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vendredi 31 octobre 2008

Un Vibrant Pladoyer pour la Respiration dans les Giratoires

Je n'en ai jamais parlé jusqu'ici. Je n'en avais pas pris conscience en fait. Je vous rassure, rien de scabreux, ni de honteux. Il s'agit d'un élément fondamental du chant. La respiration. Il est vrai que je suis plutôt lent à la détente en terme d'apprentissage, mais c'est hier, dernière répète du mois d'octobre, pratiquement deux ans après notre toute première réunion musicale, que j'ai mis un mot sur un phénomène physiologique auquel je suis confronté depuis le début. Bien sûr, en y réfléchissant, j'ai naturellement posé mes respirations plus ou moins dans les moments propices depuis tout ce temps. J'étais le Monsieur Jourdain de la respiration.

Mais cette fois-ci, c'est une révélation. Comme l'inspecteur Bourrel (Raymond Souplex), celui des cinq dernières minutes de nos années 60, je me suis exclamé, intérieurement : Good blood, but it is well sure ! ( oui, je pense en anglais quand j'ai une révélation). Jusqu'ici j'avais spontanément fait quelques découvertes intéressantes : On ne chante pas assis, on ne chante pas les bras croisés. La combinaison des deux est à proscrire absolument. Surtout si on tient une cigarette dans une mains et un verre dans l'autre. De même on ouvre grand la bouche : il faut articuler le chant. Egalement le son vient du ventre, (alors que le silence vient quand on s'arrête de jouer, ce qui est très satisfaisant aussi, parfois). On doit chanter souple. On doit sentir la gorge se déployer autour de la colonne d'air poussée par les abdos. On chante debout, avec un triangle de sustentation bien ouvert, les jambes un peu ployées. On peut aussi essayer avec un gilet jaune et un triangle de signalisation, mais ca n'apporte pas grand chose. D'autant que dans ce cas, il faut se tenir à une trentaine de mètres de l'audience, pour des raisons de sécurité.

Voilà pour le concept de base. Rien de révolutionnaire cela va sans dire, mais tout de même, ca va mieux en le disant. Comme d'aucun me reprochait de m'éloigner de la Res Musica, je suis ravi de lui donner quitus en recentrant le débat.

Pour poursuivre dans l'application du concept, j'ai testé récemment plusieurs types de voix : celle que je viens d'évoquer plus haut, une autre plus rocailleuse qui va bien avec le rock, et puis une encore qui passe par l'arrière du nez. On a l'impression que l'air circule derrière le nez. D'ailleurs certaines vibrations mettent tout ce fourbi en résonance, et ça chatouille ! C'est quelque part entre les sinus maxillaires et le sinus sphénoidal. Peut être les ethmoïdes ? On n'imagine pas toutes les cavités aériques qui allègent le crâne !

Enfin il y a une voix  gutturale, plus aiguë, avec une amplitude de modulation très importante, mais complexe à mettre en oeuvre car peu aisée pour articuler les mots. Pour l'instant je réserve cette voix « au dessus de la voix », une voix d'arrière gorge, à ma pratique solitaire (du chant). Elle nécessite un contrôle permanent, et se brise très facilement dans les fréquences extrêmes. Mais j'aime le contraste saisissant qu'elle introduit, surtout dans le cadre de ma tessiture limitée.

Il y a aussi toute la mécanique embarquée au niveau du larynx. Des pièces de précision qu'on imaginerait usinées au micron près, qui s'emboîtent parfaitement, et qu'il faut mobiliser de manière très rapide afin de produire le vibrato. J'adore le vibrato. Surtout associé à ma voix grâve, je trouve que ça donne du miel à mon chant. A la différence de Julien Clerc par exemple dont le vibrato est par trop caprin, quoique ces derniers temps ce ne soit plus tout à fait ça. Par parenthèse son dernier CD est plutôt pitoyable, bien qu'il me répugne de critiquer un confrère.

Personne ne s'aperçoit de ce don qui est le mien. Personne ne m'en a jamais complimenté. Ni même n'a manifesté le plus petit intérêt à son endroit. Pourtant de la même manière que mes yeux verts illuminent d'un éclat singulier un visage par ailleurs « intéressant », mon vibrato éclaire ma voix, et lui confère sa chaleur. J'ai une voix de crooner qui se serait égaré dans le rock. C'est en tout cas ce qu'affirment certaines personnes qui ont pris le temps de m'écouter. Elles.

