds les rats des goûts, étaient absents en ce début octobre, à cette heure tardive. Sans doute les uns et les autres préféraient-ils désormais des destinations plus exotiques, avec d'autres statues à conchier, ou à caresser, ou bien épuisés par les trajets, les visites et les déambulations, goûtaient ils un repos réparateur dans quelque lieu standardisé avec d'autres congénères de leurs espèces respectives.

Nous attendîmes un peu nos amis ouest-nîmois dans le cadre agréable de Libanim (jeu de mot !) qui ouvre ses vastes baies à l'angle de la rue Cité Foulc et de la rue de la République. Nous apprîmes dans la conversation que le propriétaire était médecin, entrepreneur de maçonnerie, et restaurateur. Joli parcours me dis-je en détaillant distraitement la carte glissée par une jeune personne dont les formes généreuses animaient avec sensualité une robe à mi-cuisses en tissus moulant noir. Un accorte personne comme on l'aurait nommée au siècle dernier, potelée, vive et gracieuse, avec un sourire lumineux et un humour communicatif, en un visage enfantin encadré par une chevelure de geai, longue et laissée en liberté.

Ces observations, ainsi que la conversation, la consommation d'un apéritif et l'étude approfondie de la carte nous permirent d'attendre nos amis une petite heure, le temps qu'ils finissent leur apéritif sans doute. Mais cela coïncida avec « l'instant Marlboro » qui réunit les fumeurs devant le restaurant, et les gens normaux à l'intérieur. Dans le groupe de ce samedi, il y avait deux gens normaux. 25%, somme toute ce n'est pas si mal.

Nous avions commandé le menu à 18 euros. En entrée il y avait un assortiment de mezzés sortes de zakouskis à mi-chemin entre les tapas et la kémia, et en plat principal des kafka, ainsi nommés en hommage à Frantz , né à Prague tant ce qui rentre dans la composition de la farce est Ubuesque.
La jeune serveuse en prenant la commande nous régala de son humour libanais, nous demandant avec sérieux si le repas s'était bien passé, ce qui nous fit bien rire. Elle nous raconta qu'elle avait posé la même question, mais sans malice, à un couple quelques jours auparavant. Un malentendu avec l'autre serveuse était à l'origine de ce cocasse qui pro quo. Nous rimes de bon coeur à nouveau, partageant l'hilarité de notre hôtesse a l'évocation des visages aux abois des clients affamés. Elle nous quitta d'un lascif déhanchement pour rejoindre l'office tandis-que de notre coté nous rejoignîmes le cow boy afin de partager avec lui la pureté d'un air limpide. Dans le silence de la place des arènes, nous voyions Nimeno éclairé au sodium par les spots alentours, les chaussées étaient calmes, la température agréable.

C'est au travers de la devanture que je vis arriver de grandes assiettes et donnai le signal de la retraite à mes compagnons. L'entrée était vraiment appétissante : les assiettes larges comme des enjoliveurs de Hummer, offraient une variété de petites choses aux saveurs délicieuses. Nous nous regardâmes : On n'arriverait jamais à manger tout ça ; d'autant que pour suivre il y avait encore Le Plat : Les kafka (sortes de steacks de boeuf hachés accommodés avec des oignons et du persil) .

Je pris mon temps, veillant à ne pas avaler trop rapidement des bouchées que je coupai avec modestie. Je regardai autour de moi les autres convives, dont chacun développait sa stratégie pour venir à bout de ce plat ET se ménager de la place pour la suite. Vers la fin, certaines assiettes étaient vides, mais je laissai quant à moi un reste de taboulé, alors que d'autres proposaient tel ou tel mezzé à leurs voisins. Tant bien que mal toutefois, vint le moment où chacun positionna ses couverts dans l'assiette pour signifier que c'était ok pour la suite.

La jeune serveuse en prit conscience, et se présenta à nous, avec son merveilleux sourire, son corps souple toujours parfaitement moulé dans cette robe noire de cocktail.
« Vous avez terminé messieurs-dames ? Ca vous a plu ? Est-ce que vous voulez du dessert ?
Jusque là nous avions répondu par des vivats à chacune de ces questions. Comme dans une scène où chacun connaît son texte, et répond sans y réfléchir à des propos convenus. Mais sur sa dernière question, alors que nous répondions machinalement, ouiiiiiii ! Il nous sembla que nous avions raté un épisode. Nous réalisâmes qu'en fait cette assiette d'entrée dont chacun avait fait l'apologie pour sa variété et son abondance, était Le Plat aussi. Pourtant un doute subsistait encore, car nous avions toujours en mémoire la bonne blague du début, où la demoiselle nous avait demandé, avant de prendre la commande, si nous avions apprécié le repas. Il y eu une minute d'échange de regards, d'hésitations, de sourires gênés, de chuchotements pour savoir si c'était du lard ou du cochon.
En fait ce n'était ni l'un ni l'autre : Nous primes du dessert !

