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lundi 4 mai 2009

Demosthène et Wasabi : La Philippique n'est pas Loin

L’échéance du 9 mai approche. Depuis quinze jours nous n’étions pas très sur que le concert chez Sylvaine soit maintenu. En effet, le décès d’un de ses amis proches, Maurice, qui d’ailleurs nous avait aidé lors de son déménagement, l’avait affecté au point qu’elle remette en question ce rendez vous festif.

Mais Pascou nous confirme donc, ce mercredi avant-veille du premier mai, cette date importante dans notre planning, par ailleurs peu chargé il faut bien l’avouer. A ce propos Bruno, l’un des deux jumeaux nous donne quelques informations concernant le festival de Sainte Anastasie auquel nous avions participé l’année dernière. L’organisatrice a bien sur fait l’impasse sur notre groupe préférant en inviter un autre, sans doute bien meilleur, qui sera payé pour sa prestation. Pas ailleurs il nous explique les conditions de la venue de Patricia Kaas : Elle touchera un cachet de cinquante mille euros, bénéficiera d’une loge pour se reposer, une autre pour répéter, et une dernière équipée d’une baignoire pour ses soins esthétiques.

On voit que grâce entre autre à notre bénévole participation de l’année dernière, l’organisation a su capitaliser de quoi mettre les gros moyens cette année. Dommage toutefois que les organisateurs n’aient même pas eu la courtoisie de nous contacter au moins pour donner un retour sur notre prestation. J’y vois là une forme de mépris assez insupportable.
Tout cela n’a tout de même pas empêché ces gens de proposer à Bruno d’acheter des places pour le festival ! Mais là, il ne faut pas trop pousser tout de même, quand on s’est fait enculer la première fois, il y avait l’effet de surprise, on avait des circonstances atténuantes ; cette fois-ci, nous sommes prévenus, et on pourrait penser que nous y prenons goût !

Nous arrivons très en retard ce soir, les impondérables de la vie trépidante que nous menons tous sont parfois difficiles à gérer. Sitôt sur les lieux, nous descendons à la SJM, le batteur les deux guitaristes et moi pendant que le bassiste, la pianiste et la chanteuse musardent en haut. Nous commençons la répète en leur absence afin de ne pas perdre de temps. C’est donc sous les accents de Bête de Scène que le reste de l’orchestre se met en place.
Il est nécessaire de borner un peu ces répétitions, il est regrettable que tous n’aient pas le même sens des responsabilités et qu’il faille gentiment les rappeler à leur devoir. Mais cette courtoise admonestation musicale n’est rien au regard de ce que nous réserve plus tard dans la soirée notre batteur.
Prenons d’abord le temps de dérouler le fil chronologique des évènements.

Il est important pour tous de prendre conscience, et sur ce point (ironie du sort) notre Leader Maximo a eu raison d’insister en début de répète, que ceci est l’antépénultième séance avant le concert du 9 mai. Nous nous devons donc de jouer dans les conditions du direct, avec toute la rigueur et le sérieux dont nous devrons faire preuve le jour J devant les amis et connaissances de Sylvaine. En cela nous découvrons Poun nerveux et fébrile ; en sa qualité de beau-frère, il se sent très concerné et désire que le groupe ne fasse pas honte à notre hôtesse.

Les amplis ont été bridés, les voix sont en place, et le marathon se déroule très correctement durant les premiers titres. Par exemple je pense que les chœurs ont progressé, que ce soit sur Whatever, ou encore Proud Mary. Phil nous fait cependant reprendre ce dernier morceau : nous avons tendance à ralentir sur les refrains.
D’ailleurs la structure même de notre version actuelle de « Proud » induit des variations importantes de rythmes si on n’y prend pas garde. En effet Jésou commence seul à la guitare, sur un tempo en général lent, façon Grame Allwright au jamboree 1968 des Scouts de France. A la reprise Phil imprime son rythme, soutenu, auquel nous devons tous nous adapter, puis c’est le refrain qui a tendance à ralentir le mouvement, avant qu’arrive le couplet plus rapide, puis le solo qui de nouveau modifie la donne. Particulièrement ce soir. On assiste donc a une série d’accélérations et de ralentissements très perceptibles, comme les bandes sons optiques des films de notre enfance, et leur plages musicales qu’on dirait soumise à l’effet doppler.

