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samedi 18 octobre 2008

La ReVisitation de la Coda

Sur la remarque pertinente de notre amie du terrier au patronyme absent (une anonyme en quelque sorte), concernant notre éparpillement vers des sujets culinaires ou sportifs à caractère élitiste, je me recentre sur le moteur principal de ce blog : la musique.

Ce vendredi soir, je reçois un appel du Barde vers 21h: Avec l'Ultrabassiste et le Leader Maximo, ils ont l'intention d'aller voir un groupe local, dont les musiciens sont des amis du gendarme Alex, propre fils de Jésou. Un groupe recommandé par un pandore, fût-il jeune, je ne sais pas, je ne le sens pas bien ; je propose donc au Barde de m'appeler une fois sur place si ça en vaut la peine. Ça se passe dans un bar derrière l'église Saint Paul, célèbre (ceci pour nos amis canadiens ou estoniens, qui ne connaissent pas bien Nîmes) pour ses demoiselles peu vêtues dont l'opiniâtreté à arpenter les lieux confine au sacerdoce. Un sacerdoce tarifé cependant . J'avoue un léger assoupissement entre temps, mais m'étant endormi sur le téléphone je constate que celui-ci n'a pas sonné durant ma petite absence. J'en conclus que l'occasion ne valait pas la peine d'un déplacement.
Tout de même le lendemain, je passe un coup de fil à Pascou. Ce dernier m'apprend qu'il sont bien allés au miniconcert et que les musiciens étaient excellents. Mais leur compos n'étaient pas géniales, assez stéréotypées, orientées métal. En plus le chanteur chantait faux, et pas très bien. Pascou conclut que c'est pour cette dernière raison surtout qu'ils ne m'ont pas appelé. Je n'en ai pas dit mot à Poune, mais JUSTEMENT, ils auraient dû m'appeler. Ressentir enfin le plaisir d'assister à un concert et éprouver la satisfaction de pouvoir critiquer. Un chanteur moins bon que moi : mais c'était pain béni ! Pouvoir me dire que je peux faire mieux, que je suis au niveau, moi qui doute en permanence de mon utilité dans le groupe. Mais je comprends bien pourquoi ils ne m'ont pas appelé : ils ne voulaient pas me faire ce petit plaisir, et avouer que je contribuais un peu à la célèbre Patte Undertakers. Je comprends, c'est de bonne guerre.

Pourtant, mercredi dernier, en ce milieu d'octobre, par une nuit particulièrement douce, nous avons partagé un de ces moments rares qui justifie pleinement nos efforts et atténue le doute qui nous taraude continuellement sur l'opportunité de nos efforts. Nous avons retrouvé la fraîcheur des origines, l'enthousiasme de nos débuts.

Je me souviens de cette époque voici deux ans. Nos premiers pas avec Whatever You Want des Status Quo. Seul Pierrot était à même de relever le défi, avec son bagage musical déjà bien installé. les autres n'avaient que leur envie à donner en partage. Particulièrement votre serviteur. Et pourtant, nous prenions notre pied chaque soir de répète. C'était une ambiance masculine, potache, grivoise tendance lourde. Nous avions envie d'en découdre avec les standards, et de mordre à belles dents dans cette institution, cette chapelle qu'est le Rock, de le pousser dans ses retranchements, de le bousculer. Nous étions, déjà, les fossoyeurs. Nous rendions hommage aux grands anciens, mais avec le désir de le faire sans flagornerie, d'une part car nous n'en avions pas les moyens artistiques, mais aussi dans un parti-pris de nous approprier ces oeuvres et de les arranger à notre sauce. A quoi bon copier, pourquoi ne pas revisiter ?

Petit aparté : La Visitation cet événement majeur de l'iconographie catholique a un certain cachet, c'est indéniable, mais la Revisitation ça a aussi une sacrée gueule. Quand on s'est emparé de Jumping Flash, et qu'on en a fait ce qu'il est désormais, le Landerneau Mondial du rock en a tremblé sur ses bases, ici, à Nîmes, impasse des Clématites.

Pour en revenir à cette Visitation, chère au Catholique, elle rend compte de la visite de Marie (qui était encore gamine bien qu'elle ait déjà rencontré Gaby), auprès d'une cousine :
-- En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers le haut pays, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. Or, dès qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie du Saint Esprit. Alors elle poussa un grand cri et dit : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de son sein ! Et comment m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! »
(Évangile selon saint Luc, chapitre 1, versets 39-45)

Je rêve d'une Revisitation, qui fasse tressaillir les seins de notre choriste et notre pianiste.. Mais pour l'instant, c'est pas gagné !

