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jeudi 29 avril 2010

Men At Work

Souvent à l'issu d'un concert, on vient m'aborder, avec timidité parfois. Il est vrai que mon statut d'Artiste peut être paralysant pour telle ou telle fan sensible. Il m'appartient de faire en sorte que quiconque se sente à l'aise pour venir à moi et me féliciter.
Une question récurrente qu'on me pause, après les compliments d'usage c'est "Quand vous déciderez vous, Maître, à passer professionnel ?" Je réponds modestement que si la musique compte beaucoup pour moi, il m'importe plus encore de sauver des vies et dans une approche citoyenne de contribuer à ce Service Public qu'on nous envie partout sur la planète.

Sur ce cliché, pris à la sauvette par un subalterne, On peut me voir flanqué de Fred, mon fidèle assistant, en train de passer un coup de fil important sur mon lieu de travail.

mardi 27 avril 2010

L'Appogiature du Marabout

Avant l’enregistrement des chœurs du mercredi au SPB, nous avions pris la précaution de prévoir une répétition acoustique des quatre titres manquant encore d’accompagnement vocal. A cette occasion nous avions pu en préambule déguster de délicieuses bouchées au cacao et à l’avoine confectionnées par les filles de la maison, que nous dûmes cependant humecter d’un rien de boisson ambrée afin d’en faciliter le transit. En effet bien que succulentes ces sucreries avaient tendance à s’éterniser dans la bouche, un peu comme si elles refusaient le franchissement du gosier, confortablement installées qu’elles étaient sur le moite, tiède et souple matelas de nos langues. Il faut dire qu’elles faisaient suite à des sortes de petits cakes aux fruits au goût parfait mais à la texture serrée. Pris séparément ces deux produits auraient manifestés une totale innocuité, mais leur association eut un effet asséchant sur les muqueuses dont je craignis un instant qu’il nous amène à sursoir à la séance. Mais ces petites gâteries méritaient bien un léger désagrément, et comme le dit la sagesse populaire « à cheval donné on ne regarde pas les dents » ! Surtout quand il s’agit d’avoine.

Tout ce préambule pour expliquer que chanter la bouche encore pleine, qui plus « en décalé » ne facilite pas la justesse du ton. Pourtant auparavant, fort des recommandations du choriste Monsieur Bessuge, dont je vous avais parlé dans le précédent billet, j’avais enseigné la technique de « l’ampoule au plafond » à une assistance un peu dubitative dans un premier temps. Mais Catou, Lolo et Pierrot notèrent tout de même l’efficacité de la méthode, appliquée du reste avec une bonne humeur communicative, et relevèrent en tout cas la sensation de bien être que procure une séance commune d’étirements. Je tentai de leur expliquer que l’effet maximum ne saurait être atteint sans un série d’attouchements sur des zones précises du corps, hélas je n’emportai pas l’adhésion escomptée et dus renoncer à cette partie de mon coaching.

On passa en revue l’ensemble des titres manquants, avec un bonheur inégal mais un enthousiasme intact. La séance donna l’occasion à Pierrot de se défouler un peu en prenant possession des baguettes de la batterie électronique de Clara pour imprimer des rythmes inhabituels à nos compos et leur donner par moment des allures jazzy-nawak pas inintéressantes quoiqu’un peu déstabilisantes.

C’est donc muni de ce viatique musical que nous abordâmes la séance d’enregistrement chez Jako, avec le secret espoir que ces quatre titres ne seraient qu’une formalité. Insouciance de la jeunesse ! Nos précédentes démêlées avec nos compos auraient dû nous préparer aux inévitables lenteurs que nous rencontrâmes.

Nous décidâmes d’attaquer avec Docteur Bonheur. Au début Pierrot se joignit au duo féminin, tentant de trouver une troisième voie(x) plus grave, entre les primesautières quoiqu’un peu frêles interprétations de nos héroïnes du chœur. Intimidées sans doute par les micros au bout de leurs perches et le regard bienveillant de leurs compagnons de scène, elles eurent le plus grand mal à projeter leur voix au-delà des trente décibels, obligeant l’ingé-son à toutes les astuces pour en améliorer la captation tout en évitant de saturer l’enregistrement avec la voix de stentor du Leader. On procéda à plusieurs essais, l’une empruntant le ton de l’autre afin de tester la meilleure méthode tandis-que dans le même temps P. s’astreignait à une gymnastique cervicale compliquée afin, dans certaines parties, de ne pas noyer leur chant dans le volume de sa voix. Vu de profil, les mouvements de son cou décharné et les brusques déplacements de sa tête n’étaient pas sans rappeler le fluide et harmonieux mouvement du marabout cherchant alentours une nourriture fuyante au grès de ses pérégrinations d’échassier dans la savane africaine. On s’attendait à chaque instant qu’il déploie ses ailes et prenne lourdement son envol au dessus des troupeaux de gnous !

Le plus dur dans ce genre d’exercice, c’est de placer sa voix avec une justesse instantanée après de longues plages de silence. Car la voix ce n’est pas comme une guitare, il ne suffit pas seulement de vouloir produire une note pour qu’elle sorte dans la bonne tonalité. Quand on pince une corde on est assuré, pour peu que l’instrument soit accordé, de produire le son voulu. Pour qu’il en soit ainsi avec la voix, encore faut-il se « souvenir » de la note, surtout que ce n’est pas du tout la même que celle du chanteur. Quand la choriste intervient, il faut un léger laps de temps entre le moment où elle pousse sa note et la réaction du cerveau pour savoir si celle-ci est juste (le feedback, finalement). Le résultat est que l’entame est parfois fausse, le temps de corriger le tir. Les notes suivantes sont correctes, puisque on a pu se « calibrer » sur la première note. Le tout non pas à l’unisson, mais en harmonie bien sur. Comme s’il était besoin de rajouter de la complexité !

