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jeudi 26 juin 2008

Pour le concert chez Thierry et Sylvie Martinez

Le Hameau de bel Air
5 route de lodève
34570 Montarnaud

Sortie Montpellier-Sud
Près d'Arènes
Autoroute Millaud
Sortie Vailhauques N°62

Merci Petit Tom

J'ai supplié le petit Tom
De me guider sur les chemins
De naviguer près de ma main
Sacré petit homme
J'ai demandé au petit Tom
De me sortir du brouillard
De faire de moi un fier routard
Courageux petit gnome

Où que j'aille
Il me précède
Et sans faille
Toujours il m'aide
Grâce à lui
Je me libère
C'était la nuit
C'est la lumière

Liberté, liberté
Ad libitum
Liberté, liberté
Ad libitum

Il est sympa le petit Tom
Il sait tout le temps où je suis
Même quand je n'en ai pas envie
Sacré petit Tom
Il triangule ma position
Il enregistre mes actions
Il les conserve ad libitum
Sale petit gnome

Ou que j'aille
Il me précède
Et sans faille
Il m'observe
Grâce à lui
On me repère
On me suit
On me surveille

Liberté, liberté
Ad libitum
Liberté, liberté
Ad libitum

J'étais perdu
Dans la détresse
Le GPS
m'a délivré
J'étais perdu
J'étais confus
Il m'a rendu
Ma liberté

Liberté, liberté
Ad libitum
Liberté, liberté
Ad libitum

mercredi 25 juin 2008

Week End en Toscane : Concert Privé chez les Créach

J'avoue un manque d'allant ces derniers jours pour entreprendre une nouvelle chronique. D'où l'habile subterfuge de publier des œuvres de jeunesse : un peu époussetée d'un mot ici où là, le texte permet ainsi de meubler agréablement ces colonnes à moindre frais. En plus, à défaut de cul, le coté exotique marche bien en général : la mer, les cocotiers, le climat indolent de la Polynésie sont de puissants attracteurs. Ce filon aurait pu constituer une rente d'ailleurs car vers les 20 ans j'étais très prolifique. Hélas à la relecture, ça passe difficilement la rampe des décennies et il me faut bien constater que parfois j'ai du mal à suivre le gosse de vingt ans que j'étais alors. Ce qui m'amène à réfléchir sur la pérennité de la conscience de soi. Est-ce vraiment le même « soi » ? Je ne comprends plus les motivations du Michel de l'époque, tout cela me paraît bien lointain et étranger. Je ne pense pas que je vais sauver grand chose de la débâcle du temps et c'est tant mieux, ça va m'obliger à me creuser encore les méninges pour remplir mon devoir hebdomadaire.

Cette démarche me semble d'actualité, dans le contexte énergétique mondial actuel. Si je compare ce gisement de textes fossiles aux nappes pétrolifère agonisantes de notre société je me dis que
la manne des textes anciens étant quasiment épuisée, cela va me contraindre à lancer mon imagination sur des concepts plus novateurs. Il peut y avoir une phase intermédiaire, qui préparerait dans une douleur contenue la transition vers la découverte de nouvelles énergies. Ainsi la technologie hybride, pourrait constituer un pis-aller satisfaisant pour attendre quelque chose de plus neuf. Ça pourrait consister en un recyclage de chroniques d'il y a un an, dans le style « souvenez-vous » dont je pourrais compiler les « bonnes feuilles » en les pimentant de commentaire récents. Mais en même temps est-ce bien la solution à l’appauvrissement du propos ? Mélanger 80% de vieilleries avec 20 pour cent d’actualité risque d’affaiblir la machine et diminuer son rendement en termes d’attention des lecteurs. Il faudrait aussi que je m’intéresse aux techniques de culture : transgénique ou bio ? A quoi peut donc ressembler un texte transgénique ? Même cultivé sur un blog bien délimité, ne risque t’il pas de contaminer la blogosphère alentours ? Et puis le problème du transgénique ce sont les semences. Le texte produit sera stérile et ne pourra être ressemé. Peut-être aussi devrais je pratiquer l’assolement triennal : sur quatre parcelles de blog je plante du drôle, du triste, de l’éducatif ; un morceau de culture en jachère et je fais tourner. Ce serait peut-être la clé du renouvellement et un remède contre l’appauvrissement du substrat.

La compil. Tous les artistes le font, et ça marche. La preuve Voulzy fête ces jours-ci les trente ans de la première compil française sortie en 1978 : Rockcollection. Il a un peu relifté le tout, et c'est reparti pour un tour !
Mais les UFR sont un groupe écologiste, par conséquent il me faut privilégier les énergies renouvelables. L'énergie renouvelable pour nous, c'est celle qui est déployée chaque semaine par mes amis d’Undertakers, et aussi les personnes qui viennent ici s'exprimer.

Cependant il me faut tout de même continuer mon travail de chroniqueur. Depuis une dizaine de jours, il y a eu la traditionnelle répétition du dernier mercredi et, plus récemment, à l'occasion de la fête de la musique qui ponctue ce début d'été, le concert privé donné « aux Pins par Connaux » (prononcer Conoxe) chez les Creach. L'inconvénient qu'il y a à temporiser c'est que le souvenir de l'évènement s'estompe, d'autant qu'il s'inscrit dans une série longue déjà, dont les moments assez similaires ont tendance à se fondre en un brouillard de plus en plus dense, à la limite du fog. Vous dire ce qui s'est passé mercredi dernier m'est donc difficile. A l'heure où j'écris ces lignes, je plonge en moi même à la recherche du temps perdu. Je suis allongé, l'ordinateur sur mes genoux rendus brûlants par la dissipation thermique de l'engin. Vous devez le sentir, je tente à nouveau de temporiser, espérant que quelque phrase ou moment de cette soirée me reviendront en mémoire.

Ce qu'on peut dire en préambule c'est que cette répète coïncida une fois de plus avec la veille du bac d'Alex. Cette fois-ci je me suis bien gardé de lui donner des conseils et de lui parler de Platon et son putain de mythe de sa caverne de merde. En effet, grâce à ce petit coup de pouce, Alex avait obtenu 5 en philo l'année dernière. Ajoutons pour être précis que les filles nous ont lâchés ce soir là. Odile pour cause de repas de fin d’année de son cours d’espagnol, Lolo accompagnant son époux au restaurant. Une soirée d’hommes donc, que nous n’avions pas connue depuis de nombreuses semaines. Ambiance étrange que celle-ci, privée du garde-fou féminin que constituent les filles du groupe. La soirée a débutée par une bonne bière, ça je m'en souviens, avec une belle mousse, tirée de la machine à Pression de Sylvie. Phil nous a appris qu'il avait de son propre chef refusé un concert à Rodilhan, ce qui porte à trois nos refus pour un concert. On commence à devenir vraiment pros : Non seulement on nous propose des concerts, mais notre notoriété est déjà suffisante pour que nous nous permettions d'en refuser ! Par contre, Phil, ce n’est pas parce que tu avais honte de te produire en présence de tes administrés qu’il fallait in petto refuser le contrat. Après tout de mon coté je n’ai pas craint, il y a un an, de proposer nos services lors de la mémorables soirée du Delirium devant tout le personnel de l’hôpital où je travaille, directeur compris.

Outre une répétition assez classique, la séance nous a permis de travailler les morceaux récents. Notamment nous sommes revenus sur Highway et I'll be there, et aussi Oh les filles qu’inexplicablement nous avions écarté de notre programmation musicale depuis de longs mois. Le voici revenu en odeur de sainteté.
L’absence de chœur et de piano nous a ramené loin en arrière, au tout début de notre carrière. Atmosphère nostalgique, sensation de vide créé par l’absence de deux personnes, mais aussi titres épurés, un peu comme quand les chanteurs nous livrent la version acoustique de leurs succès devant un public restreint et acquis donc chaleureux. Le coté intimiste.
Le débriefing de fin de séance nous a permis de réécouter des titres nouveaux laissés en chantier il y a un sacré moment maintenant. Occupés que nous étions à travailler les morceaux acquis, nous avions oublié ces petites perles de Pierrot. Du coup nous voici très excité de reprendre à nouveau le chemin de la création, car n’oublions pas la prochaine grande échéance de la rentrée, qui sera notre rentrée en studio pour le CD des compos perso.

