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mercredi 16 juillet 2008

Le Bonjour de l'Alcoolique

Hélas, il me faut être sérieux, pour une fois. Et ce billet sera donc un billet d'humeur. J'ai pris l'habitude de ne pas trop donner d'importance aux choses, et de préférer la dérision et le second degré, la légèreté et un certain détachement, à une attitude plus sentencieuse et basée sur des certitudes et des jugements qui par définition sont toujours partiaux et sujets à interprétation.

Cependant, ce Week End chez les Isenberg a suscité en moi quelques interrogations, et, partant, des inquiétudes. J'ai vécu cette réunion comme une expérience. Et, comme dans toute expérience, il y eut un observateur. J'ai déjà parlé, peut-être de manière prémonitoire, du fameux principe d'Heisenberg, selon lequel la présence de l'observateur modifie les conditions de l'expérience. J'ai le sentiment que c'est un peu ce qui s'est passé. On a été observé, on s'est senti observé, on a pas assez observé. Nous ne sommes pas suffisamment conscient du caractère très spécifique du microcosme que constitue notre groupe d'amis. Au fil des années, nous avons accumulé une foule d'évènements communs qui ont forgé nos relations. Également, chacun d'entre nous, comme finalement dans toute société humaine, occupe un rôle, résultat à la fois de ses penchants naturels mais aussi du regard des autres. Et puis on aime bien en général mettre dans une case chacun, l'esprit humain est ainsi fait qu'il aime simplifier, et la case, la catégorie, facilitent l'analyse des relations complexes dans un groupe.

Nous sommes donc le résultat d'ajustements successifs, chacun trouvant sa place, et finalement jouant le rôle qu'un consensus tacite a défini pour lui. Ainsi Philou est le riche de service, Jésou parle de cul, Valérie est la sainte, Alain le sportif, Pierrot l'artiste et le beau mec, Pascou est bougon, Lise est la prot, Catou est lunatique, Sylvie pratique, Lolo gamine, Odile cuisine, Catherine n'a pas sa langue dans sa poche, Kéké carbure au pastis et au « charme », et moi.. et moi... Et moi j'ai écouté les échanges de propos qui se sont tenus alors qu'en compagnie de Pascou et Pierre nous allions fumer, entre la poire et le fromage, dans le coin salon. Il en résulte que je manque de savoir-vivre, que je suis bourré en permanence, et que je fais collection de canapés.

Çà fait un moment que je constate cette tendance lourde. Il est de fait que j'y ai contribué, tant j'ai bien compris les mécanismes du groupe et les processus qui ont conduit à cela. Je n'hésite pas à en rajouter dans l'auto-caricature, et je force avec délectation le trait. C'est toujours amusant de lancer quelque chose et de voir comment ça évolue. Même si de temps en temps on constate que ça marche trop bien ! Mais ça ne prête pas à conséquence puisque la force de notre amitié rattrape tous les dérapages. C'est d'ailleurs pour ça que nous constituons une communauté pérenne : malgré nos différences marquées, et le grand écart qu'il peut y avoir entre tel ou tel, nous avons en commun une sorte d'indulgence pour les faiblesses, et une admiration pour les points forts de chacun.

Mais il y a un écueil. C'est quand notre groupe se frotte au monde réel, celui des Autres. Nous avons tous en mémoire la soirée chez les Somaens, où les outrances acceptées entre nous, se sont confrontées à l'incompréhension des convives présents. Ils nous ont catalogué , de manière assez négative, et pour ma part je n'ai plus jamais eu de contact avec eux. On se rappellera à l'inverse la soirée catastrophique avec les Creach. 10 ans de purgatoire pour retrouver des gens charmants il y a quelques semaines.

Le second degré a ceci de dangereux qu'il présuppose des connaissances partagées, une connivence faite d'anecdotes, de private jokes, de situations, de valeurs communes. Hors du contexte, il passe difficilement la rampe. On en devient facilement victime.. ou bourreau.

Nous savons qu'il n'y a que peu rapport entre l'image que chacun d'entre nous véhicule, ainsi que l'image collective qui est la notre, et la vérité profonde de ce que nous sommes. Chacun de nous porte un masque, c'est sa vitrine, c'est la partie de lui qu'il veut bien présenter aux autres, c'est aussi cette partie que les autres croient discerner derrière les reflets d'un verre déformant teinté de leurs propres valeurs.

C'est pourquoi j'ai conçu un certain malaise concernant ce séjour. Comme me l'expliquait Odile, je ne suis pas sûr de l'avoir mérité. Il est de fait que je n'étais pas préparé à ça. Le cadre somptueux, la demeure étonnante, le passé séculaire qui l'habite, les traditions qui se sont instituées, le décès récent du Pater Familias : C'était assez nouveau pour moi. Comme une sorte de solennité. Il m'a semblé à certain moments que j'étais en décalage. Bien qu'objectivement je n'étais pas bien différent de d'habitude. J'ai continué à agir avec légèreté, à assumer mon personnage, sauf que ce n'était pas le même public. Il me semblait qu'il y avait des enjeux que je n'appréhendais pas bien. J'ai eu le sentiment à plusieurs reprises que j'avais faux. Un peu comme lors d'une embauche, le crucial moment de l'entretien. Ai-je donné les bonnes réponses, ai-je envoyé les bons signaux ? Et aussi : « fallait-il que j'envoie les bon signaux ? » Y avait-il un réel enjeu pour moi ? L'amitié s'accommode -t-elle de bienséance et d'un savoir vivre de bon aloi ? Doit-on respecter les codes ? Et d'ailleurs, quels codes ?

