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lundi 23 novembre 2009

L'Intersexualité du Phasme

Depuis quelques temps, les répétitions se multiplient. On travaille en groupe comme d’habitude. Mais aussi en comités plus restreints. La section cordes s’est réunie dimanche dernier et la section chant lundi. Je crois que c’est bénéfique à chaque partie, chacun pouvant prendre le temps de travailler telle ou telle difficulté dans une ambiance moins surchargée.
Pour ce qui me concerne c’est avec Odile, Lolo et Pierrot que ça se passe. On reprend chaque morceau en acoustique, comme je l’ai expliqué dans un précédent compte-rendu. Cette fois, c’est chez Lolo que nous avons travaillé. Nous avons passé le reste des titres en revue, lolo notant scrupuleusement sur ses portées en quelle tonalité chacun devait chanter.
A la fin nous étions plutôt satisfaits, recevant même une appréciation favorable de Philou : « c’était pas mal » a-t-il sobrement commenté. Ce qui dans sa bouche a valeur de louanges enthousiastes.

Cependant il y a loin de la coupe aux lèvres, et la mise en application de ces exercices n’est pas toujours aisée. Il y a deux difficultés :
La première tient aux conditions dans lesquelles nous chantons. Quand c’est en acoustique nous chantons moins fort, nos voix se posent mieux, avec un rythme beaucoup plus lent. Dès que nous nous retrouvons à la SJM, l’électrification et la présence de la batterie nous obligent à chanter plus fort, et notre interprétation en est très modifiée. En ce qui me concerne, je dois en plus gérer ma pédale d’effets qui est sensible au larsen, ce qui me rappelle des jours sombres que je croyais révolus. Je passe mon temps à jouer avec la pédale d’expression pour ajuster le volume. Et je me retrouve dans la même situation que les guitaristes, devant jongler avec mes réglages et mes niveaux sonores, finissant par me perdre dans l’infinie possibilité de choix, superposant les effets jusqu’à oublier le sens initial de ce que je recherche.

Je ne m’entends plus, avec ce cercle vicieux qui se met en place qui m’entraine à modifier ma voix dans les graves et les aigus pour m’adapter aux limitations de ma tessiture confrontée au jeu puissant des instruments. Sans compter que le fait de trafiquer l’appareil me déconcentre, me rend nerveux, et me conduit à faire des erreurs dans le texte ou à louper un enchaînement.
Pour les filles le problème est différent : Elles ont choisi des tonalités précises lors de nos séances acoustiques mais lors des répètes en groupe, elles ont du mal à retrouver spontanément ces intonations. Le fait que nous chantions ensemble induit aussi un phénomène de parasitage de la mélodie sur le contrechant, les choristes devant lutter contre la tentation de chanter à l’unisson et ainsi de perdre leurs repères. Pour finir nous nous sommes retrouvés fréquemment dans une situation où les choristes chantaient plus fort que le chanteur. D’aucun dira que ce n’est pas plus mal, cependant cela ne respecte pas la logique des choses. C’est un peu comme si la batterie couvrait tous les autres instruments.

Mais malgré cela, les uns et les autres progressent. Ca commence à bien sonner, d’autant que lors de la dernière répétition Pascou ne s’est pas présenté à la SJM, pour d’obscures raisons de voyage anniversaire à Venise. L’absence de la basse fort heureusement ne s’est pas remarquée, le clavier de Lolo ayant aisément remplacé cet instrument dont au demeurant on se prend à s’interroger sur sa véritable utilité. Le clavier dans les notes basses produit notablement moins d’infrasons, ce qui est toujours ça de gagné pour la lisibilité de l’ensemble et dégage un peu le paysage musical fortement encombré d’artefacts sonores aussi divers que variés. Même d’un point de vue simplement physique nous avons été gagnants : un quintal de viande manipulant avec désinvolture une basse au manche interminable, ça fait le vide autour de soi ! Les guitaristes ne cachaient pas une légère satisfaction teintée de soulagement à l’idée d’une séance au cours de laquelle ils pourraient évoluer dans un peu plus d’un demi mètre carré d’espace vital.
Mais tout de même l’Ultrabassiste m’a manqué : quand il pratique l’air guitare, j’aime regarder son visage béat aux yeux clos qui dodeline souplement au rythme de Phil le K. Il offre un coté apaisant, et puis c’est une sorte de baromètre de notre performance musicale, un peu comme ces statuettes en porcelaine d’un goût très sur qui se teintent en bleu ou en rose au grès des variations hygrométriques : quand le bassiste sourit c’est qu’on n’est pas trop mauvais ! Espérons que d’Italie l’énergumène ne nous ramène pas quelque instrument en forme de mandoline, et qu’il ne se prenne pas de passion pour le bel canto !
Mais dans ce cas il devra redéfinir son pseudonyme, changeant Ultrabassiste pour Hypergondolier par exemple.