Il y eut de multiples essais. Afin de progresser, on décida de procéder par élimination, en somme de simplifier le message. Bien que sa contribution apporta beaucoup, on pria Pierrot de sortir du chœur, ce qui contribua à améliorer le résultat. Jako nous apprit même un nouveau mot pour que les filles ne butent pas systématiquement sur la première note : L’appogiature. Comme nous l’expliqua notre ingé-son, cette technique consiste à pousser la première note un « poil de cul » plus bas, un rien de ton en dessous pour permettre à la voix de se caler exactement sur la bonne fréquence. Une sorte de montée en puissance. En somme une manière de contourner la difficulté par un artifice cosmétique, de prendre la note par derrière, un peu à la sournoise, en lousdé, pour mieux la posséder.

Le docteur finit par atteindre le bonheur total et rendre les armes au terme d’un combat titanesque d’une heure trente… Catou et Lolo terminèrent cette séquence au bord de la rupture, du burn out. Tout le monde était en nage, Jako avait les doigts et les oreilles en sang à force de manipulations et de drops. Et même, en m’adressant à Catou pour lui demander une énième tentative, je vis passer dans son regard une lueur meurtrière. J’eus un mouvement de recul involontaire, mais fort heureusement Catou parvint in extremis à se contrôler.

Brockn’roll fut un rien plus facile à finaliser. Une grosse demi-heure suffit. Après les tensions générées par le « Docteur » on qualifia même « Brock » d’exubérant. Il est vrai que les filles après un décollage aux vapeurs de kérosène pour faire dans l’analogie aéronautique, avaient mis les boosters et atteint leur vitesse de croisière. Elles abordèrent le morceau totalement décomplexées bien que dans un état de grand épuisement, ce qui loin de les décourager leur fournit l’énergie du désespoir : c’est par un effort de volonté dont seule une femme est capable qu’elles enregistrèrent à l’arrache les refrains.

« C’est dur de faire du rock » proclame P. dans le texte de cette chanson. Je ne sais pas si la mythique route 66, qui relie au long de 2448 miles Chicago à Los Angeles présente des difficultés sur son parcours. Mais quand la route est dure : Les dures se mettent en route. Catou et Lolo nous le démontrèrent ce mercredi soir.

lundi 26 avril 2010

La Rumeur

On se demandait ce qu'était devenue Odile aux blanches mains notre choriste historique après son retrait des UFR. Une indiscrétion et un paparazi opportunément présent nous permettent de répondre a cette question que tous les fans de l'inoubliable interprète de New York se posaient, en surprenant cet instant d'intimité.



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Location:Rue des Tourterelles,Bouillargues,France

dimanche 25 avril 2010

Un Cours Improvisé de Préparation Au Chant

Cette semaine a été particulièrement riche pour les UFR puisque à trois reprises nous nous sommes réunis à des titres divers. Il faut dire que l’enregistrement du CD continue de nous mobiliser, tandis que la perspective prochaine des concerts de mai et juin nous astreint à des répétitions pour retrouver des automatismes mis à mal par une longue période d’inactivité dans ce domaine. L’essentiel de notre travail a porté jusqu’ici sur les compos, qui ont bénéficié de toute notre attention. Il convient de manière urgente de « refaire les niveaux » des reprises dont les deux derniers opus « Tush » et « Alabama Song » sont en complète déshérence et n’ont pas été abordés depuis plusieurs mois. Coté compos, je le déplore mais comment faire autrement, le « Cochon » patauge dans son lisier en attendant des jours meilleurs, et je n’évoque même pas le « Collectionneur » qui reste à l’état d’ébauche sur la planche à dessin de nos projets.

Le week-end dernier, Odile et moi allâmes visiter les Desimeur dans leur future maison rue d’Albenas. Nous y rencontrâmes un couple charmant, les propriétaires précédents. L’un et l’autre chantent dans une chorale depuis de nombreuses années avec une passion intacte. Je demandai à l’homme si par un heureux hasard et fort de son expérience, il donnerait des cours de chant à un aboyeur asthmatique et cacochyme de tessiture limitée et défaillant coté justesse. Après m’avoir jaugé du regard et pris rapidement les mesures de la tâche, il déclina l’honneur de me former, arguant d’obligations incontournables et incompatibles avec une prise en mains efficace d’un padawan sur le retour. Il consentit tout de même à me donner quelques conseils, fruits d’observations et d’écoutes attentives de professeurs éclairés.

A propos d’éclairage, il me décrivit un exercice pour en quelque sorte ouvrir les morues (on dit : UN chakra, DEUX morues):
« Tu vois, petit, m’expliqua t-il avec des accents lyriques et des trémolos dans la voix, tu commences à poser les deux pieds bien plantés sur le sol. Tu te tiens les reins, un peu comme si tu avais un lumbago, et puis tu gonfles ta cage thoracique, lentement. Au passage tu ressens bien l’ascension de ton diaphragme dans ton abdomen. »
« Tu fléchis légèrement les genoux, tu dégages ton cou : il faut que tu sentes la terre sous tes pieds ; et puis tu souffles doucement, à jet constant à l’exemple d’un joueur de cornemuse : en appuyant sur la vessie imaginaire tu contrôles suffisamment le débit pour que l’air s’écoule sans effort dans les pipes. »
« Tu dois toujours en garder sous le coude, pour les longues phrases musicales. » Ce disant il se leva, joignant le geste à la parole.
« Quand tu as fait ce premier travail de relaxation, tu peux enchaîner sur des exercices d’assouplissement. Ma prof, je crois que c’est une gitane, me précisa t-il, m’a montré une ou deux choses dérivées de la sophrologie et des techniques propres au tai chi et au chi quong mais aussi quelques emprunts au soufisme. »
« En plus des postures yoga dans une approche zen, j’aime bien privilégier le troisième dosha de l’Ayurveda, poursuivi-t-il en poussant quelque râles d’efforts, surtout la composante Pitta. Il se pencha en avant et toucha ses pieds avec les doigts au bout des bras tendus. »

Quand j’étais gosse, ça s’appelait de la gymnastique ; maintenant c’est une posture relaxante : on vit une époque formidable pensai-je par devers moi.