Changement de décor samedi 21, jour du solstice d’été, qui marque le point le plus éloigné de la Terre par rapport à l’astre solaire dans sa course effrénée pour échapper à son bouillant papa. A ce propos j’ai toujours été surpris que cette saison soit la plus chaude dans nos régions alors qu’on est si loin du soleil. Comme ça, à première vue, on aurait pu penser que la saison chaude se déroule à l’automne par exemple, saison durant laquelle nous sommes le plus proche. Mais bien sûr chers amis lecteurs de cours préparatoire, nous savons bien désormais que c’est l’inclinaison de la terre sur son axe qui induit le rythme et la température des saisons, qui sont de durée inégale d’ailleurs, et cela grâce à la précession des équinoxes due au caractère elliptique de la course de la terre autour du soleil à tout de même un respectable 30 km/s.

Le décor cosmique étant planté, rapprochons-nous de la terre. L’Europe, la France, encore plus près, la vallée du Rhône, les contreforts des Cévennes. Là près de Bagnols, la charmante bourgade de Connaux, et enfin, après la clôture en faux rondins de bois, la table de camping abandonné sur le bord de la route et une croix lilliputienne tenant lieu de balise, on emprunte à droite un mince chemin sinuant entre les vignes et les fruitiers. On se croirait en Toscane (enfin ma Toscane à moi, issu de l’imagination et de vagues images entr'aperçues ici et là ainsi que de témoignages de secondes mains rapportées par des amis de touristes de retour d’Espagne ou glanées dans des livres dont je ne me souviens plus, sous la plume romantique d’un Lamartine qui aurait lu Chateaubriand que je n’ai jamais lu mais dont j’imagine ce qu’il pourrait tirer d’un paysage pareil dans la vespérale lumière qui le baignait).

Nous voici au lieu dit « les Pins ». Un petit hameau de quelques villas. Propriété d’une famille, résultat de la folle volonté d’un homme de rassembler sa famille en un lieu unique durant les vacances. Cet homme, que je ne connais pas, je l’aime déjà. Le « père » Creach et ses enfants on fait de cet endroit un paradis, un havre. Des dizaines d’essences y prospèrent, plantées jadis par le patriarche. Michel nous accueille et organise le stationnement des véhicules. Nous découvrons une bâtisse de pierre enchâssée comme ses sœurs, qui se blottissent et s’intriquent les une dans les autres, dans un incroyable écrin de verdure. C’est ici que la formule de l’agent immobilier « demeure de caractère sise en un terrain arboré » prend tout son sens. La maison des Creach distribue ses pièces sur trois étages desservis par des escaliers de bois. Le rez-de-chaussée est occupé par un salon de taille respectable agrémenté d’une cuisine américaine surélevée qu’on dirait conçue pour une bête de scène. Pour recevoir leurs invités nos hôtes ont sorti le canapé devant le salon, mais l’apéritif et le repas seront servis sur l’une des deux terrasses, celle du premier étage. De là, on peut contempler la campagne environnante sous le soleil rasant. On voit un château à droite, et jadis on apercevait à l’extrême gauche le mont Ventoux. Mais depuis la végétation a imposé sa loi au domaine de 20 hectares, et ce ne sont que cimes d’arbres à perte de vue. On comprend pourquoi les Creach n’hésitent pas à prendre une heure trente pour regagner régulièrement cette maison de vacances depuis Narbonne où ils vivent.

Nous avons été invités dans ces lieux pour donner un concert privé. Tous les grands artistes le font désormais, même s'ils n'aiment pas s'en vanter. en effet autant il est prestigieux de se produire devant tel ou tel richissime people internationnal, pour quelques millions de dollars, autant certains showcases s'apparentent à une panouille pour arrondir ses fins de mois ou payer les révisions de la mustang. Jamais aucun chanteur ne se vantera d'avoir joué lors de la soirée de Gala du comité d'entreprise de La Redoute par exemple. En ce qui nous concerne en tous cas, nous sommes très honorés par cette invitation qui nous permettra de répéter en toute quiétude dans un cadre agréable et calme (avant que nous arrivions).

Le matériel débarqué nous nous désaltérons à l’étage le temps que Phil le K et Pierrot nous rejoignent. Pascou a eu la bonne idée de se munir d’une bouteille de Bourbon. Jésou s’immole avec ténacité sur l’autel de l’anis et des plantes aromatiques, tandis que l’ultrabassiste et moi buvons avec prudence quelques doigts de boisson ambrée. Notre tempérance nous sera utile lors de la répète avec Michel. Nous désirons être au top pour lui faire honneur.

Comme toujours, la répète est source de multiples soucis sonores. Et s’il devait y avoir une constante dans ce putain d’univers, une loi qui réunifie toutes les autres, un principe fondateur, une vérité première, l’ultime réponse, ce serait celle-là ! Nous croyions avoir fait une balance correcte, mais la réorientation des enceintes vers notre public et l’insertion de l’ampli de Pierrot dans le dispositif bouleversent les conditions d’écoute. Nous retombons dans les travers les plus sombres des pires concerts passés : personne ne s’entend. Il y a de la réverbération, le son est flou, c’est excessivement pénible. Pourtant le « public » semble ne pas trop de formaliser.
Précédant la répète cependant, Michel et Phil nous ont régalé de leurs rythmes jazz et bossa. Phil retrouve le plaisir de l’improvisation, et sa complicité avec son partenaire des premières heures installe une ambiance chaleureuse et intimiste très agréable.

En fait, pour faire la synthèse, s’il n’y avait pas les voix, le son serait parfait. Mais le fait qu’on ne puisse pas régler le son des « vocals » au-delà d’un certain niveau sous peine de larsens dissonants rend le travail des chanteurs très pénible. J’ai déjà clamé ici sur tous les tons la détresse de la section chant face à sa faiblesse sonore. Ça me déprime totalement, et au bout d’un moment j’ai tendance à lâcher et m’isoler. Le premier tour de répète n’a donc pas été fameux. Une pause et un verre ou deux après, j’ai réussi à surmonter mon blues et revenir dans la partie. Caché derrière l’escalier de la kitchenette dans un premier temps, j’ai réorienté un baffle afin de mieux m’entendre. A partir de là tout est reparti.
Tous les titres ont été repris, avec plus de pêche et d’enthousiasme, dès lors que tous nous participions de la même harmonie.

Les Daisy (charmant diminutif donné à Pilou [sans « h »] et Lolo par Jérôme I.) et les kékés sont repartis sur Nîmes alors que le dernier carré buvait le verre de l’amitié sur la terrasse avant de reprendre blues et bossas agrémentés de scats et d’improvisations du chanteur. Michel, inspiré, menait la danse et nous a entraîné dans des variations infinies au long de morceaux dont aucun d’entre nous ne désirait marquer la fin. Nos épouses s’étaient couchées depuis longtemps, Anne ayant été la dernière à rendre les armes.

La soirée dont la partie musicale avait si mal débutée s’est terminée dans le bonheur vers 4h du matin. Pour ma part, épuisé, je me suis endormi dans les secondes qui ont suivies. Aux dires d’Odile, je n’ai pas ronflé !

lundi 23 juin 2008

Oeuvre de Jeunesse


Bora Blues

Les tons délicats d'une fine aquarelle
Intime mélange de mer et de ciel
Les rayons obliques d'un soleil éternel
Éclairent ce monde de sable et de sel

Bora, Oh Bora
Bora Blues

De la végétation dense et sauvage
Qui doucement meurt au bord de la plage
S'exhale un parfum qui annonce l'orage
Et l'Arapa'ia se voile de nuage

Là-bas des pirogues glissent sans hâte
Posées à peine sur la transparence intacte
Du lagon inerte dont la surface éclate
Sous la caresse des étraves écarlates

Très tôt ce matin le ciel s'est éclairci
le lagon est mauve est mon humeur aussi
les bonitiers sans bruit rentrent à Vaitape
des poissons bondisssent non loin de la jetée

Bora Je m'envole bien loin de toi
je pars je retourne vers mon Fenua
Je regarde enfin une dernière fois
Le lagon sous les nuages au dessous de moi.



Pour ceux des lecteurs qui ne le savent pas, j'ai été obligé d'effectuer mon service militaire à Tahiti. Au cours de l'une de mes périlleuses missions, j'ai été amené à séjourner à Bora Bora, la perle du Pacifique. Un matin, très tôt, je contemplais depuis la barrière de corail l'île à quelques kilomètres. C'était magnifique. J'ai éprouvé une émotion intense et j'ai écrit ce blues.