J'ai aussi pris conscience du caractère musculaire de tout ce bazar, et donc de la préparation sportive que cela implique. Dans l'idéal il faudrait que je trouve un exercice qui serait l'équivalent des pompes de l'athlète. Faire des pompes avec ma bouche, quoi.

Pour en revenir à la respiration, c'est en chantant nos dernières compos que je me suis aperçu de son utilité. En effet il faut débiter les textes très rapidement, et la reprise de souffle est problématique. Il faut vraiment s'y prendre au moment opportun, sous peine de se retrouver les poumons collabés, à la limite de la cyanose, exsangue.
Il faut dire que si nos textes se résumaient à des onomatopées étasuniennes, cela me faciliterait le travail. Hélas, Poun et moi sommes bavards. Nous écrivons des chansons à lire et non pas à chanter !

Bien sûr, il ne faut pas sous estimer le travail des musiciens. Mais d'une certaine manière il s'agit d'agilité digitale. Il suffit de poser les doigts au bon endroit. Ca nécessite un peu de pratique, mais rien qui ne soit insurmontable. La preuve en est que même l'Ultrabassiste y parvient sans difficultés majeures. Lui qui n'avait jamais approché un instrument à cordes... si ce n'est peut être son distributeur de fil dentaire, ou encore l'étendage au fond du jardin.
Alors que la voix c'est une autre affaire. Il faut de la technique, de la maîtrise, et puis une sensibilité exacerbée pour DONNER au public tout ce que l'on a dans les tripes, la palette infinie des émotions humaines. Je pense que chacun des mes partenaires, même s'il ne m'en pas encore parlé explicitement, ressent de la fierté pour ce que j'apporte au groupe et pour la charge émotionnelle que j'accumule puis libère en trois minutes intenses.

Cet exercice me laisse épuisé à la fin de chaque séance. Je ne le montre pas. Je ne suis pas pour l'exhibition des sentiments. Je suis quelqu'un d'une incroyable pudeur, cela me gène de mettre à nu mon âme et d'exprimer ma joie/souffrance. Je termine chaque session vidé physiquement et émotionnellement. D'autant que les approximations de mes comparses, bien excusables au vu de la difficulté de ce que nous interprétons, m'amènent, sans reproches aucun, et avec toute l'empathie dont je suis capable, à répéter, reprendre, inlassablement, des morceaux dont il me semble qu'ils devraient être intégrés désormais à notre répertoire.

Mais intéressons-nous à la dernière répète. Ce qui me plaît le plus, dans les répétitions, c'est quand on s'arrête et qu'on fait la pause. Parfois, quand on passe la main à tout hasard derrière les coussins des fauteuils, on à la chance de trouver une bouteille de bon bourbon. L'ambre de la bouteille accroche la lumière du spot en face. Je peux voir au travers de la double aberration du verre et du liquide, les visages graves de Pascou Pierrot et Lolo, aux prises avec quelque douloureux sujet de société. Ca calme la sécheresse buccale, ca baigne la gorge dans une chaleur réconfortante, et ça rend plus claire chacune de nos réflexions. Pour les stakhanovistes de la corde, de la touche ou de la baguette, on peut y tremper ses doigts afin d'en calmer l'inflammation.
Ainsi avons nous parcouru l'éventail des problèmes actuels.
Notamment celui, récurent, du giratoire. Il faut se rappeler que le giratoire est d'origine anglosaxonne, ce qui en explique à mon sens très bien les incongruités. Les anglais sont les maîtres du non sens. Le non sens giratoire ! Du giratoire nous avons bifurqué vers l'impasse, sujet complexe, qui nous a entraîné dans les méandres et les subtilités des questions pièges du permis de conduire.

C'est pour cela aussi que j'aime répéter avec mes amis. On apprend des choses. Essentielles.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

salut les tarlouzes !
à propos de voix, Enzo Enzo passe au zenit de Beauvoisin le 28 novembre
kéké le revenant

Anonyme a dit…

T'as les yeux verts mitch ?
depuis quand ?

poun le dalton du rock