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lundi 29 décembre 2008

Le Licteur, Les Treize Desserts et l'Etoile de Bethléem

Avec ces fêtes, on est un peu dévarié comme on dit par ici. Les jeudis ressemblent à des dimanches et on ne sait plus très bien où se situer dans la semaine.
Ainsi je m’aperçois avec stupeur qu’en ce lundi 29 décembre je n’ai toujours par rempli mon devoir de compte-rendu de la dernière répète, qui s’est d’ailleurs déroulée exceptionnellement un mardi pour cause de réveillon le mercredi 24, en l’absence des membres féminins du groupe. L’une, injoignable, vaquait à ses occupations, l’autre préparait le dîner du lendemain. C’est donc entre hommes que s’est effectué le traditionnel marathon musical nocturne de cette répète de noël.
Une fois de plus en pareille circonstance, nous nous sommes sentis seuls et abandonnés sans « nos femmes » -désemparés serait le mot juste-, et un temps d’adaptation a été nécessaire pour faire le deuil de leur absence. La SJM paraissait bien vide sans elles et nous l’arpentions en large et en large (car elle manque un peu de longueur) comme des âmes en peines.
Une fois notre détresse surmontée nous avons tant bien que mal entamé la session, reprenant un a un les divers morceaux du répertoire.
Afin de rendre un hommage posthume (mais nous l’espérons éphémère) aux dames, nous nous sommes appliqués à une interprétation la plus « propre et carrée » possible, chacun d’entre nous faisant assaut de virtuosité.
Elles auraient été fières de nous ! la prestation fut fort correcte avec parfois des instants de qualité.

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Alors que je fais une pause tandis que je vous écris, regardant par la fenêtre le paysage éclairée hivernalement aux couleurs froides d’un ciel que le canal perdu de Jacques Brel n’aurait pas renié, j’essais d’extraire de ma mémoire défaillante quelque temps fort dont j’aurais pu développer les instants. Las il ne m’en revient aucun dont l’intérêt soit digne d’être consigné ici.
Si, cependant, en y réfléchissant… Une analogie amusante avec le repas provençal du réveillon de noël s’impose à moi : à l’instar des treize desserts d’icelui, ce sont autant de chansons que nous affichons désormais en routine à notre répertoire. Deux ou trois autres peuvent le cas échéant en compléter la richesse, moyennant quelques petits arrangements avec notre rigueur proverbiale. Il en est d’ailleurs ainsi avec les treize desserts dont la composition varie d’une tradition à l’autre.

Espérons que la digestion des nôtres soit plus aisée que leurs homologues alimentaires !

En poussant la comparaison dans ses derniers retranchements, on aurait pu aussi voir en ce rassemblement de musiciens, une métaphore de la crèche. Autour de Jésou, le bien nommé, on pouvait apercevoir le bœuf, l’âne et le tambourinaire contemplant, extatiques, l’étoile de Bethléem, dont j’ai la modestie d’imaginer que j’aurais pu l’incarner : étoile montante du rock gériatrique, scintillant au firmament de la Scène locale. Mais j’en conviens, ce rapprochement est peut-être un peu alambiqué.

En tous cas, les rois mages, de source sure, seront vraisemblablement au rendez vous ; qui en sus de l’or, la myrrhe et l’encens pourraient apporter à notre tambourinaire quelque satisfaction musicale. Mais je ne peux en dire plus, mes lèvres sont scellées et le dôme du silence doit encore protéger de son enceinte hermétique toute information à ce sujet.
Les artistes sont superstitieux et répugnent à annoncer trop prématurément tel ou tel bonheur futur, je laisserai donc au temps faire son œuvre et vous engage à demeurer fidèles à ces colonnes afin d’en apprendre plus prochainement.

Mardi 30 doit se dérouler la répète de pré-jour-de-l’an à laquelle je ne pourrai hélas assister. En effet tel l’homme-lige, vassal dévoué à son seigneur le Leader Maximo, la sentinelle, le pathfinder comme le nomment nos amis anglais, bravant les intempéries je ferai le chemin menant au Chambon afin d’en reconnaître les dangers en prévision de la venue du groupe en Haute Loire pour le 31. Je pourrai ainsi vérifier que toutes dispositions sont prises afin que chacun bénéficie d’un accueil personnalisé au long de ce court exode festif. Je serai le licteur de l’Imperium, précédant ces hommes de pouvoir que sont devenus la plupart d’entre nous. Je serai chargé de faire appliquer toute décision coercitive grâce au faisceau de verges, attribut de ma fonction, en cas de manquement aux règles de l’hospitalité.
Le licteur précède les magistrats. Et pour une fois l’antique loi rejoint l’actualité puisque j’aurai la mission de préparer la venue de Philou, qui ne pourra monter que mercredi.
Philou, conseiller prud’homal.
Craignez mes verges cinglantes, et ma hache tranchantes, craignez son courroux si la perfection n'est pas au rendez-vous



Pour en savoir plus sur les licteurs, et leur relation avec le fascisme, je vous renvois à ce passionnant article

mercredi 24 décembre 2008

le Merveilleux Esprit de Noël

Préparons, ou prolongeons cet instant mâgique, en regardant ces jolies images de Noêl, que vous pourrez découper et accrocher aux branches du sapin traditionnel, au milieu de la famille rassemblée...
















Noëëëëëëël !


Hâtez-vous de faire vos derniers achats et :

Joyeux Noêl à tous !

mardi 23 décembre 2008

En Attendant Noël 8


Avec le recul, je pense avoir été injuste avec Pierrot. Je fais amande honorable, le voici en Rocker. Quand il jouera sur scène pour le Noël du 20ème annniversaire des Fossoyeurs. Toujours aussi beau, et pêchu, le Guitar Hero.

l'Humilité du Ténor

J’écoute tous les soirs France Inter, en rentrant du travail, dans ma studiomobile 107. Notamment une émission d’Yves Calvi, qui s’appelle Nonobstant. C’est un moment passionnant car très souvent il donne la parole à des artistes de toutes expressions. Yves Calvi est intéressé par les motivations de l’invité, mais aussi par des détails très pragmatiques : comment on compose, comment on écrit ou dirige, comment se façonne l’expression artistique quelle qu’elle soit, en bref comment se fabrique l’œuvre ou l’interprétation, et quels sont les ressorts de leur genèse et les difficultés qui ont accompagné leur conception.

Ainsi ai-je suivi avec passion les interviews de Patricia Petitbon et Roberto Alagna. Deux chanteurs lyriques. Je me suis surpris à ralentir afin de mieux entendre et de pouvoir suivre l’entretien jusqu’au bout. Ils font partie de cette catégorie d’interprètes qui n’érigent pas leur art en oriflamme, ni leur personne en Icône, et ont su garder une simplicité rafraîchissante. Bien loin des mondanités et des propos convenus d’une certaine catégorie de saltimbanques élitistes, ils savent retranscrire en paroles simple ce qu’ils ressentent et le partagent sans circonlocutions superfétatoires à type flyfucking. En bref : on comprend ce qu’ils racontent dans le poste !

A quelques semaines de distance ces deux monstres sacrés du Répertoire ont le même regard passionné, humble et presque émerveillé sur leur travail et leur parcourt. Ce qui m’a frappé c’est, en tant que solistes, leur analyse du travail en groupe. Pour eux c’est un bonheur, ils n’envisageraient pas de travailler hors de la présence chaleureuse de l’orchestre. Patricia, à qui Calvi demandait si pour elle l’orchestre était un ami ou un ennemi, a répondu que ce dernier était, définitivement, un ami. Elle n’adore rien tant que jouer au milieu de celui-ci et partager ce qu’elle considère comme une communion. Peu de conflits, un bonheur toujours. Elle a un commentaire amusant concernant la cohabitation avec les musiciens. Elle dit : Parfois, l’orchestre, emporté par sa fougue, joue trop fort. Il ne faut pas oublier, poursuit-elle malicieuse, que nous ne sommes pas sonorisés. Une voix, même celle d’une cantatrice est incapable de lutter contre le flot de décibels que peut dégager un orchestre. Alors quand je vois que je ne m’entends plus, je ne m’énerve pas. Je joue de moins en moins fort. Je ne me fais pas violence, je ne fais pas violence à ma voix. Au bout d’un moment l’orchestre comprend, et joue plus doucement. J’ai aimé cette modestie, et cette sérénité, et cette approche simplissime. Pas de caprices de Diva, du simple bon sens.

Alagna, interrogé de même sur ses rapports avec l’orchestre, explique qu’en tant que chanteur, son but est de servir le texte, et qu’il a pour unique préoccupation que les paroles restent compréhensibles. Pas de ton emphatique, un style minimaliste, qui d’ailleurs fait école, en rupture totale avec les ténors d’antan. Juste faire passer le texte et l’émotion. Et puis parfois on perçoit que l’orchestre, ce qui est compréhensible, joue pour la performance, le morceau de bravoure. Il a tendance à s’emballer. Lui aussi a envie de se faire plaisir et oublie le chanteur. Alors il faut le recentrer sur le fait qu’il joue pour le public, qui doit comprendre l’interprète. L’orchestre est l’écrin, la voix en est le bijou, formule-t-il élégamment. Puisque après tout, s’il y a un chanteur c’est pour faire passer un message. Autant que les gens le reçoivent de manière intelligible.

J’aime assez ces paroles de bon sens.

