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jeudi 17 mai 2007

Platon, Caparaçon, et Paradis sans Artifice (mercredi 16 mai 2007)

Soirée culturelle ce mercredi 16 mai. Outre l’indicible plaisir de saluer l’arrivée à la présidence de la république d’un homme de dialogue et de progrès social dont nous ne doutons pas qu’il va faire scintiller aux firmament des états l’étoile radieuse d’un pays en plein renouveau, j’ai assisté au vernissage d’un artiste, Albert Martin, dont les compositions picturales s’inscrivent dans une tradition para-tauromachique chère à notre cité à l’orée d’une nouvelle feria.

L’exposition se tient dans le nouveau lieu créé par notre producteur Philippe Desimeur, ami des artistes, et mécène bien connu sur la place. Il met gracieusement à disposition « mon espace » une salle voûtée, entièrement rénovée, qui marie l’asymétrie des volumes à une mixité des matières mettant parfaitement en valeur les œuvres parfois intimistes mais aussi monumentales d’un artiste dont la palette s’étend de la représentation figurative et dépouillée des acteurs de la corrida, à des damiers dont les géométrie courbes revisitent le thème du caparaçon, cet habit chamarré des chevaux de picadors qui leur sert de protection lors de l’assaut puissant et furieux de la bête dans son combat pour sa vie..

Ces damiers stylisés accueillent en chacune de leur case une tache de couleur rouge sang, qui ne peut que nous rappeler l’échiquier de la vie, dans lequel chaque être n’est qu’un pion, qui avance au grès d’une volonté qui le dépasse, dans un jeu dont les règles se redéfiniraient selon des chemins tortueux comme les lignes forcées d’un destin incertain.
Le sang évoque la brutalité de l’existence, l’inanité des efforts de chacun contre la violence même de la vie, mais aussi paradoxalement la vitalité, l’énergie dont on ne peut contenir l’inexorable explosion. La symbolique de l’échiquier est là pour exprimer les lois infrangibles qui régissent et ordonnent l’univers, qui sans cela ne serait que chaos. En même temps cette schématisation, cette convention, est l’expression de la vision parcellaire de l’homme sur le monde qui l’entoure, et rend compte de sa cécité partielle au regard d’une complexité qu’il ne pourra jamais embrasser.

On pense bien sûr à Platon, et le mythe de la grotte, dans lequel les hommes enchaînés ne perçoivent de la réalité, que le jeu mouvant des ombres de leur corps projetés contre les parois par les rayons changeants de la lumière qui passe par l’ouverture à laquelle ils tournent le dos.

Mais dans cet échiquer improbable, chaque individu est enfermé, à la fois si proche de l'autre et pourtant inaccessible, prisonnier qu'il est de ses préjugés et de son cadre de référence dont les bords délimitent le territoire de son semblable, tout aussi contraint. Toutefois, dans l'évolution de sa représentation du caparaçon, Martin donne une clé pour que le lien se crée malgré les contraintes sociales : il suffit de pousser les murs ! des lignes de failles se forment et bousculent l'ordre géométrique, créant des pont entre les individus au grès d'un déterminisme aléatoire.

Le visage anamorphosé apparaissant sur les derniers avatars de ses carapaces, dont les contours se précisent lorsqu'on plisse les yeux, confirme la vision platonicienne de la subjectivité du regard, et replace l'humain dans un contexte supérieur, selon le principe Confucéen qui précise que " le tout est supérieur à la somme des parties"

Cela ne peux que nous renvoyer vers la vision dichotomique voire manichéenne de la prédestination et du hasard , rencontre improbable de destins qui se croisent se mêlent et s’impactent puis se séparent, chacun des protagonistes gardant le souvenir de ce choc matériel et spirituel comme un engramme puissant enchâssé désormais dans la mémoire individuelle et collective.

J’ai pu dialoguer avec l’artiste, qui après m’avoir dédicacé la plaquette de l’exposition a explicité les principes qui sous-tendent son approche, basée sur la notion du choc, de l’impact. Les toiles qui ont retenue mon attention portent donc sur la déformation de la matière, celle du caparaçon après que l’animal en ait éprouvé la résistance. L’agencement parfait de la toile matelassée en porte, dans la vision de Martin, la mémoire, qui imprimée dans la substance même de la représentation atteste de la violence du choc, de la confrontation entre la force brute et l’art du picador. C’est ainsi une commémoration de l’affrontement séculaire de l’homme et de la bête, au travers d’une symbolique géométrique dont la distorsion des lignes rappelle le combat constant de l’homme raisonné avec son moi atavique violent et torturé dans un monde qui le dépasse et qu’il ne perçoit que de manière fragmentaire.

