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mercredi 25 juin 2008

Week End en Toscane : Concert Privé chez les Créach

J'avoue un manque d'allant ces derniers jours pour entreprendre une nouvelle chronique. D'où l'habile subterfuge de publier des œuvres de jeunesse : un peu époussetée d'un mot ici où là, le texte permet ainsi de meubler agréablement ces colonnes à moindre frais. En plus, à défaut de cul, le coté exotique marche bien en général : la mer, les cocotiers, le climat indolent de la Polynésie sont de puissants attracteurs. Ce filon aurait pu constituer une rente d'ailleurs car vers les 20 ans j'étais très prolifique. Hélas à la relecture, ça passe difficilement la rampe des décennies et il me faut bien constater que parfois j'ai du mal à suivre le gosse de vingt ans que j'étais alors. Ce qui m'amène à réfléchir sur la pérennité de la conscience de soi. Est-ce vraiment le même « soi » ? Je ne comprends plus les motivations du Michel de l'époque, tout cela me paraît bien lointain et étranger. Je ne pense pas que je vais sauver grand chose de la débâcle du temps et c'est tant mieux, ça va m'obliger à me creuser encore les méninges pour remplir mon devoir hebdomadaire.

Cette démarche me semble d'actualité, dans le contexte énergétique mondial actuel. Si je compare ce gisement de textes fossiles aux nappes pétrolifère agonisantes de notre société je me dis que
la manne des textes anciens étant quasiment épuisée, cela va me contraindre à lancer mon imagination sur des concepts plus novateurs. Il peut y avoir une phase intermédiaire, qui préparerait dans une douleur contenue la transition vers la découverte de nouvelles énergies. Ainsi la technologie hybride, pourrait constituer un pis-aller satisfaisant pour attendre quelque chose de plus neuf. Ça pourrait consister en un recyclage de chroniques d'il y a un an, dans le style « souvenez-vous » dont je pourrais compiler les « bonnes feuilles » en les pimentant de commentaire récents. Mais en même temps est-ce bien la solution à l’appauvrissement du propos ? Mélanger 80% de vieilleries avec 20 pour cent d’actualité risque d’affaiblir la machine et diminuer son rendement en termes d’attention des lecteurs. Il faudrait aussi que je m’intéresse aux techniques de culture : transgénique ou bio ? A quoi peut donc ressembler un texte transgénique ? Même cultivé sur un blog bien délimité, ne risque t’il pas de contaminer la blogosphère alentours ? Et puis le problème du transgénique ce sont les semences. Le texte produit sera stérile et ne pourra être ressemé. Peut-être aussi devrais je pratiquer l’assolement triennal : sur quatre parcelles de blog je plante du drôle, du triste, de l’éducatif ; un morceau de culture en jachère et je fais tourner. Ce serait peut-être la clé du renouvellement et un remède contre l’appauvrissement du substrat.

La compil. Tous les artistes le font, et ça marche. La preuve Voulzy fête ces jours-ci les trente ans de la première compil française sortie en 1978 : Rockcollection. Il a un peu relifté le tout, et c'est reparti pour un tour !
Mais les UFR sont un groupe écologiste, par conséquent il me faut privilégier les énergies renouvelables. L'énergie renouvelable pour nous, c'est celle qui est déployée chaque semaine par mes amis d’Undertakers, et aussi les personnes qui viennent ici s'exprimer.

Cependant il me faut tout de même continuer mon travail de chroniqueur. Depuis une dizaine de jours, il y a eu la traditionnelle répétition du dernier mercredi et, plus récemment, à l'occasion de la fête de la musique qui ponctue ce début d'été, le concert privé donné « aux Pins par Connaux » (prononcer Conoxe) chez les Creach. L'inconvénient qu'il y a à temporiser c'est que le souvenir de l'évènement s'estompe, d'autant qu'il s'inscrit dans une série longue déjà, dont les moments assez similaires ont tendance à se fondre en un brouillard de plus en plus dense, à la limite du fog. Vous dire ce qui s'est passé mercredi dernier m'est donc difficile. A l'heure où j'écris ces lignes, je plonge en moi même à la recherche du temps perdu. Je suis allongé, l'ordinateur sur mes genoux rendus brûlants par la dissipation thermique de l'engin. Vous devez le sentir, je tente à nouveau de temporiser, espérant que quelque phrase ou moment de cette soirée me reviendront en mémoire.