Comme quoi il faut se méfier avec l'humour.

Sur le dessert la serveuse nous fit une démonstration de danse à l'orientale, ses mouvements de hanches étaient stupéfiants et me rappelèrent, en beaucoup plus sensuels, ceux des Tahitiennes. Liz ou Catou me fit remarquer à quel point il était paradoxal qu'une culture orientale basée sur la dissimulation des formes de la femme permette une telle liberté de mouvements, une telle expression quasi animale de la féminité dans les danses. Nous sommes comme ça dans le groupe, un rien nous est prétexte à philosopher et progresser sur le chemin de la compréhension du Grand Tout. Je pus approfondir d'autant mieux que la fille m'invita. je dus agiter mon corps en face, tout en face de cette gazelle dodue qui s'abandonna, jouant de son corps comme d'un instrument, habitant la mélodie et ses rythmes langoureux. Voilà pour la partie cul évoquée en début de ce propos.

J'allai m'asseoir dans un état proche de la Jordanie (c'est plus proche géographiquement et culturellement du Liban que l'Ohio).

Avant de partir je remplis au nom du groupe le livre d'or. Auparavant j'avais appris à notre gracieuse hôtesse que j'étais chanteur et que d'autres musiciens se trouvaient à table. Je pense que c'est pour cette raison, et l'admiration que suscite toujours cette information donnée en général un peu par hasard qu'elle nous gratifia de cet honneur réservé aux VIP. Je laissai donc en guise de compliment notre nom et mon numéro de téléphone, précisant que nous jouions à l'occasion des bar mitzva, circoncisions et autres baptêmes.

Nous terminâmes la soirée chez les Desimeur. Nous pûmes admirer le superbe tableau peint par une artiste astigmate et bourrée, ainsi que la tête de cheval en fer forgé récupéré sur des rampes d'escaliers offert par Philou à l'occasion du 27ème anniversaire de leur mariage. L'ambiance était très agréable (malgré le sentiment de malaise suscité par les angles improbables du tableau). Les uns assis dans les profonds fauteuils clubs, d'autre dehors, fumant ou buvant un digestif, tandis que je me tenais moi même près de Laurence, qui nous joua avec beaucoup de sensualité (comme quoi il n'y a pas besoin de petite robe noire moulante) un extrait d'une composition de Philip Glass.

samedi 11 octobre 2008

Les Fossoyeurs de l'Eternité

vendredi 10 octobre 2008

L'adoubement


L'adoubement. Allégorie. Gravure du XIIIème siècle.

"Un simple regard de [Messire] Michel, un sourire, une caresse de sa main calleuse sur nos fronts transpirants, suffisaient à nous redonner moral et optimisme". (écrit apocryphe).

Il semble que l'artiste ait immortalisé ici sous forme symbolique, l'instant précis où Mitch, leader des UFR, aurait recruté l'un des musiciens du groupe. Ce dernier, avec déférence, présente ses lettres de créance (son CV) et se place sous sa protection. Bien sûr le dessinateur n'assistait pas à la scène. Il l'a reproduite d'après des récits de fans, ou de proches du groupe. Mais cette compositions traduit avc une relative précision, le colloque singulier entre le Chanteur et l'impétrant, moment privilégié au cours duquel le musicien se livre et fait allégeance.

Quand l'intensité dramatique est à son comble, le padawan en larmes prononce la formule rituelle : In Petrum et volere Credo (j'ai foi dans le rock and roll)

jeudi 9 octobre 2008

Enfonce, Alphonse !

Aujourd'hui, le temps n'est plus à la polémique.

Ainsi que le proclamait Roger Gicquel devant ses téléspectateurs attérés : la France a peur !
En le paraphrasant :
Le monde est en crise, la France est en crise, les Undertakers sont en crise :
La faute à un labeur à hautes responsabilités harassant.
la faute à un trajet nocturne sous le déluge épuisant.
La faute à un début d'andropause perturbant ?
la faute à Voltaire, la faute à Rousseau ?
La faute aux matons ?