Quelques explications :

l'Arapa'ia est le sommet de l'île
Le Bonitier est une barque de pêcheur, avec laquelle on pêche entre autres la Bonite, sorte de thon.
Vaitape est le principal village, et port de Bora Bora.
Le Fenua, c'est l'équivalent du Vaterland des Allemands.

Ce texte a été écrit il y a 27 ans presque jour pour jour. En effet, la date mentionnée sur le document d'origine est le 26 juin 1981.

mardi 17 juin 2008

Pour Préserver les Espèces Menacées :


Les UFR sont écologiques à fond, surtout lorsqu'il s'agit de sauver le patrimoine CulTurel mondial. Grâce à une gestion raisonnée des ressources, l'humanité se doit de jeter toutes ses forces dans la bataille afin que chaque femme dans le monde bénéficie du développement du râble. Et ce de manière biologique, sans adjuvents de sythèse ni artifices d'aucune sorte. le râble, rien que le râble !

lundi 16 juin 2008

Les Techiques du Son : La Balance


Lors d'un concert, Il est primordial d'effectuer une bonne balance. Celle-doit tenir compte de l'environnement, et des niveaux relatifs de la voix et des instruments. Une bonne balance se doit de respecter ces paramètres sous peine d'une restitution médiocre.
Chez les UFR, souvent, la voix s'efface devant l'instrument. Les poids respectifs de ces deux composantes ne sont pas respectés. On dit que "la balance est faussée". Et que les instruments "sont pesants" on dit encore que "la guitare est lourde" en référence à sa trop grande présence dans le paysage sonore.
On le voit ici, le fléau penche légèrement vers Pierrot. On n'y peut rien, c'est comme ça.

Petit problème de physique : Qu'est-ce qui est le plus lourd : un kilo de voix légère comme une plume, ou un kilo de guitare lourde comme le plomb ?

dimanche 15 juin 2008

Le Tempérament d'Hypocrate, Le Temps est Rarement Hypocrite

J'aime bien cette tribune. D'une part je peux y dire ce qui me passe par la tête, ce dont je ne me prive pas, et d'autre part j'aime y lire les commentaires qu'elle suscite. Parfois même de personnes inconnues, débouchant ici au hasard de leur surf, et s'attardant quelques temps dans ces colonnes. De plus elle me permet de tester toutes sortes d'approches, certaines narratives, d'autre dialoguées, ou encore oniriques et introspectives, ou bien des tentatives plus expérimentales mêlant pseudo-vulgarisation et délires. J'y prends du plaisir, je m'évade, je change de personnalité, je me laisse dériver le long de courants inattendus qui m'entraînent le plus souvent bien loin des rives musicales bordant la source première de mon propos : l'activité des Fossoyeurs.

Parfois, en réponse à mes provocations, je reçois des billets d'une causticité égale qui me réjouissent et me font toucher du doigt une des limitations du texte écrit. Les mots s'interprètent, leur signification se gauchit lors de leur lecture. Privé de la partie la plus importante du discours : les intonations et le langage du corps, qui contribuent au sens et édulcorent le propos, le texte échappe à son auteur et se charge d'électricité statique. Une fois de plus le principe d'incertitude imprime sa loi implacable. L'observateur colore de son bagage émotionnel les signes alignés dans ces pages et en dégage un sens inattendu. Moi même, lorsque je relis les textes publiés quelques mois auparavant, je suis dans la situation de déchiffrer à nouveau une prose qui me semble étrangère. Et pourtant je suis l'auteur de ces lignes. J'imagine les incompréhensions qui doivent résulter de l'exposition d'un esprit non averti aux textes que je lui propose.

Ce phénomène est accentué par mon inclination à la dérision, au non-sens. J'aime pousser des logiques jusqu'à l'absurdité, je raffole des jargons techniques détournés de leur destination première, des expressions toutes faites, j'affectionne les phrases interminables et emphatiques, les références religieuses, les lieux communs et autres tautologies. Par dessus tout j'apprécie le détournement des pseudos théories du monde de la communication, soutenu par un langage bureaucratique. Ce dernier point me fascine. Les communicants ont une propension à vouloir expliquer le monde et l'homme en particulier au moyen de modèles dont la grossière schématisation confine au ridicule. Ils aiment mettre l'humain dans des cases, dégager des typologies, qui rappellent les tentatives de rationalisation des siècles passés construites sur le modèle d'Hypocrate et ses Tempéraments : sanguins, flegmatique, colérique, lymphatique : le gros toujours jovial, le maigre introverti ! 2500 ans après Hypocrate, on pourrait croire que cette manière simpliste de considérer l'humain ait été balayée par des concepts modernes et novateurs. Il n'en est rien, On continue à considérer les gens selon les même classification dans les formations au management. Sauf que le vocabulaire, lui, est contemporain et s'habille d'une respectabilité au vernis scientifique. Aux tempéraments, on préfère substituer les « styles sociaux » ainsi parle-t-on désormais de Promouvant, facilitant, contrôlant, analysant.

En trois pseudo-concepts, le formateur met le comportement humain en bouteille. Les théories sur le management surgissent comme les cèpes à l'automne, caricaturant avec une opiniâtreté confinant au ridicule les situations, les personnalités, pillant sans vergognes les concepts issus de la sociologie des organisations. C'est le monde merveilleux des winners qui savent retourner une situation désespérée, tuer l'autre d'un mot et accompagner en douceur les catastrophiques bouleversement du monde du travail actuel. Ce fatras de recettes plus ou moins fumeuses étant un prétexte à manipulation mentale. Ainsi tous les encadrants bénéficient-ils depuis des années de formation visant à leur donner les outils nécessaires au contrôle de leurs troupes. Le fil rouge des sessions de formation c'est la maîtrise des émotions. Face au ressenti et à la colère, on doit opposer sérénité et factuel. C'est la technique du « j'entends ce que vous me dites ». Sourire, courtoisie, calme, maîtrise de soi doivent répondre aux provocations, aux débordements émotionnels. On doit faire ressentir à l'autre à quel point de son coté il est irrationnel. Sauf que, et je goûte l'ironie de la situation, les syndicats eux-même sont désormais formatés selon ces critères. Leurs négociateurs sont au fait des dernières théories en vogue. Si bien que lors de phase de négociation, tout le monde s'ingénie à inscrire le dialogue dans le format autorisé : dépassionné, factuel... et stérile. Chacun joue un rôle, contrôle son discours et ses gestes. Pas de passion, pas de vagues, consensuel ! Si bien qu'au final, pour se démarquer de cette soupe rhétorique, la meilleure arme est d'être..... soi-même ! Et s'autoriser tous débordements utiles. Ça n'est pas plus efficace, ça ne l'est pas moins, et surtout, ça fait du bien !

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que le plus souvent je me demande ce que je fais dans ce circuit, c'est tellement à des années lumières de ce que j'aime. C'est présomptueux de ma part je vous l'accorde, mais je suis un artiste dans l'âme. Ceci bien sur, hors de toute prétention à un quelconque talent. Une sensibilité artistique au sens large n'implique aucunement qu'on soit bon dans ce qu'on fait. D'ailleurs la production artistique actuelle nous conforte dans cette constatation. Ceci posé, j'aime le dessin, j'aime écrire, j'aime la photo, la vidéo, chanter.. J'aime créer. Depuis toujours. J'aime construire quelque chose, donner au travers des moyens d'expression qui sont à ma disposition une part de moi-même. Le principe de l'honnête homme. Pas un spécialiste, je hais la spécialisation qui sclérose. J'admire le type qui n'est pas du sérail, qui n'appartient à aucune chapelle, hors des clubs, coteries, associations de tous poils, le gars en marge qui poursuit son bonhomme de chemin, au besoin contre les courants dominants. J'aime la marge, hors des rails. Et pourtant je fais mon possible pour me détourner de cette voie. Rester dans la norme, se fondre dans la masse, suivre les chemins balisés. Je suppose que chacun d'entre nous est ainsi. Tiraillé entre ses désirs et ses devoirs.