Mais surtout j'ai été surpris de constater que parvenus à ce niveau de talent, d'expertise, de notoriété, ces deux artistes aient les mêmes préoccupations que moi, à savoir "est-ce qu'on m'entend ? Quelle est ma place dans l'orchestre ? en suis-je un membre, ou bien suis-je extérieur à celui-ci ? et puis au delà de ça, que représente l'orchestre : une entité, un tout supérieur à la somme de ses parties, ou bien un ensemble d'individualités ?" A cette dernière question tous deux répondent catégoriquement que l'orchestre est un organisme vivant, qui a son identité propre, une couleur qui se reconnaît entre mille.

Je faisais tourner ces idées dans ma tête en allant ce dernier mercredi au studio Morrison. En mon fort intérieur je me disais en souriant que si je tentais d’expliquer ces choses simples, mais teintées du regard de l’interprète, je me ferais renvoyer dans mes cordes. "Joue avec une plume dans le cul m'aurait dit Jésou, ça te soulagera !"

Après tout je sais bien que si le Band joue fort, c’est dans l’unique but qu’on n’entende pas trop ma voix. De même que le cuisinier cherche à napper de sauce le produit pas trop frais afin d’en masquer le goût. Il ne le fait pas de gaîté de cœur, ni dans le but de se faire plaisir, mais simplement pour sauver ce qui peut l’être. Par bonté d’âme, par charité chrétienne. Après tout, la solution la plus radicale aurait été tout simplement de me virer et de prendre un vrai chanteur. Ça n’est pas ça qui manque. Mais on est des amis, et ils font avec ce qu’ils ont.

Et je leur suis reconnaissant pour cette sollicitude. D’ailleurs si au début j’avais du mal à « dealer » avec cette réalité, désormais j’ai acquis une certaine philosophie. L’orchestre est mon ami. Je ne lutte plus contre lui. Je fais selon mes capacités. Et puis, contrairement à l’opéra, où la compréhension du texte est primordiale pour suivre l’action souvent complexe de situations antiques et alambiquées ou l’invraisemblable le dispute à l’outrance, nos textes n’ont pas un intérêt suffisant pour qu’on cherche à les comprendre. Surtout dans un contexte rock. Après tout, qui se soucie de ce que raconte Proud Mary ? Ce n’est pas du Bob Dylan. Et encore, CCR c’est du texte classique à coté de Status Quo. Et je ne parle même pas de nos propres productions littéraires !

Ça m’évoque par association d’idée la première partie du concert des SQ : Michael Jones. On ne l’entendait pas. Qui s’en souciait (à part moi) ? De toute façon l’ensemble était mauvais.

C’est fort de ces réflexions apaisantes que je me suis plongé dans l’univers sonore des UFR. Nous avons passé avec un plaisir sans cesse renouvelé notre répertoire en revue, progressant dans nos nouvelles compos, consolidant les vieilles, et rafraîchissant les reprises.

Je regardais Odile à coté de moi, pliée de douleurs auriculaires, sa voix ballottée par les flots jaillissants des watts impétueux dont l’intensité augmentait à mesure que la séance progressait. J’avais de la peine pour elle : Elle n’avait pas écouté Yves Calvi, elle n’avait pas atteint la sérénité qui permet d’entendre la musique des sphères par delà le brouhaha de hall de gare, ni acquis l’humilité nécessaire à un apaisement salvateur dans une ambiance tourmentée. Elle est encore dans l’illusion que le chant puisse avoir une quelconque importance pour les rockers.

Moi j’ai atteint la sagesse. Je fais mon petit truc, je m’abstrais, je m’extrais, je feins, je m’efface, j’esquive, je me mets entre parenthèses. Je me laisse porter, je plie, je me glisse entre deux riffs, entre deux relances, je profite des opportunités qui se présentent, récupérant sous les ponts musicaux, j’évite le son, je l’occulte, je le trie et le sélectionne, n’en retiens que la partie qui me plaît. Je ne l’affronte plus, je le contourne, je prends appuis, je me sers de sa force, Je ne force pas. Je suis bien. Je ne suis pas en souffrance, j’ai intégré les watts, ils s’écoulent à travers mon corps, fluides, ils le traversent, le font rentrer en résonance. Il vibre à l’unisson, je ressens les harmoniques, le boutoir puissant de la basse, les pulsations rassurantes des drums. Sur les berges du fleuve, le long des accords liquides du piano, l’écoulement des cordes de la rythmique, et les cascades bouillonnantes du solo, je participe à l’infini des possibles musicaux. Au bord de l’horizon des évènements, là où un gigantesque trou noir dont la guitare de Pierrot est le centre absorbe et piège les ondes sonores, puis les recrache en un maelström de fréquences hystériques, Jim Morrison se tient à coté de moi et tournant son visage me dit : C’est bien.

Le Groupe est mon ami.

lundi 22 décembre 2008

En Attendant Noël 7


Il ne peut pas s'en empêcher ! Incorrigible comptable, notre choriste-batteur honoraire, qui épluche à deux jours de Noël, la compta des forfait téléphoniques de Laura et Cédric.

dimanche 21 décembre 2008

En Attendant Noël 6


Quand le Photographe passe devant l'objectif, il ne le fait pas pour rien."Allez mes poulettes, venez voir Papa Noël.

En Attendant Noël 5


Déguisé en Père Noël, Poun écrit les chansons de la nouvelle année des UFR, et répond aux nombreux couriers de son fan-club

En Attendant Noël 4


En attendant Noël, Phil s'entraîne dans un band : les "New Orlean's Santas". derrière lui, le visage caché, son copain Jérôme.

En Attendant Noël 3


Plus mystique, Jésou prie pour la fin des vicissitudes du monde.

En Attendant Noël 2


Chacun des membres du groupe attend Noël selon son inclination. C'est ça aussi le merveilleux esprit de Noël.

En Attendant Noël


Mitch, le chanteur, et une de ses fans...

mardi 16 décembre 2008

Un Coup de Canif...

samedi 13 décembre 2008

Brève de Comptoir, pour Poun

Dans mon enfance, mes parents aimaient la musique, et sur leur Teppaz , le dimanche matin, ma mère passait les disques de l’époque : Sacha Distel, les Frères Jacques, Pascal Danel, Jean Ferrat, François Deguelt, Marcel Amon, Henri Salvador et même de la musique yéyé : Richard Anthony, Sheila, et Joe Dassin.

Toute ma culture musicale Rock vient de ces années.

Je pense souvent à Joe Dassin, qui nous aura quitté il y a trente ans dans deux ans. Joe Dassin, a illuminé ma jeunesse, au même titre que Claude François ou Dalida.
Joe était un visionnaire. Outre des ritournelles sans prétention comme « Là haut sur la colline », ou « les petits pains au chocolat », il a écrit un texte fulgurant de clairvoyance, comme s’il regardait directement au travers des battants ouverts d’une fenêtre sur l’avenir, qui le définit comme le Nostradamus de la fin du XXème siècle.

Ainsi dans cette chanson il prédit :

La loi sur le travail du dimanche dans les grandes surfaces,
Les agitations lycéennes sous le coup des lois introduites par Xav Darcos.

Dont on retrouve les thèmes dans le célèbre refrain « Auchan'z et Lycées ».
Souvenez vous :

Auchan'z et Lycées (lala, lala,la)
Auchan'z et Lycées (lala, lala,la)
On fait la gêve
On casse du flic
A midi ou à minuit
Vous cassez tout ce que vous voulez
(Dans les) Auchan'z et Lycées

Il fallait le souligner.

vendredi 12 décembre 2008

Un Compte-Rendu Probabiliste

Je suis un peu en retard ce soir pour la répète mercredique. Les autres sont attablés. Ils me questionnent sur Odile. Elle est restée au logis afin de récupérer un peu d’un début de semaine fatiguant. La vie n’est pas facile en général, pour nous autres petites gens, surtout par les temps qui courent, avec son cortège de nouvelles financières contradictoires et les bourses européennes qui jouent aux dés avec les matières premières et les fonds de pensions des vieux américains qui se croyaient à l’abri dans leur fort chabrol étazunien.
Eh oui, ils coulaient des jours peinards entre eux, à l’abris des enfants en général, et des gosses en bas âge en particulier, tolérant les chiens pourvu qu’il ne dépassent pas la taille d’un Espincher, vivant en circuit fermé dans leur citadelle sécurisée à grands renforts d‘électronique et de kilomètres de barrières, s’affairant, sous le regard attentif des vigiles afro-américains et des personnels de maison latinos (mixité sociale oblige), à tondre leur gazon parfait que nulle clôture ne limite… à l’intérieur de l’enceinte, circulant dans ce havre hors de la réalité, dans des voiturettes électriques jusqu’au parcours de golf proche.

