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mardi 7 septembre 2010

La Course Des Lemmings et Françoise Dorléac Sur Un Vélo Electrique

En lisant ce qui suit, le lecteur doit garder constamment à l'esprit que l'auteur de ce billet l'a rédigé en SOURIANT affectueusement...

Prestation remarquée que celle de notre petit groupe d’amis de Liz, qui a dû en laisser plus d'un parmi l'assistance dans un état de choc légitime, et à tout le moins un rien perplexe. Il est vrai que nous nous sommes surpassés : déguisés à notre corps défendant en spermatozoïdes, suant à grosses gouttes dans des combinaisons intégrales blanches de chantier, nous avons jailli, dans un flux sporadique et paradoxal, de la monumentale porte de cet hôtel particulier ou nous étions reçus qui m’évoqua singulièrement le sexe d’une femme dont les deux escaliers latéraux descendant d’un large parvis auraient été les cuisses écartées. On a de ces idées parfois… Certains munis d’un préservatif, arborant pour la plupart ornements et couvre-chefs en papier d’alu froissé, dans l’intention de présenter une escadrille de héros de mangas, nous n'avons pas hésité à nous exhiber sur l'air de capitain flam, dans une chorégraphie approximative, faisant le cercle autour de Liz.

Personne n'avait été désigné pour apporter la bande-son, ce qui fait que personne n’eut l’idée de s’en munir, il nous fallut nous débrouiller tant bien que mal et dans l’urgence pour la télécharger depuis Youtube par le biais d'une liaison famélique. Bien entendu le morceau chargé le fut dans une version différente et raccourcie ce qui accrut encore la confusion.
Et là je fais une courte pause pour dire : bande de fifres !

Entre deux aller-retour entre la sono sur laquelle j'avais branché mon iphone et notre scène improvisée, je pus observer mes camarades dans leur joyeuse farandole : j'hésitai dans mon analyse de la situation entre navrant et grotesque, mais j’ai tout de même plongé dans la mêlée tel un lemming suivant ses congénères et se demandant ce qu’il fout là juste avant d’arriver au bout de la falaise et de ressentir dans ses tripes les pénibles sensations de la chute vertigineuse, apprenant sur le tas les techniques du vol libre dans l’attente du contact final.
L’amitié est à ce prix : on sait que ce sera pitoyable, mais on le fait quand même parcequ’au-delà des gesticulations laborieuse, c’est une communion chaleureuse à laquelle on souhaite participer.

Fort heureusement auparavant notre Président en retraite de la Compagnie du Cercle le primesautier Pascou sauva par anticipation notre lamentable prestation en introduisant notre spectacle par un discours totalement improvisé. J’en ai retenu que Liz s’appelle en réalité Monique, et que dans Monique il y a « Mo », et que si elle a de légers problèmes « pulmonaires » elle a en revanche un cœur « gros comme ça ». On voit que Poun avait potassé la question et avait du faire une visite sur Wikipédia pour alimenter son propos d’informations essentielles !

Quelle a bien pu être la genèse de notre spectacle, dont de mémoire je ne me souviens pas d'avoir touché un fond aussi abyssal ?
Dans le domaine du multimédia et du divertissement on se souvient en son temps du scandale Universal dont on assimila les errements à une « catastrophe industrielle ». L’échelle ici était plus réduite, je pense tout de même qu’on pourra parler d’une catastrophe artisanale sans être taxé d’affabulation.
Sa conception a pourtant bénéficié de deux réunions préparatoires, au cours desquelles les esprits les plus brillants ont fait assauts d'idées et d’inventivité. Il faut reconnaître que l'opiniâtreté de certains dans l'absence de toute contribution, teintée d’un manque patent d’enthousiasme eut peut-être une légère influence sur le résultat final. D’autres furent sans doute trop gourmands ou ambitieux, et certainement a-t-on manqué d’un leader qui aurait su faire la part des choses et trancher dans le vif tout en conservant l’essentiel. Le réveil tardif des consciences à l’issu des vacances n’arrangea pas notre affaire et instaura un climat d’urgence que cette cellule de crise là ne sut pas gérer.

Toujours est-il que le statut de Captain Flam passa de fil rouge à thème principal, lequel s’est révélé un peu mince face à l’ambitieux projet de départ qui devait rassembler les participants dans une mini pièce de théâtre qui en trois saynètes brossait rapidement quelques aspects de la personnalité de notre Liz. Mais cela nécessitait une mise en scène, des dialogues, et pas mal d’accessoires devant être fournis ou fabriqués pour l’occasion.

Le temps manquait : On procéda à un élagage drastique de l’arbre des possibles !

Cependant cette soirée qui se déroulait dans le cadre prestigieux de la cour d’un hôtel particulier des quais de la Fontaine ne se résuma pas à cette manifestation. Fort heureusement autour d’un excellent buffet dont je retiendrai outre une chiffonnade de jambon cru (repassée tranche par tranche par les organisateurs), et de remarquables rillettes de sardines au roquefort, une pièce montée finale de macarons qui fit l’unanimité après la tortilla de pomme de terre et les copeaux de gorgonzola, je pus m’entretenir avec tout un tas de convives très intéressants. Au grès de mes pérégrinations mondaines, je pus observer Liz, belle comme une Demoiselle de Rochefort dans une robe lamée noire toute simple mettant en valeur ses longues jambes bronzées par l’été lituanien, ses cheveux mi-longs de brunette coiffés très seventies. Il n'aurait plus manqué qu'elle s'exprime en chantant et virevoltant parmi les groupes pour que j'imagine que Jacques Demy était présent dirigeant de quelque endroit discret notre Françoise Dorléac incarnée. Elle irradiait une beauté trentenaire qui suscita les commentaires approbateurs de tous. Je surpris même quelques regards jaloux de certaines femmes présentes.

On but et on mangea, on dansa un peu pour certain sur l’éclectique sélection de l’iphone de Catou. Mais bien sur le temps fort fut constitué par la remise du cadeau. Sous l’emballage de papier on présenta l’objet. Liz tenta de deviner pendant quelques dixièmes de secondes, mais son esprit sagace reconnut facilement les formes d’un vélo, ce qui fut confirmé à mesure que telle une enfant impatiente elle arrachait à pleines mains les couches de papiers. Elle ne comprit cependant pas de suite qu’il s’agissait d’un vélo très particulier puisqu’il était équipé d’un système d’assistance au pédalage électrique. Bien que motorisé l’engin restait élégant et adapté à une prise en mains féminine, ce que s’empressa de tester notre hôtesse en le portant illico à travers les vastes pièces des appartements princiers vers le quai tout proche. Elle grimpa sur la machine tandis que l’on faisait une double haie sous laquelle elle jaillit, poussée vigoureusement par un Jean Paul mutin, puis fila comme l’aéronef de Captain Flam vers les entrées du Jardin sous les ovations de son public sous le charme. Je pensais à Yves Montand et fredonnai quelques paroles de « Paulette » tout en contemplant la course de Liz à bicyclette.

Ce fut un moment très agréable, serein et chaleureux, sans chichis comme on les aime. J’espère qu’il en fut de même pour Liz et qu’elle gardera longtemps le souvenir de cette soirée.

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