C'est pour cette raison que je me sens bien au sein des UFR. Outre le fait que ce groupe est à mon sens la meilleure chose qui nous soit arrivée depuis des années, il nous permet d'exprimer ensemble une part de chacun d'entre nous. Pour une fois, un terme de communication me plaît : la synergie. Le tout supérieur à la somme des parties. C'est ce qui nous arrive, nous sommes meilleurs à plusieurs. Et puis j'ai l'impression que ces moments passés à jouer nous donnent l'occasion de nous connaître mieux. Les uns les autres, mais aussi individuellement. Lequel d'entre nous n'a pas ressenti une pointe d'énervement quand ça ne marche pas comme il le voudrait : quand le titre proposé est écarté, quand un texte est modifié, ou qu'une mélodie ne remporte pas l'adhésion espérée. Et puis les petites manies de chacun, les maladresses, les remarques mal acceptées ; de petites contrariétés, insignifiantes, mais qui sont comme des épines qui piquent nos susceptibilités. Tout cela nous n'avions pas l'occasion de l'éprouver lors de nos rencontres jusqu'ici, puisque c'était essentiellement dans un contexte festif. Cependant ces légers désagréments sont le substrat sur lequel croît l'amitié, qui nous permet de considérer avec une virile tendresse les imperfections de chacun , de se pencher sur ses propres manques, et de renforcer même cette complicité qui nous unit. Si je puis m'exprimer ainsi : A l'aune du sentiment, le temps est rarement hypocrite.
Amen

Dans ce contexte, nous nous sommes donc réunis ce dernier mercredi. Ça se sentait, nous étions tous crevés. D'où une certaine lenteur à nous mettre en route. Nous sommes restés un long moment sous la tonnelle en toile de camouflage de l'impasse des climatite. C'est reposant, de regarder ce ciel en dégradés de kaki. La terrasse ainsi protégée semble se fondre dans le paysage. Pierrot est arrivé un peu plus tard, le visage bronzé et reposé de celui qui passé de bonnes vacances. Il rentrait de Corse qu'il avait parcourue à moto avec d'autres membres de sa famille. Je passerai sur le plaisir qui se lisait sur son visage à l'évocation des moments inoubliables passés sur l'île de beauté. Je retiendrai juste qu'il a plu. Il y a une justice tout de même ! Par ailleurs Kaya arborait un magnifique tour de cou Versace rose, avec son nom inscrit en lettres de strass immenses. De la fierté dans la voix, Sylvie nous a raconté la troisième place méritée de sa « fille » aux championnats de France. Assis autour de la table basse, nous avons passé en revue les dates à venir. La fête de la musique de Saze n'est plus d'actualité, l'organisateur a trouvé un orchestre de remplacement dans l'intervalle de ma réponse à son appel. Pour Redessan, le gars a confirmé la date à Pierrot, mais dans des conditions qui ne nous satisfont pas. Il s'agissait de passer à 19 heures, et notre concert durait un quart d'heure. Nous avons une bonne expérience maintenant des contraintes liées au transport et à l'installation du matériel, ainsi qu'aux réglages nécessaires. Tout ce travail pour un quart heure de musique, en plus à 7h quand tout le monde va manger, nous ne sommes définitivement pas chauds pour faire tous ces efforts. Pour tout dire, ce n'est pas rentable en terme de dépenses d'énergie. Et vous connaissez notre penchant pour une gestion écologique de notre groupe. Surtout à nos âges. Par contre j'ai proposé que nous jouions au mariage du frère d'Odile à Grabel, près de Montpellier, le 28 juin. Le groupe a donné son accord. Pascal de son coté nous a convié à une « répète publique » une sorte de showcase, chez Michel Créach, (et De Creah, la Femme, aaah ah) le 21 juin, ce que nous avons accepté également. Ces concerts sans enjeux, entre amis nous feront du bien. Pas de pression, rien que du plaisir, c'est ce qu'il nous faut après la tension des dernières semaines. Le reste s'inscrit dans la routine ; marathon plutôt propre, son plutôt bon. J'ai tenté d'enregistrer la séance. Il y a des interférences quand tous les instruments jouent ensemble, ça grésille, c'est inaudible.

Ce n'est pas encore demain que nous pourrons nous passer de Jako !

samedi 14 juin 2008

Scoop !


Incroyable : il l'a fait ! C'est cet après midi que Kéké le célèbre photographe mondain est allé profiter du cadeau que nous lui avons fait pour ses 50 ans : Le Saut en Parachute. En compagnie de quelques amis il s'est donc lancé dans le vide, nu, pour mieux profiter des sensations grisantes provoquées par l'écoulement de l'air sur chaque partie de son corps.

mardi 10 juin 2008

Le Petit Prince et les Renards V2.0*

Angoisse : Plus un commentaire depuis 6 jours. Que se passe-t-il ? J'ai l'impression de me retrouver seul dans une ville désertée par ses habitants. Je déambule, je hère au hasard, et personne. Pas âme qui vive. Les façades aux fenêtres sombres me renvoient leur regard aveugle et inquiétant.
Où sont passés les gens ? J'ai vu un film de ce genre il y a quelques jours. Le silence, à peine troublé par quelques souffles de vent, et les papiers et autres objets qui s'envolent à son passage. Tout est en place pourtant, peu de choses ont changé, tous les artefacts produits par l'homme sont là, et encore fonctionnels. Sauf qu'il n'y a personne. Seuls les systèmes automatiques, impersonnels et froids manifestent leur présence artificielle, succédané cybernétique d'une vie jadis foisonnante. Très perturbant.

Ça me rappelle les débuts de ce blog. Je me souviens, je comparais mon écriture solitaire au discours un peu vain d'un homme isolé dans quelque crypte sombre dont les voutes renvoyaient à l'infini les échos de ses propres paroles. Je m'y étais habitué à l'époque. Je rédigeais librement car j'imaginais n'écrire que pour moi. Puis au cours des semaines, de timides manifestations de la présence épistolaire d'autres entités se sont manifestées, qui ont pris de l'ampleur, de la consistance, et se sont installées dans mon paysage .
Comme des animaux de la forêt, apeurés, farouches, vivant leur vie sauvage, et s'habituant progressivement à la présence de l'homme. Musaraignes, renards, lapins blancs, marmottes, biches effarouchées, moutons, ET AUSSI UNE HYENE* que j'ai patiemment apprivoisés en repérant leur lieux et heures de passages, en tendant des pièges inoffensifs afin de mieux les capturer, comme les phalènes dans la nuit inexorablement attirées par la lampe du camping, ou les créatures aquatiques éblouies, fascinées par l'arc puissant des lamparos du pécheur. Avec infiniment de prudence, Elles sont devenues des présences amies, complices, familières, desquelles j'ai pris plaisir à explorer les us et les coutumes.

J'étais leur Petit Prince, ils étaient ma harde de renards.
Je les charmais aux accents suaves de ma voix envoûtante. J'écrivais pour eux des proses enflammées, des vers épiques. Et là : plus rien. Comme si une bombe à neutrons avait explosé, ne laissant de ma ville de mots, que les infrastructures intactes et un gouffre affectif immense. Je suis le dernier homme sur cette terre stérile. Ce cyberespace est orphelin de ses familiers, ce n'est plus qu'un lieu vide, un désert virtuel effrayant et froid, une morne plaine sans aspérités, vide aux regards que je porte, aussi loin que s'étende ma vue.

Sauf que pour me tenir compagnie L'Espagne et La Russie s'étripent ce soir, et que leur empoignade passionnée est l'antithèse du lamentable spectacle des attouchements mièvres de la France et la Roumanie luttant sans panache pour faire de leur match, le plus soporifique non événement sportif de l'histoire du foot. J'ai senti notre ami Thierry Roland plusieurs fois au bord de la phrase désagréable, et j'ai perçu à travers les ondes qu'il se mordait les lèvres jusqu'au sang pour ne pas se laisser aller à des débordements hâtifs de mécontentement caustique. Il s'est vengé sur le quatrième arbitre, dont on a bien compris qu'à ses yeux la présence n'était pas d'une importance fondamentale dans le déroulement du match, si ce n'est pour titiller la nervosité de l'entraîneur et brandir le tableau d'affichage.

Heureusement qu'il y a le sport pour me distraire des moroses pensées qui m'étreignent. Dans ce contexte de trahison, je me prends à partager les sensation du Baou de Camplanier pour cette activité dont la noblesse ne fait désormais plus aucun doute : Le foot exalte les valeurs humaines les plus élevées, les joueurs sont les chevaliers de ce nouvel ordre monastique, ils en sont les moines-soldats, quasiment bénévoles, et leur sacerdoce, à la limite du sacrifice, contribue à la paix dans le monde ainsi qu'à l'éducation civique des jeunesses européennes.

Je vénère le foot désormais !