Ce qu'on peut dire en préambule c'est que cette répète coïncida une fois de plus avec la veille du bac d'Alex. Cette fois-ci je me suis bien gardé de lui donner des conseils et de lui parler de Platon et son putain de mythe de sa caverne de merde. En effet, grâce à ce petit coup de pouce, Alex avait obtenu 5 en philo l'année dernière. Ajoutons pour être précis que les filles nous ont lâchés ce soir là. Odile pour cause de repas de fin d’année de son cours d’espagnol, Lolo accompagnant son époux au restaurant. Une soirée d’hommes donc, que nous n’avions pas connue depuis de nombreuses semaines. Ambiance étrange que celle-ci, privée du garde-fou féminin que constituent les filles du groupe. La soirée a débutée par une bonne bière, ça je m'en souviens, avec une belle mousse, tirée de la machine à Pression de Sylvie. Phil nous a appris qu'il avait de son propre chef refusé un concert à Rodilhan, ce qui porte à trois nos refus pour un concert. On commence à devenir vraiment pros : Non seulement on nous propose des concerts, mais notre notoriété est déjà suffisante pour que nous nous permettions d'en refuser ! Par contre, Phil, ce n’est pas parce que tu avais honte de te produire en présence de tes administrés qu’il fallait in petto refuser le contrat. Après tout de mon coté je n’ai pas craint, il y a un an, de proposer nos services lors de la mémorables soirée du Delirium devant tout le personnel de l’hôpital où je travaille, directeur compris.

Outre une répétition assez classique, la séance nous a permis de travailler les morceaux récents. Notamment nous sommes revenus sur Highway et I'll be there, et aussi Oh les filles qu’inexplicablement nous avions écarté de notre programmation musicale depuis de longs mois. Le voici revenu en odeur de sainteté.
L’absence de chœur et de piano nous a ramené loin en arrière, au tout début de notre carrière. Atmosphère nostalgique, sensation de vide créé par l’absence de deux personnes, mais aussi titres épurés, un peu comme quand les chanteurs nous livrent la version acoustique de leurs succès devant un public restreint et acquis donc chaleureux. Le coté intimiste.
Le débriefing de fin de séance nous a permis de réécouter des titres nouveaux laissés en chantier il y a un sacré moment maintenant. Occupés que nous étions à travailler les morceaux acquis, nous avions oublié ces petites perles de Pierrot. Du coup nous voici très excité de reprendre à nouveau le chemin de la création, car n’oublions pas la prochaine grande échéance de la rentrée, qui sera notre rentrée en studio pour le CD des compos perso.

Changement de décor samedi 21, jour du solstice d’été, qui marque le point le plus éloigné de la Terre par rapport à l’astre solaire dans sa course effrénée pour échapper à son bouillant papa. A ce propos j’ai toujours été surpris que cette saison soit la plus chaude dans nos régions alors qu’on est si loin du soleil. Comme ça, à première vue, on aurait pu penser que la saison chaude se déroule à l’automne par exemple, saison durant laquelle nous sommes le plus proche. Mais bien sûr chers amis lecteurs de cours préparatoire, nous savons bien désormais que c’est l’inclinaison de la terre sur son axe qui induit le rythme et la température des saisons, qui sont de durée inégale d’ailleurs, et cela grâce à la précession des équinoxes due au caractère elliptique de la course de la terre autour du soleil à tout de même un respectable 30 km/s.

Le décor cosmique étant planté, rapprochons-nous de la terre. L’Europe, la France, encore plus près, la vallée du Rhône, les contreforts des Cévennes. Là près de Bagnols, la charmante bourgade de Connaux, et enfin, après la clôture en faux rondins de bois, la table de camping abandonné sur le bord de la route et une croix lilliputienne tenant lieu de balise, on emprunte à droite un mince chemin sinuant entre les vignes et les fruitiers. On se croirait en Toscane (enfin ma Toscane à moi, issu de l’imagination et de vagues images entr'aperçues ici et là ainsi que de témoignages de secondes mains rapportées par des amis de touristes de retour d’Espagne ou glanées dans des livres dont je ne me souviens plus, sous la plume romantique d’un Lamartine qui aurait lu Chateaubriand que je n’ai jamais lu mais dont j’imagine ce qu’il pourrait tirer d’un paysage pareil dans la vespérale lumière qui le baignait).

Nous voici au lieu dit « les Pins ». Un petit hameau de quelques villas. Propriété d’une famille, résultat de la folle volonté d’un homme de rassembler sa famille en un lieu unique durant les vacances. Cet homme, que je ne connais pas, je l’aime déjà. Le « père » Creach et ses enfants on fait de cet endroit un paradis, un havre. Des dizaines d’essences y prospèrent, plantées jadis par le patriarche. Michel nous accueille et organise le stationnement des véhicules. Nous découvrons une bâtisse de pierre enchâssée comme ses sœurs, qui se blottissent et s’intriquent les une dans les autres, dans un incroyable écrin de verdure. C’est ici que la formule de l’agent immobilier « demeure de caractère sise en un terrain arboré » prend tout son sens. La maison des Creach distribue ses pièces sur trois étages desservis par des escaliers de bois. Le rez-de-chaussée est occupé par un salon de taille respectable agrémenté d’une cuisine américaine surélevée qu’on dirait conçue pour une bête de scène. Pour recevoir leurs invités nos hôtes ont sorti le canapé devant le salon, mais l’apéritif et le repas seront servis sur l’une des deux terrasses, celle du premier étage. De là, on peut contempler la campagne environnante sous le soleil rasant. On voit un château à droite, et jadis on apercevait à l’extrême gauche le mont Ventoux. Mais depuis la végétation a imposé sa loi au domaine de 20 hectares, et ce ne sont que cimes d’arbres à perte de vue. On comprend pourquoi les Creach n’hésitent pas à prendre une heure trente pour regagner régulièrement cette maison de vacances depuis Narbonne où ils vivent.

