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mercredi 9 septembre 2009

Double Mise en Perce Pour Fêter la Reprise

Je contemple la piscine du bord de la terrasse. C’est le soir, quelques oiseaux se poursuivent et se posent dans le vieux cerisier au crépuscule de sa vie. Coca la chatte monte la garde sous le tronc et les observe avec attention, ses muscles en alertes dans un simulacre de chasse, elle qui ne mange rien d’autre que des croquettes. Odile dans la cuisine règle le feu sous le faitout en fonte dans lequel mijotent 10 kilos de coulis dont les riches senteurs dérivent paresseusement jusqu’à moi. Dans la quiétude du soir, le ciel s’assombrit derrière le faite de la maison, alors qu’à l’opposé, au dessus de la piscine, derrière la haie de cyprès, le soleil plonge inexorablement dans la nuit estivale. Je contemple la piscine : Comme une mer intérieure trop longtemps sollicitée par les expérimentations de l’homme, elle se vide inexorablement. Jusqu’ici j’avais constaté une fuite résiduelle, que je compensais sans trop de peine grâce au remplissage automatique. Mais là j’ai l’impression de contempler un évier dont on aurait ouvert la bonde. L’eau est encore trouble des chaleurs d’août, et même en scrutant avec attention les profondeurs, je ne peux distinguer la déchirure dans l’enveloppe du liner. J’en suis réduit à attendre que le niveau se stabilise à l’endroit de la fuite. Du train où ça va, j’ai le sentiment que la piscine va se vider entièrement avant de nous livrer son mystère.

Assistant impuissant à cette mort annoncée, je ne peux m’empêcher d’y voir un parallèle avec le processus d’écriture.

L’écriture est un lac de montagne à l’écosystème fragile, un réservoir d’idées alimenté par des dizaines de torrents, dans lequel on puise à mesure. Hélas ces trois derniers mois, à cause sans doute de la sécheresse de l’été, les rivières se sont taries et les eaux stagnantes se sont révélées impropres à la consommation. Mon lac intérieur s’est retrouvé stérile, sa surface étale, délaissée par les volatiles espiègles qui jouaient alors avec les vaguelettes qui l’agitaient, me laissant dans l’incapacité d’aligner trois mots. Je n’en avais plus la matière, ni, surtout, plus le goût. J’en avais perçu les prémisses il y a quelques temps déjà, ressassant inlassablement, recyclant une eau sans saveur, privée de ses minéraux indispensables, tiède et fade, trop de fois filtrée et retraitée.

C’est la revanche de l’émotion sur l’intellect. La volonté naît du désir : A quoi bon noircir des pages, si l’envie est absente ? Si aucun but ne sous-tend la démarche, si l’inanité de l’entreprise devient comme une évidence ? Car c’est de cette envie qu’émerge le plaisir de conduire le lecteur sur des chemins qu’il n’avait pas prévus par cette construction irréelle de l’esprit qui naît de combinaisons, de chocs aléatoire, d’éclairs fugace, comme autant de poissons insaisissables que pêcheur malhabile je tire des profondeurs du lac.

Remontant vers la maison, Je fais part à Odile de cette analogie aquatique. Elle reste songeuse quelques secondes. Me regarde avec intensité et lâche : « tiens, ça me fait penser, ton lac il est entouré de forêts. Et la forêt c’est du bois. Et du bois on n’en a plus guère ! C’est bientôt l’hiver : il va falloir en faire rentrer trois ou quatre stères ! ». Une vieille blague me traverse l’esprit, dont je ne me rappelle que la chute : Quand homme blanc rentrer beaucoup de bois, c’est que hiver promet d’être rude…

Odile est une personne sensible, cultivée qui ne rechigne pas au questionnement métaphysique ; cependant sont esprit est empreint de pragmatisme, qui lui permet en une fraction de seconde, comme le joueur d’échec examine des milliers de coups à l’avance, d’interpoler, d’extrapoler, d’inférer, d’amalgamer, de suivre mille parcours jusqu’à leur conclusion logique. Comment ne pas éprouver un léger vertige dans cette juxtaposition improbable de mes errances métaphoriques avec le bois de chauffage!

Je ne suis pas loin de penser qu’ici réside la différence fondamentale entre Elles et nous. Elles ont souvent plusieurs coups d’avance. Leur force c’est qu’elles ne nous le font pas trop sentir. La femme est miséricordieuse. On évoquera pour l’anecdote qu’au plus profond de l’acte d’amour, alors que l’homme fournit tout son effort dans un chavirement des sens, la femme, déconnectée, passe en revue le contenu de son caddie du lendemain tout en manifestant par quelques onomatopées un plaisir poli.

Ce long préambule déambulatoire pour en venir à ceci : écrire mobilise une part d’imagination, une part de technique, et aussi comme toute activité humaine, une grande part d’entrainement. Cet entrainement je l’ai délaissé depuis plusieurs mois : je suis rouillé. Les mots ne me viennent plus de manière fluide, je dois faire des pauses, sonder mon esprit, traduire, transcrire, interpréter, me repentir et reprendre une autre piste pour m’apercevoir que je ne sais pas très bien où je vais. Mon GPS est démagnétisé, j’ai perdu la direction. Je dois refaire mes gammes, tout reprendre à zéro.