Pour revenir dans l'évocation du passé : Vint le temps de l'apprentissage, après celui des gutturales débridées.

Loin des plaisirs simples du début, de jouer à peu près en rythme et raisonnablement juste, nos exigences se sont élevées. Nous avons voulu atteindre d'autres niveaux, et cette première phase qui ne visait qu'à préparer un prototype bricolé pour un événement unique et sans lendemain a trouvé son épiphanie lors du concert de Woodsport en Septembre 2007. Bien sûr nous savons tout cela, nous membres du groupe et vous fans des débuts. Mais il était important de rappeler d'où nous venons pour mieux expliquer notre travail actuel aux nouveaux lecteurs.

Insensiblement, à notre insu (mais de notre plein grès), Pierrot formidable pédagogue, a su faire évoluer le groupe en augmentant son degré d'exigence technique. Ainsi les arrangements simples du début se sont sophistiqués. Il y a également eu un transfert de compétence vers les autres musiciens du groupe à mesure que leur habileté progressait : Jésou n'est plus un simple support d'accompagnement dans sa partie guitare rythmique, Pascou doit enrichir son jeu à la basse pour coller à un cahier des charges en constante évolution, et l'arrivée du clavier à bouleversé encore la donne, nous obligeant à un effort d'intégration.
Le groupe s'appuie désormais sur des musiciens solides, dont trois ont une pratique musicale assurée qui charpente l'ensemble. Nous avons deux piliers, l'un pour la partie mélodique (Pierre) et l'autre dans la section rythmique (Phil le K) qui sont à même de détecter et corriger nos faiblesses.

Le « groupe de circonstance » des débuts n'est donc plus. Nous avons tâté de la répète avec une centaine de séances, nous nous sommes colletés aux matériels, nous commençons à en maîtriser les caprices. Nous savons ce qu'est la préparation puis l'exécution d'un concert. Nous en avons géré les stress et le blues post partum. Nous avons été confrontés à des publics différents, nous avons affronté des difficultés en cours de concert et avons touché du doigt ce que 'the show must go on » veut dire. Nous ne sommes pas encore de vieux routard de la Scène, mais en tous cas nous pouvons désormais parler de choses que nous connaissons et dont nous avons fait l'expérience concrète. Par ailleurs notre expérience artistique s'est nourrie du talent de compositeur de Pierrot, et des textes maison que nous commettons, et nous avons pu affronter un studio d'enregistrement et les conditions particulières qui président à la mise en conserve de nos « oeuvres ».
Pourtant, à part dans ces colonnes, par provocation par jeu et désir d'allumer un peu les débats, aucun de nous ne prend des postures de Rocker ni ne se prétend artiste.
Nous restons, farouchement, une bande d'amis.

C'est cet esprit que j'ai retrouvé mercredi. Odile était absente de la séance pour des raisons de santé, mais la permanence féminine était assurée par Lolo. Nous avons travaillé durant une heure sur Docteur Bonheur et sur Trouduc (Oublie). Nous avons mis le métier sur l'ouvrage jusqu'à ce que nous soyons satisfaits du résultat; ce qui a été assez rapide sur « Bonheur » mais beaucoup plus laborieux sur Oublie. Surtout au niveau du pont musical qui a nécessité une longue phase de réglage. Notamment lors des premiers essais, Lolo, qui a un gros travail sur ce morceau, était prise d'une envie fébrile d'en finir et torchait les mesures qui lui étaient dévolues en la moitié du temps des autres. C'était assez cocasse : elle exécutait sa partie, Pierrot courant derrière pour la rattraper, et puis elle s'arrêtait et croisait les bras le temps que tout le monde la rejoigne à la coda. (dans ma définition de la coda, que je suppose être le moment où tout le monde se retrouve pour la reprise, mais je n'en mettrais pas ma gorge au feu)..... et d'ailleurs je fais bien, et j'aurais du m'en douter si j'avais fait plus de latin : coda = queue bien sur. Donc c 'est à la fin du morceau : Clic Clac Coda ! Heureusement, nous nous retrouvons ensemble avant la fin du morceau, lors des reprises par exemple, ce qui n'est pas plus mal pour la qualité acoustique de nos chansons.

