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dimanche 24 mars 2013

Où l'On Fait Toute la Lumière Sur le Studio Noir


Notre guitariste était en rendez-vous extérieur ce mercredi dernier. Pour cette raison, et je souligne que c’est une des rares fois en six ans de répétitions, la permanence à la SJM n’a pu être assurée. C’est d’ailleurs l’occasion de saluer la constance avec laquelle, semaine après semaine, notre Barde met tout en œuvre pour permettre au groupe de répéter dans les meilleures conditions.

La SJM au fil des semaines est devenue notre second foyer. On est à chaque fois reçus comme des princes à la table familiale, joyeusement accueillis de léchouilles pelviennes et fessières par les canidés de la maison, dont je suis persuadé qu’ils ont été sélectionnés génétiquement  afin d’atteindre juste la bonne taille pour cela. Le café nous est servi aussitôt arrivés et nous profitons d’une revue de presse personnalisée par le Maître des lieux qui possède le don singulier de trouver l’information d’exception sur telle ou telle personnalité people, et dont les commentaires sur l’actualité médiatique du moment font référence dans notre petit Landerneau local.

Et puis il y a toujours une légère excitation à descendre l’étroit escalier qui mène à ce que j’appelle l’Antre des Possibles Musicaux. La  pénombre tamisée qui baigne le lieu, l’assemblage disparate d’objets entreposés là, qui rappelle dans une version underground les greniers mystérieux de nos grands-parents, les souvenirs du groupe, accumulés depuis toutes ces années -autant de jalons posés sur son histoire septennale- et dans l’espace libre au centre la forêt de praticables en tous genres, constituent un cocon douillet, un écrin confortable pour nos compos et reprises.

Propice à la réflexion et au travail collectif, cette salle a rempli à la perfection, semaine après semaine, son rôle de catalyseur de projets. C’est là que Jésou nous a présenté ses nouvelles trouvailles musicales, dont nous avons pris soin, afin de leur conserver leur caractère exceptionnel, de n’en reprendre aucune, là également que notre bassiste a appris à transcrire en notes les maladroits enchainement d’accords de notre brouillon Leader, les conservant pieusement en un lieu secret pour leur garder ce caractère confidentiel qui lui permet à chaque nouvelle répète d’en refaire l’apprentissage. Là aussi qu’une choriste et une pianiste ont accompli le lent  et douloureux cheminement intellectuel vers l’émancipation féministe, là toujours que le chanteur à défaut d’améliorer sa voix, a appris à manipuler sans les faire tomber les gobelets en plastique, les canettes et les bouteilles en verre,  là que nous accueillîmes avec émotion et des protections auriculaires adaptées les courageuses expériences sonores de notre nouveau membre le saxophoniste, là enfin que le Batteur s’est révélé dans sa dimension de défenseur de la pureté du rock, sans lequel l’hérésie de la variété menaçait de saper les fondements même de notre petite institution . Il y a dans cet endroit un coté intimiste chaleureux et d’autres éléments intangibles qui favorisent à mon sens nos travaux.

Pour pallier cette vacance dans notre planning hebdomadaire, Le Leader a eu l’idée de se renseigner à la SMAC (Scène de Musique Actuelle) Salle PALOMA à Nîmes, ouverte récemment et située près de l’aéroclub de Courbessac. Il s’agit d’un assemblage surprenant de grillages métalliques ressemblant à une sorte de patate Bintje oxydée abritant deux salles de concert et toute l’infrastructure matérielle et  logistique permettant à des groupes de produire de la musique, depuis sa conception jusqu’à sa diffusion.

Par SMS notre Pierrot nous avait exposé les conditions d’une première visite : gratuité de la première heure puis un tarif sans équivalent de 8€ de l’heure pour bénéficier d’un des sept studios totalement équipés : sono, table de mixage, micros et câbles, pédales d’effet, batterie, amplis guitare et basse. Il n’en fallait pas plus pour exciter notre curiosité et donner notre accord unanime à cette nouvelle expérience.

Nous avions rendez-vous à 21h ce jeudi soir, sur le parking de Paloma. D’autres véhicules étaient déjà parqués, desquels s’éloignaient des musiciens de tous âges, porteurs de guitares et de matériels divers, s’avançant en groupes clairsemés vers l’entrée de la Salle comme des officiants se rendraient à un temple afin d’y pratiquer leurs rites sacrés. Nous étions arrivés à peu près au même moment, et nous ne fûmes pas longs, après les salutations réglementaires, à rejoindre à notre tour les processionnaires, avec ce brin de tension positive que ressent le jeune élève alors qu’il va découvrir sa nouvelle classe après les vacances d’été.