« Ah ! poursuivit-il enthousiaste : et bien sûr il y a le coup de l’ampoule au plafond ! »

Je le regardai, un peu décontenancé ; cet élément matériel issu du quotidien me semblait faire une irruption incongrue dans l’apaisant paysage spirituel qu’il venait de me brosser.

« Je te montre : tu pars de la position de départ, celle qu’on va appeler : la-posture-du-paysan-contemplant-les-semis-après-le-labour-le-soir-alors-que-le-soleil-se-couche-sur-les-plaines-de-la-Beauce », puis en prenant appui sur une jambe, tu vas lever ton bras homolatéral tout là haut, lentement, en l’élevant devant toi, le plus haut possible pour dévisser cette ampoule au plafond. »
« Tu te grandis au maximum, elle est vraiment loin l’ampoule, en plus c’est un modèle à baïonnette, tu essayes de l’atteindre, c’est pas facile. Pendant tout ce temps tu inspires à fond, tu comprimes bien ton diaphragme. Puis, une fois que tu as dévissé l’ampoule, tu ramènes ton bras sur le coté, en expirant tranquillement, jusqu’à vider tes poumons et revenir à la position du laboureur de tout à l’heure.
« Ah oui, une chose encore : quand tu chantes, bien campé sur tes jambes écartées, tu dois pousser pour projeter ta voix au loin, comme si tu étais sur le bord d’un fleuve et que tu voulais t’adresser à un type sur l’autre rive. Ce faisant, tu dois éprouver la même sensation, comment dire, que si tu allais à la selle. Mais bien sûr tu te retiens » crut-il bon de préciser.

Il se tut, laissa quelques secondes s’écouler, me sourit, se rassit, et s’alluma la cigarette qu’il avait demandé à Lolo.
« Au fait », rajouta-t-il,
« Penses à bien te racler la gorge pour éliminer les glaires au maximum et sors la langue à fond. Et là tu seras prêt. »

Subjugué par le discours de cet homme d’expérience, je buvais ses paroles tout en me promettant que je ne serais pas long à faire profiter de cet enseignement mes amies choristes. Ce qui ne saurait tarder puisque le lundi suivant donnerait lieu à une répète des chœurs à Ritchwood Hall.

samedi 24 avril 2010

Le Mari de la Pianiste a Coupé le Cordon : Reportage en Images

vendredi 23 avril 2010

Ca Faisait Un P'tit Moment : Le Retour de la Playmate du Jour

jeudi 22 avril 2010

Les Chorus de Dr. Bonheur

mardi 20 avril 2010

Last Choir Rehearsal At Ritchwood's Hall Before Recording At White Stone Studio





dimanche 18 avril 2010

Une Nouvelle Maison Pour Notre Pianiste







samedi 17 avril 2010

Sur le Comptoir en Inox de ce Bar

Y a Pas à Dire : Celui d'Avant Etait Beaucoup Plus Rockn'roll !

jeudi 15 avril 2010

Guit'Art

samedi 10 avril 2010

Baptême du Feu de Ktoo : Les Photos







Au Bout du Tunnel, Je Vois La Lumiere !

Il y a enregistrement des chœurs ce samedi 9 avril. Je passe prendre Lolo notre pianiste émérite au domicile de la rue Carnot. Dans le couloir et dans les pièces, je suis environné d’un entassement de cartons et de caisses, témoins muets du déménagement imminent des Desimeur pour leur nouvelle demeure, dans quinze jours. Bien sur nous serons de la fête pour vider l’appartement. Désignant le lourd piano dans un coin de la pièce qui me fait face, je questionne un peu anxieux : « Il reste là celui-là » ? « Oui » me répond Lolo. « Ouf pensai-je avec soulagement, un truc lourd de moins à porter ». « D’ailleurs, poursuit Lolo, la table du salon ne bouge pas non plus, ainsi que tout l’électroménager. On laisse tout ça à Thibaud ». La table du salon est de dimension extravagante, et son plateau est constitué de lourdes plaques de pierre sombre. Un âne mort !

Je fais discrètement l’inventaire des meubles restant… Bon, en manoeuvrant bien, je devrais m’en sortir sans trop de dégâts… Je vais essayer de me spécialiser dans le bibelot fragile, le tableau de petite dimension, la revue d’art à l’unité ; je laisserai les travaux de force à Pascou et Jésou. Ces solides gaillards ne feront qu’une bouchée de tout le reste. Et puis il faudra bien un gars spécialisé dans le management des ressources humaines, un type qui sache diriger les équipes pour éviter tout gaspillage de temps, pour rationaliser les gestes et gérer les flux. La gestion des flux c’est primordial dans ce genre d’entreprise, surtout les flux de bières et de pastis, qui on le sait sont le carburant qui booste les énergies et ravivent les coups de mou. Dans ma tête je commence à établir des quantités correctes pour une bande de soiffards quinquagénaire, tout en évaluant les risques d’infarctus, de malaises, d’hypoglycémies ou d’entorses et fractures…

Et surtout il faudra surveiller, traquer, débusquer le tire-au-flanc. Celui qui arrive vers 11 heures, commence par faire le tour du propriétaire, discute ici et là, donne des conseils, critique abondamment la disposition des pièces ou la raideur d’un escalier, puis file droit sur la glacière pour décapsuler sa première bière avant de sortir un peu pour décompresser en fumant une cigarette, et ensuite tenir compagnie au préposé à la grillade, se gaver de merguez, déplorer la lenteur des rotations et l’indécision de la propriétaire sur la destination de la commode de tante jeanne un verre de rosé à la main, avant de lancer à la cantonade, vers 15 heures : « bon, ben ça a bien avancé, c’est sur les rails, je vais y aller parce que là on est trop nombreux, on va se gêner, ça va nuire à la productivité, encore merci à tous, vous êtes formidables, je vous aime ».
Mais Lolo me rappelle à la réalité : « On y va ? »