Je ne sais.....toujours est-il que ce soir, l'inaliénable chanteur des UFR n'était pas là!

Comme le disait Alphonse de LAMARTINE : "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé".

Quand la nouvelle est tombée ce soir, alors que nous venions juste de nous installer autour de la table de la cuisine des Fabre, prêts à déguster avec délectation le traditionnel café offert généreusement par notre charmante hôtesse.....c'est comme une chape de plomb qui soudain s'abattit sur nos frêles épaules.

Ce soir Mitch ne serait pas avec nous ! Odile non plus ne viendrait pas, non plus d'ailleurs que Lolo. Mais bon, nous avons déjà joué sans choriste et à leurs débuts les UFR n'avaient pas de claviers, mais Mitch ....Mitch.... l'homme à la voix d'or, à nulle autre pareille.
Celui par qui tout avait commencé, dont l'enthousiasme communicatif nous avait si souvent remonté le moral dans les moments de doutes.
Un simple regard de Michel, un sourire, une caresse de sa main calleuse sur nos fronts transpirants, suffisait à nous redonner moral et optimisme.

Cet homme, qui tel Napoléon à Austerlist ne doutait jamais de notre triomphe final,
ce gaillard, qui nous portait à bout de bras comme Joseph brandissant Jésus à la foule rassemblée du Peuple Elu sur les fonds baptismaux(je ne suis pas sur de l'orthographe),ce brigand au grand coeur nous abandonnait ,comme peut le faire une mère célibataire croulant sous la misère et la vermine, laissant son bébé emmitouflé de langes au pied des marches d'une église.

La descente à la Salle Jim Morrison fut sombre comme un cortège funèbre peut l'être un soir de pluie, par une nuit sans lune, par une mer sans fond comme le déclamait Victor Hugo dans son inoubliable poème Oceano Nox.
La mise en place du matériel et le réglage des sons se firent dans un recueillement morose, et toute la répète fut à l'avenant.

Phil tapa sur ses toms avec une lourdeur mélancolique, Jesous ne réussit pas une seule fois à jouer MARRE correctement, peut-être en avait il justement marre ,moi-même il me sembla avoir commis une, ou peut-etre même deux, fausses notes dans la soirée et jusqu'à Pierrot qui courageusement tenta de sa voix fluette de suppléer l'absence de notre leader, et secoué par les sanglots qu'il n'arriva pas à cacher se loupa grave plusieurs fois!

J'ai peine à le dire, mais ce soir .......ça sentait un peu comme la fin d'une belle histoire filmée sans passion par un Lelouch sans Belmondo.

"Ô temps, suspends ton vol, et vous heures propices, suspendez votre cours" disait aussi Alphonse (qui aimait bien enfoncer le clou).
Ajourd'hui,l'heure n'était propice qu'à une seule chose : la mélancolie ; comme si un bonheur souvent effleuré du doigt venait de nous échapper à tout jamais.


Poun, le dormeur Ricard (joli....)

mardi 7 octobre 2008

Rangez vos Livres et Cahiers, et Sortez en SIlence !

Une répète chasse l'autre. Mais la dernière a été particulièrement meurtrière. Nous avons tiré à la chevrotine sur les titres de notre répertoire, au moyen d'une pétoire à la précision approximative, plutôt que d'une arme de sniper. Jamais les UFR n'ont autant mérité leur surnom de fossoyeurs du rock ! Nous avons fossoyé à pleines pelletées, avec l'ardeur et l'énergie du désespoir que suscitait notre prestation.

Nous sommes arrivés comme c'est désormais la règle à 21h, et avons patienté le temps que nos hôtes puissent se restaurer un peu. Saluons au passage leur constance et leur gentillesse. Cela nous a permis tout en sirotant le traditionnel café, d'écouter une nouvelle version de SPAM, interprétée par Pierrot. C'est merveilleux de voir qu'un « vieux titre » peut encore faire l'objet d'une étude attentive de son arrangement et bénéficier d'un lifting intéressant. Celui-ci est très dépouillé, épuré, presque ascétique, plus proche du blues des origines, lourd et syncopé comme je l'aime.

Cependant dépouillement ne veut pas dire facilité, et nous touchons du doigt à quel point une apparente simplification oblige à la plus grande rigueur dans le jeu de chacun, car la moindre faute ne pardonne pas : on la paye cash dans les oreilles. Ca m'évoque la cuisine. Une fois qu'on a bien goûté aux plats en sauce, on aspire à retourner vers le produit et et rien que le produit, dans toute sa saveur originale, sans les artifices, véritables caches-misère, visant à masquer les insuffisances d'une nourriture standardisée. On prend, dans cet exercice d'amaigrissement, d'élagage, conscience de la valeur du silence. Et on rêve, qu'à la fin d'un titre des UFR, à l'instar de Mozart, les dernières vibrations de la note finale soient encore du Undertakers.

