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mercredi 26 mars 2008

Au Sommet du Mont Olympe, Contemplant Pellucidar

Vous ne le savez pas, bien sûr, mais je voue une véritable passion à Mars, la planète Mars. Déjà tout gosse je me plongeais avec délectation dans les aventures de John Carter, le héros de Pellucidar, nom qu'avait donné Edgar Rice Burroughs à ce monde fantastique (on notera au passage qu'il est également le créateur de Tarzan). Orson Welles lors de son hallucinant canular radiophonique reprend le scénario de la guerre des mondes de H.G. Wells qui met en scène une invasion de martiens. Comment ne pas évoquer aussi les poétiques Chroniques Martiennes de Ray Bradbury, et plus récemment la célèbre trilogie « Mars » de Kim Stanley Robinson.

Je possède des atlas de Mars, je visite régulièrement le site de la NASA pour y observer les paysages photographiés par la dizaine de sondes et robots qui en survolent ou sillonnent le sol. J'ai même en ma possession un guide du routard qui détaille comme dans ses homologues terrestre les points d'intérêt et les endroits où coucher et manger sur Mars. J'ai en fond d'écran un paysage de Mars observé par la caméra de Spirit, le cousin du petit Pathfinder.

Il est d'une netteté fascinante. Il rappelle une vue du désert d'Atacama : hiératique, minéral, immobile, tellement semblable à la terre ; une vue au final très banale. C'est en cela que réside la fascination : à 100 millions de kilomètres un monde ressemble au notre. La courbure de son horizon est plus prononcée, dans un ciel rosâtre luit un soleil plus lointain, deux tiers plus petit que son homologue terrien. Mais au final j'ai le sentiment que je pourrais me tenir là, et contempler au loin, dans la nuit sombre de mars, entre deux passages de Phobos et Deimos (peur et terreur) -les minuscules lunes-, une étoile brillante et bleue : la Terre.

Sur Mars, on ne parle pas de « jour » mais de « sol ». Il dure un peu plus longtemps que le notre, ainsi vers minuit bénéficie-t-on d'un « laps de temps martien ». Les montres s'arrêtent durant à peu près une heure, puis reprennent leur compte. Le sol martien est dans l'état actuel de nos connaissances complètement stérile. Pas de micro-organismes, aucun des animaux qui enrichissent la composition comme partout dans notre monde. Ainsi nomme-t-on le sol martien « régolithe » afin de le différencier de la « terre » surabondante de vie que nous foulons tous les jours. Les saisons durent six mois. Elles sont rudes, pourtant elles sont différenciées à l'instar des nôtres, ainsi existe-t-il un été martien où les températures peuvent atteindre 20 degrés à midi, tandis que l'hiver voit un froid de -70 s'installer durant la nuit.

L'aréologie (la géologie martienne) est démesurée. Bien que beaucoup plus petite que la Terre, Mars à une superficie « habitable » équivalente à celle des continents terrestres. Une énorme météorite s'y est écrasée il y une paire de milliards d'années, Soulevant une partie de l'écorce martienne, la Bosse de Tharsis, influant sur le climat même de Pellucidar : hémisphère nord rude et froid, hémisphère sud plus clément. Aux pôles, deux calottes glaciaires : l'une composée de glace carbonique au nord, l'autre que l'on suppose d'eau gelée à l'antipode. Balafrant l'équateur, une faille gigantesque s'est creusée, canyon démesuré de 5000 kilomètres de long, Valles Marineris.

Puis dans ce festival de gigantisme, le sommet du mont Olympe crève l'atmosphère 27 kilomètres au dessus du niveau moyen du sol, ce qui en fait le volcan le plus élevé du système solaire. Enfin il faut évoquer l'atmosphère de Mars, infiniment ténue.la pression atmosphérique ne dépasse pas les 10 millibars au sol. L'atmosphère est composée de gaz carbonique en grande quantité, et d'oxygène dans de faibles proportions. Idéal pour les plantes, si ce n'est que le sol, empoisonné, les tuerait rapidement.
Sous le régolithe, comme dans les sols terrestres près du cercle pôlaire, un permafrost de plusieurs mètres piège l'eau de mars, dont les traces sont visibles à sa surface, témoins d'une activité hydrologique éffrénée au cours des ères pécédentes.

Des vents violents balaient régulièrement la surface de Mars. leur vitesse dépasse les 400 kilomètres par heure. Ce sont le plus souvent des vents catabatiques dont al particularité est qu'ils s'accélèrent sans cesse à mesure qu'ils déboulent des reliefs vers les plaines. Cependant, La très basse pression ôte toute force à ces vents, qui ne peuvent que soulever de fines particules du sol. Ainsi peut-on on observer des tempêtes de sables ravager un hémisphère durant plusieurs mois, voire des années, obscurcissant le ciel, contribuant à diminuer encore la température. Un observateur local ne ressentirait même pas l'équivalent d'une brise printanière, cependant.