Insensiblement au fil des titres, un certain flottement s’installe que l’on peut corréler avec un attachement un peu trop marqué pour certains liquides.
Cela me peine de jouer les délateurs, mais après tout le présent journal se doit à l’objectivité et la justesse de son propos. Et j’espère qu’on ne m’en tiendra pas rigueur.
Après ces précautions liminaires voici donc les faits :

Pierrot n’est pas tout à fait dans la séance et ne ressent pas les bonnes vibrations pour donner toute sa mesure. Pour se détendre un peu, et dans cette démarche nous l’avons tous accompagné, on dévisse une bouteille de boisson ambrée qui traîne par là. C’est un excellent scotch de chez Aldi. Il a six mois d'âge, il est presque aussi bon que le Guillon champenois du Baou, pour ceux qui suivent nos aventures. Peut-être aurions-nous dû couper le breuvage avec du coca, hélas nous n’en avons pas sous la main. Le liquide est donc absorbé pur.
De fait dans un premier temps l’effet est très positif. Les doigts se délient, les gorges se desserrent. Les titres s’enchaînent avec fluidité, même le Carré nous donne satisfecit. Mais sans doute par excès de confiance, ou bien dans un soucis de perfection, Pierrot décide de s’immoler sur l’autel de la soif en multipliant les prélèvements sur la bouteille qui, sans doute est-ce là notre erreur, est en libre accès. Nous concluons tant bien que mal le marathon, déplorant toutefois deux éclatements de cordes sur les guitares successives du Leader.

La pause est animée comme à l’accoutumée, ponctuée par l’enthousiasme de Pierrot pour sa nouvelle voiture : une sorte de 4L à la sauce wasabi. Cette acquisition le met tellement en joie d’ailleurs qu’il prend la peine de me raconter trois fois de suite les circonstances de l’achat puis les caractéristiques techniques du véhicule. A chacune de ses interventions, j’ai l’intime conviction qu’il ne se rappelle pas qu’il m’a déjà raconté l’histoire, et c’est donc avec la même ardeur qu’il m’énumère les nombreuses qualités de l’engin. Dont par ailleurs il suggère de décorer les flancs avec des logos du groupe ; les têtes de mort surtout.
J'imagine très bien l’arrivée de notre infirmier chez un patient avec cette voiture décorée aux couleurs des Fossoyeurs.
Tandis qu’il se passionne pour son sujet automobile, Il tente avec opiniâtreté de changer sa corde de guitare. Il faut la faire passer par une sorte de chas et dans le même temps extirper de l’orifice les restes de l’ancienne corde. L’exercice n’est pas simple. Mais il ne se départit pas de sa bonne humeur et continue de soliloquer joyeusement jusqu’à la reprise.

Le deuxième marathon est d’évidence de trop. On joue fort, et donc mal. L’orchestre court désespérément derrière le Leader, tentant de le rattraper et de modérer ses ardeurs, mais c’est peine perdue. Il est dans son monde, un autre monde dont on on n'aurait pas forcément rêvé en première intention, et tel Hendrix en proie à ses démons, il se lance dans des improvisations échevelées comportant parfois une touche d'approximation qui nous laisse ans l'expectétive. Les cordes mises à mal par deux fois déjà vibrent dangereusement, crient leur douleur, menaçant de se rompre sous nos regards angoissés. Je me mets à hurler tel Démosthène s’exerçant à la rhétorique, (il avait un défaut de langue) des galets dans la bouche devant les flots furieux de la mer Egée, afin de d’essayer de me faire entendre.

J’évoque Démosthène, ce n’est pas pour rien. Ce grec qui vécut vers -350 av. JC. Se fit connaître comme opposant à Philippe, roi de Macédoine, qui tentait d’envahir un royaume voisin, La Thrace. (On se souvient de la célèbre réplique dans « Astérix aux jeux olympiques : suivez mes Thraces !). Il est à l’origine des célèbres Philllipiques : de violentes et acerbes diatribes.

Quel rapport avec Phil me demanderez vous ?
J'y viens :

Au bout de trois titres Le Carré n’en peut plus. Au milieu d’un morceau particulièrement médiocre, il s’arrête, calmement commence à dévisser ses cymbales, et dans le silence qui s’installe, lance sa philippique : « Moi j’arrête, on est en train de faire n’importe quoi ; dans ces conditions ce n’est pas la peine de continuer. Il faut savoir si on est là pour s’amuser, ou bien pour jouer !
Nous le regardons médusés, alors que du coin de l’œil j’aperçois, comme un élève de CP pris en faute, Pierrot se balançant nerveusement d’un pied sur l’autre. D’une petite voix il quémande deux derniers titres : « On va s’appliquer » plaide-t-il. Conciliant, Phil revisse ses cymbales, tout en jetant un regard méfiant et sévère à notre trublion. « Allez », intime-t-il, « et appliquez vous » !

