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samedi 7 novembre 2009

Pour une Pensée Non Aristotélicienne

Avertissement : ce qui suit est une oeuvre de fiction, et ne saurait refleter totalement les convictions de l'auteur.

J’écoutais récemment une émission, sur la Radio d’Etat. C’était André Glucksmann qui dissertait sur les fondamentaux de la philosophie. Pour lui les deux écoles princeps de la pensée se déterminent autour de notions portées par Socrate et Heidegger. Pour Socrate le philosophe ne peut que poser les questions métaphysiques. De part sa nature humaine, et donc limitée, il n’est pas en mesure de répondre à ce qui le dépasse. Selon Heidegger au contraire, le philosophe se doit de répondre aux questions existentielles. De facto si on partage la vision de ce dernier, l’homme est ontologiquement apte à percer les mystères du pourquoi et du comment, puisque s’inspirant de Leibnitz, L’Etre et l’étant sont intimement liés et participent l’un de l’autre.

Pour transposer cette angoisse existentielle dans le monde du rock, je paraphraserai Leibnitz : Pourquoi il y a-t-il du Rock, et pas tout simplement RIEN ? Parce que le Rock est une émanation de l’homme et qu’à ce titre il ne pouvait pas ne pas exister. Le rock est inhérent à l’homme. Le Rock « Est » au sens Leibnizien, en ce qu’il est une manifestation de l’aspiration de l’homme à comprendre le Grand Tout. Au même titre qu’une religion, une philosophie ou toute autre tentative communautaire d’aller au-delà de l’horizon de nos évènements les plus prosaïques.

Cela me conforte dans ma conviction que le rock n’est pas simplement un divertissement pour vieux nostalgiques des seventies, ou adolescents échevelés hystériques accros au bit rate asymptotique. Le rock se doit d’éclairer les auditeurs sur les grandes interrogations. Si la musique incite à la débauche d’énergie corporelle et au partage des émotions, il appartient au texte de susciter le questionnement et la réflexion. On doit tirer un trait sur les contenus anémiques d’inspiration anglo-saxonne, et porter un message susceptible d’élever le public. Le rock sera pédagogique ou ne sera pas.

C’est pourquoi je m’attache, ainsi que Pascou, à donner des textes qui contiennent du sens. Ecolosong est emblématique de cette démarche. A l’inverse, P. pour qui Leibnitz et Heidegger sont de dangereux activistes, prisonnier de sa vision aristotélicienne du monde, produit des textes ludiques dont le récent « Dans le cochon tout est bon » est un exemple. Son approche est respectable bien sûr, qui fait la part belle à la forme au détriment du fond et présuppose chez le rockeur lambda le QI d’un pétoncle.

Cependant lorsque je parle de P. je ne peux m’empêcher d’évoquer Platon, chroniquant les grecs de son temps. Bien que la Grèce antique soit une nation maritime, les grecs craignaient la mer. C’est ainsi que l’Odyssée d’Ulysse, qui aurait put se dérouler au rythme estival d’une croisière Paquet, d’autant qu’elle clôturait une guerre de Troie particulièrement éprouvante et promettait le retour vers Ithaque et les faveurs de Pénélope, l’Odyssée donc est une longue suite d’horreurs maritimes qui ont balloté notre héro de Charybde en Scilla, c’est le cas de le dire. Platon rapporte donc que les Grec craignaient la mer, et en conséquence portaient un regard très mitigé sur les marins, ces êtres bizarres qui n’avaient pas peur d’affronter les périls sur des flots incertains. Les marins avaient une réputation sulfureuse.

P. est un marin. D’ailleurs une des ses chansons est tout entière consacrée à la métaphore maritime. Doit-on s’en méfier ? Loin de moi cette idée. P. est notre Ulysse. Il barre notre coquille de noix afin d’éviter récifs, courants contraires et hauts fonds, et c’est lui qui régulièrement nous détourne des suaves mais perfides chants des sirènes. Pour un marin, P. a sacrément les pieds sur terre, quoique régulièrement, son comportement nous rappelle la complexité du personnage.

Ainsi lors de la dernière répète s’est-il affublé d’une longue perruque blonde à la Johny Winter avec de grandes lunettes à persiennes façon Polnareff.