Le bilan des dernières répètes est positif. Nous faisons de réels progrès ; à mon oreille d’amateur j’ai l’impression que ça commence à jouer juste et collectif. Ceci en grande partie grâce au Leader qui est sur tous les fronts dans son rôle de coach : les cordes, les voix… il ne manque plus désormais que la rythmique pour bénéficier de ses conseils éclairés. Il va falloir établir un planning maintenant, le dimanche soir pour les guitares et la basse, le lundi ce sera le chant, et le mardi le tempo, avec les bass-batt et la guitare rythmique. Le mercredi restera consacré aux travaux de groupe. Sans compter que l’activité créatrice doit continuer : pas question de sacrifier l’imagination sur l’autel du travail !

Un signe qui ne trompe pas nous est envoyé par les filles. Jusqu’ici leur implication me semblait relativement superficielle. Bien sur elles fournissaient un gros travail, mais avec comme une arrière pensée de sursitaire, dans le style « on participe, mais ce n’est pas l’affaire de notre vie ». Lolo notamment ne cachait pas ses interrogations quant à la pérennité de sa présence parmi nous. Elle regardait notre groupe en spectatrice amusée, à l'instar de l’entomologiste Jean Rostan étudiant l'intersexualité des Phasmes et la parthénogénèse traumatique : avec un regard clinique et distancié nimbé d’un étonnement joyeux. Cependant ces derniers jours, pour la première fois j’ai eu le sentiment qu’elle commençait à prendre plus de plaisir à notre aventure, et qu’elle en venait à éprouver cet esprit de corps qu’on retrouve chez les gens unis par un but commun qui les transcende.

Le bruit court qu’un déménagement des Desimeur pourrait se produire dans les prochains mois. Dans cette éventualité, Lolo a déjà prévu une pièce dans sa nouvelle et grande maison pour accueillir nos répétitions. Si ça ce n’est pas de l’implication et un démenti cinglant à toutes les hypothèses alarmistes qu’on aurait pu échafauder sur le départ de nos filles et leur perte de motivation, je veux bien qu’on me coupe les co…rdes vocales.

Si je voulais conclure cette chronique sur une note chiffrée, je vous communiquerais le nombre 17, qui représente le total des titres de notre répertoire, et dont nous maîtrisons l’interprétation. A cela il faut ajouter trois autres morceaux, le collectionneur, le cochon et chanson de geste qui pour l’instant sont en stand by faute de temps.
Pas de répit pour les Fossoyeurs donc, a l’orée d’un concert décisif et d’une rentrée en studio imminente.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

T'en fais plus qu'un par semaine mais c'est du lourd.
C'est toujours aussi brillant, pertinent,subtil,humoristique et instructif:bravo.
Ce qui m'éclate particulièrement c'est ta façon unique de nous caser des trucs improbables :" l'intersexualité du phasme", excellent!!
.Ca me rappelle une chronique de Desproges au tribunal des flagrants délires où il était question d'un chat ébouillanté et d'un mérou pris de flatulences.
Si tu pouvais ,dans ton prochain article ,me placer ..euh.."le volapûk face à la hiérarchie de Chomsky ",tu serais le phénix des hôtes de ces blogs.
Sinon je suppose qu'il n'y a pas répète ce soir..
A plus
P.