Tout en réfléchissant aux bienfaits redécouverts de l’économie Keynésienne, Je vais saluer Sylvie. Elle est souffrante, une angine sans doute. Elle est somnolente, et le délire de la fièvre rend ses yeux brillants. Ca lui va bien ; je remarque à peine son tshirt « I CŒUR NY » à l’encolure trop large qui dénude sa gorge et colle à son corps au milieu des draps défaits. Je m’approche d’elle et lui baise le front avec toute l’amicale tendresse dont je suis capable. Ses paupières s’entrouvrent, elle me reconnaît. « Tu es venu Michel, ça me fait plaisir », murmure-t-elle faiblement. Ses lèvres craquelées et sèches remuent à peine, et je perçois sa douleur alors qu’elle avale péniblement sa salive. Son regard se tourne vers la table de chevet. J’en suis la direction : il y a un verre posé. Je le saisis et le lui tends, lui soutenant la nuque afin qu’elle puisse boire plus facilement. A nouveau ses yeux rencontrent les miens. Elle bat faiblement des cils, en un remerciement muet. A coté il y a une bassine remplie d’eau. J’y trempe un linge que j’essore avant de le détordre et de l’appliquer sur son front lumineux après avoir écartés quelques mèches collées par la transpiration. J'apprends plus tard par Jésou que ce que je prenais pour une bassine d'eau était en fait un saladier de soupe de champagne. Chez les Chapoton, de mère en fille, on connaît les vertus curatives miraculeuses de la soupe de champagne, surtout dans les cas d'angine.

Ignorant ce détail, aveugle au regard désespéré de Sylvie, je remonte l’escalier. On n’entend pas les jumeaux : respectant le repos de leur maman, chacun est dans sa chambre, terminant ses devoirs avant d’aller se coucher tandis qu’Alexis, vêtu de son uniforme s’apprête à rejoindre la gendarmerie. En Grèce les émeutes estudiantines font rage, le pays est au bord du chaos, à la suite de la bavure policière dont a été victime un jeune homme. On craint des flambées de violence dans les zones sensibles nîmoises. Les jeunes des quartiers défavorisée des quais de la Fontaine, de Camplanier et de la Tour Magne pourraient à leur tour se révolter contre les conditions difficiles qu’on leur impose en cette période de crise. Déjà, devant le portail de d’Alzon, les jeunes de Lasalle, de Daudet et Lamour ont appelé à une manif pour réclamer un assouplissement des conditions de sortie entre midi et deux, le droit de fumer dans la cour, et plus de frites au repas, par solidarité avec le combat des jeunes Hellènes.

Ca rappelle à Jésou la blague sur les Hellènes et les Helvètes, ce qui détend un peu l’atmosphère. Cette blague est à se rouler par terre, je vous la raconterais volontiers, mais hélas j’ai perdu la chute, ce qui en briderait l’effet comique dans ces lignes. Je profite de l’hilarité générale pour brancher la nespresso et faire passer les cafés à la ronde alors que Pierrot salue la compagnie. Il a fini sa double tournée, il n’en peut plus, il est au bord du burn out ainsi que l’a théorisé jadis Florence Nightingale, la Pasionaria des Infirmiers. En l’occurrence, être en « burn out » c’est en avoir plein le cul. Rien d’exceptionnel donc, si l’on considère que 80% des cinquantenaires qui travaillent encore, doivent être dans cet état psychologique à l’heure où je vous parle. En fumant la « cigarette avant la répète », je me souviens soudain d’une partie de la fin de la blague de Jésou : « Ah, ben tu as vu les pyramides alors ! ». Je concède que sorti du contexte c’est moins percutant, mais raconté par Jésou, ça devient du Audiard. Je suis pris d’un fou-rire inextinguible, un peu à contre-temps je le concède, surtout que Pierrot parle à cet instant précis d’une personne en phase terminale qu’il a visitée avant de venir, il vit seul depuis que sa femme l’a quitté, dans un appartement dont il ne paye plus le loyer à la suite d’un licenciement abusif qui doit passer prochainement devant les prud’hommes. Pierrot ça le mine ce genre d’histoire, et il confesse que ces deux heures hebdomadaires de récréation musicale sont pour lui une soupape de sécurité dont il ne saurait plus se passer. Il dit cela avec retenue et pudeur, mais tout d’un coup l’ambiance joyeuse du début tend à retomber, comme le soufflet qu’on a sorti trop tôt avant le repas. Lolo avec compassion, promet qu’elle glissera à Philou, Président de la Cour Prud’hommale, un mot sur ce type.

On descend. On installe le fourbi, on met le jus. On fume la « première cigarette de pendant la répète ». Lolo nous présente son travail sur la chanson inchantable « chanson de geste » composée il y a quelques temps par Pierrot. Il faut dire que je lui ai tendu le bâton pour me faire battre, avec mes textes alambiqués. Je le soupçonne d’ s’être vengé, sur cette compo ! Les doigts de notre pianiste courent sur le clavier, avec la virtuosité qu’on lui connaît. Je tente d’y placer ma voix. Ca n’est pas extraordinaire. Il est vrai que j’ai la gorge très sèche, et puis débuter par ce morceau que je n’ai pas préparé, sans avoir pu chauffer ma voix ni décontracter mes buccinateurs ça n’est pas l’idéal.
On enchaîne par la compo du Leader Maximo « cent balles dans le juke box ». Ca se passe beaucoup mieux, bien sûr si l’on fait l’impasse sur la totale impréparation du guitariste rythmique et du bassiste. Quant à moi j’ai travaillé durant toute la semaine écoulée, dans ma studiomobile Peugeot, cette chanson que je connais désormais suffisamment pour ne pas ralentir le groupe. C’est très prometteur. Ca peut faire un bon rock. Il fait la part belle au solo de guitare. Celui-ci est pour l’instant peu formalisé, mais gamme pentatonique aidant, je ne doute pas que pour la prochaine séance, jailliront des doigts experts du Leader, des accents violents et rageurs qui enflammeront l’auditoire.

Sylvaine et Pascale nous ont rejoint pendant ce temps. Afin de ne pas déranger nos travaux, elles se sont tant bien que mal glissées entre les praticables et se sont assises dans un coin. Attentives, elles ne perdent pas une miette du dialogue technique entre les musiciens. « On assiste à l’accouchement d’une chanson » commente, impressionnée, Pascale. « Oui, voir le génie à l’œuvre, ça me tire les larmes du corps » complète Sylvaine, lyrique.

Après la pause on remet le couvert sur « Oublie » les automatismes commencent à se mettre en place. Mais il manque encore quelque chose. Je ne saurais pas définir quoi, peut-être l’absence d’Odile se fait elle cruellement sentir sur les chœurs, son timbre particulier, et le petit mot de conclusion qu’elle lance à la fin de la chanson : « trouduc !» apportant un contrepoint indispensable au misogyne discours du chanteur.

Pour ne pas perdre la main, nous passons en revue le reste des compos. Nous jouons depuis plus d’une heure, et je ne suis pas très en voix ce soir. J’ai dû recommencer une dizaine de fois « Oublie » par manque de préparation de certains, et ma gorge s’en ressent à présent. Je m’attelle vaillamment à la tâche, comme un bon petit soldat du Rock en essayant de compenser ma faiblesse vocale passagère par une plus grande émotion. Ainsi sur « EcoloSong, les accents pathétiques du plaidoyer de Pascou pour une gestion plus responsable de la planète, que j’interprète avec mes tripes, finissent-ils par embuer légèrement les yeux de notre batteur qui rate une mesure tant est à son comble la tension émotionnelle.

Il aura suffi de quelques mesures pour éclairer cette soirée. Nous y avons tous contribué, chacun avec ses moyens, peut être en hommage sincère à notre hôtesse, clouée sur son lit de douleurs, dont nous espérons que la répétition de ce soir, pour laquelle intentionnellement nous avions monté le son afin qu’elle puisse mieux nous entendre, aura été un baume apaisant.

C’est ainsi que s’est passée la répétition du mercredi 10 décembre. J’espère n’avoir rien oublié. Dans le cas contraire merci de m’en faire part dans vos commentaires.

mardi 9 décembre 2008

Karma

Quoique tu dises
Quoique tu fasses
Quoique tu veuilles
Que tu fasses à ta guise
Qu’tu joues à pile ou face
Ou bien fasses ton deuil

Tu as toujours le choix
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois

Toujours tu cours
Toujours tu roules
Toujours tu glisses
Que tu glisses sur l’amour
Ou bien qu’il déboule
Ou bien qu’il s’immisce

Tu as toujours le choix
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois

Que Tu te démènes
Que tu te débattes
Et que tu t’agites
Tu n’as plus d’antennes
T’es un automate
Un bernard-l’hermite

Mais tu as toujours le choix
De casser tout ça
Enfin c’est c’que tu crois
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois

dimanche 7 décembre 2008

Bleu

Inexplicablement, ce mercredi soir, je me sentais un peu dolent. Peut-être était-ce le froid extérieur qui n’incitait pas à l’expédition nocturne. Je parcouru dans ma tête les raisons plus ou moins fumeuses que j’aurais pu invoquer pour décliner l’invitation hebdomadaire au chant. L’enfant malade, la gastro fulgurante, la fuite d’eau massive, quelque intempérie soudain et local…

Hélas j’avais épuisé mon stock. Il est des moments où il faut se rendre à l’évidence : Quand faut y aller, faut y aller ! Un motif beaucoup plus impérieux me dictait de surcroît cette sage décision : notre chatte, Coca. Une chatte pas banale, ceci dit. D’ailleurs nous avons pris l’habitude de parler d’elle en son absence en disant « coca pas banale ». Coca pas banale, Copacabana, la baie de Rio… La simple évocation de ma chatte m’entraîne à des rêveries exotiques et érotiques peuplées de créatures de rêves sur des plages paradisiaques. Mais le fil de mes pensés, déjà, m’écarte de l’objectif du présent rapport.