Ca tombe bien…

Nous étions conviés ce mercredi 2 septembre dernier à la rentrée des UFR, la première répétition de la saison. Nous nous étions quittés sur une impression mitigée après notre dernier concert et je suis certain que pour la première fois depuis la naissance du groupe, nombre d’entre nous n’étaient pas mécontents de faire un long break. Pour ma part j’avais passé l’été sans écouter notre travail, et pour la première fois je n’en concevais nul manque. J’avais besoin de ce hiatus pour reposer mon esprit du tumulte de nos chansons.

Cependant c’est avec beaucoup de plaisir que je retrouvai mes amis assis à la table de la cuisine d’été, au Smith Hall.
En attendant Pierrot, après le traditionnel café, Jésou nous servit une mirabelle excellente. Nous eûmes le temps d’évoquer nos aventures respectives tout au long de ces vacances, chacun narrant telle ou telle anecdote avec verve et humour. Pierrot nous confirma le concert du 4 décembre à l’Oxbridge tandis que Jésou sortait un tonnelet de Kronenbourg du réfrigérateur. Malgré une notice d’une limpide simplicité, exposant en trois temps le modus operandi de la mise en perce, nous eûmes touts les peines du monde à en éclaircir le mystère. La doc indiquait qu’en ouvrant le robinet nous obtiendrions une mousse parfaite. En cela elle tint ses promesses : nous pûmes déguster une choppe entière de mousse hélas polluée au fond par quelques centimètres cubes de bière. Une manipulation malheureuse faillit même occasionner des dégâts considérables et déclencha la fuite de tous les observateurs : Nous vîmes soudainement le métal se déformer dans un bruit sinistre, puis se stabiliser dans une forme menaçante qui nous parut précaire. Durant quelques dixièmes de secondes je partageais avec les spationautes les angoisses de l’accident de compression, tant la forme même du tonnelet évoquait quelque module spatial en proie aux dangers du vide.

Un débat contradictoire empreint de courtoisie, et d’une grande tenue morale s’installa au sujet de la dernière collaboration de nos musiciens, le très passionnel « Ahhhh ! ». Je ne cachai pas mes réticences, mes contradicteurs objectèrent par d’habiles argumentations. Nous en restâmes là.
Nous descendîmes tard à la SJM. La chaleurs de ce début septembre était encore étouffante, d’autant que nous nous livrâmes encore à quelques aménagements en vue de déplacer tels ou tels appareils. Une fois de plus notre disposition changeait.
Cela n’affecta cependant pas notre travail, qui après deux mois d’inactivité se révéla étonnamment propre. Nous n’atteignîmes pas des sommets, bien sûr, mais on aurait pu s’attendre au pire, ce qui nous fut évité. Nous passâmes en revue l’ensemble de nos titres, dont nous coupâmes l’enchaînement d’une pause minime que nous mimes à profit pour nous désaltérer d’un nouveau boc de mousse. Nous saluâmes la constance du dispositif, qui sembla mettre un point d’honneur à ne pas nous délivrer une once de bière liquide, mais au contraire s’obstina à produire la mousse ferme vantée par le brasseur.
Je suggérai d’emporter le tonnelet à la SJM, au cas où un incendie se serait déclenché du fait d’une température excessive des équipements : La mousse remplacerait efficacement la neige carbonique.

Coté son nous ne dérogeâmes pas à la règle : ce fut assourdissant. Il faut savoir sacrifier à la tradition.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

mon cher michel,
j'espère que ces quelques mots te trouveront frais et dispos ,n'est-il pas?
S'il vous plaît,Où est passé l' enthousiasme des débuts, la joie des gamins devant le nouveau jouet? La soif d' apprendre ?
question de pure rhétorique
arrêtez de vous prendre au sérieux et rigolez amusez-vous
pour certains c' est déjà une corvée!!!!RePrenez du plaisir
le reste suivra
Leçon numéro 1
l' hypnose aussi ça a eu marché

si ça te plait il y aura une suite

Anonyme a dit…

Il a raison monsieur ou madame "si ça te plait il y aura une suite".
Hauts les coeurs quediablefichtreetdiantreaussiunptitpeu!
Une nouvelle page se dresse devant nous. Blanche , immaculée ( non jésou pas maintenant )et nous la franchirons tous ensemble en y gravant de nos piolets, les éternelles traces,les stigmates de l'Histoire des U.fr .
Bon a part ça, mitch, j'ai ouî dire t'avais bouffé un truc pas bien frais samedi dernier.J'espère que tu vas mieux.
Bon je vous laisse , j'ai une tisane sur le gaz.
P.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
The Undertakers 5 a dit…

je n'ai jamais supprimé un message sur ce blog..

j'ai pourtant effacé celui que je viens de lire.
Il était très vrai, la référence stendahliene était savoureuse.

Mais je l'ai trouvé méchant.

C'est déja assez pénible pour moi, ce qui m'est arrivé dernièrement.

j'espère que M. Bip me comprendra.

pour l'anonyme du début, mon enthousiasme est intact. bien que l'allusion hypnotique me laisse un peu perplexe.


Pour P. j'apprécie ta gentillesse. On continue j'espère.

Anonyme a dit…

oh zut alors, c'etait quoi , ce message supprimé,c'etait cochon? ecrit par jesou peut etre,dommage
,meme si c'etait cochon,comme le dit une celebre chanson :"tout est bon dans le cochon" !

poun