The Undertakers 5 a dit…

Excuse moi P. je n'avais pas vu ton commentaire de plus tôt.
Oui, la répète voix, c'est peut être un peu tard. Comme on n'avait rien dit la dernière fois, je n'ai pas percuté pour ce soir.
Tiens au fait, par curiosité je suis allé sur le site de l'Oxbridge. Et dans le programme de décembre il n'ya... rien !
C'est toujours d'actualité tu crois ? je veux dire pour nous ?

bon, "mérou péte" j'ai décodé, mais je ne sais pas, je suis pas en phase avec le chat.. un chat ébouillanté..Desproges.
Inerrogeons L'Internet Mystérieux..

clic clic clic tap tap clic : Ah voilà :

Extraits de "Vivons heureux en attendant la mort" - Éditions du Seuil (LjV's Homepage)

Démonstration que les chats de Nantes sont bretons :
Prenons un chat nantais, que nous appellerons "A" pour plus de commodité. À l'aide d'un entonnoir que nous appellerons "Catherine", en hommage à Catherine de Médicis, dont la contenance stupéfia son époque, et que nous lui enfonçons dans la bouche, gavons le de 2 ou 3 litres de White Spirit. Attention : la pauvre bête va souffrir atrocement, c'est pourquoi nous vous conseillons de lui couper préalablement les pattes ou de mettre des gants de cuir avant de commencer le gavage. Quand minou est gonflé de White Spirit, prenons un mérou, que nous appellerons "François", parce certains s'appelent François. Portons le à ébullition. Tandis que le mérou bout, approchez vous du chat. Enflammez une allumette. Que se passe-t-il? Et bien, c'est simple, quand le mérou bout le chat pête, alors qu'au contraire, quand le chat bout, le mérou, pauvre animal,...
Alors, alors, bande de nullités ignares, qu'est-ce que cela prouve scientifiquement ? Tout simplement, cela prouve à l'évidence que le chat nantais est bien un chat breton. Car si ce chat gavé d'essence explose près d'une flamme, cela prouve bien qu'il transpire, non ? Et s'il transpire, c'est qu'il s'agit bien, CQFD, d'un chat breton, car seuls les chats véritablement bretons sont poreux, comme le souligne magnifiquement le splendide hymne de la Bretagne libre :
Ils ont des chats poreux, vive la Bretagne.
Ils ont des chats poreux, vivent les Bretons.

Chomski.. faut que je creuse.

poun le venitien a dit…

Salut a tous
Me voila de retour d'un stage commando chez les ritals.
je vous fais un bref resumé de la chose...... 14 heures de marche forcée par jour dans un dedale de rues et de ponts se melant et s'entrecroisant sans cesse, moi qui suis plutot pratique et rationnel comme garçon, croyez moi, c'est a devenir fou
Seul point de repère relativement fixe dans ce labyrinte de rue improbables: les eglises! seulement, pour un mecreant comme moi rentrer dans une eglise c'est deja un effort, imaginez quand il faut s'en taper quotidiennement une trentaine, mais que chacune, bien que grossierement d'une forme generale ressemblante a sa voisine est traitée de maniere particuliere
ce qui fait qu'au bout de cinq ou six visitées, on sait deja plus si celle avec les dorures au plafond, c'est bien san giacomo, ou plutot san bernardo a moins que ce soit san benedito, bref on sait plus ou on est!
Bref en gros, je suis rentré dans venise, vendredi a 14 heures, et j'ai enfin reussi a en sortir cet apres a la meme heure!
Ouf vivement la repete de ce mercredi, ça va me faire du repos !

poun le venitien a dit…

cet apres-midi(correction)

Anonyme a dit…

Sans compté que les nuits y sont éprouvantes (à c'qu'on dit..)
P.

poun le lion de venise a dit…

Ben ......c'etait quand meme une espece de voyage de noces

Anonyme a dit…

Je pense qu'une petite visite de courtoisie s'impose à l'oxbridge..
faudrait pas qu'on s'excite pour rien.
P.

poun a dit…

C'est vrai que ça devient un peu inquiétant......ou rassurant

The Undertakers 5 a dit…

Ce qui est rassurant c'est que finalement le 4 décembre, comme nous sommes libres, nous pourrons aller voir de vrais groupes. C'est dommage, tous ces flyers qui ne serviront à rien, ces articles élogieux dans le midi libre et la gazette pour un non évènement..

Anonyme a dit…

Pourquoi, Poun, ton premier voyage de noces ne t'a pas plu???
Val, la Rancunière

Anonyme a dit…

oui merci pour l'invitation à venise.
maintenant que le couple a les moyens il évite les copains.
pascou tu as le mémoire courte car sans la fiesta fraise écrasé de valérie et la galerie de toit de ton vieux pote pour mettre ta planche à voile de merde, tu aurais planté ta tente au camping des trois piliers.....
le baou,mari de la rancuniaire