*A la demande expresse du kéké, jaloux.

lundi 9 juin 2008

Une Histoire Corse

Les choses vont très vite pour les UFR .Alors que nous croyions la saison des tournées terminée, voici que nous aurions trois dates potentielles si nous en avions la volonté. Ainsi j’ai reçu récemment un appel d’un Ingénieur biomédical de l’hôpital d’Avignon me demandant si nous serions libres pour la fête de la musique de Saze. Je n'ai pas une idée très claire de la localisation de Saze sur la carte du département. Il me semble que c'est vers Remoulins.
La programmation des organisateurs n’est pas bouclée et mon collègue s’est souvenu de notre prestation éblouissante au Delirium Tzigane. Par ailleurs il reste toujours cette possibilité de jouer à la fête de la musique de Redessan le 21 juin. Enfin le frère d’Odile, Thierry, se marie le 28 juin et aurait bien aimé avoir le groupe pour animer la soirée pendant une petite heure. Pour cela, il est prêt à inviter non seulement les musiciens, mais aussi leurs épouses aux festivités. Donc vous le voyez, ce ne sont pas les engagements qui manquent, même si pour l’instant ils ne s’inscrivent pas dans un cadre rémunéré ce que je déplore, bien que pour le concert de Saze des défraiements soient prévus explicitement.

Vous me connaissez désormais, pour m’exhiber sur une scène je vendrais père et mère, et comme un Faust j'offrirais mon âme au Diable pour des ovations et quelques regards humides de groupies enamourées. Je ne parle même pas de ce que je considère comme un devoir : contribuer au rayonnement du Rocknroll, et singulièrement à la renommée des UFR à travers le Gard et ses départements limitrophes. Mais bien sûr je conçois que tous ne partagent pas mes aspirations et préfèrent fourbir leurs armes dans le cadre amical d’une salle de répète. Tout le monde n’est pas dans cette disposition d’esprit consistant à se remettre en question à chaque concert d’autant que certaines expériences récentes n’ont pas été des plus satisfaisantes tant sur le plan musical que technique et organisationnel. Je me sens parfois dans la situation du camé qui sait très bien que sa dose quotidienne ne lui procure plus autant d’effets, qu'elle développe une accoutumance dangereuse pour son équilibre mental, et le met dans l’obligation d’augmenter sa ration pour maintenir un niveau constant de sensations fortes.

Heureusement il existe des éléments modérateurs dans le groupe, qui savent faire la part des choses et replacent dans son cadre amateur et ludique notre collaboration. Mais à force de jouer à l’artiste dans ces colonnes, et sachant que tout ceci n’est qu’un amusement, comment ne pas se laisser prendre parfois soi-même à ses propres délires?

Mais la création me manque. Depuis trois mois nous répétons inlassablement avec un bonheur inégal, des titres dont je me prends à douter que nous les maîtrisions un jour. La Scène fige notre répertoire, qui de ce fait n’évolue pas. Je redoute parfois le moment où je vais chanter telle ou telle chanson tant je l’ai rabâchée déjà des centaines de fois. Alors que notre production personnelle piétine, et que nous peinons à trouver des reprises à la fois accessibles techniquement et vocalement, est il bien raisonnable de s’embarquer encore dans les lourdes logistiques que constituent chaque rendez-vous scénique ?

Ça me rappelle nos voyages estivaux d'il y a trente ans, lorsque nous partions en camping à l'aventure. T'en souviens-tu ma Valérie? Outre la fatigue que constituait le voyage, parfois jusqu'au fin-fond des Carpates, il fallait en plus trimballer, puis sortir tout le matériel de camping, monter les tentes, installer le couchage, pour tout remballer le lendemain matin. Il me semblait alors que nos vacances n'étaient qu'une longue succession de manutentions d'un lourdeur infinie pour quelques minutes de plaisir à la découverte des contrées traversées. Et encore, notre séjour en Sardaigne a été une enfilade de vestiges qu'on aurait dit copies conformes les uns des autres, les fameux nouragues.
Des espèces de tumulus pierreux, tours grossières hautes de 6-8 mètres, assemblages de blocs de granite mal jointés, percés d'une porte étroite. Un peu comme nos capitelles, mais en plus grands. Des capitelles qui se seraient données des airs de résidences secondaires de parisiens fortunés. Un coté m'as-tu vu, nouveau riche des Alpilles. Le premier impressionne, le second distrait, on escalade le troisième, on ne photographie déjà plus le suivant, on passe à coté du dernier sans même le regarder. L'année précédente en Corse, on avait déjà connu ce phénomène de trop plein visuel avec les tours génoises. Ce qui nous évita un dépaysement trop déstabilisant.

Quel ennui au bout de la cinquième.. Tiens, encore une tour génoise !

nous exclamions nous. Il y en avait tous les 5 kilomètres. Ils avaient vraiment du temps à perdre les génois. Comment expliquer ça en des termes choisis ? Au bout d'un moment, oserai-je le dire... c'était un peu chiant toutes ces tours ! On était tous d'accord là-dessus. Enfin, quand je dis tous... Pas tout à fait en fait. le Baou était fasciné par ces témoins du passé. Il en était passionné, raide dingue. C'en était une obsession ! Dès qu'on en apercevait une, il fallait s'arrêter. On a même dû faire des détours de plusieurs kilomètres pour ne pas en rater une. Il les a toutes prises en photos. sans exception. Il en a des albums pleins. Il sait nommer chacune d'elle.

Et pourtant : toutes sur le même modèle. Ces cons de proto-italiens, avaient inventé la production de masse. Un type avait du faire un plan un jour. Surement un architecte mineur, un besogneux. Un gars qui faisait dans le fonctionel. IL avait du calculer ça pour que ça coûte le moins cher possible. Ces tours c'était les maisons phénix de l'époque. Même gabarit, une pièce centrale, les commodités à l'extérieur. Le taylorisme avant l'heure.

Et je ne vous parle pas de la séance diapos au retour :

-Alors ça, c'est une tour génoise...
-Ah, oui...
-C'était où déjà ?
-En Sardaigne je crois.
-Non, tu confonds, en Sardaigne c'était les nouragues !
-Ah oui, les gros tas de pierre qui rappellent des remblais de chantier.

Avec un peu de chance, la diapo suivante se coinçait, ça mettait de l'animation. Le carrousel en profitait pour se bloquer, parfois on avait la chance que la lampe fasse cramer la gélatine, ça produisait des effets intéressant. L'opérateur se prenait la tête à trafiquer la visionneuse, et immanquablement le carrousel se détachait brusquement, répandant son contenu sur la moquette. Pendant ce temps on pouvait discuter de tout et de rien, c'était la récréé. On espérait que ça allait durer longtemps tandis que le copain remettait en vrac les diapos, de préférence à l'envers, ce qui occasionnait des contorsions jubilatoires et des commentaires embarrassée du style je comprends pas, d'habitude ça marche impeccable, je suis sûr que quelqu'un y a touché..

Elle se ressemblaient toutes ces tours génoises !
Il y a le même modèle en plus en plein centre de Bouillargues, sauf que chez nous on appelle ça des moulins.
Alors en plus des travaux de force pour installer le matos, la litanie des chansons me fait parfois l'effet des tours génoises.

Une fois de plus les associations d'idées m'ont entrainé en des contrées lointaines de ma mémoire. Comme quoi la musique mène à tout, à condition d'en sortir !
Petite anecdote, tandis que je vous écris, et que je vagabonde librement dans mes souvenirs, 22 joueurs de foot trottinent sur le stade. France-Roumanie. 0à0 à la 77 ème minute !
L'équipe de France du premier tour des grands rendez-vous, c'est un peu la tour génoise du foot !

Ah, quand le foot nous fait vibrer, quand l'équipe de France pétille comme du champagne.
C'est aussi pour ça que j'aime le foot !

dimanche 8 juin 2008

Effroi


Son petit ami a voulu mettre un peu de musique avant de passer aux choses sérieuses : Il lui a fait écouter le CD des UFR...

Munch


Il est en train d'écouter "Highway to Hell" d'AC/DC, repris par les UFR..

Courbet


Il vient d'entendre "I'll be Waiting" de Kravitz interprété par les UFR...

C'est Quoi Pour Vous Une Bonne Journée ?

