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dimanche 20 juillet 2008

L'Esperou Jour 2 : Rivière Sans Retour

Le Dimanche la journée commence tôt. A 5h30 Pascou monte sur le pont afin de réveiller le chalet. La contemplation du panorama de l’observatoire du Mont Aigoual alors que le soleil se lève est à ce prix. Ça s’agite dans les chambres, quant à moi je reste sagement couché. J’attends. Mais après en avoir discuté avec Jérôme, promoteur de la ballade, il apparaît aux yeux de ce dernier que le temps est trop brumeux pour tenter la course, Pascou nous transmet le message. Nous nous rendormons, fiers d’avoir « presque » accompli l’exploit. On était « à ça » (mouvement du pouce et de l’index qui se rapprochent presque à se toucher style pied à coulisse). Mais L’Ultrabassiste ne l’entend pas de cette oreille. Contre l’avis du spécialiste, au volant de son 4*4 il s’élance à l’assaut du sommet. Un vent violent souffle déjà, mais il le brave et assiste au grandiose lever du soleil radieux au dessus des crêtes lointaines. Bon, en redescendant il va acheter les croissants et le journal, et je crois que de cette matinée, ce serait surtout ce dernier point qu’il faudrait retenir.

Je me lève vers 9 heures et me précipite pour faire ma toilette. J’espère ainsi ne pas ralentir le groupe pour la future ballade. On en a parlé la veille, et je me fais une joie d’affronter les cailloux de la route et toutes les joyeusetés liées à ce type d’activité. Je ressens un appel compulsif pour la Nature, et la perspective d’en partager les bienfaits avec mes compagnons m’excite comme une puce.Tandis que tout le monde est attablé pour le petit déjeuner, prenant soin d’occuper toutes les chaises avec une opiniâtreté qui confine au sacerdoce, je me dirige vers la cuisine afin de surveiller la préparation du café, et d’en protéger la percolation des prédateurs de tous poils qui ne manquent pas de roder autour de la cafetière telles des hyènes faisant cercle autour d’un animal blessé gisant près du trou d’eau. Plus tard nous partons, après que Jérôme à 11h passées, ait procédé à ses ablutions matinales (pour un type qui voulait voir le soleil se lever…. ) Nous nous retrouvons vers midi sur l’observatoire du Mont Aigoual. Au loin les sommets s’alignent sur 399 degrés (dont 39 d’alcool).
C’est merveilleux l’air est limpide, pas une poussière dans l’air, si on fait abstraction bien sûr des moutons qui s’envolent sous l’effet des violentes bourrasques. En contrebas le troupeau s’égaye, quelques moutons noirs font comme un étrange parallèle avec certaines de mes connaissances. Certains boucs et quelques chèvres tentent de résister en s’agrippant par les cornes à quelques maigres buissons alors que descendant de l’observatoire Catou munie d’un faux nez, toujours fantasque et imprévisible, déclame des rimes de sa composition qui se perdent dans le vent. Nous sommes arrivés en deux groupes. Les plus courageux ont emprunté les voitures alors que les paresseux ont préféré venir à pieds, tranquillement. Il est 13 heures, déjà il nous a fallu ranimer Philou et Pascou, morts de faim. En effet ces derniers ont l’habitude de manger à midi PILE, leur horloge biologique bat la chamade et carillonne depuis une heure dans leur ventre affamé.
Mais rien ne leur sera épargné par nos diaboliques châtelains. Nous redescendons dans la vallée et stoppons nos véhicules près d’un lac. Un cours instant je me dis : chouette, on va pécher, comment ont-ils appris que j’étais un fondu de pèche sous toutes ses formes ? J’ai encore en mémoire les fabuleuses parties que nous faisons régulièrement, Alain et moi au Chambon sur Lignon. Quels hôtes merveilleux, quelle délicate attention me dis-je en moi-même. Et s’imposent à mon esprit ces images du passé où je me plantais l’hameçon dans le doigt en même temps que des bouts de vers, où d’un lancer souple et élégant je prenais la ligne dans les arbres, puis faisait tomber le moulinet ans l’eau, attrapant les truites par le dos et brisant les canes comme Jacky Chan les tibias.