Au final on a « validé » Docteur Bonheur. Il devrait désormais rester dans la forme que nous lui avons donné mercredi. Ce qui facilitera immanquablement les répètes futures.
Ce coté « marquage CE » et « norme ISO » appliqué à un titre me fait mourir de rire. J'ai le sentiment que dans le contexte actuel, où les chantres du consumérisme font la loi, il se pourrait que même une oeuvre artisanale comme la notre doive faire l'objet d'un cahier des charges, pourquoi pas d'une mise en concurrence, d'une maîtrise d'ouvrage, puis d'une certification, voire bénéficier d'une AOC. Un peu comme les pauvres éleveurs de chèvres des Cevennes qui doivent se plier aux oukases de Bruxelle pour éviter de se faire poursuivre en justice par un consommateur lituanien qui aurait attrapé une gastro en dégustant un fromage un peu trop fermier.

A ce propos, si nous devons « normaliser » Docteur Bonheur, peut-être nous sera-t-il demandé de retirer les marques Seroplex et Effexor de son refrain, ou, mieux encore, d'utiliser les noms des médicaments génériques correspondants afin de contribuer au comblement du trou de la sécu. Tiens d'ailleurs par curiosité je viens de faire un tour sur le net, et Seroplex, est déjà le générique de Séropram !
Nous vivons une époque formidable !

Pour achever ce long travail sur nos deux dernières productions, qui s'est déroulé dans une ambiance très détendue malgré nos difficultés, nous avons décidé d'entreprendre un petit marathon afin de nous détendre un peu. C'est traditionnellement moi qui au hasard indique à mesure notre prochaine chanson. Ces derniers temps, je propose uniquement nos compos à la « pioche » mais cette fois, pour dérouter un peu tout le monde, j'ai lancé : « Whatever ». Après une légère hésitation, tout le monde a joué le jeu... C'était assez poilant d'observer la mine de chacun, tentant de faire remonter à la surface des automatismes anciens de deux mois.
On a fini par le sortir, de brique et de broque, dans une hilarité générale qui nous a fait du bien. J'avais l'impression de conduire une vieille bagnole qui brinquebalait dans tous les sens sur une piste particulièrement défoncée. Mais finalement on a mené la 4L au bout !

Je voudrais signaler que du coté de ma voix, je me suis senti à l'aise comme rarement. Je t'arrête Jésou, abstiens-toi, je sais déjà que tu vas trouver une explication logique à cette euphorie.
J'avais des sensations pures de maîtriser mon instrument, il répondait à la moindre sollicitation, et surtout je pouvais lui imposer des contraintes qu'il m'était impossibles de contourner jusqu'ici. J'ai pu accéder sans trop d'effort à un registre plus aigu, moduler ma voix, et insuffler plus d'émotion dans mon chant. J'en ai pris conscience sur une version très « lourde » de SPAM, qui se rapprochait un peu, dans sa rytmique hypnotique du « nightclubber » de Iggy Pop (il y a quelques années c'était le générique du talk show « lunettes noires pour une nuit blanche » d'Ardisson). Je me sais présomptueux, mais j'ai eu la certitude que cette fois au moins, j'ai contribué à donner corps à quelque chose de très personnel au groupe et que mon interprétation à participé au plaisir de mes camarades (bien que je sache que concentrés sur leurs parties respectives, et confronté à l'acoustique perfectible de notre dispositif, les musiciens ne m'entendent pas). En tous cas j'ai ressenti les bonnes vibrations, et au moment où je l'écris j' en ai encore les poils qui se dressent sous mes aisselles !

Pendant que je chantais, comme une bête de scène, avec mes tripes, et que je sentais mon souffle pousser ma voix depuis mon ventre au travers de ma gorge mobile jusqu'à ma bouche ouverte comme celle d'un ténor italien, tandis que mon corps se pliait, se tordait, accompagnant mes mots de ses mouvements rageurs, j'écoutais jouer Jésou et Pascou. J'étais fier de leur maîtrise, de leur concentration, de la complicité que je décelais dans leurs regards malicieux : j'étais fier de leur plaisir.