Juste après le double sas de l’entrée des artistes ( !) une banque à droite, ouvrant sur un petit bureau, devant laquelle patientaient déjà des membres d’autres groupes, s’imposa à nos regards. Nous comprîmes que c’était le sésame de notre caverne d’un soir et nous stationnâmes un moment, le temps que le gardien de la porte se présente. C’était un homme jeune, mince, la barbe rase, de petite taille, vêtu dans le style bohème rock : jeans, groles, pull. Je remarquai d’ailleurs que l’ensemble des personnes présentes étaient vêtues de la même manière, le blouson venant compléter cette panoplie. Cela me confirma si j’en doutais encore que nous étions bien au bon endroit.

Tout le monde avait l’air d’être habitué. Les formalités d’accueils se réduisant au minimum, ce fut bientôt notre tour . La petite file d’attente avait fondu et toute cette population s’était déjà éparpillée dans les studios avant que j’en aie même pu avoir conscience. En deux minutes j’eus le sentiment que nous étions seuls. Dans ce lieu de bruits et de sons, un étrange et surprenant silence m’assaillit, que rompit l’appariteur : « Alors… commença-t-il, lisant un planning imprimé, « vous êtes les un..dair….trâ… caire.. undertr… « Oui, c’est ça le coupa Pierrot, miséricordieux. « Les Fossoyeurs du Rock, en effet.

Pierrot poursuivit en ajoutant que c’était notre première venue. Le gardien confirma notre réservation pour la période 21h-23h. « Je vous ai mis dans un grand studio, comme vous êtes six.
« Il vous faudra des micros ? Lança-t-il à la cantonade. Je lui répondis que « oui, il nous en faudra.
« Ok, ça tombe bien, j’en ai mis trois dans le noir, précisa-t-il.

Dans ma tête l’information fit son chemin. Je fus admiratif de la dextérité de cet homme capable de brancher des micros dans le noir. Sans doute avait-il travaillé sur des tournées mouvementées, quelque part en brousse, avec des groupes électrogènes déficients, contraint de se débrouiller en toute circonstance pour accomplir son job, fut-ce dans l’obscurité la plus totale. Ou bien, a l’instar de ces militaires surentrainés, qui démontent puis réassemblent un AK47 les yeux bandés, une mains menottée dans le dos en 26 secondes chrono, pendus par les pieds à deux mètres au dessus d’un étang infesté d’anacondas, s’était-il entrainé au maniement des câbles et micros jusqu’à acquérir les automatismes indispensables. Peut-être même existait-il une coupe du monde d’installation de sono indoor, et en avait-il été finaliste ? Mon esprit prompt au vagabondage déambulait à plusieurs mégawarps par secondes sur les méandres de l’imaginaire lorsque Pierrot, les formalités accomplies lui demanda quel était notre studio : « C’est le studio noir ! répondit l’homme. Je pris conscience de ma méprise, et dépouillai le gardien de l’aura magique que je lui avais offerte tandis qu’il nous conduisait à nos appartements d’un soir.

Par le biais d’un sas nous pénétrâmes dans notre nouvel environnement de travail. L’espace était gigantesque ! Je fus pris d’un léger vertige incapable d’embrasser le lieu d’un seul regard. Nous disposions d’une trentaine de mètres carrés. Chacun d’entre nous erra un instant, incrédule, émerveillé, en perte totale de repère, n’osant poser ses instruments. Les murs étaient noirs en accord avec le judicieux patronyme de ce local. Je me pris à penser que les studios jaune ou rouge devaient être intéressants visuellement, et me demandai rapidement si la couleur des murs pouvaient avoir une quelconque influence sur le genre musical des groupes.. Peut-être serait-il intéressant de plonger notre batteur dans le studio rose afin de l’amener à quelques concessions en matière de slows ? En même temps trop rose, et Le Carré virerait Village People ! Il convenait d’être prudent sur le dosage des couleurs afin d’obtenir la juste proportion de rock et de slows dans notre playlist.