Pour cette séance nous sommes cinq UFR : Pierrot, Pascou, Lolo, votre serviteur et Catou, nouvelle impétrante choriste. Cette dernière a répété trois fois les morceaux avec Lolo et P. elle est un peu tendue et je comprends son inquiétude. Elle doit pallier au pied levé l’absence d’Odile qui a rempli ce poste durant ces deux dernières années. Bien qu’elle ait écouté souvent notre répertoire, c’est la première fois qu’elle doit l’interpréter, la tache n’est pas aisée. Pour la faire rentrer en douceur dans l’arène, nous choisissons Bête de Scène. Il y a une escalade vocale à plusieurs voix sur quatre note tandis que le chanteur entonne « Mais moi je voudrais bien quand même qu’on me laisse continuer à faire ce que j’aime ». C’est le baptême du feu pour Catou, et ce n’est rien de le dire : la prise va durer une heure et demi !

Chacun d’entre nous choisit une note et nous passons un long moment à harmoniser nos voix. Il faut tenir l’accord durant cinq ou six secondes, mais c’est une éternité pour nous, sans compter qu’il faut, tout simplement, se souvenir dans quelle tonalité on doit chanter ! Ce qui donne lieu, sous le regard désespéré de Jako, à des couacs multiples, des fous rires difficilement réprimés. Nous devons reprendre une quarantaine de fois cette courte phrase vocale avant d’obtenir une relative satisfaction. Et encore Jako devra droper allègrement pour reproduire en plusieurs exemplaires l’unique spécimen correct de nos tentatives. Heureusement Lolo a apporté un cake anglais aux fruits dans lequel nous tranchons pour compenser notre stress !

Jako essaye de me rassurer : « Tu sais Mitch, même les groupes confirmés on des soucis avec leurs chœurs. Ce n’est pas facile. Une bonne choriste ça vaut de l’or. Même, en studio, pour certaines productions il y a un type engagé exprès pour faire les arrangements et diriger les chœurs ».
« Le souci, Jako, c’est que c’est la première fois qu’on chante ce truc à peu près correctement. A aucun moment depuis plus de deux ans qu’on chante Bête de scène, que ce soit en répète ou sur scène, nous ne l’avons chanté aussi bien que ce soir… et je ne suis pas sûr du tout qu’on soit capable de le refaire ! » « Et ben ça sert aussi à ça le studio, tempère l’ingé-son, ça permet de se caler, de s’entendre, de prendre le temps, et de progresser ».

En fait nous nous apercevons que dans l’intention de chauffer les voix, et de mettre Catou en confiance, nous avons commencé avec Bête de Scène par le plus dur : une mini chorale. Par la suite les choses sont plus faciles. Lolo et Catou ont travaillé leurs refrains : ça se met en place relativement aisément sous la houlette de P. qui les coache avant chaque nouveau titre. Ces derniers s’enchaînent de manière plus fluide désormais. Sur Oublie Jako retrouve même la « piste disparue » celle que je traquais depuis plus d’un mois, dans laquelle je ne chantais pas les refrains, ce qui permet aux filles de faire un très beau duo dessus. EcoloSong suscite des débat passionnés : les filles doivent-elle -1- chanter tout le refrain, ou seulement -2- « pas de sauveur pas de héro même pas un Nicolas Hulot » ? ; et aussi -3- doivent elles appuyer sur « de l’action » façon Passionaria comme le suggère P ? Au final, au vu de l’heure déjà tardive, on décide de faire simple et d’opter sur l’unique solution -2-, les filles jugeant en outre que les mecs commencent à devenir lourds avec leurs conseils incessants et versatiles. « Ils n’ont qu’à le chanter, eux « de l’action », conclut Lolo, « après tout l’action c’est un truc de mecs ! »

Ce petit nuage dissipé, on se retrouve sur Spam et ProtestSong, dont les refrains monosyllabiques se prêtent à merveille à l’interprétation chorale. On s’en donne à cœur joie sur des Spam ! explosifs à souhait. Sur Protest, chacun expectore des Rhââââ ! libératoires jaillis du plus profond des entrailles. A cette occasion, je constate que Protest est passé à travers les mailles du filet, et que ce doit être le seul titre dont la voix n’ait pas été réenregistrée. Il se trouve que l’interprétation live envoie de bonnes vibrations, ce qui la rend intéressante, cependant on sent très bien la différence de prise de son, ce qui pourrait nuire à l’homogénéité du CD. En toute logique, il faudrait donc que je réenregistre cette partie, en espérant retrouver les accents convaincants de la version live.

Pour faire un rapide bilan, que reste-t-il pour finaliser ce CD ?
- Refaire la voix de Oublie,
- Refaire quelques parties de guitare que Jako juge un peu floues,
- Refaire un peu de basse,
- Enregistrer les cinq chœurs restants,
- Mixer le tout.

Verrions-nous enfin la lumière au bout de cette longue courbe qui débouche sur la sortie du tunnel ?

vendredi 9 avril 2010

That's Entertainment !

Pascou m’a convié à une mini écoute critique le week end dernier. Jako lui avait fait passer une maquette presque aboutie, mixée, sans les chœurs, de quatre de nos compos. Et là… le choc ! Après toutes ces semaines de doutes et de déceptions, j’ai découvert des morceaux équilibrés, très homogènes, dont les instruments étaient parfaitement distribués dans l’espace stéréophonique, avec un détail sonore étonnant. Un produit quasiment abouti, et prêt à consommer. La voix était bien posée au sein de l’orchestre, détaillée, intelligible, sobre, à part sur un morceau, oublie, qui conservait encore un vocal enregistré à partir du micro shure.