Notre chatte bien que très fine, ce félin gracile et désinvolte au comportement délicat, se double d’un carnivore au solide appétit. Ca mange ces petites bêtes, c’en est incroyable. Comment peu-on on ingurgiter une fois et demi son poids dans un journée et garder cette ligne de top modèle ? Ca se chiffre en dizaines de kilos par an. C’est un budget. Le moindre sachet de 500 grammes coûte une fortune : nous avons payé le dernier, dans une jardinerie, 5€80. Les croquettes de notre chatte chérie coûtent plus cher que les crackers de l’apéritif ! Et elles ont meilleur goût. D’ailleurs certains d’entre mes lecteurs, invités à la maison récemment n’ont pas dit le contraire, qui ne se sont aperçus de rien lorsqu’ils ont mangé ces délicieux toasts « au saumon » ainsi que ces très colorées verrines « à la betterave » que nous leur avons proposés en amuse-bouche. Forte de cette constatation, et désireuse d’équilibrer les dépenses du ménage, ce qui est un soucis constant chez les Mazet, Odile s’est rappelée que nous connaissions une éleveuse parmi nos proches.

Elodie remporte régulièrement des compétitions internationales canines avec ses deux chiens : le Corso fleuri, et l’Espincher nain. Le dessus du frigo, dans la cuisine, est le témoin éclatant de cette réussite, il en constitue le réceptacle et la vitrine. Comme autant de Grool, (un graal : des grool), les coupes finement ouvragées dans les métaux les plus précieux, arborent sur des plaques d'or scellées dans des socles en marbre, les élogieux palmarès glanés aux quatre coins de l'hexagone, et même au delà. Quand on manoeuvre la porte du conservateur, ou bien quand le thermostat intime au compresseur l'ordre de se mettre en branle, c'est un joyeux tintinnabuli de ciboires s'entrechoquant qui accueille le consommateur occasionnel ou régulier.

Ces succès sont dus à une sélection génétique rigoureuse, un entraînement intensif, un dressage constant, mais surtout à des repas diététiques amoureusement préparés. La fringale de ces bestioles, soumises à des cadences soutenues nécessite une alimentation équilibrée et quantitativement importante. En tant qu’éleveur, Elo bénéficie d’importantes ristournes pour l’achat en gros de nourriture. Ainsi se fait-elle livrer une palette de graines pour chien tous les trois jours. Elle a accepté de nous faire profiter des prix de gros qu’elle a négocié avec les fournisseurs. C’est donc pour cette raison surtout que nous ne pouvions manquer la répétition du mercredi, notre chatte criant famine devant sa gamelle vide depuis quelques jours, et recevant quant à nous d’autres amis prochainement.

Je plaisante, bien sûr. C’est l’enthousiasme sans cesse renouvelé, et l’attrait de la Salle des Possibles Musicaux, la « rythmythique » SJM, qui nous pousse chaque semaine à nous rendre chez les Fabre, comme les pèlerins font le voyage de Compostelle afin d’y rencontrer l’Indicible.

Nous arrivâmes vers 21 heures, le temps d’attendre Pierrot, d’admirer la coupe gagnée par Kayak la chienne, en championnat, et de caresser sa fille* (Canoë) qui arbore un très joli pelage gris. Dans le milieu canin, il faut le savoir, « gris » se prononce « bleu ». C’est en tout cas ainsi qu’Elodie, de passage avec le chiot nous l’a présentée : « Un cane corso bleu ». A ce compte-là me dis-je sur l’instant, comment qualifier la couleur des Schtroumpfs ?! Sans doute une teinte au-delà de l’indigo, non encore répertoriée dans le nuancier Pantone. Il est vrai que sous un certain éclairage, riche en ultraviolets, et en plissant fortement les yeux, à la lumière rasante, on distingue assez nettement des reflets tirant plutôt sur le bleu en mobilisant cette partie du cerveau qui, très sensible aux agents psychotropes, libère l'imagination et encourage à la rêverie hallucinatoire colorée. En la circonstance, un soupçon de daltonisme peut aider. Et pourquoi pas un doigt de cette boisson au tartan écossais dont on sait qu’elle a contribuée à asseoir la légende du Loch Ness en son temps, et donc tout à fait capable d’habiller en bleu n’importe quel animal.

Quand je parle plus haut de « caresser sa fille » bien sûr il fallait comprendre « la fille de kayak » pas celles de Pierrot. Comme je citai l’un et l’autre dans la même phrase et que j’ai une fâcheuse propension à multiplier les digressions, je voulais m’assurer qu’aucun amalgame, aucune confusion, et partant, nulle controverse ne puisse prendre corps à la lecture de mes propos. Plut au ciel que notre guitariste ne lise ces lignes ambiguës, ce dernier est d'une intransigeance maladive en ce qui concerne l'éducation de ses filles, sans doute sous le double joug d'une éducation judéochrétienne amendée par le rigorisme de Luther et Calvin et une enfance inscrite dans une multi-fratrie au chiffre honi par les superstitieux dirigée par une main maternelle affectueuse mais ferme toute entière acquise aux principes de Françoise Dolto qui la première affirma que « d'accord l'enfant est une personne, mais ce n'est pas une raison pour se laisser déborder sur les ailes » même si ces dernières sont protectrices.

Je reviendrai peut-être dans un autre billet sur l'âme tourmentée de notre soli(psi)ste.

Nous abordâmes sobrement notre training musical par « mâle entendu », que certains d'entre nous connaissent sous le titre de « Trouduc », bien que Pascou préfère le nommer « Oublie ». C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il entama sa partie avec l'intro de « Marre » (j'aime pas les épinards), en pensant à « Docteur Bonheur » que nous intitulons volontiers « psychotrope » à l'occasion.
Peut-être faudra-t-il un soir qu'on normalise tout ça. Là encore ça passe. Mais sur scène, ça peut faire désordre.

En parlant de scène, une perspective de concert privé semble se découper sur l'horizon des possibles musicaux. Sylvaine, la soeur de Catou, souhaite pendre sa craie maillère, vraisemblablement au début de février prochain. Nous pourrions être de l'aventure.

Forts de cette info, nous consacrâmes une bonne heure au travail sur « Oublie ». Comme d'habitude sur un titre nouveau, nous testâmes plusieurs formules. Nous dûmes la reprendre une dizaine de fois.
Bien que des progrès fussent notés, nous ne sommes pas satisfaits. Cependant comme le pied qui marque le tempo, façonne la Santiag à mesure qu'on la porte et lui imprime sa forme, nous prendrons possession de cette chanson.
Après un rapide marathon parcourant l'ensemble de nos oeuvres, nous déchiffrâmes la nouvelle production de Pierrot, dont le texte a été publié précédemment (cent balles, ou juke box).

Parmi l'éventail de versions proposées par le Leader Maximo, c'est la plus rock qui a recueilli nos suffrages (bien que j’aie eu un petit faible pour celle où le type se suicide à la fin), c'est donc celle-là que nous allons désormais développer.

En l’état, plutôt que de déchiffrage, il serait plus approprié de parler de défrichage. Et pour faire dans l’analogie bétépèsque, le chantier n’en est même pas au stade de la stabilisation du terrain : tout reste à faire.

Nous nous séparâmes à 23h17 pétantes.

* Alors que je faisais la lecture du présent compte-rendu à Odile, celle-ci m’apprit qu’il n’y avait aucun lien de parenté entre Kayak et Canoë.
Canoë a été achetée quelque part en normandie. Et Kayak n’a pas encore connu le (chien) loup.

samedi 6 décembre 2008

T'As Pas Cent Balles ?!

Nouvelle compo, sur un texte de Pierrot.
on voit déjà que ça n'aurait pas pu etre écrit par les BB Brunes par exemple,
pour parler de "cent balle" faut avoir été vieux avant 2001.Quant au juke box, tout le monde à son ipod perso..


Mettre cent balles dans le juke-box
Et danser comme un jobard
Sur le comptoir en inox
De ce bar

Faut que j’emballe avec finesse
Cette fille cachée sous son fard
J’dois en avoir fait des caisses
Elle se barre

Refrain

Débloquer le compteur
Ressentir mon corps vibrer
Entendre s’agiter mon corps
Fatigué

C’est maintenant où jamais
C’est maintenant où jamais
C’est maintenant où jamais
Je le sais
(bis)

Mettre les voiles, border l’écoute
Suivre les vagues et le vent
Faut quej’détale coûte que coûte
Droit devant

Faut que j’emballe façon malin
Cette sirène perchée sur son phare
J’dois pas avoir l’air marin
Elle se barre

Ref

Pont

Ref

jeudi 4 décembre 2008

Demain J'Arrête !


"Voici une chanson qui parle de coeur brisé, de douleur et d'amour perdu, que j'ai écrite tandis-que je tentais d'arrêter de fumer.."


Depuis quelques temps je caresse l'idée peut-être un jour, à l'occasion, si l'opportunité se présente, si une fenêtre de tir se dégage, d'éventuellement arrêter de fumer. enfin il m'arrive parfois, vous voyez, dans des moments d'exaltation intense, notamment après un bon cycle cinéclub consacré à Bergman, d'envisager sur un coup de tête cette éventualité.

Le plus souvent d'ailleurs quand j'y réfléchis, c'est devant le buraliste avide qui me regarde d'un oeil hilare tapoter fébrilement et à contre-coeur le mange-carte afin de l'amener à creuser un peu plus un découvert aux profondeurs abyssales, que je ressens ce genre de pulsion vertigineuse.