C'est fou comme un hiatus dans notre rythme hebdomadaire de répétition peut nous mettre dans une sorte d'état de manque. J'ai Pascou au téléphone ce vendredi soir. Il me confie à quel point ce rendez vous lui manque aussi. L'atmosphère de la mythique SJM , et tout ce qui va avec sont devenus une drogue puissante. Je ne sais par quel processus psycho-métabolique une telle addiction s'est cristallisée, mais j'en constate les effets : nervosité, manifestations physiques à type de sueurs, tremblements, nausées, céphalées, vertiges, prurit. Tous les symptômes classiques. La dernière fois que j'ai vu le groupe c'était mercredi soir, en l'absence de Pierrot, parti avec Lise pour une semaine en Corse en moto. A-t-on idée d'abandonner ainsi les siens dans un tel moment, alors que la détresse post concertum nous étreint de ses bras glacés. Et vas trouver une cellule psychologique pour nous accompagner et nous aider à faire le deuil. Tu parles ! Ah ça, dès qu'il y a une petite catastrophe ferroviaire, tu les vois débarquer les armadas de psy, mais quand un groupe de rock est dans la détresse, qu'il plonge au fond du gouffre, que les affres de l'angoisse l'étreignent, alors là il n'y a plus personne !

Or donc ce mercredi, pas de répète. Pour combler cette absence, Phil le K a la bonne idée de rassembler les rescapés dans sa résidence nîmoise. Dans un cadre raffiné, sur la terrasse d'une villa de caractère sise en un terrain arboré, il nous reçoit en seigneurs autour d'un apéritif puis d'une grillade sur son tout nouvel appareil de cuisson d'extérieur. Un truc superbe. Tout en acier inoxydable, avec des boutons de bonne dimension inspirant confiance et attestant de la solidité de l'ensemble. L'acier qui carène l'objet a été produit à façon par une aciérie de la Ruhr. C'est un acier 440, qu'on utilise aussi pour la recherche fondamentale, notamment dans le tout nouvel accélérateur de particules du CERN, à Genève. Savoir que le même métal qui sert de cible aux flux furieux d'électrons lancée à la vitesse de la lumière en une course folle au long des 27 kilomètres de l'accélérateur afin d'y traquer le mystère des quarks et des muons carrosse aussi la table de cuisson de notre Phil me procure un vertige existentiel, me rapproche des mystères de l'Univers. A la chaleur quasi solaire irradiant de la plaque, alors que tous rassemblés nous contemplons la lente transformation des gambas, il me semble plonger au creux d'une géante rouge pour y dérober le secret de l'origine du Big Bang. Ce n'est pas un barbecue de pavillon de banlieue, acheté à bas prix dans un supermarché pour griller quelques mauvaises merguez vendues par paquets de 12 sous blister avec la mention « issu d'un assemblage de surimi de viande de la communauté européenne ». Non, on a affaire là au summum de la technologie. Des ingénieurs ont planché de longs mois sur le projet, des designers on produit des centaines d'esquisses, et des maquettes ont été testées en soufflerie avant de présenter un prototype à un panel représentatif des meilleurs grilladins mondiaux au cours des rencontres internationales des arts de la table d'extérieur à Madrid. La pièce maitresse du dispositif est constitué d'une lourde plaque de métal -la plancha- chauffée au moyen de brûleurs alimentés au gaz. Nous n'avons vu qu'une partie de l'engin. Dans un local technique attenant, dont l'entrée est filtrée par un digicode à 12 chiffres dont Phil garde constamment le libellé gravé sur une plaquette en platine dissimulée sous sa chemise contre son torse puissant et velu, un opérateur assis devant une armoire technique bardée de moniteurs surveille en permanence le processus, au moyen de capteurs. Une batterie de caméras vidéo observe en temps réel les viandes, le maitre de maison, son épouse et l'ensemble des invités afin d'ajuster au plus près les réglages de l'appareil pour qu'il délivre en temps et en heure une grillade parfaite. Et de fait gambas, boudins et saucisses sont parfaits.

Quel meilleur prélude à mon séjour de formation sur la presqu'île de Giens que cette soirée ? Dans mon métier de manager, je dois gérer des ressources humaines, ce que dans notre vocabulaire bureaucratique de la fonction publique nous nommons des agents. Ces agents évoluent désormais dans un milieu qui se transforme constamment, auquel nous devons les adapter. D’où le thème de cette réunion de cadres : l’accompagnement au changement. Eh oui, on doit les materner ces agents, et leur montrer à quel point le changement sera bon pour eux. Bien sur comme ce ne sont que des agents, ils ne se rendent pas compte des bienfaits qui vont déferler sur eux. Il faut les aider à ouvrir les yeux et leur faire entrevoir le monde merveilleux qui sera le leur désormais. Pour cela il faut connaitre leurs motivations. Notre formateur nous a donné quelques clés. En fait il y en a deux : La peur et l’envie. Selon lui, l’animal humain n’agit que sous l’emprise de ces deux sentiments dont les effets se combinent pour produire tous les autres. L’évolution de l’homo sapiens se résume à ces deux moteurs puissants. Sans eux il n’y aurait eu aucun progrès, nous serions encore dans les arbres de la savane.

Peur du changement, envie de changer, tout est là selon sa théorie. Le but c’est bien sur de susciter l’envie. Ce qui nous motive, dans notre refus de nous engager, c’est donc la peur, peur de ne pas être à la hauteur, et plus que tout peur du regard des autres sur notre supposée incompétence. En gros, nous n’avons pas envie de passer pour des cons. Cette session de formation m’a été très utile, je sais désormais qu’il me faut appliquer les techniques apprises auprès non seulement de mes agents, mais aussi et surtout des UFR. Plusieurs fois j’ai été confronté à la pusillanimité de certains membres du groupe. On n’est pas prêt, on va être ridicule, sont deux des remarques le plus souvent entendues lorsque nous avons été en situation d’affronter un concert. Cela n’est pas acceptable ! Nous devons ensemble trouver les outils pour aborder les concerts dans de meilleures dispositions. Nous avons peur, c’est un fait, mais nous devons par-dessus tout avoir envie de nous produire en public et montrer ce que nous savons faire. C’est sur ce projet que je vais mettre l’accent désormais. Bientôt, avec le mois de juin, la campagne d’évaluation des agents du groupe commencera. Je recevrai en entretien chaque musicien, et ensemble nous explorerons leur projet musical pour la troisième saison. Nous fixerons des objectifs clairs et atteignables pour chacun. Chacun devra se déterminer sur un contrat d’objectif et de moyen, qui sera inscrit dans leur dossier d’évaluation et dont nous servirons afin de vérifier régulièrement que notre action colle au plus près aux objectifs définis. L’artisanat des débuts était sympathique, mais face à une concurrence féroce, nous ne pouvons plus continuer dans cet amateurisme. Au-delà du binôme peur/envie, l’homme a besoin de se sentir utile. La majorité des personnes à qui on pose la question : c’est quoi pour vous une bonne journée ? répondent eu substance : c’est une journée où j’ai servi a quelque chose, une journée où je me suis senti utile.

Je retourne l’argument aux musiciens du groupe : c’est quoi pour vous une bonne répète ? Plongez tout au fond de vous-même, et répondez sincèrement. Je sais chers collaborateurs que vous serez d’accord avec moi, je sais qu’ensemble nous pouvons relever le défi de la troisième saison, et que vous atteindrez et même dépasserez les objectifs en augmentation que je vous proposerai. Vous saurez les atteindre. Vous dominerez votre peur, vous exprimerez votre envie, et vous répondrez affirmativement à la question « est-ce que j’ai été utile ce soir ? ».

Fin de la session. N’oubliez pas de signer la feuille d’émargement et de récupérer vos certificats de présence.

mardi 3 juin 2008

Fin de Saison : Il était Beau le Joli Mois de Mai

C’est donc la fin de la saison des concerts. Sainte Anastasie est le huitième de la série, ce qui nous donne tout de même une certaine expérience en la matière. L’amateurisme inconscient du début, fait place à une vision plus précise des contraintes de ce genre d’exercice. Si cela ne nous confère pas plus de talent, au moins savons nous désormais ce que nous devons éviter absolument !

Quoi qu’il en soit, si ce festival veut devenir pérenne, il a sérieusement intérêt à étoffer son offre musicale. Je ne parle pas des groupes qui se sont succédés dans l’après-midi ; les accordéons, la musique celtique, les chorales les penas, le chanteur à voix et même les UFR, qui à mon sens ont plutôt relevé l’ensemble, sont bien sympathiques et méritants, mais à ce niveau, le « festival » relève plutôt de la fête champêtre que d’une manifestation artistique. On est encore à des années lumières des Vieilles Charrues. Les saxos en folie étaient attrayants, mais sans grand relief aux dire de Jésou et Phil. Il faut dire à la décharge de la formation, que le batteur a eu un empêchement de dernière minute et qu’il a été remplacé au pied levé par un mercenaire qui a du s’adapter sans préparation aux us et coutumes en vigueur dans le groupe. Même les spectacles du soir qui bénéficiaient d’une infrastructure plus étoffée, n’ont semble-t-il pas suscité l’enthousiasme des reporters.