Disons le tout net, nous n'avons pas été géniaux ce soir. La note bleue ne récompensera pas nos efforts des dernières vibrations de ses harmoniques. Nous avons passé beaucoup de temps sur Spam et Perrot a essentiellement travaillé avec la basse et la guitare afin de leur montrer les changements qu'il avait introduits dans les arrangements. Odile a prévu le coup : elle s'est munie d'un bouquin afin de s'avancer durant les temps morts dans son travail pour le club de lecture auquel elle participe chaque mois. C'est la force des femmes de pouvoir se concentrer sur plusieurs choses simultanément, même et surtout si ces dernières n'ont aucun rapport entre elles.

En ce qui me concerne, il m'est déjà impossible de seulement chanter pendant que je fume, c'est pourquoi j'ai la plus grande admiration pour ce genre d'exploit. Comme l'ordinateur la femme est multitaches, alors que l'homme est déjà heureux d'en accomplir une à peu près correctement, ce dont il ne manque pas d'ailleurs de se glorifier dans un feu d'artifice d'autosatisfaction. Parfois, je rejoints le Kéké, chantre de la suprématie féminine, sur ce point. Nous avons successivement foiré la plupart de nos titres, très consciencieusement comme l'avait si joliment exprimé ce journaliste venu nous applaudir lors de notre concert chez Mathieu pour la Feria de mai.

Ca n'a pas été pas notre grand soir, nous fumes constamment à la peine. A tel point que Phil le K, désespère, en a jeté ses baguettes de frustration, les balançant au hasard derrière lui par dessus ses épaules. Ca nous a permis de faire une petite pause pendant qu'il tentait de les retrouver derrière un empilements de matelas.

Pourtant nous avons continué à peiner, et tenté sans succès d'achever un laborieux « Trouduc » ; mais il est des soirs où il faut savoir se retirer dans la dignité. Mettant un terme à notre acharnement à enfin sortir une version propre de notre dernier opus, Phil d'un mot nous a signifié qu'il convenait d'en finir. Posant ses baguettes, et avec l'autorité naturelle que lui confère son expérience : « On arrête !  On ne fera plus rien de bon ce soir » commenta-t-il sobrement.

Comme des écoliers refermant livres et cahier, nous avons rangé nos plumiers en silence, et il me sembla même avoir entendu le bruit des chaises qu'on déplace alors qu'on claque les pupitres...

samedi 4 octobre 2008

La Mire 4



Pour les libertins, une mire plus adaptée.

Bonne lecture !

La Mire 3

Pour continuer dans le Facile à Lire, pour nos amis adepte du fastfood.

Une Mire pous les Fans désirant tester leur acuité visuelle.



Bonne lecture.

vendredi 3 octobre 2008

La Mire 2



La mire pour nos lectrices...


Bonne lecture aussi.

La Mire



J'avais pensé vous faire mon traditionnel rapport hebdomadaire de répétition, mais comme tout le monde s'en fout désormais, au regard des derniers (non)commentaires, je vous ai mis la Mire. Ça sera plus rapide à lire : tout le monde gagnera du temps ! Et puis vous pourrez projeter directement dans votre tête les images mentales que vous inspirent les détails de la mire auxquelles vous associerez tel ou tel temps fort (!) de la dernière répétition.

Bonne lecture.

mercredi 1 octobre 2008

La Mélopée du Batteur

C’est à 15h09 pétantes que je débarque enfin à Ritchwood Hall ce samedi. Je serais bien arrivé comme prévu à 15 heures, cependant une déviation inopportune m’a entraîné sur des chemins de traverse qui ont serpenté dans les collines durant des heures. Je ne sais pas ce que fait le comité de quartier dans le coin, mais il serait temps de leur fourrer Hubert dans les pattes, je te prie de croire que ça ne traînerait pas. Grâce à son sens du dialogue, du compromis et de la concertation, il nous plierait ce chantier en 15 jours, surtout si son compère Eric s'en mêle. Avec leur petite entreprise qui ne connaît pas la crise, ils se feraient fort en plus d’entretenir la route : elle deviendrait vite un vrai billard. Un billard français, sans les trous.