La différence entre cette captation et celle faite avec le micro de studio était flagrante. Mon interprétation est apparue floue, étouffée, sourde.
Cependant au-delà de la voix, qui reste pour moi un élément primordial on le comprendra, ce sont les instruments qui m’ont bluffé. Sincèrement à l’écoute de ces morceaux, j’avais l’impression que l’enregistrement avait été fait par des musiciens de studio ! Bien sûr je n’ai pas la prétention de connaître grand-chose à la musique, mais en tant qu’auditeur lambda, tout m’a paru en place, « propre et carré » avec une ambiance sonore restituant une interprétation que j’ai trouvée inspirée. Disparue la froideur des prémaquettes précédentes, il y avait une âme et du plaisir dans ce que j’ai écouté sur la chaine Bose, dans le salon des Richebois.

Je n’étais pas le seul d’ailleurs à avoir ce sentiment. Poun bien sûr était emballé, mais surtout Ktou a apprécié. Elle qui, de son propre aveu, est avare de compliments a trouvé des paroles très positives pour qualifier cette nouvelle mouture.

Egalement j’ai beaucoup apprécié l’énorme travail de notre pianiste, Lololalolo. Je sais à quel point les séances d’enregistrement ont été éprouvantes pour elle, mais ça valait le coup. Le piano contribue à rendre chaque morceau identifiable. Ses accords sont comme une signature, qui s’imprime dans le cerveau de l’auditeur, et seront la future ritournelle dont chaque chanson a besoin pour s’imposer dans le cœur d’un public.

Pour le reste, ce qui frappe c’est l’impression d’harmonie entre toutes les parties, de synchronisation. Cela donne l’impression d’une complicité entre les musiciens, même si l’on sait qu’une grande partie de l’enregistrement live initial s’est enrichie de rajouts ultérieurs et que certaines envolées ont été enregistrées presque note par note.

C’est vraiment à travers cette restitution qu’on imagine le travail de l’ingé-son, qui a su restituer l’esprit du groupe. Il a travaillé comme un photographe du studio Harcourt sur le portait d’une vedette. Il a sublimé le meilleur des UFR, éclairant ici, gommant là, jouant sur la profondeur de champ et l’angle de prise de vue, appliquant tel ou tel cosmétiques aux endroits adéquats pour effacer un pli amer, une ride, ou un grain de peau imparfait. Il nous donne à entendre une version idéalisée du groupe, une quintessence de notre savoir faire. Cependant même si l’image est belle, elle ne peut exister et perdurer, et se confronter au réel que si à la base il y a un matériau suffisant. Ce matériau existe, il n’est pas factice. Jako a simplement rassemblé et condensé les éléments épars de nos compétences individuelles, les a débarrassés de leurs scories. Il les a présentés dans une vitrine sonore comme s’il proclamait: « Voilà ce qu’ils savent faire ! Ils ne le font pas tous ensemble ni en même temps, mais quand tout va bien, c’est ça qu’on peut entendre ! »

On pourrait crier à la falsification et dénoncer une tromperie sur la marchandise. Mais en même temps on ne fait pas travailler Elisabeth Huppert au lever du lit. On la prépare, on la met en forme pour qu’elle soit parfaite au moment de la prise. C’est ainsi que ça se passe dans le monde du spectacle. Illusion. Mais cette image que Jako a créée c’est désormais à nous de nous en servir, de nous en inspirer de l’exploiter, et si elle nous convient, de nous rapprocher le plus possible de ces UFR idéalisés que Jako a façonnés.

En tous cas je commence à penser que le CD finalement pourrait aboutir à quelque chose de pas trop mal, dont nous pourrions même tirer une certaine fierté.

Les Guitares Improbables de P.


On connaît la volonté de P. de se démarquer du rock "main stream", qui véhicule des concepts éculés, mille fois ressassés, sans originalité, au son convenu et sans relief. P. est un être flamboyant, un guitar hero, sans cesse à la recherche de nouvelles idées qui puissent signer de manière indubitable la spécificité des UFR. Il travaille tous azimuts, tant sur le plan mélodique que des arrangements. Le son est bien sûr sa principale préoccupation et à ce titre il n'hésite pas à tester puis acheter les plus exotiques guitares pour en explorer les possibilités. On se rappelle sa dernière acquisision, une Emperador cramoisie dont on imagine l'effet sur scène devant un public de connaisseurs.

Il a cependant décidé d'aller encore plus moin. Les produits du commerce, même les plus prestigieux, ne sauraient satisfaire sa soif de singularité. C'est pourquoi il travaille en ce moment sur un concept totalement novateur : Sa nouvelle guitare sera à nulle autre pareille car il l'aura fabriquée lui même, à partir de ce qui se fait de mieux. Encore plus fort : chaque concert sera l'occasion d'une refonte complète de son instrument, dont il pourra changer l'aspect et le son jusqu'à quelques minutes avant de monter sur scène, le temps que la peinture sèche.

Ah, il n'a pas fini de nous étonner notre Pierrot !

jeudi 8 avril 2010

Bouleversant : Le Témoignage du Carré.

Message à caractère publicitaire


Avant j’étais chétif, malingre, de santé fragile. J’étais transparent au regard des autres, les filles m’ignoraient. Mal à l’aise en société je n’osais prendre la parole ni me mettre en avant.
J’étais une ombre insignifiante, noyée dans la masse des anonymes, des loosers.
En tant que batteur je végétais dans un orchestre de bal qui faisait la tournée des maisons du troisième âge et des MJC rurales, cantonné à une frappe mécanique et abrutissante sur un répertoire insipide, ringard.
J'étais le souffre douleur de tous les membres de l'orchestre, du chanteur à la choriste, j'étais devenu l'esclave du groupe, j'effectuais ls taches les plus ingrates.