J’ai tout faux ! En fait nous continuons. J’apprends que nous allons explorer la vallée du Bonheur, (le nom déjà est un programme en soi), et au bout du chemin nous recueillir devant les ossements de quelques saints en une abbaye miraculeusement préservée. Il est 14 heures. Résolu à en terminer au plus vite, Philou mène un train d’enfer, suivi loin derrière par Alain et la majeure partie du groupe. Je reste en arrière pour récupérer les retardataires, ce qu’en cette période de tour de France, je nommerai le grupetto. Espérant trouver dans la forêt quelque nourriture, Pascou s’enfonce et disparaît rapidement, nous ne le reverrons plus. Les rescapés doivent traverser un troupeau de vaches, puis un torrent avant d’atteindre enfin l’abbaye.
Les vaches sont bien négociées par tous, en revanche le torrent prend des allures de rivière sans retour. Le Bonheur s’écoule, parmi les rochers et les pierres qui sont autant d’obstacles à son cours tumultueux. En ce qui me concerne, aidé par ma conditions physique parfaite et des pieds de cabris, je surmonte les difficultés du guet, il n’en est pas de même pour tous, certains doivent poser pied à terre si je puis dire, c'est-à-dire dans l’eau. Ils ne s’en rendent pas compte, mais ils sont à deux doigts de nager dans le Bonheur ! Ajoutons qu’ils sont fortement perturbés par quelques jets de pierre au moment de leur passage, ce qui m’est épargné, ayant la chance d’avoir mon coûteux appareil photo entre les mains. Nous atteignons l’abbaye. Enfin il parait que c’est une abbaye d’après une vieille dame qui se tient là, sur une pierre, semblant guetter les randonneurs.
Parce que sincèrement, m’aurait-on dit que c’était les ruines d’une épicerie fine moyenâgeuses, que je n’aurais pas démenti. La dame, âgée de 85 ans, lutte depuis quarante ans pour restaurer l’ensemble des édifices. Elle est docteur en économie, licenciée en droit. Visiblement ses diplômes ne lui ont pas permis d’accélérer les choses car au bout de toutes ces années de bénévolat, il ne reste encore que quelques murs à moitié effondrés et un encadrement de porte sommairement restauré. Je ne suis hélas pas très « visite guidée », je préfère flâner librement. Mais j’écoute tout de même les premières explications de notre guide improvisé. Je vous en fais grâce. Il est question de guerres de religion, de flux migratoires, de mercenaires, de pillages, de destructions, de reconstructions.

Certains d’entre nous lâchent la visite et attendent en contrebas. Nous en profitons pour nous reposer un peu. Il est presque 14 heures. Devant ramener mes compagnons moins agiles à bon port, je décide de partir un peu avance avec mon grupetto afin de ne pas trop retarder le groupe. C’est à une allure soutenue que nous faisons le chemin du retour. Nous retrouvons Pascou, qui au mépris du règlement du parc a ramassé des brassées de fleurs, des essences rares, et les offre à sa Catou. La dernière randonneuse, Sylvie, éprouvée par les difficultés de la marche, soutenue par Sainte Valérie, franchit la ligne d’arrivée peu avant 14h30.

Jérôme a mis je crois la barre très haut pour ce week-end : hébergement somptueux, accueil remarquables, repas copieux, soirée chaleureuse, observations, randonnées et visites. Tout y est !

L’apéro débute aux alentours de 15 heures, et le repas, vers 16. A 17 heures tout est bouclé, il ne reste plus qu’à nettoyer et remettre en ordre l’Ermitage. Les motards partent en premier, suivis successivement par les uns et les autres. Nous prenons congés à notre tour, non sans inonder les Isenberg de multiples flagorneries, et autres louanges afin de bien leur faire comprendre que c’est quand ils veulent pour remonter !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ben, je suis drolement déçue. Aucune photo pour agrémenter tes commentaires alors-qu'avec le Kéké vous n'avez pas arrêté de nous tirer le portrait( j'entends déjà le coeur des mecs:-Mais qui c'est ce "portrait"?) pendant tout le week-end.

Odileprotestsong

The Undertakers 5 a dit…

sache, Odile, qu'il y a tout de même quelques photos (oui je sais j'ai triché, je les ai publiées alors que tu écrivais ton commentaire).

Par ailleurs un prochain article sera consacré aux Photos de l'Esperou.

Impatiente !