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vendredi 23 décembre 2011

Une Question de Date et de Lieu, Mais Pas Seulement

Hier soir c’était répète de noël. En préambule nous étions réunis autour de la table de la cuisine et de madame Chapoton, la maman de Sylvie, qui avait apporté des dates de son jardin.
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Et en parlant de ça, il est question que nous ayons une « date » le 13 janvier. Déjà, à ce stade, on constate une coïncidence extraordinaire : le 13 janvier c’est l’anniversaire exact de la création officielle de notre groupe, il y a cinq ans, ce qui devrait placer ce concert sous les meilleurs auspices. D’un point de vue cosmique : c’est énorme !
Cependant, et l’on peut y voir une manifestation des influences complexes du ying et du yang, le 13 tombe en janvier sur un vendredi. Selon l’humeur de chacun, cela peut être plus ou moins bénéfique. Quant à moi j’aurais plutôt la superstition pessimiste.

Enfin, à titre personnel, le lieu du concert, le mas d’Albert Sebbag, ne m’est pas très propice. C’est en effet dans le parc de ce mas que j’ai eu un gros « passage à vide » un soir de mariage. A une autre occasion le concert que nous y avons donné ne m’a pas laissé un souvenir éblouissant, hormis la prestation de nos claudettes, bien qu’Odile, à qui j’en parlais tantôt ait tenue à pondérer mon sentiment en remarquant que tout le monde était massé devant la scène pour encourager le groupe. Il est vrai que la vastitude de la salle et les conditions acoustiques précaires produisaient peut-être une fausse impression de vide et d’indifférence, depuis la scène.

Sentiment contrasté donc vis à vis de ce concert, pourtant grassement rémunéré par notre agent immobilier préféré ce qui devrait justifier sans conditions notre venue. Sans compter que le simple fait de faire plaisir à Philippe devrait être une raison suffisante à ce déplacement en banlieue nîmoise.

Mais en général, quand on multiplie les raisons pour expliquer telle ou telle chose, c’est qu’aucune n’est valable. Peut-être dois-je alors me tourner vers une analyse plus psychologique (avant de tenter l’approche psychanalytique) : J’ai constaté, à mesure de nos prestations, un stress croissant de ma part. Jusqu’ici considéré comme le va-t-en-guerre du groupe, acceptant n’importe quelle proposition, je deviens de plus en plus frileux.

Mais c’est qu’au début : je ne savais pas ! Au fil de nos expériences, et de leurs succès ou leurs échecs, j’ai pris la mesure du travail nécessaire à un spectacle de qualité, « propre et carré ». Mes imperfections, mêlées à celles des autres membres du groupe multiplient les risques de plantage intempestif de notre machine de manière exponentielle. Les lois statistiques étant ce qu’elles sont, c’est à dire fortement influencées par le hasard, les succès relatifs ne peuvent qu’appeler autant d’échecs cuisants pour que le bilan de nos concerts soit à l’équilibre, surtout si on donne un coup de pouce au hasard par impréparation. C’est un peu comme si nous avions une bombe nucléaire dégoupillée en main (quand on fabriquera des grenades atomiques individuelles) prête à exploser, ou encore si nous étions les machinos d’une locomotive folle lâchée à pleine vitesse sur une ligne régionale mal entretenue par les Réseaux Ferrés de France. J’ai le sentiment que TOUT peut arriver, au grès de la distraction ou des oublis de l’un ou de l’autre. Et je m’inclus bien sûr dans le lot. Certes un spectacle doit laisser la part belle à la spontanéité et l’improvisation, mais celles-ci ne sont qu’apparentes et dissimulent, en tous cas chez les pros, des mécanismes de précision et des automatismes empreints de complicité que nous peinons à acquérir.

La complexification et le nombre désormais important des morceaux que nous interprétons rendent nos répètes hebdomadaires du mercredi de plus en plus denses. Je me souviens qu’il y a encore un an, nous prenions le temps d’une longue pose après quelques morceaux, profitant de cet instant de complicité pour échanger sur tout et sur rien. Désormais c’est un marathon permanent pour essayer de passer en revue la plus grande partie de notre répertoire durant l’heure et demi que dure notre réunion. Malgré cela, certains morceaux sont laissés de coté durant de longues semaines voire plusieurs mois et nous avons des difficultés à les reprendre lorsqu’intempestivement je les propose à l’exécution. Nous manquons dramatiquement de pratique, et nos approximations, nos hésitations, ne manquent jamais de m’effrayer lorsque je nous imagine, pendant que je chante dardant mes yeux sur le cahier de chant que je n’arrive toujours pas à proscrire, en conditions réelles devant un auditoire.

