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dimanche 10 mai 2009

Dernière Station Avant l'Autoroute

Les évènements se précipitent et se télescopent tant notre actualité est dense en ce moment. Mes doigts malhabiles ont du mal à courir assez vite sur le clavier pour rendre compte en temps réel de notre activité. En ce Dimanche 10 mai, voici donc la relation de notre dernière séance d’entraînement avant un des évènements-phare de la saison : la soirée organisée par Sylvaine, que je raconterai dans les prochains jours. Hélas je n’ai aucune photo de cette rencontre, donc si parmi les lecteurs quelques bonnes âmes pouvaient m’en faire parvenir à cette adresse : omazet@aol.com, je leur en serai reconnaissant.

Répète décisive que celle de ce mercredi, puis qu’elle tient lieu de répétition générale avant le concert privé déjà évoqué dans ces pages. Assis à la table de la terrasse, nous faisons le briefing afin de régler les détails logistiques du samedi. Tout en discutant, je sors une bouteille de Jura, un scotch whisky originaire d’une petite île au large de la cote écossaise. Coïncidence, Pascou a de son coté apporté une bouteille de Glenfiddish (la vallée des cerfs en écossais) un assemblage des Highlands. Bien entendu nous ne nous étions pas concertés, et c’est avec amusement que nous posons fièrement les fioles de liqueur de malt sous les regards concupiscents des membres du groupe. Tout au plus Phil fixe-t-il un peu durement son regard dessus. Mais nous le rassurons, la répète de ce soir est trop importante pour la torpiller avec des excès de cette sorte.

Le concert devrait en théorie débuter vers 19h30, en conclusion de l’apéritif d’accueil des participants. En pratique, j’ai l’impression que ça risque d’être un poil plus tard : les apéro traînent toujours un peu, et en évaluer la longueur tient de l’art divinatoire, surtout pour les apéros dînatoires, à moins que notre hôtesse ne se montre autoritaire et mette fin de manière péremptoire à ces préliminaires mondains. L’objectif est tout de même que notre spectacle se termine au plus tard à 22 heures afin de ne pas gêner l’entourage. Cependant pour couper court à des plaintes proches, Sylvaine a invité ses voisins immédiats.

Ce qui m’amène à interroger Pascou sur le volume de notre audience : 200, 300 personnes ? L’Ultrabassiste compte sur ses mains :
« Ben y aura déjà les membres du groupe et leurs épouses… euh ça fait 12 ». Il marque une pause, puis dénombre laborieusement les présents… pour conclure : « et avec Simon et Hanna, ça fera 23 ».
« Quoi ?! Mais quand tu dis 23, c’est AVEC ou SANS, les UFR ? »
« Avec les UFR ».
« Tu veux dire qu’on va jouer pour 16 personnes ?! Attends, tu nous avais pas dit qu’on allait jouer à huis clos, c’est plus un concert, c’est une aubade ! A ce compte là, y a qu’à laisser le matos où il est, et on fait rentrer tout le monde dans la salle Jim Morrison ! Y a largement la place, et en plus en cas de pluie c’est à l’abris »
« Attends je recompte.. Ah j’en avais oublié ! En fait avec les voisins on sera une quarantaine ».
"Ah, ben quarante personnes, ça change tout ! Là c'est un concert privé, c'est classe.Y a rien à dire, c'est très tendance en ce moment. Toute les grandes vedettes en font pour payer le fioul de leur yacht"
Pierrot nous coupe : « De toute façon, ça sera sympa, et puis ça nous fera un excellent entraînement pour le concert de la féria ».

Phil intervient : « Bon les jeunes, faudrait travailler maintenant, et sérieusement », insiste-t-il en jetant un regard oblique vers les bouteilles de boisson ambrée.
Nous nous levons tous comme un seul homme et descendons à la SJM. Tandis qu’on s’installe, je pose la bouteille de Jura sur une étagère :
« Je la mets là, mais on n’y touche pas »
Pascou me regarde et s’inquiète « c’est dommage quand même de ne pas le goûter, juste tremper ses lèvres. Je ne le connais pas ce whisky »
« Bon, d’accord, mais rien qu’une goutte alors, je te rappelle qu’on est là pour jouer propre et carré ».
Ce disant, je lui sers une ample rasade qui remplit aux deux tiers une des grandes tasses à café que Le Barde a descendues. Les autres ne traînent pas pour réclamer également leur dû. La bouteille circule et se vide à proportion des pions que chacun se sert sous le regard intrigué du Carré. Même les filles s’y mettent et réclament une tasse.
« On sent bien le terroir », apprécie Pascou,
« ouais, mais on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il doit y avoir de la pomme là-dedans » lance Pierrot,
« oh putain, il arrache la gueule » commente Lolo en faisant la grimace,
Odile quand à elle repose sa tasse après y avoir trempé ses lèvres : « c’est vraiment trop fort pour moi ».
« Non, moi je ne trouve pas, il y a de la tourbe, mais c’est rond en bouche, c’est chaleureux » conclus-je en faisant claper la langue contre le palais.

« Bon, alors qu’est-ce qu’on fait, on y va ? » Phil d’un roulement de baguettes nous rappelle à nos obligations. D’un trait nous vidons nos tasses et entamons Ecolosong que nous exécutons impeccablement.
A l’issu du morceau Pascou me lance : « Tu dis qu’il y a de la tourbe dans le Jura, mais dans le Glenfiddish il y en a encore plus, tu vas voir »
Il dévisse le bouchon de sa bouteille et m’en verse une tasse pleine, puis remplit celles que lui tendent fébrilement les autres. On dirait des curistes prenant les eaux, ravis déjà d'en ressentir les effets bénéfiques sur leurs articulations noueuses. C’est un concert de louanges qui saluent cette nouvelle tournée, avalée cul sec. Puis on se lance dans des comparatifs en aveugle pour déterminer lequel des deux whiskies est le plus tourbé : l'insulaire ou le montagnard ?
Après moult tests on penche pour la boisson des Highlands. Les titres s’enchaînent alors, ponctués de larges ponctions sur les deux bouteilles qui rapidement sont vides. Du coin de l’œil nous observons les réactions du Carré, attendant enfin quelque verte remarque. En vain. Il a pris des cours de yoga depuis la dernière fois ou quoi ? Son visage est un masque inexpressif sur lequel on ne décèle aucune émotion. A croire que depuis le début il est sous Seroplex (TM)et Effexor (TM) ! Ce type n'est pas humain.

Finalement, Pascou n’y tenant plus lui tend une tasse : « Tu ne bois pas Phil, tu veux goûter ? »
« Bon, j’ai compris » réponds imperturbable notre batteur. Il hume la tasse : « au début j’ai été un peu surpris et j’y ai presque cru.. Mais à l’allure où vous vous enfiliez les verres, je me suis dit qu’il y avait un truc ! »
Notre plaisanterie a fait long feu, peut-être en avons nous trop fait, à vider des tasses à la file, cul sec, sans qu’aucun effet visible ne se manifeste. Il faut dire que nous avions très soif, et que le jus de pomme qui remplaçait la boisson ambrée n’était pas le liquide idéal pour l’étancher.
Pas facile à berner notre kiné ! On a des joies simples, je vous l’accorde, mais ça nous a bien fait rire, cet épisode. En attendant nous sommes très satisfaits de cette séance. Les titres se sont bien enchaînés, tout le monde était concentré malgré notre petite plaisanterie de potaches.
En dépit du stress qui me gagne, je ne peux que constater que nous n’avons jamais aussi bien préparé un concert.

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