Il me suffit d'évoquer tout cela pour qu'un sentiment d'exaltation me submerge, et me plonge dans une rêverie quasi mystique. Cette sensation de faire corps avec l'univers comble en moi tout besoin de religion puisqu'à cet instant, je suis branché directement sur le mystère de la création, paradigme originel de la foi, par essence indicible.

Tout ça pour vous parler de notre dernier week-end avec les Desimeur à L'Escala.

Sur un coup de tête nous avons décidé vendredi dernier de nous accorder deux jours de vacances. Et c'est là que j'ai cru que mon rêve, fouler un jour le sol de Mars, s'était concrétisé. Tout au long de ces deux jours, je n'étais plus « en mars », mais « sur Mars ».

En effet nous sommes arrivés à L'Escala vers minuit samedi. Un vent extrêmement violent nous a tirés de la voiture. Je me suis ainsi souvenu soudain qu'à presque chacun de mes voyages dans ce coin, j'avais subi les coups de boutoir de la Tramontane. Pénétrant dans la maison, dont le régolithe pulvérulent craquait sous les semelles à cause des infiltrations de poussières sous les portes mal jointées, nous dûmes affronter un froid glacial. Comme dans beaucoup de demeures de vacances sur cette côte, les propriétaires n'ont pas cru bon d'installer le chauffage. Prudents ils avaient tout de même stocké quelques calorifères dans un endroit sûr. Tellement sûr au demeurant, que nous n'en avions pas la clé ! Le thermomètre au mur indiquait 10 degrés.

Ouvrant les robinets nous découvrîmes que l'eau ne coulait pas. Philou et moi passâmes un long moment à en déterminer la cause, manœuvrant toutes les vannes à notre portée. Je me surpris même, éperdu de détresse, à actionner les contacteurs des fusibles « au cas où ». C'est Philippe qui découvrit enfin la solution de ce mystère : La propriétaire n'avait pas payé sa facture, comme en attestait un imprimé trouvé à coté du compteur.

Froid glacial, vents tempétueux, absence totale d'eau : J'étais sur Mars ! Inexplicablement je n'eus pas d'expérience mystique. Juste froid, envie d'uriner, et un peu démoralisé. Un froid mordant, accompagné de bourrasques jusque dedans la maison, des courants d'air qui nous léchaient les reins et nous engourdissaient les membres.
Epuisés nous nous effondrâmes sur le premier lit venu. Je m'endormis d'un sommeil agité, peuplé de créatures fantasmagoriques, chevauchant les plaines de Tharsis sur un animal à six pattes au coté de John Carter, cimeterre brandi, fonçant à l'assaut de la dernière oasis martienne délivrer la Princesse de Pellucidar.

C'est sans doute d'avoir trop chevauché que je me levai avec difficultés le lendemain, courbaturé, congelé malgré les quatre couvertures qui avaient protégé mon corps des assauts du froid nocturne.
Le reste de l'aventure est plus conventionnel : repas de midi à Cadaquès, visite du musée Dali à Figueres, accompagnés en cela par Simone (en voiture Simone c'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonne !). Simone est la voix de notre GPS. Calme, efficace, sensuelle dans ses intonations, peut-être un peu envahissante parfois, elle nous guida sans encombre. Cherchant un visage à notre amazone, je décidai qu'il était semblable à celui de Gala, l'égérie de Dali, dans la beauté de ses trente ans, transfigurée par le regard fou du Marquis.

Le Museo, peuplé des mille chimères issues de l'excentrique débordement du Maître, me sembla une émanation d'une survivance Martienne, dont les reliques d'autres ères peuplaient les salles. Je ne sais pourquoi, je décidai que surréalisme et rock’n’roll ne pouvaient que s'accorder, et je n'aurais pas été surpris de trouver au hasard d'une galerie, une photo rassemblant Dali et Jagger en une même fraternité de l'outrance, de l'exhibition, du génie. Cette folie dont à mon sens on ne peut faire l'économie dans toute démarche artistique.
Et pour faire le lien avec ce qui précède, je citerai Jimmy Hendrix lors d'une interview:

-bonjour Monsieur Hendrix, je suis du New York Times entame un Journaliste.
- Bonjour, Vous êtes du New York Times ? Moi je suis de la planète Mars ! répond le rocker.

je voudrais être un Martien !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

maintenant je comprends beaucoup plus mieux de choses, tout s'explique :
Mith, t'es un martien
kéké

Pascale a dit…

Moi, je vois une décharge, du sexe et du néant. Rien qu'on ne puisse trouver sur notre bonne vieille terre...

Anonyme a dit…

T'es pire qu'un martien, t'es un mutant polymorphe.
Mais on t'as reconnu.
www.supadump.com/v-102-eddie-mercury-rock.html
P

Anonyme a dit…

Mon lien était foireux.En voilà donc un autre.
http://fr.youtube.com/watch?v=258FrNZ2Yq4
P

The Undertakers 5 a dit…

ouais.. passque en effet, la vidéo ne se lançait jamais.

je vais aller voir

The Undertakers 5 a dit…

'tin c'est un monument. Ca devrait être enseigné au lycée. Le texte décortiqué, analysé, commenté. Ca devrait faire l'objet d'une thèse !