En définitive, nous avons joué tous les morceaux de notre répertoire, avec une jubilation rarement rencontrée. Ce qui est de très bon augure pour la répétition des Pins, chez les Creach le 1er novembre prochain.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

au debut j'ai rigolé,tiens le mitch nous la fait mystique,ce soir,mais apres,il faut reconnaitre, quelle brillante analyse!
tout est dit en fait,il est juste de penser que cette repète etait reussi,et encore le mot est faible,il y avait de la communion entre nous,de la complicité,et meme un rien de ferveur
Alors d'ou ça viens?
peut etre que cette vieille bouteille de liquide ambré trouvée sous un coussin a servie de declencheur,mais a l'evidence il y a autre chose
il est certain que l'apport de nos deux piliers musicaux que sont pierrot et phil est indeniable,mais pour une fois,oublions notre modestie naturelle et soyons realistes:
Ils etaient deja bons,il le sont toujours certes mais ça,ça ne change rien! par contre nous etions mauvais,soyons justes,ce n'est plus tout a fait le cas

jesous,desormais est totalement apte a suppler la moindre defaillance de notre guitare solo
certes le barde est toujours immobile,mais il est maintenant serein,car sur de sa maitrise du jeu et de la justesse de ces interventions
Lolo ce n'est pas lui faire injure que de dire que sa formation classique etait un handicap,Le rock est avant tout un rythme,et la pauvre,ce rythme là, elle ne l'avait pas,et bien madame lolo..... maintenant chapeau bas!

Je sais bien que la route est encore tres longue,etant le seul a veritablement etre parti de zero;a l'evidence,je ne pouvais que progresser
Je crois qu'effectivement,tout doucement ,ça commence a venir,d'ailleurs mon entourage familial,meme s'il a toujours ete bienveillant avec moi ,avait tendance,jusqu'a il y a peu ,a fermer les portes et s'isoler le plus possible de moi des que je travaillait mon instrument a la maison :ce n'est plus le cas ,l'ecoute deviens attentive et parfois meme admirative,pas de mon jeu bien sur,mais de mon evolution favorable, et ça,croyez moi, c'est porteur d'espoir et tres encourageant pour quelqu'un qui doute
Et puis il y a mitch.....ah mitch....on diras ce qu'on voudras ,mais quand meme c'est quelqu'un ce mitch.....
son coté bete de scene,pas de probleme,indiscutablement il etait de nous tous, le seul a pouvoir en assumer la fonction
pour ce qui est de la gestion et de l'organisation du blog ,la encore,il y a pas photos,il est brillantissime,a la fois par ces interventions judicieuses et "presque" toujours pertinentes,mais aussi par sa maitrise quasi professionnelle de l'instrument informatique

Seul petit bemol, comment dire.........sa voix

particuliere,differente,originale dirons certains.........fausse disait le plus grand nombre,et c'etait peut etre un peu vrai apres tout
On peut bien te l'avouer michel,pendant les repets,c'est pas vraiment qu'on t'entendais pas..........c'est plutot qu'on faisait tout pour pas t'entendre(mon dieu,j'ai encore en memoire ta premiere interpretation d'I'll be waiting....un pur bonheur!)
Mais,tout ça c'est du passé!
comme tu t'en est rendu compte mercredi,ton instrument est soudainement passé de perfectible .....a performant !
et je suis sur qu'il ne faut pas chercher plus loin l'explication de notre plaisir de mercredi

Bien sur on a tous fait des progres,c'est evident,mai toi michel c'est different,je me demande si tu n'est pas tout simplement en train de devenir UN VRAI CHANTEUR !

poun qui en redemande

Anonyme a dit…

tout a fait d'accord avec toi ,pascou pour le commentaire;je te confirme que tu es, je pense, celui qui a fait le plus de progres(ta marge de progression etait aussi la plus grande en demarrant de zero!!)mais je reconnais aussi que mitch a passe un cap et semble plus a l'aise et met plus de variations dans sa voix(on peut peut-etre meme envisager de reprendre le chantier i'll be waiting dans quelque temps) en bref meme si tout n'est pas parfait on sent que tout le groupe progresse le travail finit toujours par payer.

phil le k

Anonyme a dit…

ouais c'est vrai
Jésou

The Undertakers 5 a dit…

Pareil

mitch

(j ai compris que mon principal atout en tant que chanteur c'était de faire le pitre, et que moins je l'ouvrais mieux c'était)

Anonyme a dit…

bravo, et merci , que du plaisir à lire vos commentaires, l'aisance avec laquelle vous écrivez, surtout d'avoir pris en compte mes commentaires, car comme vous me l'avez fait remarquer c'est un blog nombriliste, pour un groupe d'amis de trente ans, la fouine

Pascale a dit…

Mais comme vous êtes meugnons ! Té, j'en suis toute chamboulée....

;-)