E n effet, la seule trace de cette manifestation dans le Midi Libre reste la présence de Miss Europe. Pas un mot, pas une image des différents participants. Aucun compte-rendu à ma connaissance sur la fréquentation ou l’organisation de ce samedi à Russan. Exit le spectacle de cabaret des Frenchie Follies, silence radio sur le feu d’artifice de Ruggieri qui pourtant avait l’intention de faire des étincelles. Je ne sais pas quelle a été l’action marketing des Richard en la matière, mais je leur conseillerai de revoir en profondeur leur plan média, et peut-être aussi leur programmation musicale. Il est méritoire de vouloir monter de toute pièce un rendez-vous artistique annuel, encore faut-il appâter le chaland avec des attractions de qualité. Vouloir mettre le paquet sur l’organisation, payer une miss et un spectacle et faire l’impasse sur tout autre artiste d’envergure, c’est prendre un risque important au vu de la quantité industrielle de festivals qui se montent chaque année. La concurrence est rude, et je ne suis pas sur que c’était la meilleure méthode pour gagner une notoriété. A l’inverse, il est très facile d’acquérir une image négative et de plomber ainsi les perspectives d’avenir.

Nous n’avons pas encore de retour sur notre prestation. J’aimerais bien savoir ce que les organisateurs en ont pensé. Laurent Richard n’est pas du type extraverti, ça risque de ne pas être facile de connaître son ressenti. Si même il nous a écoutés chanter d’ailleurs ! En tous cas je n’ai pas eu l’impression d’aller au casse-pipe. Bien sûr comme je l’ai déjà dit, ça n’était pas la foule en délire. Mais les quatre ou cinq dizaines de spectateurs présents, ont au moins témoigné une silencieuse attention. Certains avaient même les yeux fermés, montrant ainsi une capacité de concentration forçant l’admiration. Ce fut le cas des gens du quatrième âge et autres seniors assis sur des pliants, et de quelques personnes à mobilité réduite, ou mal comprenantes, qui ne quittèrent le douillet confort de leur fauteuil roulant que pour glisser doucement à mesure que les vibrations de nos watts les déplaçaient inexorablement. Certains terminèrent le concert à demi vautrés, les genoux plus hauts que la tête, dans la position du spectateur de foot moyen sur son canapé. La canette en moins. Les yeux révulsés de l’une d’entre elle me conforta dans la certitude que ma voix avait le pouvoir de mettre en transe, fut-elle cataleptique. Les pompiers accourus pour pratiquer un massage flash accompagné d’une seringue d’adrénaline plantée directement dans le muscle cardiaque, eurent le tact de prodiguer leurs soins en silence. Le brancard porté à bras d’hommes s’éloigna dans le couchant, entre deux titres, pour ne pas déranger, tandis que je reprenais, « s’il faut mourir, que ce soit sur scène » ce vers inoubliable de Poune, en dédiant la chanson à cette sympathique spectatrice. Nous apprîmes plus tard que les célèbres infrasons de la basse du Pascou étaient entrés en résonance avec le pace maker de cette patiente des Capitelles, maison de retraite bien connue de l’Uzège et en avaient dessoudés les composants pourtant issus de la recherche spatiale et à l’épreuve des neutrinos et autres rayons cosmiques, provoquant une salve d’extrasystoles fatales.

Je me réjouis d’avoir au moins fait œuvre utile en accompagnant nos chers vieillards durant une petite heure. Ça leur aura facilité l’attente joyeuse de l’heure de la soupe aux vermicelles et sa biscotte sans sel et de la compote de pomme. Nos amis déficients cérébraux auront pu éveiller leur esprit aux accents toniques de mélodies simples, qui auront peut-être fait ressurgir chez les Altzheimer des souvenirs enfouis. Le rythme binaire aura permis aux Parkinsoniens de trembler en mesure, et aux handicapés moteurs d’exercer leurs aires temporospatiales à la frappe des mains. Également nous aurons initié au rock de l’époque héroïque tout une population paysanne nourrie à Daniel Guichard et Michèle Thor.

C’est ça le spectacle vivant !

Désormais, nous allons pouvoir nous consacrer à la création et à terme retourner en studio chez Jako, pour produire, déjà, notre deuxième opus.

lundi 2 juin 2008

UFR aux Fest'Ifollies en Images
























Clichés originaux : Nicolas Mazet (c) MMmultimed.2008

dimanche 1 juin 2008

Sainte Anastasie L'Intégrale

Franchement, ça partait mal. Nous nous sommes retrouvés vendredi soir devant l'entrée du site des Festifollies vers 21 heures. L'horaire avait été modifié car dans l'après-midi il avait abondamment plu. Comme d'ailleurs quasiment tous les jours depuis une quinzaine, ce qui fait dire au Midi Libre que c'est le mois de mai le plus pourri depuis une cinquantaine d'années ! Avant de stopper devant l'entrée du tout nouveau complexe de loisir de Russsan, nous étions passés devant le cimetière : étai-ce là un signe discret d’un avenir incertain ? Laurent Richard nous attendait devant les algeco de l'entrée. Il nous conduisit vers la scène, puis nous fit signe de nous garer devant un groupe de personnes. L'une d'elle, âgée d'une soixantaine d'années, petite et souriante, style babacool écolo en K-way, les cheveux gris frisés en bataille était sa mère, Dominique. Dans le crépuscule de cette fin de soirée, obscurci par les lourds nuages sombres qui occultaient le ciel, nous nous tenions sur un caillebotis qui parcourait le terrain de plusieurs hectares jusqu'à une immense scène édifiée devant un grand bâtiment neuf de béton à usage sportif. Sur la droite, des centaines de chaises alignaient leurs rangs serrés. Plusieurs équipes de manutentionnaires continuaient à décharger des camions afin de compléter les places. Sur notre gauche, une buvette faisait face à une scène plus réduite, mais de dimensions très respectables tout de même : une bonne quinzaine de mètres de long sur 6 dans sa plus grande largeur. Bordant le terrain à gauche, une enfilade de marabouts blancs étaient vides encore des futurs sponsors de la manifestation.

Ces structures étaient comme des ilots au milieu d'une étendue de terre herbeuse et détrempée, sur laquelle s'imprimaient les traces de pneus des utilitaires qui avaient amenés les équipements. On marchait avec précaution, surtout Nico, que nous avions emmenés, et qui n'ayant pas prévu cette virée champêtre était en tongues. Notre prudente exploration nous mena vers une tente attenante à la scène. C'est là que devaient être entreposé les instruments. Rappelons que la raison de notre visite sur le site était d'une part de déposer le matériel, mais aussi d'effectuer la balance des instruments et micros. La scène était luisante de pluie, les baffles montés sur pieds, ainsi que les retours étaient protégés par des bâches. Ironiquement, les enceintes de retour se nomment « bain de pied » dans le jargon des musicos. Elles n’avaient jamais aussi bien porté leur nom ! Au vu des conditions climatiques, les organisateurs annulaient la balance, reportant celle-ci au lendemain, quelques minutes avant notre concert. Là sur le coup j'ai eu comme un petit coup de mou. Les conditions de temps plus que précaires, l'absence de répétition, le matériel entreposé un peu à l'arrache sous une tente, l'état du terrain, autant d'éléments qui ne contribuaient pas à la sérénité du groupe.

Je m'interrogeai du coup sur l'opportunité de notre venue. Çà ressemblait un peu à un coup pour rien, d'autant que le matériel ne pouvait pas rester dans la tente. Cette dernière devait servir le lendemain de loge pour les filles du défilé de mode. Ce qui nécessitait donc qu'on vienne à 10 heures pour tout transférer sur l'estrade. Bon rien de grave, on est habitué désormais aux multiples manutentions, aux installations à l'arrache, aux balances bâclées, et au son de caverne.
Cependant le moral des filles notamment n’était pas des plus brillants. Odile surtout, avec encore en tête l’aventure du Caméra, ne pouvait empêcher son inquiétude de grandir face aux conditions précaires du concert qui s’annonçait.