Je ne sais pas si c'est une bonne idée, surtout compte-tenu de ma production littéraire notoirement revigorante de par une coloration où l'espoir le dispute à la franche poilade, notamment au niveau des textes hilarants que je propose au groupe alors que mes systèmes - le nerveux et le sanguin- sont bourrés de nicotine.

Je me mets à la place du lecteur inquiet en droit de se demander ce que serait ma prose si j'étais tout soudain confronté à un état de manque -même volontaire-.

Je vais peut être temporiser un peu. le temps d'analyser tout ça.

mercredi 3 décembre 2008

In Extremis (CR du Mercredi 27)

J'étais de garde à hôpital ce mercredi dernier. Régulièrement dans le cadre de ma mission de service public, telle que gravée au frontispice du temple que constitue pour moi l'Institution Hospitalière au coté des mots "égalité", "fraternité", et euh... "santé" je crois, je consacre à titre quasiment bénévole une partie de mon temps à la prise en charge de la souffrance et la détresse de mes concitoyens vauclusiens. Terminant à 21h je n'ai pu me présenter dans les locaux de la SJM que vers 22h.

Phil le K était absent. Un décès dans sa famille l'ayant retenu auprès des siens.

Odile également manquait à l'appel. de retour dans la soirée d'un stage sur Lyon, elle ne se sentait pas, après la journée de travail et le retour en train, de pousser la chansonnette.

Pierrot s'est mis à la batterie, son énergie échevelée aux conséquences aléatoires mais toujours passionnantes, compensant une rigueur plus approximative que celle de PleK. Nous avons passé en revue l'ensemble de notre répertoire, profitant de l'absence de Phil et Odile pour improviser et expérimenter un peu. Rien de rare n'est sorti de la session, aucune raison de s'emballer, donc ; Mais c'était globalement plaisant. Comme à chaque fois qu'il manque un musicien, c'est toujours un peu déroutant. Surtout lorsqu'il s'agit d'un membre de la section rythmique. D'autant que du coup la guitare solo manquait aussi à l'appel. Cependant il y a un coté positif : ça nous a obligé à prendre en compte des conditions différentes d'interprétation. Pouvoir jouer dans n'importe quelles conditions, que celles-ci soient modifiées par l'environnement, le matériel ou les musiciens est très formateur. Il est toujours mieux de galérer pendant une répétition que plus tard sur les planches d'un concert ! et plus nous aurons rencontré d'écueils, et trouvé la solution qu'il convient, mieux nous serons armés pour la suite.

Le son était plutôt bon ce soir. Incontestablement Pierrot tape moins fort que Plek. Mais comme dans le paradoxe de l'œuf et de la poule, on s'est demandé si Phil le K joue fort pour couvrir le son de la guitare de Pierrot, ou bien si Pierrot, n'ayant pas à eu à couvrir le son de sa guitare (puisqu'il ne jouait pas) n'a pas eu besoin de taper plus fort.

Est-ce Pierrot qui oblige PHil à taper comme un sonneur, ou bien Pierrot monte-t-il son ampli à des sommets insoupçonnés pour entendre sa guitare sous les coups de boutoir des caisses du batteur ?

Un jour, des scientifiques théoriseront sur ce sujet complexe et tenteront d'y apporter une réponse documentée. Pour l'heure je me suis réjoui : je m'entendais !

En résumé nous avons plutôt travaillé les nouveaux morceaux, mais nous n'avons pas fait l'impasse, comme souvent faute de temps, sur les "morceaux connus" que nous nous remettons systématiquement en tête et en doigts depuis une ou deux séances.

A la fin de la répète, vers 23h, nous avons écouté plusieurs version du très jamesbondien "demain ou jamais" -paroles et musique de Pierrot- dont nous avons pu apprécier les variations, allant de la ballade mélancolique au rock quasiment guerrier.

Chaque version a son charme, ses atouts, l'idéal serait d'en faire un mix. J'ai encore récemment trouvé dans ma boite mail d'autres essais de notre Leader Maximo, qui vont encore ajouter à notre indécision, tant l'imagination de notre Guitar Héros est grande.

Pour changer de sujet : à ce jour, aucune proposition concrète d'engagement.

Philou a bien émis l'idée que nous jouions pour une soirée Foncia, mais désormais nous avons placé la barre haut : passé le simple plaisir de se produire en public, notre niveau d'exigence s'est élevé : il nous faut une rémunération. Et décemment, on ne peut pas faire payer Philou ! Le type de Sainte Anastasie ne semble pas vouloir renouveler l'expérience champêtre de l'année dernière (du moins, pas avec nous). ll n'y a pas d'anniversaire en vue, ni de fête de la musique imminente, encore moins de bodega demandeuse. Par conséquent nous voila libres de nous plonger dans la création musicale sans l'épée de Damoclès d'un engagement prochain à honorer.

dimanche 30 novembre 2008

Chantons sous la Douche


Pour nos amis inconditionnels du micro, qui ne sauraient s'en passer ne serait-ce que pour chanter dans la douche, ce petit accessoire déniché sur ce blog regorgeant d'inventions toutes aussi indispensables les unes que les autres.

samedi 29 novembre 2008

le Son des UFR

mercredi 26 novembre 2008

L'amour est Un Terrasier

Et puis tu m’as laissé, seul abandonné,
En morceaux, cassé, tout éparpillé
Tu m’as laissé à part
Sans aucun rempart
Tu m’as foulé du pied, tu m’as piétiné
Sans même un regard
Sans dire au revoir

Je voudrais te dire que je vais bien
Je vais bien
Je voudrais te dire que je vais bien

Longtemps je suis resté amer et prostré
Comme désemparé, seul désabusé
Dans le silence du soir
Ma tête en plein foutoir
Toi tu t’es éloignée sans te retourner
Je n’avais pas d’espoir
Livré au hasard

Je voudrais te dire que je vais bien
Je vais bien
Je voudrais te dire que je vais bien

Je me suis vengé, parfois j’ai encaissé
Mais j’ai recollé les morceaux fêlés
Ma vie est un chantier
L'amour son terrassier
Ma terre en friche attend qu'on la fauche
Pour que repousse encore
La passion qu’on dévore

Je voudrais te dire que je vais bien
Je vais bien
Je voudrais te dire que je vais bien

mardi 25 novembre 2008

De l'Autre Coté des Miroirs

Après ce que nous avons vécu ce dernier week-end, durant les deux heures intenses du concert de SQ, comment s'atteler sérieusement au compte-rendu de notre dernière répétition ? Je crois que c'est là une gageure. Cependant l'exhaustivité de notre démarche nécessite qu'on en passe par là.

Que s'est-il donc passé mercredi dernier qui mérite de retenir notre attention ?

L'immuable SJM nous attendait, nous l'investîmes avec bonheur. Il est bon de retrouver cette salle chaque semaine, elle est désormais empreinte de quelques uns de nos meilleurs souvenirs musicaux, elle est chargée aussi du poids d'incroyables désastres cacophoniques. La SJM en ce sens est une métaphore de la vie, ses joies, ses peines, ses plaisirs simples et partagés. Elle est le réceptacle de nos espoirs et nos passions, de nos humeurs et nos coups de blues. Tel le phénix, elle renaît de ses cendres selon un cycle immuable pour mieux abriter la vie fragile de notre groupe. Surtout elle atteste d'une valeur fondamentale de l'humanité, qui se caractérise par l'importance de la relation au monde et à l'autre, et fait de lui l'Animal Social.

Ce qui m'amène a une découverte fondamentale et fascinante de la dernière décennie en neurosciences, dans la compréhension du cerveau humain : les neurones-miroirs (Giacomo Rizzolatti - 1996) Ils sont tout simplement à la base de notre civilisation et toute nos actions ne sont que le « reflet de ces miroirs ». Ce sont des syntoniseurs, à l’image de ce dispositif des transistors anciens qui rentrait en résonance avec les ondes radiophoniques pour produire du son (le bouton de l’accord et l’œil magique qui darde quand on est calé sur la station). Ils interprètent nos perceptions pour leur donner du sens. Ils sont à l'origine de notre socialisation, par l'appréhension, la compréhension et l'interprétation de notre environnement mais aussi des autres individus. Il nous aident à faire la différence entre ce qui nous ressemble -les autres humains- et de simples objets. Par la même ils participent à la notion de conscience de soi. Ils traduisent notre degré d'empathie, interviennent dans le processus d'apprentissage, par le biais de l'imitation.

Notre langage, notre gestuelle et tout ce qui fait que nous possédons des outils communs de communication résultent du travail de ces cellules. Ils ont surtout une fonction essentielle à l'évolution de notre espèce : celle de nous permettre de « désapprendre » c'est à dire de développer des nouveaux schémas de pensée. Grâce à eux, nous pouvons expérimenter et élaborer de nouveaux circuits neuronaux qui nous permettront de nous extraire de la routine. Ils ont initié toutes les grandes inventions, là où les animaux supérieurs comme les dauphins ou les éléphants sont condamnées à reproduire génération après génération, les mêmes comportements (on le voit bien, concernant les pachydermes, avec le triste spectacle que nous donne le PS). Ce qui est troublant, c'est que leur étude montre deux choses, on n'imite pas une action, comme on pourrait le croire, mais une « intention d'action ». C'est-à-dire que si on regarde quelqu’un s’acharner, sans résultat, sur le bouchon d’une bouteille de boisson ambrée (par exemple) et qu’il nous la tend, on n’imitera pas seulement son geste, on imitera son intention de l’ouvrir, développant au passage un sentiment de concurrence qui nous poussera à l’ouvrir, cette putain de bouteille, pour bien montrer à l’autre qu’on a réussi là où il s’est vautré dans l’échec.
Cela laisse entrevoir qu'il y a un lien informel entre individus qui dépasse le simple échange par signes, quels qu'ils soient. Lorsqu'on observe avec une caméra à positons l'activité cérébrale de deux individus, les mêmes aires cérébrales « s'éclairent » chez celui qui regarde et celui qui agit.

