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vendredi 23 mai 2008

Quart de Siècle et Paranoia

La répétition de ce soir coïncide avec notre anniversaire de mariage. Le quart de siècle, carrément ! J'ai acheté un bouquet de fleur, débouché une bouteille de champagne, que nous sifflons allègrement à deux. Tandis que je bois à cet événement, je repars 25 ans en arrière. C'était la Feria. Et la veille au soir de l'échange de nos vœux, j'avais fait une bamboula à tout casser avec les Unit. Je me souviens que Domi déchaînée dansait frénétiquement sur les tables du Napo avec sa copine Chantal, la demi-sœur de Nimeño II. Domi aimait s'amuser à l'époque. Son Jean Jacques et elle traversaient les soirées comme deux Jetsetters. Depuis elle a une famille, des enfants, des responsabilités. Pas comme nous, noctambules impénitents.

C'est donc pour une bonne cause, celle de la de commémoration que nous arrivons en retard chez les Fabre. Le groupe est déjà là depuis un moment. Un excellent dessert à la crème de marron au trois quart boulotée nous tend ses arômes subtils et ses sapides textures. J'y plonge sans complexe une cuiller déjà sucée.. Hmmm que c'est bon ! Il me semble reconnaître le parfum de Sylvie. Lolita Lempika je pense. Elle en dépose toujours quelques gouttes dans ce sillon étroit qui sépare de si belle manière les formes galbées de son buste parfait mis en valeur par un vêtement admirablement décolleté dont l'étoffe chatoyante semble respirer au rythme des mouvements de ses deux poumons. A part cet événement majeur, rien de bien original, si ce n'est une succession processionnaire de tubes anciens et de compositions régionales dont l'ancienneté et le nombre restreint, qui tiendrait dans deux boites d'œufs extra-coque, atteste sinon de notre vitalité artistique, du moins de notre opiniâtre obstination à type d'acharnement dans l'enterrement de première classe frisant le trouble obsessionnel compulsif. Citons au passage un florilège des appréciations lapidaires qui accompagnent notre interprétation de « I'll be waiting » :
A chier
Lamentable
Pitoyable
Nul
Bizarrement, comme chacun me regarde en y allant de son commentaire, j'ai comme l'impression de focaliser sur moi toute l'inimitié du groupe pour cette chanson. C'est pas gagné pour le slow. C'est pas gagné non plus pour le duo de charme. En y réfléchissant, ils ont plus que raison. C'est merdique, on n'y arrivera pas ! Sauf...... Sauf si..... Sauf si Odile le chante toute seule. Ça peut marcher. Du fond de ma parano, je ne peux m'empêcher de penser que ça fait trois mois que le reste du groupe retient son souffle en espérant que je finirai par comprendre. Je les imagine, grattant, battant, pianotant, crispés sur leurs instruments, un rictus bienveillant aux lèvres, et je surprends leurs regards qui se croisent, et leurs yeux qui clignent désespérément dans le morse des musiciens : Putain, c'est quand qu'il va comprendre ? Et l'autre : J'en peux plus, encore une fois comme ça et je m'écrase les doigts dans la portière de la voiture, et ce dernier, entre deux battements de cymbales : Mais à quoi j'ai pensé quand j'ai proposé ce titre ? Je suis maudit ! Et celle-ci : Je le supporte déjà depuis 25 ans, mais si je dois l'écouter chanter « en plus », moi je rends mon tablier ! Ouais, c'est ça, bon sang mais c'est bien sur ! Parfois je surprend Odile au téléphone, elle dit des trucs en chuchotant, et puis quand je rentre dans la pièce, elle raccroche brusquement en marmonnant des excuses fantaisistes du style « c'était encore pour la boucherie Sanzot » ou « c'était mon amant ». Mais j'ai bien compris leur petit manège, ils complotent dans mon dos, j'en suis sur, ils s'appellent constamment, ils disent des horreurs sur mon compte, genre : il arrive plus à chanter, et il boit et je suis sur qu'il fume des trucs pas catholiques en plus, et patati et patata, et quand j'arrive dans la SJM je vois bien ce qui se passe, je sens bien que le silence s'installe, un silence gêné, pesant, ils font semblant d'astiquer leur manche ou la peau de leur caisse, ou de passer leurs touches à l'encaustique, mais je vois bien ce qui se passe, je suis pas fou quand même, je sais lire dans leur tête, de toute façon je sais pertinemment que je suis la dernière roue de la charrette et que je compte pour du beurre, bon sang, quand je pense que j'étais naïf à ce point, que je croyais qu'ils avaient de l'estime pour moi mais en fait ils me détestent, je sens leur haine souffler sur moi comme un feu brûlant venu de l'enfer, ils ne supporte pas que j'aie du talent, c'est pour ça qu'ils ne veulent plus qu'on passe sur scène, bien sur, je comprends maintenant, sur scène le public n'a d'yeux que pour moi, ils me vénèrent ils m'adulent, le public il le sait LUI ce que je vaux, il sait que je porte ce groupe à bouts de bras, et que sans moi tout se casserait la gueule, ils ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont de m'avoir dans le groupe, ils ne me méritent pas et c'est grâce à moi qu'on est passé dans le journal, avec ce commentaire si élogieux, eh oui les mecs, tout ça c'est ma victoire, je supporte toute la pression, surtout ne pas craquer, surtout ne pas leur montrer que j'ai déjoué leur plan machiavélique, et leur coups tordus, mais oui, mais qu'est ce que je peux être con ! Ils en avaient marre de mon succès je leur fais de l'ombre, et c'est pour ça qu'ils ont essayé de m'assassiner la voix à coups de ACDC en me faisant recommencer le morceaux 10 fois de suite, et puis le complot continue, ils me balance le Kravits dans les gencives, tiens prends ça le chanteur, débrouille-toi avec Lenny et sa voix de tarlouze, ah ah qu'est ce qu'on rigole, regarde-le se débattre dans la mélasse sirupeuse du kravitz, mon Dieu c'est pas possible comment j'ai pu être aveugle à ce point, j'avais toutes les preuves sous les nez, et j'ai pas senti l'odeur fétide de la trahison derrière cette cordialité de façade, ils m'en veulent tous, je suis incompris, les artistes comme moi ne peuvent pas être compris, les médiocres ont peur d'un type comme moi qui leur étale leurs limites sous les yeux, oui c'est ça je leur mets le nez dans leur... non je ne m'abaisserai pas à leur montrer à quel point ils m'ont fait du mal, surtout ne rien montrer, digne, je dois rester digne, je suis un seigneur, un shogun, je suis le samouraï du rock, mon micro est un sabre, il est tranchant comme la lame d'un rasoir forgé dans le plus pur acier de Tolède, ils ne doivent s'apercevoir de rien, ah ils veulent me virer, je vais attendre, comme le cobra prêt à bondir et sauter à la gorge du fakir qui croyait le dompter, tel le tigre tapi derrière un buisson dans la savane africaine s'apprêtant à égorger la gazelle sournoise rhâââââââââââââââââââ ! Qu'est ce que ça fait du bien, de cracher enfin son venin !