Haut les cœurs ! Il est 10 heures ce samedi quand nous nous pointons aux festifollies. Le temps est très incertain, le ciel parcouru de lourds nuages, percés régulièrement des rayons d'un soleil torride. La scène a séché, le terrain est praticable. Dans la nuit les équipes ont continué à travailler, les chaises sont en place, il y en a des milliers, tant du coté spectacle qu'autour des dizaines de tables du coin restauration. Les sponsors commencent à installer leur stand. La buvette ouvre, la régie s'anime, le présentateur se chauffe la voix. Je ne suis jamais allé au festival des vieilles charrues, mais j'ai l'impression que ça devait ressembler à ça au tout début. Un coté très amateur, mais en même temps, nous constatons une organisation impressionnante, avec des techniciens de toutes sortes, un service d'ordre impeccable. Pour parvenir jusqu'à l'entrée nous avons dû montrer patte blanche plusieurs fois en produisant un « pass technicien »
devant les points de contrôle dès l'entrée du village. Nous ne sommes que trois. Je suis allé prendre Jésou chez lui en compagnie de Nico. Les autres comme par hasard sont pris par telle ou telle activité qui les empêche de nous aider. Le matériel est transféré en quelques minutes. Nous discutons un peu avec l'organisation, notre balance est confirmée, ainsi que le câblage des instruments et micros vers 16h. Nous profitons de notre désœuvrement pour nous approcher de la buvette. Nous commandons un café. Il va bien avec les cacahuètes et les chips.
Il est 11h. Nous sommes bien. Pas de tension encore. A une table à coté le sosie de José Bové lit son journal. Je le prends en photo, il me voit. Visiblement il n'est pas content. Il s'approche de moi, et me demande d'effacer la photo. Je respecte son droit à l'image ! Mais déjà l'animateur, un sexagénaire en veste couleur fraise, énonce les festivités de la journée. Il a un peu de mal avec notre groupe. Il s'y reprend à trois fois Under.... Undertak... les Undertakbakers de Christian Fabre. D'ailleurs tout au long de la journée, il aura le plus grand mal à prononcer notre nom !

Voici toutefois que la foule s'agite, Alexandra Rosenfeld arrive, Miss France 2005, Miss Europe 2006. Elle est charmante. Elle doit manger un jour sur trois, son visage et sa silhouette rappellent un peu Valou. Elle a un accent charmant, et un sourire adorable. On ne s'aperçoit presque pas qu'elle est en représentation. Elle est d'une gentillesse désarmante. Elle se tient au milieu de notables et d élus locaux, dont le maire qui se pressent autour d'elle pour profiter un peu de sa beauté devant les photographes. Les sponsors sont là, qui l'attendent. Petits discours, bises, et tout le monde se dirige vers les stands. Nous suivons un moment. Je me prends à penser à ce que doit être sa vie. Elle court les manifestations locales, les inaugurations diverses et variée, posant au coté de centaines d'inconnus, toujours aimable, valorisant au maximum l'éphémère notoriété de son titre.

C'est vers 14h30 que je retrouve le reste du groupe. Certains ont mangé sur place, d'autres arrivent en même temps que moi. Il fait une chaleur lourde, moite. Le temps est orageux. Les tables sont installées en plein soleil. Heureusement mon chapeau me protège. Je salue la maman de Marie-Françoise, qui écoute les UFR en boucle. J'ai la voix de Johny Halliday selon elle. C’est une fan, je ne peux qu’approuver son jugement !
Les premières formations se mettent en place. Accordéon, mélodies celtiques, devant la scène quelques personnes d'un certain âge ont tiré des chaises. A la buvette les consommateurs écoutent d'une oreille distraite. Il est vrai que tout cela n'est pas de nature à emballer l'après-midi. Il doit y avoir quatre ou cinq cents personnes qui flânent le long des stands, se tiennent au bar, ou finissent de manger. Au loin, on voit des machinos s'affairer sur la scène principale, commençant les réglages pour le groupe de jazz.

Il est 15h45. Le chanteur à voix Gérard Metge monte sur scène, nous aussi. Nous commençons à installer le matériel et à câbler le tout alors qu'à coté Le gars, la soixantaine, entame son récital. Il chante essentiellement du Sardou. C'est courageux, il chante seul, sur une bande son, plutôt pas mal. Nous, on s'active. Ça fait drôle d'ailleurs de monter le matériel à quelques mètres du chanteur. Moi ça me perturberait qu’une bande de 7 trouble-fête s'agite et s'interpelle si près. Mais pas lui, il est dans son truc, il est dedans. Il me dira plus tard qu'il a commencé il y a une quinzaine d'années, qu'il connait une cinquantaine de chansons. Je ne pourrais pas chanter seul. J’aime l’idée de groupe. C’est plus rassurant d’une part, et puis fabriquer quelque chose à plusieurs, et le porter devant un public, c’est vraiment grisant. En plus on doit s’emmerder quand on est un chanteur solitaire. Qu’est-ce qu’on fait pendant les répètes ? Pas de pause, pas de blablas, juste un face à face avec soi-même. A mi récital, il confie à la foule qu’il a une petite soif. D’un stand une petite femme sort une bouteille à la main. C’est touchant. L’épouse aimante, sa toute première admiratrice, qui prend soin de son homme. Il n’est pas si seul que ça finalement. Elle doit être son habilleuse, sa technicienne, sa confidente, son agent.

Bon, c’est à nous. C’est le moment de la BALANCE. Je ne voudrais pas raconter de bêtises, mais elle dure 5 minutes chrono ! Elle n’est pas bâclés cependant, Laurent est au pupitre et appelle successivement chaque musicien pour régler son instrument. Les voix sont calées, et c’est parti !
Enfin, parti, c’est vite dit. Nous avions décidé de commencer par Whatever, pour des raisons de successions de titres. Il faut alterner les arrangements en La et les arrangements en Mi. Et puis on s’était dit que cette chanson, nous la connaissions par cœur. Des centaines de fois on l’a répétée, on pourrait la jouer les yeux fermés. C’est d’ailleurs la seule chanson pour laquelle je ne cherche même pas à regarder mon livret. Eh ben c’est justement ce morceau, le premier du concert, dont on loupe le départ. Le Pascou, occupé ailleurs, démarre sur bête de scène. Tout le monde est un peu interdit, il y a comme un flottement, je m’interromps au milieu du premier vers. On se regarde, un vent de panique passe parmi les musiciens, mais Phil le K tient bon et maintient le tempo. Pierre enchaîne sur un deuxième tour, et chacun finit par reprendre ses marques. On a eu chaud. Comme quoi même pour ce qui nous semble être le plus évident, il faut garder sa concentration. Le reste du concert se passe bien. Nos amis sont devant nous, ils font la claque. Mais le public est clairsemé et manifeste peu. Un couple danse sur l’un de nos titres, un autre se tient assis devant, attentif, reprenant parfois certains refrains des standards. Mais en tous cas les gens présents ne se barrent pas. Ils restent et écoutent. C’est déjà une victoire ! Moi je déambule sur la scène, je l’arpente de long en large, je danse, je mouline, je m’éclate.

A la fin de la représentation, au bout d’à peu près une demi-heure, les copains nous disent que le son était bon. Seule Odile, dont le micro avait été réglé en tant que choriste, était un peu juste sur New York. Il faut dire que Laurent, qui était présent sur les premiers titres, à quitté la régie au moment du passage d’Odile. Un jeune a pris sa place, qui a trafiqué les boutons. A partir de ce moment, le son s’est un peu dégradé. Egalement les retours n’étaient pas assez forts, moi j’avais la chance d’entendre tout le monde, mais mes partenaires avaient du mal à suivre ma voix. Globalement nous sommes contents. Nous avons fourni un travail honnête, plutôt propre, et assez carré, si on excepte le brouillon Whatever.

Sitôt fini, nous commençons à démonter, tandis que Jésou et Pascou fument une cigarette. Tout est plié en un quart d’heure. Un technicien, venu récupérer les câbles pour les apporter sur la grande scène me confie qu’il a aimé ce que nous avons fait. C’est toujours un petit plaisir quand on reçoit un satisfecit, surtout quand ça vient de professionnels, fussent-ils spécialistes du démontage !

Un dernier verre de l’amitié à la buvette conclut cette journée satisfaisante. C’était notre premier concert devant un public inconnu. Ca n’a pas été le triomphe, mais nous avons très correctement animé notre tranche horaire. Le contrat est rempli.