Quoi qu’il en soit, j’arrive en même temps que Pierrot. Nous sommes gonflés à bloc pour entamer brillament la conception de notre maquette. Phil le K nous attend déjà. Phil est en liaison permanente avec l’horloge atomique à césium de Paris, qui dépend du Bureau International des Poids et Mesures. C’est la raison principale de sa ponctualité, mais aussi de sa précision métronomique. De mémoire de musicien on n’a jamais vu Phil dévier de plus d’une micro seconde de temps sidéral sur le tempo. Le secret de Phil c’est également sa fréquence cardiaque. Son cœur bat aussi lentement que celui de la célèbre Jeannie Longo, la plus titrée de nos athlètes français, à 49 pulsations minutes.

Comme la tortue des Galápagos, dont la longévité est légendaire et le cycle de reproduction réglé comme du papier à musique, il sait contrôler son métabolisme afin de réguler ses dépenses d'énergies au plus profond de la cellule, au niveau moléculaire. Et chaque parcelle d'adénosine triphosphate (ATP) n'est pas consommée en vain.
Son autre secret : des sucres à absorption lente. Il les trouve dans des spaghettis « numéros 3 » dont la farine de blé dur a été sélectionné par un artisan minotier d'un obscur village toscan à la production confidentielle : Même Jean-Pierre Coffe ne connaît pas. La cuisson est très importante : les spaghettis, testés individuellement en soufflerie puis extrudés à l'unité ne souffrent aucune malfaçon dans leur caractéristiques mécaniques telles que compliance et ductilité. La cuisson, dernier maillon de la chaîne ne saurait rompre l'équilibre nutritionnel du produit. Seule Marie-Françoise son épouse a le droit de lui préparer son repas avant chacun de nos concerts.

Phil le K. observe la même préparation physique qu'un sportif de haut niveau. Il se masse lui même les muscles des épaules surtout dans le dos, ainsi que les cuisses, en insistant particulièrement sur l'insertion des psoas. Bref, vous l'aurez compris, Phil n'est pas humain, c'est une machine à battre le tempo, qui aurait gardé, sous un mental d'acier, son âme d'artiste.

Un détail amusant vient à l'appui de cette dernière constatation, dont nous n'avions pas pu prendre conscience jusqu'ici à cause des nuisances sonores que nous générons : Phil le K. chantonne !
Dans le silence à peine troublé par la rythmique des baguettes sur les surfaces muettes, nous distinguons très nettement son étrange mélopée, adaptation libre de la mélodie du morceau, scandée en mesure.

Nous nous retrouvons autour de la table de la cuisine, pour boire un café de bienvenue. C'est le temps qu'il faut à Jésou pour nous rejoindre. Ainsi le groupe est au complet, on peut commencer. On installe l'enregistreur près de la batterie de Pascou. On passe une petite heure à brancher les fils, dont comme il se doit les embouts ne correspondent pas au standard des prises ad hoc. Pendant ce temps, pour nous encourager et nous maintenir dans une ambiance festive, Pounet nous lit la merveilleuse histoire du Large Hadron Collider (LHC) de Genêve. Un cyclotron de 27 kilomètres dont certains couloirs pourraient accueillir la grande mosquée d'Istamboul. Cette dernière a failli être engloutie dans un trou noir lors des premiers essais.
Heureusement un fusible a grillé et nous a sauvé de l'Armageddon (après enquête : un type a voulu tester la ductilité de l'oeuf dans un micro-onde).

Puis on entreprend, selon la célèbre approche expérimentale échec/échec (une variante intéressante de la classique échec/succès), de toucher les boutons, nombreux, qui ornent l'ensemble de notre dispositif. C'est un peu long car il est nécessaire que chacun touche le sien. Çà porte bonheur parait-il. Certains se poussent, d'autres se tirent ou se tournent ! Potentiomètres, molettes, tirettes, interrupteurs, boutons-poussoir ou rotatifs : il y en pour tous les goûts ! Comme nous sommes nombreux et que l'appareil est plutôt compact, c'est une foule de doigts qui tentent d'accéder aux commandes. Au besoin on essaie de torpiller le réglage précédent, afin de s'assurer que ça ne fonctionnera pas tout de suite. « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire » proclame Jean-Claude Vandame.