Une soirée sans histoires sinon, rien d'époustouflant, un son parfois déconcertant, mais sans larsen, et ça, ça n'a pas de prix. Vivement que cette période de scène se termine, et qu'on puisse se remettre au travail. Pierrot a rencontré Jako, ce dernier attend qu'on lui apporte de la matière, des compos pour mettre en route le prochain CD.

C'est tellement bon de savoir que le groupe fonctionne, et que des liens puissants se sont noués entre tous, basés sur la confiance, le respect. Pas de langue de bois, de la franchise, et cette complicité simple qui nous unit. Mais il ne pouvait en être autrement : des esprits équilibrés, forts, des vies saines, et une amitié indéfectible en sont les piliers.

Dans la paix du Christ !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

. J-1 .
soirée éléctro: DJ KEKE au point

éviter les brushing, ça va décoiffer...

kéké le DJ qui enterre Cloclo, Dalida et Sardou

The Undertakers 5 a dit…

Sera-t-il au niveau de DJ Philou ? ce dernier a placé la barre très haut ces derniers temps...

J'espère au moins qu'i y aura un karaoké.

Pascale a dit…

Oh ouiiiii ! Un ka ra oké ! Un ka ra oké !

Et de quoi désembourber les bagnoles....;)

The Undertakers 5 a dit…

Et des couchages.
Important les couchages !

Pascale a dit…

Faut prendre la chemise de nuit ?

The Undertakers 5 a dit…

ben vi, en pilou.
les nuits sont fraîches encore