Alors j'en ai eu assez ! Tout ça ne pouvait plus durer : j'ai relevé la tête, j'ai décidé de me prendre en mains !

Depuis que mon médecin m’a conseillé le traitement révolutionnaire auquel je m’astreins depuis maintenant trois ans, je suis transformé, je suis une autre personne.
Grace à UFR ™ au Paramazole™ de brakacépam™ enrichi aux antioxydants dopés à la métamphétamine anabolique de synthèse, complété d’une boisson énergisante au starter de limoncello du Dr. S. Fabre, j’ai pris de l’assurance. Je me sens bien dans ma peau, enfin intégré dans la société. Je n’ai plus de complexe, plus de névroses, j’ai fait exploser toutes les barrières que m’imposait mon physique ingrat.
Et avec les filles c’est un feu d’artifice permanent. Je tiens à la disposition des sceptiques les témoignages enflammés et reconnaissants de centaines de jeunes femmes qui ont bénéficié de mes nouvelles capacités.

Je suis le batteur comblé d’un groupe novateur qui s’appuie sans réserve sur ma frappe énergique et inspirée. Je peux le dire sans vantardise aucune : Ils comptent sur moi, et en toute modestie je suis devenu le pilier qui soutient leur édifice fragile.

A noter quelques effets secondaires anodins : je change de batterie après chaque concert, elles ne sont pas concues pour supporter ma frappe. je n'utilise plus de baguettes fagots, mais des fagots de baguettes. Enfin pour manger il me faut désormais une assistance, du fait de ma musculature je n arrive plus à plier mes bras et porter les aliments a ma bouche correctement.

Cependant, UFR m’a sauvé, UFR m’a transformé. UFR a révolutionné mon quotidien et m’apporte tout ce dont mon corps a besoin : même mes poils sont devenus soyeux, ce qui fait l’admiration de mon entourage et la fierté de mon épouse.

Alors, je dis : Merci UFR™. UFR m'a guéri, et je le conseille à tous les êtres complexés comme je l’étais jadis.

mardi 6 avril 2010

800 !


800, c’est le nombre de messages publiés depuis le 13 janvier 2007, date de création de ce blog. Huit cents billets qui brossent comme il est indiqué au fronton de ces colonnes « une chronique subjective d’un groupe de rock amateur ». Compte-rendus de répétitions, chroniques d’évènements communs, récits, fictions, reportages, interviews, fausses infos, délires oulipesques, dialogues, pièces, poèmes et textes de chansons, photos glanées sur le net, vidéos de répétitions et de concert, enregistrements, photomontages, humour, dessins, concours, playmates, tous les genres sont abordés au travers du filtre de la personnalité complexe, partiale, mythomane, mais tendre de son webmaster.

Cela ressemble un peu à la terrasse d’un café, où l’on vient pour passer un moment, « espincher » regarder passer les gens. Il y a les habitués, accoudés au comptoir du zinc, qui serrent la main du patron et discutent un moment de leur passion commune ; on retrouve aussi les occasionnels, sympathisants, amis de passage, et inconnus qui rentrent puis sortent, amenés là par le hasard des recherches Google. Certains deviennent assidus, bien que muets, d’autres repartent après avoir parcouru quelques pages.

Mon souhait serait que ces anonymes dont je sais qu’ils lisent le blog, laissent un témoignage, des réactions, des avis, des critiques, des encouragements –nous en avons tellement besoin-afin que ce lieu sorte de son intimité un peu nombriliste pour susciter autour de notre travail mais pas seulement, des échanges qui à leur tour nourriront le contenu de ces pages.

Mais ces 800 billets ne doivent pas cacher les quelques 4000 commentaires publiés, expression libre (à UNE regrettable exception près) des contributeurs de ce lieu. Un espace de création, mais aussi de dialogue, qui tente d’accompagner la fabuleuse saga des UFR, et reflète ses joies, ses peines, ses humeurs, ses coups de blues, ses hésitations, les mouvements qui l’animent, ses rencontres avec le public, sa progression difficile et parfois douloureuse mais tellement passionnante.

Le foisonnement de pages de ce blog est à l’image de ce que traverse le groupe dans l’apprentissage de sa pratique musicale. Nous faisons l’expérience de tout ce qu’un vrai groupe de rock doit affronter pour se développer. Et toute la chaîne de la production est abordée petit à petit, avec tout ce que cela comporte de nouvelles découvertes en matière de techniques et d’organisation. Depuis ses débuts il y a un peu plus de trois ans, on n’imagine pas la somme de travail qu’à nécessité pour chacun d’entre nous le simple fait de maintenir un niveau acceptable de technique amateur. A mesure que nous développons notre offre musicale, nous devons repousser sans cesse ce « mur du son » dont la résistance augmente en proportion de nos exigences. Il nous faut de plus en plus d’énergie pour progresser, c’est parfois usant, mais tellement enrichissant aussi.

Tout cela ne peut se faire que par la volonté de chacun de nous. Il faut avoir un vrai désir de travailler ensemble. Les individualités s’affrontent pour mieux collaborer. Ce groupe est en fait une métaphore de l’expérience humaine, qui condense en un microcosme dense, resserré, toute la palette des interactions sociologiques complexes qui sous-tendaient déjà la vie d’une tribu il y a 40000 ans.

Une tribu, c’est un peu ce que nous sommes, liée doublement par la musique et l’amitié trentenaire pour certains.

Dans toutes les tribus il y a un chef, mais aussi des chasseurs. Des chasseurs de sons. Parfois la chasse est bonne, et on fait bombance, parfois on rentre épuisés et déconfits après avoir suivi les traces durant de longues heures d’un son insaisissable. Alors le soir autour du feu, la tribu se lamente sur le sort qui s’acharne, invective les Dieux et interpelle son shaman.

