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samedi 30 juillet 2011

Cauchemard de Batteur - 2

Le Carré, notre batteur, dort d'un sommeil excellent. La sérénité de son esprit, la force de son caractère, sa stabilité émotionnelle lui procurent une faculté d'endormissement stupéfiante. Il se couche, il ferme les yeux, fait le vide dans son esprit, et s'endort dans l'instant. Cependant parfois, il fait des cauchemards. des cauchemards de musicien, de batteur. L'un des plus récurrents est celui-ci : Il se trouve sur l'aire déserte et sombre d'un parking, un de ces lieux dépersonnalisés, lugubres et minables que l'on trouve près des friches industrielles, issu des délires d'un technocrate des années 70 dans sa vision déformée d'un progrès industriel permanent. L'endroit est peuplé de cymbales, des zidjian ses préférées, ce qui ajoute encore à son malaise : Il les perçoit comme inquiétantes. Comme des échassiers bizarres, des charognards à l'affût. Comment ces objets que j'aime tant peuvent-il se retourner contre moi ? s'interroge-t-il. Elles sont étalées sur une surface étendue l'obligeant à courir en tous sens pour marquer le tempo d'un orchestre de bal qui joue à la file des airs populaires. Il reconnaît, étrangement déformé par le bruit incessant des nuées liquides, le rire du sergent de Michel Sardou. Il est à peine vêtu, et surtout il pleut averse. un déluge d'eau qui ruisselle sur son corps frissonnant rapidement trempé et glacé. Lorsqu'il doit se déplacer, très vite le sol détrempé fait obstacle à sa course. Il glisse, dérape, manque de tomber, tandis que l'orchestre entame un kazaktchok effréné.. Mais la pluie redouble ruisselle sur les instruments, en altère le son, en déforme la perception, et bientôt de la grêle tombe, tintinnabulant sur les surfaces métalliques, brouillant son oreille, rendant plus difficile l'accompagnement de cette musique infernale. Quelque part au bord, dirigeant l'orchestre, il reconnaît à la direction le Barde, en queue de pie traînant dans les flaques, la poitrine bardée de medailles soviétiques, grosses et rutilantes. Le Barde tourne alors la tête: le regarde ironiquement et lui lance par dessus les rugissement des cuivres d'une voix à l'accent africain  : C'est le baletti, Phil, c'est le baletti, ne déçoit pas le public Phil. Puis il part dans une escalade de rires démoniaques tandis qu'un gosse à mobylette fait du gymkhana autour des pieds des cymbales et en tague les surfaces miroitantes de bips tracés à la hâte.
C'est en général à ce moment, alors qu'il court en tous sens, déboussolé, l'esprit à la dérive qu'il se réveille brusquement, assis parmi ses draps moites épars, haletant et effrayé. Un cauchemard de batteur...


2 commentaires:

Anonyme a dit…

La drogue, c'est de la merde !
P.

The Undertakers 5 a dit…

tu as raison : je vais arrêter la chuppa chups...