Ce qui m’amène aux répétitions.
Depuis quelques mois, je suis moins assidu à la relation exhaustive de nos rencontres à la SJM. Il est vrai que statistiquement le déroulement diffère peu d’une fois sur l’autre et qu’il est difficile d’en extraire des évènements susceptibles de mettre l’une ou l’autre en valeur. Globalement sur les cinq ou six dernières un sentiment mitigé se dégage. Une déception liée à une certaine impression de stagnation, voire de régression, mais aussi l’idée que tout de même, de ces errance émane quelque chose de positif : même si sur l’instant nous ne jouons pas bien, chacun d’entre nous je pense expérimente des choses nouvelles et tente de progresser. Bien sur, sur l’instant cela donne une impression de cacophonie, mais au final je suis certain que nous bénéficierons de cet apprentissage permanent et qu’on se retrouvera à la coda. Il est vrai que nous avons peu de temps dans la semaine pour travailler de manière personnelle les morceaux, et que les répètes sont le lieu où chacun de nous tente d’évoluer dans sa technique. Ainsi devons nous jongler avec les individualités et le groupe.

Pierrot a fait l’acquisition d’une nouvelle pédale. Une gigantesque plaque bardée de réglages et footswitches. Il en explore les possibilités. Le Barde quant à lui retrouve les vertus du son non saturé. Phil le K. commence à se lâcher. On remarque qu’il teste des enchainements, et qu’il se lance dans de petites impros qui je l’espère vont bientôt se concrétiser et lui donner le courage de nous offrir le grand solo de batterie que nous attendons tous. Dans l’un de nos derniers titres, « Le Cochon », j’aime beaucoup son rythme qui me parait plus complexe que le tempo binaire habituel. Il est excellent aussi dans le « train de la vie ». Lolo accompagne toujours plus de morceaux avec une maîtrise qui s’affine, et les chœurs se mettent lentement en place avec des tentatives d’harmonies parfois approximatives mais prometteuses. Le jeu de Poun est de plus en plus fluide et j’ai l’impression qu’en ce qui me concerne, ma voix commence à se mettre en place. J’attends d’ailleurs ce fameux processeur vocal qui devrait m’aider en ce sens. C’est pourquoi malgré les déceptions éprouvées ici et là, je suis globalement positif quant à notre avenir.

En valeur absolue nous possédons une vingtaine de titres à notre répertoire, dont les trois quarts sont des compos. Nous allons bientôt être en situation de pouvoir faire un choix parmi eux, au grès de notre humeur ce qui de fait nous permettra de franchir encore un pas dans l’histoire de notre groupe.

Je suis certain que le troisième anniversaire des UFR célèbrera le succès de notre concert du 4 décembre. Cela nous permettrait plus de sérénité, plus d’assurance, même si une grande humilité doit sous-tendre notre démarche. Nous sommes des amateurs, limités. Mais pour faire un rapprochement avec le monde de la BD : Reiser ne savait pas dessiner. Ca ne l’empêchait pas de produire des planches féroces et drôles. La technique n’est qu’un véhicule. Avec une simple deuche, des types aventureux on traversé tout le continent asiatique. Il y a quelques jours, au Haddock Café, les musiciens ont applaudi un groupe de filles. Elles n’utilisaient qu’un ukulélé et un mégaphone. Ce qui ne les a pas empêchées d’avoir un franc succès. La musique est notre continent, ayons l’inconscience de ces explorateurs, notre seule limite c’est celle de notre imagination.

Ou bien, l’imagination serait-elle le principal écueil de notre entreprise ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Là ,c’était bon ,non ?Ben oui, t’as pris ton pied, j’en suis sure !
Mais n’attend pas si longtemps entre deux sinon ça a tendance à s’engorger et du coup quand ça sort tu t’en mets partout.
Regardez moi cette vilaine tâtâche..mhein ?!
P.

poun a dit…

ah.... c'est fin comme commentaire!

je reconnais bien là,la reflexion d'un mec qui passe son temps a mettre des pieces dans un jux-boxe,en bouffant du jambon meme pas decouenné!
mais quand, dans ce pays, respecteras-t'on enfin les vrais auteurs?
Tu parlais dans ce superbe texte mitch, d'un QI de petoncle ? Mais c'est faire injure a ce charmant mollusque que de le comparer au cerveau de p
Inutile de comparer nos textes aux gribouillis laborieux d'un guitariste destructeur de cordes!

personne n'a jamais osé mettre en competition "les travailleurs de la mer" avec "les aventures de oui-oui"
et ben....c'est du meme tonneau !