Nous avons un Shaman. Un guérisseur de sons. Un médium entre les Dieux de la musique et les être rampants chétifs et craintifs que sont les UFR.
Jako est notre shaman. Il connaît l’art difficile des assemblages de sons. Il sait comment capturer l’accord insaisissable, il connaît l’art du drop, il dompte les tempos, les plie à sa volonté, il détecte la corde mal accordée sur l’arc du chasseur, et armé de son sampler, il force les notes à rentrer dans le rang. Mais par-dessus tout il connait les chasseurs de son, il sait leur faiblesse, leurs doutes, leurs limites. De la glaise informe que nous lui apportons, arrachée à la boue du marigot craquelé de notre imagination, trop longtemps délaissé par les ondées bienfaitrices de la saison des pluies, il façonne le son, il le sculpte, lui donne sa forme, la forme du Son des UFR, ultime but de notre quête mystique.

Ce blog va donc continuer à vous conter, jour après jour, la geste des UFR, et de son shaman, Jako aux Doigts de Son, en espérant vous distraire un peu des vicissitudes alarmantes de ce monde.

lundi 5 avril 2010

A La Chasse Aux Oeufs


Ce matin les UFR sont allés cherchercher les oeufs cachés dans le jardin.
"Oh, mon Pounet, qu'ils sont beaux tes oeufs, s'est exclamée Lolo.
" Ah, tu as remarqué, a rétorqué tout faraud notre Ultramachin,
"C'est moi qui ai les plus gros oeufs de tout le groupe !

dimanche 4 avril 2010

Tradition Oblige : On a Mangé l'Agneau Pascal !


On a mangé l'agneau pascal en famille, façon gigot de sept heures avec une purée de cocos accompagné d'un petit vin blan blanc du Languedoc Roche-Mazet..

Sisyphe Etait Un UFR

Il n’y a plus de femmes aux répètes en ce moment. Après tous ces mois de mixité, ça me déroute un peu. Lolo invitait du monde chez Alexandre, (mais pas nous), par conséquent le piano a été relégué dans un coin, abandonné, muet, dévolu à la tache subalterne de tablette sur laquelle poser nos verres et cendriers.
Par contre un revenant des âges anciens des UFR est venu nous honorer de sa présence. Je lui avais rappelé lors de l’anniversaire de Hub son poste de choriste honoraire et historique, l’un des fondateurs du premier carré (qui était en fait un pentagone). Je lui avais suggéré, à l’instar de ces réservistes qui accomplissent régulièrement des périodes, de venir se remettre à niveau pour la séance du mercredi. On ne sait jamais, tout peut arriver lui expliquai-je : une défection de dernière minute, une épidémie de gastro foudroyante, bref tout évènement indésirable qui pourrait nous amener à battre le rappel des troupes en un temps très court. Ca l’a séduit, lui qui attegnit à la force du poignet le grade émérite d'adjudant de réserve je crois dans ce corps d’élite, pépinière d’esprits novateurs et de talents hors du commun, synonyme de courage d’engagement et d’abnégation que l’ensemble des nations civilisées nous envient : la gendarmerie nationale.

Je fais d'ailleurs illico un bref distingo : Il ne faut pas confondre l'adjudant de réserve avec l'adjuvent de synthèse bien qu'en fait la différence soit minime. l'un et l'autre sont des excipients, des trucs qu'on rajoute dans le produit pour en améliorer l'effet, l'un et l'autre apportent le plus souvent de la coloration (le langage de l'adjudant est très coloré, tous les appelés peuvent en témoigner) ou de la texture (l'adjudant dispose dans son vocabulaire de pas loin de trois cents mots tirés le plus souvent de l'excellent texte du manuel militaire). Un point commun surtout : utilisés en grande quantité, ils peuvent devenir très toxiques.

Contre la promesse que nous ne fumerions pas à l’intérieur de la SJM, il avait promis de « venir faire un tour ». Vous savez ce qu’il en est des promesses faites sous le coup de l’émotion suscitée par la chaleur du moment et l’imprégnation alcoolique : Je pensais que tout cela s’évaporerait avec les brumes matinales et la gueule de bois du lendemain, mais j’ai du faire mon mea culpa : Il a tenu parole. En revanche, et c’est un mauvais point qu’il faut souligner, il s’est juste présenté avec sa bonne mine de choriste, sans micro, sans câble, sans livret de chant, sans même une bouteille de quelque chose pour nous remercier de bien vouloir l’accueillir dans le Saint des Saints, la Mecque, le Taj Mahal, le Temple du rock-pop nîmois. Cela signait à mon sens un manque évident de motivation et augurait une attitude désinvolte, d’autant qu’à l’étage Barcelone et je ne sais plus trop quelle équipe s’étrillaient dans une quelconque compétition de foot européenne et que notre Baou entrecoupait ses efforts vocaux de fréquents déplacements au grès des vociférations des supporters.

Mais avant de parler de la séance elle-même, et comme j’ai l’esprit de l’escalier, voici un résumé de la conversation que j’ai eue avec Antoine Sarkis, l’homme orchestre chrétien qui était venu une fois ou deux écouter et même participer à nos répètes, et nous faire part de ses observations. On sait son expertise en matière musicale. Comme Pierrot, c’est un vrai musicien, capable de tirer quelque chose de n’importe quel instrument, du moment qu’on les laisse seuls une ou deux minutes afin de faire connaissance. C’est aussi quelqu’un qui est, comme moi, très intéressé par la sociologie des groupes, à la différence que lui est naturellement enclin à faire en sorte que le lien demeure optimal parmi les gens, dans le style tous unis dans un monde meilleur, tandis que je me pose plutôt en observateur curieux quoique parfois un peu bougon.