Dans la SJM, soudain polaire, plus personne ne moufte. On se concentre sur le travail. Après la rigolade et la décontraction, la répète reprend ses droits. A ma droite, l’élève Charras sous étroite surveillance, les épaules voûtées, le visage caché par une mèche rebelle, les yeux rivés sur ses frètes, s’active consciencieusement à ne pas décevoir Maître Phil. Il avouera plus tard n’avoir jamais été aussi concentré pour exécuter correctement sa partie.

De cette séance je retiendrai donc cet Aphorisme Carré, à déclamer en toge avec des galets dans la bouche sur le môle de Palavas les Flots un jour d'equinoxe : On n’est pas là pour s’amuser, on est là pour jouer ! Et mine de rien, quand on va au fond des choses, ça va très loin… Méditons là-dessus.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

hé ben , heureusement qu'il est là, le Carré !
les rails, bordel, les rails !
depuis le temps que je l'entends, ce truc ! ça me fait grand plaisir de vous le ressortir !
bande de nazes !
kéké

Anonyme a dit…

bien entendu, il ne mange pas de ce foin là, mais il etait dans un tel etat, ce soir là, le pauvre pierrot, qu'un non initié aurait pu croire qu'il venait justement d'en aspirer un avec une paille ........de rail
Mais ce n'etait en fait que l'effet parfois pervers de ce fameux liquide ambré que nous sommes quelques uns a apprecier parfois sans moderation

que celui qui n'a jamais fauté, lui jette la premiere pierre! Pas vrai mitch?

poun

The Undertakers 5 a dit…

Ouais, tu as raison, on a fait une sacré bonne affaire ! je relisais "mai 2007" dans un des billets j'y racontais nos démêlées avec Alain, puis Alain V2.0 et Alain V2.0 evolution.. A l'époque on pensait qu'on allait jouer avec une machine comme batteur ! fou que nous étions. Ce batteur là, non seulement il bat, mais EN PLUS, c'est notre caution morale.

Fini la boisson ambrée maintenant.
+ de rails, de coke (à cola) : c'est notre nouveau credo.

The Undertakers 5 a dit…

Ah ça mon Poun, chacun d'entre nous a trébuché. La tension, la pression, l'épuisement... Jouer dans le noir, sans ses lunettes, confondre parfois la bouteille de coke et celle de boisson ambrée, tout le monde peut se laisser piéger tu as raison. Et je ne prendrai pas le risque de caillasser Pierre pour son insouciance bien compréhensible d'un soir.

Anonyme a dit…

quoi!! qu'est ce que c'est que ces commentaires!! il me semble que j'avais dit au lit a 23h
je vais vous mater moi bande de petits galopins!
allez au boulot et mercredi soir interrogation orale et celui qui se trompe ça va faire mal!!

phil le k

Anonyme a dit…

qui c est qui veut jeter pierre ?
c est pas cool, lolo

The Undertakers 5 a dit…

C'est toujours pareil,dès qu'on touche à l'image du CHOUCHOU, les femmes montent au créneau ! Et le Pierrot par ci, et le Leader par là... faut surtout pas critiquer !

Ah ça, quand le chanteur a le malheur de siroter un doigt de liqueur, ça on en fait une montagne : pochtron, ivrogne, il va sombrer dans l'alcool etc.. Mais quand c'est le Maximo, alors là c'est normal, c'est un accident, une faiblesse passagère due au stress, et puis il est tellement beau mon Pierrot, faut pas le traumatiser, ah mon Dieu, Pierrot, je t'aime Pierrot, prends moi, prends moi, envoie moi au ciel, là sur la table tout de suite, ah Pierrot, ah, ah, rhâââââ.

En plus ça serait bien qu'il aille chez le coiffeur, le bêlâtre, tous ces cheveux,c'est pas sain. Idem pour l'Ultrabassiste d'ailleurs. Ca fait Ultranégligé.

Phil, dit quelque chose.On veut des crânes propres !
J'aimerais qu'il y ait inspection capillaire mercredi soir.

Anonyme a dit…

jesou est d'accord pour une inspection capillaire, mais il veut s'occuper personnellement de l'inspection des membres feminins du groupe....pourquoi....... je comprends pas

poun