Il est vrai qu'il serait trop simple de planter le magnétophone numérique devant la batterie et d'enregistrer par le double micro incorporé dont le constructeur nous assure que sa réponse en fréquence et sa sensibilité suffiraient à capter le philharmonique de Berlin dans son ensemble et en même temps, les ronflements du gros monsieur au premier rang. Quand on songe que le premier album des Beatles (qui s'est pas mal vendu, finalement) a été enregistré sur un magnétophone quatre pistes à bandes, on se dit que nous avons décidé de placer la barre très haut en matière de restitution sonore. Gaston Bachelard, un pote à Jean-Claude, affirmait quant à lui qu' « il faut compliquer le simple ».

De ce coté le pari est réussi. Les dispositifs sont redondants, les câbles nous sont particulièrement précieux pour ajouter à la confusion, d'autant que Pounet, lyrique, avec des trémolos contenus dans la voix, continue son récit et nous apprend qu'il y a plusieurs milliers de kilomètres de conduits divers dans le LHC. J'imagine l'armée d'ingénieurs qui tente de raccorder tout ça, et m'estime finalement heureux. Pendant ce temps Phil s'échauffe. Il teste les « pads », leur toucher et le son produit. Pendant ce temps nous fignolons les réglages : On m'a toujours appris que quand il y a plusieurs boutons, l'approche simpliste est d'en régler un à la fois, et d'observer ce qui se passe. Pour pimenter un peu l'exercice, nous préférons prendre l'autre option : celle de tripoter un peu tous les réglages comme dans la martingale dite du loto : on fait des trucs au hasard, et on espère toucher le jackpot dans l'ordre.

Enfin, malgré notre acharnement à planter les bécanes, tout est prêt. Phil le K. peut attaquer. Et c'est là qu'il commence à nous faire des caprices de Diva : « Et c'est trop fort dans mon casque, et les instruments je ne les entends pas, et il y a trop de voix, et j'entends pas la batterie, et ça me gratte, et je suis mal assis, il y a trop de lumière, il fait chaud, j'ai faim, d'où vient ce courant d'air, maman, au secours etc..

Mais comme l'affirmait récemment Benoit XVI à Lourdes devant un parterre de journalistes chrétiens dont l'un d'entre eux s'interrogeait sur la contribution spirituelle du fauteuil de coiffeur qu'il a fait installer dans sa papamobile afin que tous le voient mieux : « Le client est roi ! ». Par conséquent tout doit être mis en oeuvre pour que le musicien se sente dans les meilleures conditions pour immortaliser sa contribution.

On finit par mettre en boite un accompagnement rythmique de SPAM. Et tu vois, lecteur fidèle, comme les choses sont bien faites : Ça ressemble vraiment a du SPAM : On sent bien le goût de la boite. A titre personnel en tous cas, je ne suis pas convaincu par le son de la batterie, surtout le machin à pédale qui fait boum boum au milieu. Heureusement nous avons la doc de la bête. C'est un vrai bonheur de se plonger dans la traduction norvégienne du texte original chinois afin d'en extraire la quintessence.

On termine la session proprement dite sur un rapide bilan :

-Oui c'est possible de faire du multipistes avec Le Boss BR-600. C'est même assez jouissif et avec une bonne chaîne d'amplification pour le monitoring le son doit être plus que correct.

-Ce qui valide notre modus operandi.

-On sait qu'il est possible de modifier en profondeur les sons de la batterie de Pascou afin de la faire évoluer de ses réglages d'usine vers quelque chose d'exploitable et de satisfaisant à l'oreille de Phil.

-Mais ça va prendre du temps.

-Par ailleurs il va nous falloir acquérir un savoir-faire et une méthodologie qui nous permettront d'optimiser nos séances. Dans l'état actuel des choses, ça risque de durer la vie des rats.

-En conséquence deux décision sont prise :

Faire un essai d'enregistrement à partir d'une batterie acoustique au moyen d'un couple de micros. Afin de mettre en évidence avantages et inconvénients de chaque méthode.

Mettre le Boss à disposition de chaque musicien afin qu'il puisse s'exercer chez lui « tranquillement ».
Prier....

Après l'enregistrement, Pounet nous convie au verre de l'amitié, tel si je puis dire, le Muezzin qui appellerait ses fidèles à la prière : Champagne et gâteau d'anniversaire. Il fait bon dehors, le moment est agréable. Ktoo nous éclaire de sa lumineuse présence, Alice est là également. La tension retombe. Notre apprentissage des différents aspects de la production musicale se poursuit. Il est long, constitué de métiers à part-entière qui s'accommodent mal de l'improvisation, dont nous découvrons les subtilités à mesure.

Le métier rentre lentement.