Malgré ses dispositions foncièrement altruistes, il m’a avoué que l’épreuve du studio même au sein d’un groupe qui prône l’amour de son prochain (ou de celui d’après), avait été dure et non sans conséquences. Il y avait eu des dissensions, des remises en question, des ruptures, des départs. Le niveau d’exigence demandé, quelque soit l’expertise du musicien, embrasse un champ beaucoup plus large que celui de la simple pratique musicale. Même si l’on n’est pas enclin à la prise de tête, il y a une obligation de résultat dans un contexte d’investissement personnel fort. Cela amène à des remises en question de la pratique de chacun, ce qui ne se fait pas sans dégâts, puisque cela touche à l’aspect artistique, et donc à l’intime conviction personnelle en la matière.

En d’autres termes on est amené à changer certaines choses que l’on pensait acquises, par choix personnel, mais surtout sous la pression des autres. Ce processus est déstabilisant car cela interroge en chacun le sentiment de sa légitimité au sein du groupe dans la fonction qui lui a été assignée. Antoine m’a décrit la montagne de précautions qu’il faut escalader afin de ne blesser personne, mais aussi les chocs frontaux des individualités, souvent bénéfiques, parfois catastrophiques, pouvant aller jusqu’au départ de certains, voire à la dislocation du groupe.

Cela se passe très souvent en studio car la dimension ludique y est très réduite. Le plus souvent, il y a une date butoir, des impératifs économiques ou des contraintes organisationnelles fortes. On se concentre sur le travail à faire, il y a du stress, des attentes, des moments de doute, des résultats qui semblent médiocres, ou en deçà de la production habituelle. Croit-on.

Antoine a souligné combien c’était un leurre. En répète ou sur scène, c’est le plaisir qui prime, qui gomme toutes les imperfections. Celles-ci sont impitoyablement restituées et amplifiées par le studio, d’autant qu’on peut analyser à l’infini telle ou telle prise et déceler les bugs, ou tout simplement les choix d’interprétation qui ne conviennent pas. Dans le feu du live, on est dans un sentiment d’urgence euphorique, du style « ça passe ou ça casse », on est porté dans le meilleur des cas par l’intérêt du public ; dans le cas contraire on fait le dos rond, on accélère le tempo pour que ça se termine le plus vite possible. Tous embarqués sur le même navire, les membres du groupe sont à la manœuvre pour l’amener à bon port, et tant pis si parfois on passe sur des hauts fonds et racle un peu la coque, l’important c’est qu’au final la foule soit rassemblée sur le quai pour saluer les hardis terre-neuvas qui ont arrondis les caps et salués les grains, subis quelques avaries mineures, mais reviennent les cales pleines. Mais, succès ou échec ce sont ceux du groupe. En studio on se retrouve seul face à son interprétation, face au regard critique des autres.

Selon Antoine on n’échappe pas à cette fatalité, il faut l’accepter et quoi qu’il arrive conserver le lien entre les membres de l’orchestre, et faire sien cet adage selon lequel ce qui ne nous détruit pas nous rend plus fort. En définitive, il en va du groupe comme du couple : Association de circonstance, contractuelle (que le contrat soit légal ou moral) qui ne perdure que par la volonté des contractants, laquelle se maintient par le plaisir qu’on en retire. On peut vivre ensemble sans plaisir mais c’est plus compliqué, plus chaotique, moins efficace, ça génère de l’insatisfaction, de la rancœur, des sentiments contreproductifs à l’épanouissement des individus et donc à celui du groupe.

C’est dans une disposition d’esprit relativement neutre que nous avons débuté le M² (Marathon Musical), tel Sisyphe poussant encore et encore son rocher dans l’escarpement d’un K² (montagne) musical. Au long des titres, paradoxalement trop longtemps délaissés malgré les enregistrements, nous avons constaté que les automatismes se perdent à la vitesse des flots assaillant le pied du Mont Saint Michel un jour d’équinoxe alors que les processions du Grand Pardon serpentent en psalmodiant sur les bancs de sable en contrebas, tous oriflammes brandis, derrière les prêtres endimanchés. Mais au-delà de nos approximations, c’est surtout la cruelle absence de notre choriste aux Blanches Mains qui m’a marqué. La réalité s’est durement rappelée à notre souvenir : Le chœur participe pleinement au rendu d’un titre ; il l’habille, l’anime, et son absence a mis en relief mes propres insuffisances. J’ai perdu mes repères, et surtout ma partenaire dans cette sorte de partie de tennis où l’on se renvoie les phrases comme des balles par-dessus le filet. Bien sur il y avait P. et Alain. Mais l’un ne peut pas être efficacement au four et au moulin, tandis-que l’autre m’a rappelé, pour reprendre l’analogie tennistique, le jour où après avoir raté toutes mes balles face à lui, j’ai décidé d’arrêter ce sport. Pour une fois Alain s’est retrouvé dans la situation de celui qui reprend une activité sportive après l’avoir trop longtemps délaissée : manque de technique, manque d’entraînement et de préparation.

Une répète au final qui va grossir les rangs de ces mercredi où la vista n’est pas au rendez-vous, qui sans être absolument médiocre ne marquera pas nos esprits, en tous cas hormis la présence de notre Baou bien sur, car sur le plan musical, il faudra attendre que nous retrouvions notre niveau nominal.
Au moment de se quitter j’ai rappelé à tous ce petit contrat proposé sur Chateaurenard en juin par un collègue médecin avignonnais. L’appât du gain – Cent euros – n’a pas été un argument suffisamment convaincant pour compenser les multiples inconvénients : éloignement, public étranger, heure tardive au regard d’activités matinales le lendemain. La motion n’a donc pas été adoptée.

samedi 3 avril 2010

Joyeuses Paques

C'est Paques : La Cloche du Carré est partie à Rome


Vous vous en souvenez peut-être, il y a plusieurs mois nous avons acheté une cloche à notre batteur, pour étoffer sa batterie.
On s'étonnait de ne l'avoir plus jamais vue.
Elle préparait en fait son voyage à Rome.
On la reverra sans doute en juin, pour le concert de l'Oxbridge.

jeudi 1 avril 2010

Aujourd'hui les UFR Arrêtent de Fumer !