Bien sûr je me raisonne en relativisant : il s’agit de répètes, et par définitions ces exercices sont fait pour ça. C’est le moment d’essayer de nouveaux arrangements, des instruments exotiques et de laisser libre cours à notre imagination. Notre séance hebdomadaire nous permet de revenir sans cesse sur le métier, et le droit à l’erreur y est légitime. Cependant la répète est également le moment de la synthèse de l’état de l’art de chacun et de sa confrontation au groupe. En théorie nous devrions avoir travaillé dans la semaine pour présenter au jour J un travail correct. En pratique peu d’entre nous ont la possibilité de consacrer du temps à ce travail nécessaire qui se transforme parfois en séance de déchiffrage. Un peu comme l’élève qui ne ferait pas ses devoirs à la maison et ne serait évalué que sur les contrôles en classe. A moins d’être un génie l’élève en question ne peut avoir qu’une moyenne modeste.

Et pourtant, inexplicablement : sur la vingtaine de concerts que nous avons donnés, la plupart ont été satisfaisants, si l’on exclut les erreurs de casting manifestes (type concert de feria), ou les catastrophes musicale (le cinéma de Mathieu).

Mais comment cela est-il possible, au regard du tableau mitigé que je viens de brosser ? Et bien durant les concerts on se sublime ! Inexplicablement nos imperfections, perceptibles à nos oreilles aguerries se dissolvent en un tout macrospiquement acceptable.
Le plus souvent les gens n’y voient (entendent ?) que du feu, leurs sens et leur esprit critique émoussés par l’ambiance et les boissons consommées généreusement (quoique avec modération) et roulés dans la farine par un flot de parole dans lequel le chanteur tente de les noyer afin de mieux les abuser.
La plupart du temps également l’assistance nous est acquise à priori, car composée d’amis naturellement disposés favorablement à notre égard, ou portés à la clémence, voire à la compassion.
Reste une inconnue, de taille, dans cette équation fragile du concert parfait : le public lambda. J’espère que notre commanditaire ne se trompe pas sur le choix de notre groupe pour distraire la centaine de personnes conviée à cet exercice difficile du repas de fin d’année d’entreprise.
On comprend bien que le personnel réuni pour l’occasion sera enclin à la bienveillance ne serait-ce que pour ne pas heurter le patron par des remarques désobligeantes, mais la confrontation à une indifférence polie est toujours possible. Et l’indifférence, ça me mine. J’en ressors assez déprimé, insatisfait, morose, bougon et chafouin car comme vous le savez la scène est pour moi une drogue puissante, sans doute un exutoire à quelque carence. Parfois comme pour les accros, le retour à la réalité est terrible. Finalement c’est plutôt bon signe : cette peur prouve que ma passion est intacte, qui se nourrit non seulement de notre travail passionnant et la relation qui nous lie, mais aussi du retour que nous en font ceux qui nous écoutent.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Mitch tu réfléchis trop, 2 baby et en scène et arrêtons de croire que les musiciens arrivent sur scène nikel, chacun combat le stress à sa façon, alcool, drogue (DELARUE), sexe et...
Et puis comme disait Handy Warrol chacun a droit à son quart d'heure de célébrité, alors prenons le ce quart d'heure et après nous le déluge.
Mr BIP

The Undertakers 5 a dit…

Mais Mr. Bip, on l'a déjà eu le quart d'heure de célébrité : on est passé dans le Midi Libre, tu te souviens ?

Anonyme a dit…

A la lecture de ce long commentaire,je me permets de reprendre in extenso les propos de MITCH LE SAGE NOTRE GOUROU:
lignes 2 paragraphe 4:
concert grassement rémunéré par notre agent immobilier...........
En qualité de représentante des CLAUDETTES qui ont animés et surtout contribués au succès de la soirée,,je précise à nos internautes que lesditesCLAUDETTESont touchées des CLOPINETTES.
Alors avant nous contactions notre avocat Maitre RICHWOOD,je conseiile fortement à notre cher GOUROU de respecter les engagements pris avant le concert.
Lebaoulindaquiamalaucul

The Undertakers 5 a dit…

chère Baoulinda, déléguée syndicale des Claudettes. Bien sûr en tant qu'ouvrière du spectacle tu n'as pas eu beaucoup le temps pour les études, et ta capacité de lecture est limitée.. C'est pourquoi avec indulgence je dois te préciser que la ligne et le paragraphe auxquels tu fais allusion se réfèrent à NOTRE PROCHAIN CONCERT..

Donc pour ta rémunération : Rien, peau de balle, nada, zéro : tu peux t'assoir dessus.

Anonyme a dit…

Quelle haine dans ce groupe!

The Undertakers 5 a dit…

Et encore, ça c'est rien :
Plus que tout : ce groupe hait les anonymes. surtout ceux qui ne se présentent pas. ou qui ne signent pas. qui ne s'identifient pas, quoi.