C'est à cause des neurones miroir que Jésou apprend et retient un enchaînement d'accords que lui montre Pierrot, c'est aussi par le mécanisme de leur action que je décide d'interpréter différemment une chanson après que ce même Pierrot me l'ait chantée. Elle nous permet de partager la même émotion, de la reconnaître comme telle. Par leur biais nous développons un langage commun, non verbal, à base de gestes, de mimiques dont la compréhension est commune à l'émetteur comme au récepteur du message, sans qu'il soit besoin de le verbaliser. C'est le phénomène d'empathie qui fait que ce qui est important pour l'un est décodé comme important par l'autre, sans qu'il soit besoin de l'exprimer explicitement.

On en a vu une illustration parfaite lors du concert des Status Quo. Rossi et ses compères les ont mobilisés à plein rendement, ces neurones miroirs; et dans nos têtes des aires « miroirs » vibraient à l'unisson. Quant Edwards s’est rapproché d’Alice, lui tendant un bras en souriant connement, l’un et l’autre ont très bien compris, sans avoir à le formaliser, l’émotion du moment. Ils étaient en phase. Alice était passée de l’autre coté du (neurone) miroir.

Mais tout cela appelle tout de même une remarque. Si on devait faire une analogie avec le fonctionnement d’un ordinateur, on pourrait souligner qu’il s’agit là d’une logique câblée, par opposition au software. En d’autre terme, nous sommes prisonniers de règles de comportement directement induites par programmation génétique. Ceci est avéré par des études montrant que l’autisme, ou certaines psychopathologies seraient le résultat d’un défaut de neurones miroirs.
Mais alors, cher Jacques (Monod), quid du libre arbitre si nous sommes prédestinés à agir dans un carcan comportemental inhérent à notre nature profonde ?

Putain, ça fout les jetons.

Je serais rassuré d’apprendre qu’à l’instar des neurones miroirs, il existe aussi des neurones « pif-paf » (pile ou face), dont l’action nous ferait agir au hasard.
Et puis je me demande tout de même une chose, vu les possibilités infinies des connexions neuronales, pourquoi imite-t-on si mal ? Enfin tout de même ! À avoir une structure si miraculeuse, on l’espèrerait plus efficace. Pourquoi le simple fait de regarder un geste ne nous permet-il pas de le reproduire à la perfection, pourquoi cette longue succession d’échecs avant de parvenir au succès ? Est-ce un problème d’appauvrissement du signal, un transcodage imparfait ? Des interférences dans l’éther qui nous sépare les uns des autres ? Pourquoi même après avoir écouté Lenny Kravitz 50 fois, suis-je incapable de chanter « I’ll be Waiting » ? Et coté empathie, comment se fait-il qu’on ne comprenne pas mieux les femmes, ces être mystérieux ? Manqueraient-elles de neurones miroirs ?

Cependant il s’est passé un phénomène intéressant lors de la répète, ce mercredi. J’ai perçu les « bonnes vibrations » comme jamais ; sur un rythme lent et lourd, j’ai ressenti le blues comme rarement, et j’ai laissé s’écouler l’émotion de ma voix. Et éprouvé au creux de mon ventre le cri des guitares, le feulement de la basse.
Je crois que certains des mes amis ont partagé ce moment. De l’autre coté des miroirs.


pour en savoir plus sur notre relation à la musique d'un point de vue cérébral visitez ce lien, passionnannt :

dimanche 23 novembre 2008

Status Quo au Zenith

Il me vient à l’esprit ce titre des Clash, «The Magnificent Seven »en référence au film mythique de Jonh Sturges éponyme, lamentablement traduit en français par « les sept mercenaires ». Les musiciens de Status Quo ne sont que 5 sur scène. Mais on peut sans grandiloquence les qualifier de « magnificent five » tant leur concert est à couper le souffle. Les guitaristes/chanteurs Francis Rossi et Rick Parfitt, le pianiste Andy Bown, le bassiste John "Rhino" Edwards et le batteur Matt Letley nous ont livré deux heures de musique passionnée, intense, physique, avec une aisance déconcertante pour nous autres, besogneux du rock, englués dans nos imperfections.

Nous arrivons au Zénith de Montpellier vers 18h30, par une soirée venteuse et fraîche. Une petite foule attend déjà devant les entrées closes. Une moyenne d’âge tutoyant la cinquantaine qui nous renvoit en miroir notre propre parcours. Dans la queue peu de jeunes, des conversations tournant autour de sujets graves (le PS, les passifs boursiers, la bulle immobilière..). On cherche du regard les déambulateurs et les fauteuils roulants qui confirmeraient l’aspect vintage de ce rassemblement. En parcourant les abords, on cherche les antennes SAMU, qu’on imagine nombreuses, et leur personnel qualifié dont les organisateurs ont surement pris la précaution de s’adjoindre les services afin de prévenir les accidents de piles cardiaque et autres désagréments d’une population dont la naissance coïncide avec celle de la télévision (en noir et blanc) et le lancement du spoutnik.

Les portes s’ouvrent enfin et laissent s’écouler le flot, à peine ralenti par des videurs débonnaires s’étonnant juste que ces dames aient pris la précaution de ne pas prendre de sac. Ils ne prennent même pas la peine de nous fouiller !
L’entrée du zénith rappelle celle des grands complexes cinématographiques : grand hall bordé de stands où se pressent déjà les premiers estomacs vides. Nous longeons l’échoppe Haggen Dass pour emprunter le couloir qui mène à la fosse. Pour l’heure nous n’avons aucune difficulté à atteindre la scène et prendre position. Sylvie se campe sur ses jambes et organise les rotations. Elle ne bougera plus de là durant toute l’attente du concert. Nous apprenons que la première partie sera assurée par Michael Johns l’ex-guitariste de JJ Goldman. Fort de cette information, nous partons au ravitaillement. La buvette, sans être prise d’assaut, est déjà bien fréquentée et nous mettons plusieurs minutes à commander des hot dogs. Lorsque vient notre tour, il n’en reste plus que 5. Surprenant de constater que l’approvisionnement soit si chiche pour un concert qui va rassembler 4000 spectateurs.

La salle se remplit tandis-que nous attendons Michael. Je regarde la scène. Je devine sous des grandes toiles noires, le matériel des SQ. Devant, plus modestes, les instruments du groupe de première partie.

Michael Johns, accompagné d’un batteur et d’un bassiste, s’avance sur scène. Je ne le reconnais pas tout de suite. Il est plutôt petit, ses cheveux poivre et sel sont coupés courts. Ca démarre. Le bassiste en fait des caisses, prend des postures, arpente les « stages ». Mais la sauce ne prend pas vraiment. Comme nous sommes civilisés, nous applaudissons poliment aux titres enchainés, mais sans grand enthousiasme. Le bassiste, qui vient de Pezenas, tente de nous faire battre des mains, avec un succès mitigé. C’est vers la fin que nous manifestons un peu plus d’empathie. Il fait dire que les trois derniers titres sont des emprunts aux standards du rock. Finalement Johns nous laisse au bout d’une demi-heure. Contrat rempli. C’et un excellent technicien, mais ses chansons sont sans grand intérêt d’un point de vue mélodique, et manquent de rythme, surtout dans ce contexte particulier où nous attendons les princes du boogie. Il lui manque le charisme qui électrise les foules. Ce qu’il joue est « plaisant » mais sans aucune originalité. De plus il est très handicapé par une sono qui ne le favorise pas : on entend à peine sa voix, qui se noit dans l’acoustique des guitares et les martellements du batteur. Des spectateurs lui en font la remarque entre deux morceaux. Johns interpelle la régie pour améliorer le rendu sonore, mais visiblement sans grand succès. Comme le dit Jésou, le son de la première partie n’a rien à voir avec celui du concert lui-même. C’est à se demander s’il n’y a pas une volonté délibérée derrière tout ça. Mais en l’occurrence, avec Michael Johns ce n’était pas la peine de la part des organisateurs, de saboter le son : Il s’en charge très bien tout seul !