Nous avons été invités dans ces lieux pour donner un concert privé. Tous les grands artistes le font désormais, même s'ils n'aiment pas s'en vanter. en effet autant il est prestigieux de se produire devant tel ou tel richissime people internationnal, pour quelques millions de dollars, autant certains showcases s'apparentent à une panouille pour arrondir ses fins de mois ou payer les révisions de la mustang. Jamais aucun chanteur ne se vantera d'avoir joué lors de la soirée de Gala du comité d'entreprise de La Redoute par exemple. En ce qui nous concerne en tous cas, nous sommes très honorés par cette invitation qui nous permettra de répéter en toute quiétude dans un cadre agréable et calme (avant que nous arrivions).

Le matériel débarqué nous nous désaltérons à l’étage le temps que Phil le K et Pierrot nous rejoignent. Pascou a eu la bonne idée de se munir d’une bouteille de Bourbon. Jésou s’immole avec ténacité sur l’autel de l’anis et des plantes aromatiques, tandis que l’ultrabassiste et moi buvons avec prudence quelques doigts de boisson ambrée. Notre tempérance nous sera utile lors de la répète avec Michel. Nous désirons être au top pour lui faire honneur.

Comme toujours, la répète est source de multiples soucis sonores. Et s’il devait y avoir une constante dans ce putain d’univers, une loi qui réunifie toutes les autres, un principe fondateur, une vérité première, l’ultime réponse, ce serait celle-là ! Nous croyions avoir fait une balance correcte, mais la réorientation des enceintes vers notre public et l’insertion de l’ampli de Pierrot dans le dispositif bouleversent les conditions d’écoute. Nous retombons dans les travers les plus sombres des pires concerts passés : personne ne s’entend. Il y a de la réverbération, le son est flou, c’est excessivement pénible. Pourtant le « public » semble ne pas trop de formaliser.
Précédant la répète cependant, Michel et Phil nous ont régalé de leurs rythmes jazz et bossa. Phil retrouve le plaisir de l’improvisation, et sa complicité avec son partenaire des premières heures installe une ambiance chaleureuse et intimiste très agréable.

En fait, pour faire la synthèse, s’il n’y avait pas les voix, le son serait parfait. Mais le fait qu’on ne puisse pas régler le son des « vocals » au-delà d’un certain niveau sous peine de larsens dissonants rend le travail des chanteurs très pénible. J’ai déjà clamé ici sur tous les tons la détresse de la section chant face à sa faiblesse sonore. Ça me déprime totalement, et au bout d’un moment j’ai tendance à lâcher et m’isoler. Le premier tour de répète n’a donc pas été fameux. Une pause et un verre ou deux après, j’ai réussi à surmonter mon blues et revenir dans la partie. Caché derrière l’escalier de la kitchenette dans un premier temps, j’ai réorienté un baffle afin de mieux m’entendre. A partir de là tout est reparti.
Tous les titres ont été repris, avec plus de pêche et d’enthousiasme, dès lors que tous nous participions de la même harmonie.

Les Daisy (charmant diminutif donné à Pilou [sans « h »] et Lolo par Jérôme I.) et les kékés sont repartis sur Nîmes alors que le dernier carré buvait le verre de l’amitié sur la terrasse avant de reprendre blues et bossas agrémentés de scats et d’improvisations du chanteur. Michel, inspiré, menait la danse et nous a entraîné dans des variations infinies au long de morceaux dont aucun d’entre nous ne désirait marquer la fin. Nos épouses s’étaient couchées depuis longtemps, Anne ayant été la dernière à rendre les armes.

La soirée dont la partie musicale avait si mal débutée s’est terminée dans le bonheur vers 4h du matin. Pour ma part, épuisé, je me suis endormi dans les secondes qui ont suivies. Aux dires d’Odile, je n’ai pas ronflé !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je te trouve un tantinet nostalgique. je me trompe ?
UFR : groupe écologiste ? dans quel sens ?

fête de la musique : concert privé
déçue

je ne manque pas de lire tes commentaires hebdomadaires mais je ne peux pas mettre ma griffe à chacun, par manque de temps et aussi par manque de mots , parfois j'en reste muette , (rareté)
Je dois aller bosser, à bientôt
la fouine

The Undertakers 5 a dit…

bonsoir, fouine,

ufr groupe écologiste, c'est pour le fun.. on a écrit une chanson qui parle de préservation etc..

deux des musiciens et un intermittent du chant ont des 4*4, deux autres une grosse cylindrée de marque allemande, un des guitaristes a un parc automobile.. bon on a tous des piscines, on arrose à tout va, on est bardé de clims, et chaque fois qu'on joue on consomme un kiloWatt ! c'est pourquoi j'adore évoquer notre aspiration écologiste. ca me fait rire. c'est mon sens de l'humour à moi...