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dimanche 28 septembre 2008

L'esprit de Karl & Groucho Marx

Les mecs, ce dernier mercredi je me suis éclaté. Le son était parfait pour moi. Je me demande si on ne commence pas à maîtriser un peu notre outil ! Parfois durant les répètes, je chante sans trop forcer, juste pour poser ma voix sur le jeu des musiciens, sans émotions, sans passion. Mea culpa, parfois je ne suis pas tout à fait au jeu. Je fais mon travail professionnellement, mais les conditions ne sont pas réunies, soit au niveau acoustique, soit tout simplement pour des raisons personnelles qui parasitent mon implication dans la séance. C'est bizarre le chant : il y a de la technique, mais il y a une part non négligeable d'indicible, je veux dire « qui ne peut être expliqué » au niveau des sensations. Parfois la mayonnaise prend, parfois on ne ressent pas les bonnes vibrations. Ainsi pour EcoloSong, j’ai trouvé une nouvelle manière de chanter le Badaouah. Plus roque et gutturale, qui m’a bien plu. Ça m’est venu d’un coup, de manière inconsciente, sur l’instant. Retrouverai-je cette interprétation la fois suivante ? Et si je ressens cela, moi qui ne suis qu'un type assez fruste, je pense que pour les vrais musiciens, les artistes du Groupe, ça doit être la même chose.

Mais ce soir ce n'était pas le cas. J'avais envie. D'autant que nous travaillons pour nous en ce moment. Je veux dire par là que ce sont NOS compos. Et pour moi ça change tout. Bien sûr j'aime interpréter et adapter (très librement) les grands titres du répertoire. Nos anciens sont là pour nous montrer le chemin, et en le défrichant avec eux nous progressons dans notre propre technique, et nourrissons notre culture musicale. Mais créer quelque chose de toute pièce, nous l'approprier, le faire évoluer en groupe, et patiemment en faire un objet de fierté collective, c'est autre chose.

D'autant que grâce à Pierrot -nous en parlions avec les filles hier soir en rentrant de la répète- nous ne sommes pas dans la simple cover d'autres artistes, mais bien dans la mise en place d'un réel style. La patte UFR, sur laquelle nous plaisantons parfois, n'est pas une vue de l'esprit. Je n'entends pas ce que nous jouons, à la radio. Il est vrai que souvent je n'entends pas ce que nous jouons non plus en notre propre SJM ! Bien sûr on s'inscrit dans une tradition plutôt Pop-Rock, mais dans le même temps nous nous démarquons de ce qu'on peut écouter sur les divers médias musicaux. C'est original. Nous avons produit à ce jour sept morceaux, et chacun d’eux a sa personnalité particulière, sa couleur, il y a de l’inventivité, l’éventail des sujets abordés est vaste. Même traités sur le mode badin, et sans se prendre la tête, les textes sont de bonne tenue et ne sont pas simples prétextes à remplir les blancs entre deux exploits musicaux. Je ne parle pas des arrangements de Pierrot, car là je n’ai pas assez de qualificatifs pour exprimer mon admiration.
En bref, Je suis fier de ce que nous produisons.

Et puis il y a le Groupe. Basé sur un principe Marxiste, superposable dans son esprit à celui de la « cellule », chacun peut y avoir des coups de cœur, des coups de gueule. On propose, on débat, on négocie et surtout on décide. Notre amitié, antérieure à cette formation, y est pour beaucoup. On peu y déployer sa créativité, son délire, ses fantasmes, sa technique, son hilarité et même parfois sa primesautière causticité. Chacun de nous a sa personnalité, affirmée, entière, mais elle peut s’exprimer et trouver son chemin dans le concert du collectif car nous nous connaissons, avec nos défauts, nos qualités, nos travers, nos biais, nos limitations et c’est de l’indulgence de chacun que se nourrit notre aventure.
Bien sûr quand je parle de Marx, j'entends aussi bien Karl que Groucho, car le collectif y côtoie avec bonheur le non-sens le plus débridé.