Nous profitons de l’entracte pour aller fumer une cigarette, et lorsque nous revenons dans la fosse, nous constatons qu’elle s’est bien remplie dans l’intervalle. Il faut un peu se contorsionner et jouer des épaules pour atteindre le reste de la bande restée en place. Mais rien d’insurmontable. Les espaces restent corrects. Sylvie s’est remarquablement acquittée de son travail de préservation de notre territoire. C’est elle qui organisera durant le concert la noria des filles afin qu’elles puissent se tenir au contact de la scène. Nous patientons un quart d’heure. La tension monte. Sur les trois écrans géants qui surplombent la scène, passent des photos du groupe. En contrebas, dans la pénombre, les formes blanches des amplis de scène se détachent nettement du grand rideau noir qui circonscrit l’espace. Ce sont des Marshall, il y en a 6. La batterie est installée au milieu, à sa droite les claviers attendent Andy Bown ; devant, trois micros se tiennent prêt à délivrer le message des chanteurs. Un machiniste dépose au pied des micros des feuilles blanches sur les quelles on distingue une liste. Sans doute celle des titres de ce soir. Puis la lumière change, les projecteurs s’activent. Derrière la scène on entend des essais de guitare, et on perçoit une accélération des mouvements, quelques derniers « stagemen » en short venant fugitivement vérifier tel ou tel équipement puis disparaissant derrière la scène.

Le noir se fait. Seul un éclairage ultraviolet parcourt la salle. Une note électronique, sourde s’installe puis enfle, imprimant une atmosphère solennelle au lieu. Des silhouette se découpent dans l’obscurité scénique et prennent possession de l’espace. Avec l’éclatement des sunlights qui éblouissent la scène déferle un déluge de son. Nous reconnaissons l’intro : c’est Caroline. Ca y est on est dans le bain, et déjà on sait que la soirée sera mémorable. La scène est très large, on a du mal à embrasser d’un même regard tous les musiciens. Ils sont à trois mètres de nous, et nous découvrons leur visage. Ils sont marqués. On comprend que quarante ans de tournées en ont façonné l’aspect.Rossi semble être celui qui a le moins changé. Il joue avec une étonnante désinvolture, ses doigts caressent les cordes avec une aisance surprenante. L’instrument est une extension du corps mince du chanteur. Ce dernier ressemble un peu à Guy Marchand, il porte ses cheveux en catogan. Il se déplace constamment, joue avec la scène, apostrophe le public, puis s’approche du pianiste ou du batteur pour échanger quelques mots. Quand il part dans des solos, il « meumeume » les notes, son expression s’accordant à la « couleur émotionnelle » de ses variations. Il pleure, il rit, s’étonne, puis redevient sérieux au rythme des accords qu’il plaque et du jeu de sa main droite. Selon le morceau, il cède sa place de chanteur à Parfitt. Celui-ci est plus marqué que son comparse, un peu plus vouté, plus massif aussi, son visage raconte des années d’excès et de galère. Mais sa voix reste intacte, celle d’un Guitar Héro, dont les accents se font lyriques à mesure qu’elle se chauffe et atteint sa pleine mesure. Régulièrement tous se retrouvent autour d’un chorus, instrumental ou musical. Le pianiste prend sa guitare et se joint aux guitaristes. Ils jouent et chantent à l’unisson, développant des harmonies, s’accordant à la tierce pour produire des phrases mélodieuses qui contrastent, telles des oasis au milieu du maelström musical.

Le pianiste est incroyable. C’est un homme mince, au visage impassible. Il porte une chemise immaculée totalement raccord avec sa crinière blanche. Il a une démarche de dandy anglais. Parfois ses traits s’éclairent d’un sourire lumineux lorsqu’il s’approche du bord de la scène et adresse un regard à quelque groupie
C’est d’ailleurs une constante parmi ces Rockeurs, la fraîcheur, le regard juvénile et rieur, un humour potache et le désir d’aller au devant du public et de rentrer en communion avec lui. C’est étonnant. On pourrait imaginer qu’après plus de 5000 concerts au long de ces années, ils se soient blindés, blasés et n’offrent plus qu’un jeu aseptisé au public. Mais au contraire l’émotion est intacte. Ils prennent du plaisir à ce qu’ils font et ils savent partager celui-ci avec l’auditoire. Les trois plus vieux, Rossi Parfitt et Bown frisent la soixantaine. Les deux « juniors » frôlent les quarante ans. Le bassiste, Edwards, semble le plus marqué du groupe. IL est d’une laideur attachante, son facies porte les stigmates d’abus en tous genres. Il arbore une basse futuriste, dépourvue de clés au bout du manche, ce qui lui donne un aspect bizarre, « pas fini ». Au milieu du manche, entre deux frètes, des diodes projettent une lueur rouge. Simple dispositif décoratif, ou élément concourant à quelque réglage ? Toujours est-il que c’est du meilleur effet ! Quand il s’approche de la scène, le « jeunot » semble faire son marché : il pointe du doigt telle ou telle fan puis lui sourit de manière engageante l’air de dire « on se retrouve dans ma loge après le concert, baby ». Il prend des poses théâtrales, puis arpente la scène pour entamer un conciliabule avec le pianiste ou le batteur.

Il se dégage de ce concert une impression de complicité entre les musiciens, de plaisir partagé. Le professionnalisme n’est pas un carcan pour les SQ, mais le ciment qui permet à l’édifice de s’élever. Cette base technique, les automatismes qui sont mis en place, permettent à chacun d’exprimer sa sensibilité sans plus se préoccuper de l’aspect opérationnel. Le soucis permanent qui est le notre de savoir ce que les autres font, et de s’assurer que nous jouons bien ensemble, la concentration qui nous est nécessaire pour jouer chacune de nos compos, tout cela les SQ l’ont assimilé et évacué. Ils peuvent alors exprimer leurs émotions spontanément, les autres réagissant instantanément, comme un troupeau de gnous change subitement de direction dans la savane, sans qu’on sache très bien lequel a initié ce mouvement. De temps en temps, je regarde mes amis : On dirait des enfants regardant pour la première fois un Walt Disney.
Poun notamment aura passé le concert bouche bée, un sourire aux lèvres, émerveillé. Plus technicien, Pierrot semble analyser le jeu des guitaristes afin de se l’approprier et tirer des enseignements qui nous seront utiles pour nos répètes. J’avais de l’inquiétude concernant les filles. Mais elles paraissent conquises. Elles ondulent, manifestent, accompagnent, applaudissent. Leurs yeux brillent de l’émotion qui se dégage de cette soirée. A coté un groupe important connaît les chansons par cœur. Ils appuient les refrains de leurs bras brandis et de leur voix. Ici ou là un pogo spontané s’instaure, les corps sautent et se bousculent. Parfitt les interpelle, joue avec eux, et c’est un véritable échange qui s’installe dans la salle.
Vers les deux tiers du spectacle, les musiciens se retirent en coulisse pour se désaltérer et soulager des prostates malmenées. Le batteur en profite pour dérouler un solo époustouflant. Le jeu de lumière accompagne ses scansions et rythme les phrases de percussions, donnant l’impression d’un spectacle pyrotechnique. Les pressions générées par les caisses sont tellement fortes qu’elles sont autant de coups de boutoir que nous prenons en plein ventre. Nous sommes balayés par une onde puissante qui nous laisse pantelants et émerveillés. Je me prends à imaginer que ce sont autant de souffles d’explosions qui assaillent nos muscles, nos viscères et nos sens. A ce stade il n’est plus temps de rationaliser quoi que ce soit. Il s’agit d’émotions pures, qui balaient toute raison, toute réflexion. Même le sens esthétique se met en veilleuse. Ne reste qu’un plaisir sauvage, celui des tribus dés débuts de l’Homme, autour du feu, quand les corps luisants de sueur se mêlaient frénétiquement, habités par quelque esprit chamanique avant que la folie sexuelle ne les emporte dans une nuit torride. Un temps, j’ai la tentation d’étreindre ma voisine (Lolo) mais il me reste encore assez de self-contrôle pour renoncer.

Parfitt s’approche de nous, se penche. Mu par l’instinct, je lance vers lui mes deux bras, doigts tendus, je hurle. Il me regarde, nos yeux se croisent. Les siens sont malicieux. Il me fait signe qu’il veut que je lui donne mon manteau de cuir, que j’ai passé sur mon Tshirt des UFR. Je ris, béatement, fais mine de l’ôter. Puis il s’éloigne. Déjà l’attire Alice, qui s’est débarrassée de son pull. Il fait une chaleur moite : La chaleur des corps, les odeurs des corps que ne masque plus celle des cigarettes, désormais interdites. Alice porte un petit haut blanc à fines bretelles, elle ondule au rythme du couple bass/batt. Elle apprécie ; son corps se fait liane, ses sens en émoi, sa poitrine se soulève et tire l’œil du bassiste qui s’approche et lui sourit. C’est une messe païenne, ils en sont les officiants, nous en sommes les fidèles. En guise d’Ostie, au terme de leurs solos, les guitaristes lancent à la foule leur médiator : prenez, ceci est ma sueur, donnée pour vous en permission des péchés.

Cela fait presque deux heures qu’ils jouent. Ils ont interprété Whatever. J’ai chanté à pleins poumons. Et maintenant ils sortent de scène. C’est fini. Pas tout à fait : on les réclame, on les acclame, on invective, ça siffle, ca chante, ca tape des pieds derrière, sur les gradins des nantis assis.

Ils reviennent. Une ovation gronde et enfle. Exultation et joie, assouvissement, partage, plaisir immédiat. Deux derniers titres, des reprises, des standards du Rock N’Roll. Et puis comme la marée se retire et abandonne sur la plage les coquillages épars, les musiciens disparaissent rapidement derrière les rideaux. On attend encore. Quelques rappels. Lentement c’est le retour à la réalité. Un peu désemparés par le silence soudain, et le calme étrange qui s’installe, on quitte à contre cœur la fosse, sans se presser, dans le recueillement.