Que chacun se rassure, j'ai passé un excellent week-end. Nos hôtes étaient adorables, et j'ai aimé chaque instant que j'ai passé à l'Esperou. Le reste n'est que de la prise de tête, mais je suis certain que certains d'entre nous, à un titre ou à un autre, y ont réfléchi.

Une chose tout de même : je me permets rarement des jugements sur autrui, étant conscient de mes nombreuses imperfections et lacunes. Je ne suis pas à l'abri du péché de médisance, j'en ai fait les frais plus souvent qu'à mon tour, et la gifle de Sylvie lors de cette soirée des 25 ans de Mathieu était méritée. C'est salutaire. Ça recentre. J'aimerais que nous nous recentrions ensemble. Et sortions un peu du carcan des idées reçues. Ma première contribution est celle-ci : Comme Nous Tous, à part deux ou trois exceptions féminines, je suis un alcoolique mondain, le plus souvent sans ivresse ; je pratique le week end, mais pas en semaine, sauf le mercredi, en compagnie plus qu'active de certains des membres du groupe, plus silencieux et moins laudatifs de la boisson ambrée, mais tout aussi efficaces. Par ailleurs j'ai du mal à rester longtemps assis. C'est pourquoi j'ai besoin de marcher, ou de m'allonger dans vos canapés. Mais rassurez-vous, je vais changer. Je contrôlerai mieux mes actions. Surtout devant de nouveaux amis. J'ai déjà travaillé sur mon caractère, j'en ai gommé certaines aspérités néfastes, j'éviterai les canapés désormais. C est promis.

Pour nos amis Isenberg, je ne sais pas si vous lisez ces lignes. Quant à moi j'ai pris beaucoup de plaisir en votre compagnie, sache Jérôme que la CGT je m'en fous comme d'une guigne, que c'est une survivance saugrenue d'une époque où j'ai eu besoin de l'aide de ce syndicat et que je leur garde une sorte de loyauté pour l'aide apportée, La rivalité patrons employés est factice, elle fait partie d'un jeu, et nous n'interprétons l'internationale que depuis 15 jours, c'est une sorte de comique de répétition dont nous seuls goûtons le sel. J'aime les vieilles pierres, mais je ne supporte pas les guides, j'aime marcher, mais pas tout droit. Je suis moi aussi, comme la plupart d'entre nous, un de ces bobos, un bobo de droite tendance bons sentiments, un bobo de base plein de contradictions comme tout un chacun, capable de dire tout et son contraire à quelques minutes d'intervalles. Florence j'aime ta folie, ta gouaille, j'aime que tu fumes, j'aime que tu parles Allemand mais je sais que tout ça n'est que la partie émergée de l'Isenberg. J'espère que nous continuerons à faire route ensemble, au rythme de chacun.

Prochainement : le CR du Week End, les Photos du Week end.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Mitch, qué cé passa ?
tu te prends trop la tête !
reste comme t’es, c’est comme ça qu’on t’aime !
personne ne te juge !
en plus que le vrai pébron du groupe, c’est moi !
alors fait pas chier !
kéké

Anonyme a dit…

heu mitch ,quand t'as ecrit ça ,t'etais bourré comme d'ab !et en plus allongé sur ton canapé en skaÏ immitation vulgaire du magnifique pullman des fabrous

poun qu'a tout compris

The Undertakers 5 a dit…

poun c etait comment la répète ? plutot que de raconter des betises....

de toute façon je débourre pas, c'est bien connu ! et dès que je vois un canapé, c'est comme l'appel de la forêt, je me précipite dessus, je suis incapable de résister !

The Undertakers 5 a dit…

d'ailleurs pour taper le message précédent, j'ai fait appel à Philou qu'était juste un peu moins bourré que moi.