Très bon vins par ailleurs.
Il faudrait revoir les amuse-gueules.
Quelques tapas auraient à mon goût, participé à la mise en scène du travail de Martin, dont l’inspiration hispanique aurait gagné en lisibilité.
Surtout que je n’avais pas mangé !

Suite de ce parcours culturel au domicile des Charras pour une session Undertakers.
Formation restreinte aux membres fondateurs du groupe. En effet, Alain est parti pour le Mont Saint Michel chez la Mère Poulard afin d’y battre les œufs, puis chez Moulinex pour parfaire sa technique sur des prototypes de batteurs expérimentaux à usage musical. Jésou est en stage en terre irlandaise dans le but d’affiner son approche de la boisson ambrée. Seuls un trio est présent à l’appel : Pierrot, Pascou et Mitch. Le groupe dit du "13 janvier".

Pascou a fait l’acquisition d’une pédale pour sa basse, une Ultrapédale devrais-je dire, tant elle modifie profondément le son de son instrument. On profite de cette soirée pour travailler en profondeur les accords, et le jeu des voix. Je fais des essais de tonalité ou d’intonations, et nous nous exerçons aux chœurs. Ces derniers sont vraiment indispensable sur tous les titres. Particulièrement sur Prout Pary, mais aussi sur Ecolosong, Whatever, et ProtestSong. Ce dernier morceau tient désormais sa version définitive et à l’instar d’Ecolosong, je prends énormément de plaisir à l’interpréter. J’aime le nouvel arrangement, plus mélodique.

L’écueil de notre répertoire est maintenant SPAM. Sur les conseil d’Alex, nous avons pris conscience des limites de son interprétation dans une forme Blues. Nous expérimentons donc un tempo plus rapide, plus Rock. Ca passe bien mieux, Surtout le rePrain, beaucoup plus compact. Ce titre est structurellement long puisque qu’il comporte huit couFlets, que nous interprétons par groupes de deux, Il faut donc l’aérer, mais sans le rallonger inutilement avec un refrain trop ennuyeux. Il est amusant de constater que du coup on revient à sa forme originale, comme je l’avais imaginé lors de son écriture.
Je pense que nous sommes sur la bonne voie avec ce titre et qu’il atteindra le niveau de qualité de ses « frères ».

Comme nous ne sommes que trois, nous avons baissé la puissance des instruments ; le son gagne en clarté, et surtout ça me permet de mieux poser ma voix, qui force moins, je peux en moduler l’expression plus facilement. Pascou sort un instant afin d’en apprécier le rendu alors que nous interprétons Prout Mary en duo, il nous fait par de sa satisfaction : c’est très propre.
Nous réfléchissons aussi au rôle du batteur dans notre formation. Il ne faut pas se voiler la face, un fossé s’est inexorablement creusé au long des séances depuis le mois de février, date de la dernière apparition d’Alain à une répétition. Il lui sera désormais très difficile de rattraper le temps perdu. Par contre sa participation pourrait être aménagée de manière très bénéfique au groupe : il pourrait se charger de piloter la boite à rythme dont le maniement nécessiterait un opérateur à temps complet, qui deviendrait le chef d’orchestre du groupe. Il serait très utile dans la sélection des rythmes, les relances et le maintien de la cohésion musicale, ce qui ne l’empêcherait pas d’intervenir à la batterie en contrepoint à une base rythmique carrée.

En fin de session nous nous asseyons pour le traditionnel debriefing de fin de séance. Nous sommes d’accord sur l’urgence d’intégrer de nouveaux morceaux à notre répertoire. Avec 6 titres maîtrisés nous ne tiendrons au mieux qu’une vingtaine de minutes devant un auditoire. Dans l’absolu c’est suffisant pour les 50 ans, mais plus de titres nous permettrait de nous adapter mieux au public, en modulant nos choix. Également nous avons la certitude que notre formation survivra à l’anniversaire et que nous devons déjà nous projeter au-delà.
Donc deux objectif, recenser toutes les chansons que nous avons pressenties depuis les débuts du groupe, et produire de nouveaux textes afin que Pierrot puisse leur imprimer la déjà célèbre « Patte Undertakers ».

C’est avec une fière surprise que nous avons pris acte de notre totale tempérance au cours de cette séance, seule une bouteille de badoit ayant été victime de notre soif inextinguible.
Un Paradis sans Artifice en quelque sorte, si ce n’est celui du feu qui nous consume et nous entraîne dans des délires quasi psychédéliques et dilate le temps en un paroxysme créatif, puis nous abandonne, étourdis de sons, repus, comme si quelque substance magique avait accompagné notre transe.

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