Cet hymne au collectif et à l’autosatisfaction ayant été entonné, il est à noter que cette répétition a bénéficié de la mise en place des nouveaux horaires décidés mercredi dernier en séance plénière, et que c’est donc à 21 heures quasi pétante que nous avons envahi la SJM. En fin de séance, alors que nous fumions la « cigarette de l’amitié » avant de nous séparer, Phil le K. remarquait une évolution très positive de notre manière de travailler. Lors des débuts de notre collaboration, ce dernier devait souvent nous rappeler à l’ordre et nous remettre dans les conditions d’une production efficace. Désormais il n’a plus à faire ce travail d’encadrement. Nous avons gagné en professionnalisme.

Le marathon musical s’articule désormais autour de nos compos. Il y en a sept, ce qui commence à devenir conséquent. Nous commençons par les plus faciles afin de pouvoir nous arrêter plus longuement sur les nouveaux titres : Docteur Bonheur et « Trouduc (oublie)». Cette fois-ci c’est Docteur Bonheur qui a bénéficié d’une heure de répétitions. Tout se met en place. Il n’est plus resté qu’une grosse demi-heure pour Trouduc, ce qui n’a pas été suffisant pour sortir correctement le morceau. Il est à souligner la magnanimité de "nos femmes" qui ont bien voulu laisser de coté leur sensibilité outragée et dépasser la simple polémique autour de l'aspect supposé trop réaliste et machiste du propos, afin de participer très activement. Mais nous avons passé beaucoup de temps sur l’écoute de plusieurs versions de l’arrangement par Pierrot afin de choisir celui qui nous paraissait le mieux convenir. Notamment les musiciens ont bien travaillé sur le pont musical, dont une version comporte une très jolie partie de piano. Lololalolo se l’est remarquablement appropriée, mais nous avons du mal encore à avoir une vision juste sur cette partie. Tout n’est pas encore bien fixé. La sauce ne prend pas encore bien entre les différents instruments ; piano, première et deuxième guitare, basse : tout cela parait encore un peu confus. Je profite de cet examen du pont musical pour souligner à quel point, pour moi, Lolo a su trouver sa place dans le groupe. Son jeu a remarquablement évolué pour correspondre au « standard rock ». En fait elle a su « désapprendre » sa formation classique de base pour s’adapter au phrasé et aux rythmes (basiques) Rock. De plus sa connaissance du solfège et des harmonies nous est précieuse. Ainsi grâce à elle et son comparse le musicos de génie, les chœurs prennent plus rapidement forme. Mention spéciale aussi pour Odile aux Blanches Mains, qui a su imposer sa présence dans les refrains et y apporter sa touche personnelle.

En marge de cette analyse technique, notons pour info que Jésou pense arrêter de fumer « prochainement » et qu’il utilisera l’argent économisé pour prendre des cours de guitare. A titre personnel je me demande bien pour quelle raison il se sent dans l’obligation de prendre des cours. Moi je le trouve parfait. Bon, peut-être sur « Marre » est-il affecté d’une sorte de blocage qui le prive d’une petite partie de ses moyens, et ce depuis le début. Je pense qu’il faudrait creuser, rechercher dans la petite enfance, pourquoi pas, les raisons de cette crainte de « Marre », mais il est vrai que ce titre reste pour l’instant un obstacle sur lequel il bute inexplicablement. Signalons d’ailleurs que cette petite déficience de notre guitariste rythmique retentit sur le jeu de l’ensemble car quand il se met en roue libre, Phil le K. commence à faire des moues bizarres, ce qui entraîne des fou-rires incontrôlables d’Odile aux blanches mains, puis des mouvements d’inquiétudes, des échanges de regards, d’infimes hésitations qui finissent par me perturber dans une interprétation qui n’a pas vraiment pas besoin de cela.

Nous terminons la séance à 23 heures comme convenu dans l’avenant au contrat qui nous lie depuis bientôt deux ans. Lors du débriefing de fin de séance (que je nommerai DéFiSé), nous convenons de faire une maquette rassemblant nos compos. Nous utiliserons nos tables numériques. Nous l’assemblerons, cette maquette, selon la technique Jako, à savoir captation d’ambiance suivie de prise de son successives des instruments. Premier enregistrement, celui de la batterie, samedi 27 après midi chez l’Untrabassiste qui possède une excellente batterie électronique, ce qui nous exonérera d’une prise de son multi-micro.

Préparons-nous donc à l’idée d’un nouveau CD des UFR dans les bacs à Noël !

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