Anonyme a dit…

je comptais bien te remplacer au pied levé pour faire un compte rendu de la repete d'hier,mais n'ayant pas ton talent de conteur,ni ton extraordinaire memoire,,pour relater nos aventures musicales avec la precision d'un chirurgien cardiaque,je me degonfle lamentablement
de plus deux autres motifs me font penser qu'il vaut mieux ne pas relater dans le detail notre petite reunion d'hier
d'une part ,je suis quasi certain qu'avec ton talent ,tu dois pouvoir sans problemes nous raconter avec precision tout ce que nous avons fait en ton absence,et ceci sans rien oublier !
d'autre part meme si je te le concede tu n'es pas souvent absent nous sommes bien obligé de constater qu'a chacun de tes manques : il se passe quelque chose d'extraordinaire,ne voulant donc pas te remuer un couteau rouillé dans une de tes plaies encore fraiche ,il vaut mieux que je m'abstienne de te parler des deux dernieres creations que nous avons vu naitre en direct sous nos oreilles ebahies de plaisir
c'est cruel,je sais bien, de penser que lennon etait absent lors de la premiere creation d'imagine,ou que jagger ,c'etait fait porter pale quand les rolling on interpreté pour la premiere fois I can't get now
Tu as loupé ça,ce doit etre difficile a vivre pour quelqu'un qui possede une telle sensibilité,il vaut donc mieux que je n'en rajoute pas une couche ,en te decrivant par le detail tous le bonheur qui nous a envahi durant la soirée
sache toutefois que tu nous a vraiment ,mais vraiment cruellement manqué,
A vrai dire ,ce sont surtout les micros qui nous ont manqué,etant donné que suite a notre dernier concert ,tu les a tous raflé,sans te donner la peine d'en ramener ne serais ce qu'un seul a la salle jim morrison
poun

Anonyme a dit…

je ne suis pas bo, et bo je ne suis pas ,même pas de droite .
L'Internationale en d'autres temps a incarné des combats que je respecte .On peut s'en moquer,c'est drôle mais c'est bien aussi d'assumer:vous n'avez pas chanté un chant hitlérien.
catou,ce n'est pas une leçon,jute un avis

Anonyme a dit…

Pastiche,pardon Edmond
-Vous...vous êtes...heu...lunatique
-Très
-Ha!
-C'est tout?
-Mais...
Ah!Non!C'est un peu court jeune homme
On pouvait dire...,Oh!Dieu!...Bien des choses
En variant le ton,-par exemple,tenez:
Réaliste:-moi,Madame,si j'étais lunatique
Il faudrait me priver de tous mes droits civiques
Compréhensif:ma pauvre petite poupée
Contre vents et marées vous devez naviguer
Flagorneur:si la lune m'était contée
O,ma beauté,vous en seriez la déité
Scientifique:troubles bipôlaires déraison
Les psychotropes apportent la guérison
Philosophique:à l'image du monde
Sont les inconstants,imprévisible et fantasques
Instables et capricieux mais toujours dans la ronde
Dramatique:-comment vivre avec vous si changeant
Seul,délaissé,vous verrez,vous resterez en plan
Envieux:le temps d'une chanson,d'unregard
Que d'émotions Madame vous devez éprouver
Quand le bonheur succède à la morosité
Fébrile:-accordez moi cette danse
Avant de repousser,hautaine,mes avances
Interrogatif:-m'aimez-vous ou m'haissez?
Le savez vous vous-même,pauvre écervelée*
Pitre:lune à tics et tocs drôle de tactique
Ironique:qu'il est dommage que votre orgueil
Lui,ne fluctue pas au rythme de votre humeur
De temps en temps nous nous reposerions
Agressif:Et alors c'estoui?Ou bien c'est non?
C'est beau,c'est laid,c'est bon,c'est mauvais,nul,sublime
Tu viens?Tu viens pas?Me parles-tu?Tu te tais?
Maître Yoda:grand est ton coeur,droite est ta voie
Pure est ton âme mais jamais sage ne sera
Voilà ce qu'à peu près,mon cher,vous m'auriez dit
Si vous n'eussiez écrit du fond de votre lit
Sans certitude aucune mais aussi sans envie
Un jour de pleine lune,acculé au dépit
Triste ,esseulé,amer,ne voyant que des êtres
Flotter leur insoutenable légéreté
Merci pour le service et maintenant chantez.
catou

The Undertakers 5 a dit…

catou, le probleme c'est que jeune je n ai jamais chanté l'internationale, sauf justement comme ça, pour rigoler. En plus le communisme me semble une expérience qui a mené à une impasse. j'expliquais juste à Jérôme le contexte. Ca avait l'air de l'avoir marqué, je ne voulais pas qu'il pense qu'on se foutait de sa gueule ou ce genre de chose. comme je le disais je second degré ça marche pas toujours. je ne voulais pas le blesser. Mais bon en même temps, avec le recul, je me suis un peu trop pris la tête, sans doute le spleen post partum.

Anonyme a dit…

Mon ninou c'est quand qu'on repart dans les Charentes loin de tous ces méchants. Dans ces contrées reculées,nul besoin de prétexte pour boire un coup même que tu vexes si par malheur tu refuses.
J"apprécie de+ en + les Charentes,, le pineau blanc, l'océan, le pineau rouge,ses forêts, le pineau blanc et rouge.

Odilenostalgiquedesvacancesàlaveilledereprendreleboulotetdoncenpleinedéprime.Aidez-moi!

Anonyme a dit…

PS: il faut lire: aidez-moi! et non pas:-moi!

Anonyme a dit…

Odile,
je te baise avec tendresse pour te donner du courage...
kéké

Anonyme a dit…

du verbe baiser...
( de "embrasser" , mais c'est moins moderne comme expression )
rekéké