Alors que nous passons les lourdes doubles portes métalliques et allumons la cigarette qui va accompagner l’échange de nos premières impressions, un bus s’éloigne déjà et passe l’entrée monumentale du parking. Le prochain concert est à Nice. Ils y seront dans la nuit tandis que dans la salle désertée, les machinos démontent le matos.

The show must go on.

Prochainement : Status Quo, Le Récit

samedi 22 novembre 2008

La Gibson, By Kalach'

On connait Pierrot comme un être calme, posé, mesuré. Il supporte avec élégance nos caprices de stars, nos limites, nos approximations. Il tente constamment de rester à notre niveau et nous porte à bouts de bras dans notre lente progression vers l'Everest du Rock.
Cependant derrière cette façade lisse et courtoise se dissimule un artiste passionné bouillonnant, foisonnant, qui s'accomode difficilement de la lenteur de notre travail.

Je connais bien le Leader Maximo, et j'ai pu reconstituer à partir d'une analyse psychologique poussée l'instrument qui correspondrait le mieux à ses attentes, et lui permettrait, lorsque nous sommes tous rassemblés dans la Salle Jim Morrison, l'antre des possibles musicaux, d'enfin exprimer son moi profond dans sa confrontation hebdomadaire à nos pitoyables divagations.

Ce qu'il nomme en privé "une guitarme de poing" et qu'on trouve sur Ebay, sous licence Gibson, manufacturée par Kalachnikov et montée sur un chassis d'AK 47, lui permettrait enfin de corriger efficacement nos erreurs.
De "corriger le tir" en quelque sorte.

mardi 18 novembre 2008

La Guitare Suisse


Le week end dernier Pierrot a ramené de Lyon, acheté sur Ebay, un "clavier maître" et son expander. Il possède aussi une batterie, quatre harmonicas, un autre clavier, un violon, une basse, trois cochons d'inde accordés au La 440 quand on leur presse le ventre, et un cor de chasse ainsi qu'un chien feru de bel canto.

Il lui manquait, pour "faire la synthèse" (expression à la mode dans le contexte électoral du PS actuel), une guitare suisse, qui est à l'arrangement ce que le couteau helvète est au randonneur : universel(le).

Une Répète Très Quelconque (Par Poun)

Mercredi dernier,routine oblige,nous nous sommes retrouvé a 9 heures chez les fabres
On s'est bu un petit café puis dès que pierre est arrivé,descente au sous sol (salle j.morrison)et attaque immediate de nos morceaux .
C'etait bien!
a 11 heures on a plié le matos et chacun est rentré chez soi
FIN
Au fait, mitch et odile,je crois me souvenir,n'etaient pas là

poun




2eme version:

L'etre humain est extraordinaire!
Finalement,on se ressemble tous,une tete deux bras deux jambes,un sexe,suivant qu'il ressemble a un concombre ou a l'interieur d'une caverne broussailleuse (encore que ce soit plu trop a la mode) on est un garçon ou une fille,mais a ce detail pres,on est tous pareils.
Sauf que.....
Sauf que,certains d'entres nous on un don,et là.....on touche au merveilleux
ça ne s'analyse pas,ça ne se quantifie pas,ça ne se mesure pas
Le don est irrationel,intangible et inexplicable
Ainsi pour pierrot tout le monde le sait,c'est la musique,elle coule en lui ,en flots impetueux comme le gange a travers l'inde
kéké lui c'est la photo ,farçi comme un chou ,une main attaché dans le dos,un instamatic kodac dans l'autre ,et les yeux bandés,il vous fait des photos digne de julien clergue,ou de botani rince
phil le k: si vous voyez a quelle vitesse il s'enfile un bol de riz gluant,rien qu'en maniant ses baguettes......c'est allucinant!
Jesou lui,c'est pas les baguettes, c'est plutot la braguette son domaine!
je connais une tonkinoise qui est devenue aveugle,sourde et muette ,apres avoir passé une nuit dans ses bras
philou ,il est capable de vendre le plus infame taudis qu'on puisse imaginer a un redoutable requin de la finance au prix d'un hotel particulier du marais,sans que cet expert en arnaques en tous genre n'y entrave que pouic!
ET LES FILLES,elles aussi elles ont des dons!
Odile.....ces seins....magnifique!
laurence ...ces seins .....merveilleux!
sylvie.....ces seins....sublimes!
bref,pleins de gens ont un don ,sauf moi!
c'est du moins ce que je pensais jusqu'a il y a peu,mais voila,j'ai trouvé
Moi aussi je suis béni du ciel
Bon,c'est un peu special comme don, mais peu importe ce qui compte c'est d'en avoir un

Moi le matin,je me lève et comme une fulgurance,en un instant je pressent ce que sera ma journée
Par exemple,un jour quelconque de la semaine ,j'ouvre un oeil,il pleut,il fait froid,je dois aller travailler,le reveil a pas sonné,j'ai plus d'essence dans ma voiture,plus de cigarettes dans mon paquet de gitanes.....et bien,d'un coup,sans aucune espece d'hesitation je m'affirme,in petto....journée de merde!
c'est pas beau ça?
Mercredi dernier,et c'est a ça que je voulais en venir(je sais, ça a été un peu long)en ouvrant les yeux,je me suis dit journée extraordinaire!et effectivement,la journée,s'est passé comme dans un rève,mon café au lait du matin etait parfait,en general,ou je m'ebouillante,ou c'est tiedasse.
le petit creme qui a suivit ,pris au jean-jaures avec kéké,fut lui aussi tres agreable en tout points,une savoureuse discution a batons rompus sur les innombrables plaisirs que nous procure notre metier,
discution regulierement interrompue par la venue de charmantes jeunes femmes passant nous saluer,une ex fiancée de vincent,puis madame almensa et son chihuahua.
Diverses,mais toutes charmantes,visiteuses medicales ,au sourire aussi aguichant qu'est profond leur decolleté,c'etait vraiment tres agreable
apres ça, j'ai vu pierrot au bar de castanet,s'en est suivit la degustation d'un excellent café allongé que nous avons savouré accompagné d'une tarte au pomme delicatement parfumée a la canelle que lui prepare quotidiennement une de ces patiente qui n'a visiblement rien d'autre a foutre de toute sa journée!
Puis rentrant d'intermarché,je suis allé rendre mes hommages du matin a ma bien chere mere,qui toute heureuse de me voir m'a preparé un petit nescafé chicoré des familles, je ne vous dit que ça!
Apres le dejeuner de midi on s'est enfilé,catou et moi.........un petit nespresso bien corsé
A quatre heure,ma belle soeur sylvaine est passé nous dire un petit bonjour,et nous porter les legumes bios de la semaine :l'occasion etait belle ,nous avons pris une legere collation accompagnée d'une ricoré bien fumante: un regal!
C'est apres le repas du soir (excellent repas et surtout excellent dessert :une mousse au café)que je me suis offert un petit expresso bien serré comme je l'aime
Arrivé huit heures,je pars chercher laurence ,notre clavier,qui n'aime pas rouler de nuit et que je devais par consequent covoiturer jusque chez les fabres .
En parfaite femme d'interieur ,elle m'a bien evidemment proposé un petit café,que je bus, langoureusement installé dans ces fauteuils club aux couleurs eclatantes ,mais le devoir nous appelait,et nous repartimes ,la fleur au fusil et le coeur en fete vers notre destination finale.
Arrivé chez nos hotes,l'accoeuil fut a la mesure de nos esperances,sylvie nous avait preparé un gateau ,sa specialité,ai-je cru comprendre:
on appelle ça un moka, je n'en connait pas les ingredients,mais c'etait tres bon,surtout accompagné d'un sublissime "ristretto" de chez nespresso
Que dire de la prestation musicale qui suivie sans etre exagérement dithyrambique ?.....C'est pas facile ;en fait tout fut a la hauteur de cette belle journée,le son .....ideal
les voix .......cristallines
les instrumentistes ....excellents

VERS 10 Heures 30 ,petite pause,mais pour une fois sans alcool,juste un petit café,et puis c'est reparti sur les celebres reprises qui ont fait notre reputation dans le landernaux nimois
A 11 heures comme nous l'avons décidé ont a plié boutique ,et chacun est rentré chez soi
Sauf moi evidemment qui devais ramener laurence a son domicile,mais la belle toute emoustillée par l'excellence de notre repetition,et la promiscuité sensuelle qui nous unissait dans ma petite voiture,m'a proposé,la levre humide et l'oeil langoureux......d'aller boire un café dans un café ,ce qui fut fait!
Deux heures plus tard,je la deposais avenue carnot
Il faisait nuit, tout le monde dormait dans la maison ,il regnait dnas cette demeure silencieuse une athmosphere irreelle,propice a tous les debordements des sens ,soudain une impulsion subite et irrepressible nous envahis tous les deux, et faisant fi de toute pudeur et sans aucune retenue nous nous enfilames sauvagement!



Un dernier café

Oups,fautes de frappe

Je reprend: y en a qu'on pas tout suivit,je disait donc : Nous nous enfilames sauvagement un dernier café!
Puis je suis rentré chez moi.....un dernier petit caoua et au lit!
Et bien croyez moi ou pas,mais bien que j'ai passé une excellente journée ,cette nuit là.....j'ai tres mal dormi! comprenne qui pourra!

Au fait, mitch et odile,je crois me souvenir,n'etaient pas là