Mais pour le moment, il fallait investir l’espace, et s’approprier les moyens de production mis à notre disposition. Une gigantesque table de mixage trônait le long d’un mur. J’y branchai les câbles des micros. Des Shure bien sûr. Parmi la centaine de boutons et de potentiomètres présents, j’arrivai même à repérer les quatre nécessaires à l’obtention d’un son. Les musiciens de leur coté prirent possession des amplis présents tandis que le Carré réglait ses futs. Le temps que je sorte une bouteille de jus de fruits et les gobelets de ma musette puis serve une tournée, tout le monde était prêt et contribuait joyeusement au brouhaha habituel, y compris le Sax Symbol qui débarquait directement de Montpellier depuis l’aéroport de Courbessac tout proche. J’en rajoute un peu.

Le Son était bon. Indéniablement le traitement acoustique, les appareils, étaient de qualité professionnelle. Mais le matériel reste ce qu’il est : un assemblage aléatoire d’éléments dont on se demande comment ils peuvent fonctionner ensemble. La guitare du Barde nous rappela ce concept simple : Il passa un bon quart d’heure à tenter d’éliminer une panne intermittente pendant que nous jouions Sweet Home Alabama puis Everybody Needs.. Je pris du plaisir à pousser la voix, le préampli de la table lui donnant un velouté à la Marvin Gaye très agréable à mon oreille (et uniquement à elle !). On passa en revue tout notre répertoire Rythm n’Blues, puis nos dernières compos, insistant une nouvelle fois sur l’Impasse des 2 Colonnes dont le réglage prit du temps. Le dernier break surtout causa des soucis : problème de synchronisation autour du tempo particulier de cette partie que nous peinons à résoudre.

En manière de récréation, nous découvrîmes, près du plafond au dessus du batteur, un afficheur rouge indiquant en décibel le niveau sonore de la pièce. Chacun s’amusa à faire péter le score. C’est le saxophoniste qui remporta l’épreuve avec un excellent 99.
D’une manière générale, la totale liberté par rapport au volume sonore ne fut pas une alliée car nous eûmes tendance à renouer avec des démons que nous avions pourtant évacués depuis un certain temps : nous jouâmes trop fort. A tel point qu’à l’issue de la séance Pierre acheta une paire d’oreillettes de protection.

Les deux heures passèrent très vite. On fit la pause un moment pour une petite cigarette devant le canal qui longe la Paloma, contemplant en face le M lumineux du MacDonald (poésie quand tu nous emportes…). 

Nous croisâmes quelques musiciens, mais le contact fut bref. Peut être manque-t-il à ce complexe musical un espace de détente, un bar par exemple, où l’on pourrait échanger entre groupes ? Car chacun est dans son studio, L’insonorisation est totale, on ne voit pas ce qui s’y passe à l’intérieur. On aimerait pouvoir espincher, pénétrer l’intimité créative des uns et des autres. Mais ne boudons pas le plaisir que nous primes ce jeudi. Plaisir que nous souhaitons renouveler d’ailleurs, puisque nous avons pris un abonnement pour 20 heures (120€) soit dix nouvelles sessions. Dans le studio noir, j’espère.
Studio Noir, chambre noire : dans celle-ci on révèle l’image latente, dans celui-là révèlera-t-on le son des Fossoyeurs ?

8 commentaires:

Anonyme a dit…

A ce propos, que fait-on cette semaine ?
l faut se décider car si on doit refaire une black-session à Paloma, il faut réserver...

P.ouête

The Undertakers 5 a dit…

ben...
on essaye un studio sur montpellier ou arles, pour voir ?

non, sérieusement.... c'est à Jésou de dire. vu qu'on a des crédits il a peut être envie d'en profiter pour faire un break ?

Dis nous Christian.. que fait-on ?

POUN a dit…

ouais dit nous jesou !
et peut etre aussi quel jour? notre traditionnel mercredi ou comme la semaine derniere on se refait le jeudi?
REPONS VITE
NOUS SOMMES IMPATIENTS

The Undertakers 5 a dit…

Si je puis me permettre, j'aime bien le jeudi : c'est plutôt vers la fin de semaine, on n'a plus qu'à tenir le vendredi avant le week end, on récupère mieux. En tous cas moi je suis moins à la ramasse pour finir la semaine de boulot.

Bon, on dit quoi alors ? on laisse respirer le Barde et on se retrouve jeudi ?

puisque je vois que c'est l'avis de la majorité, et bien je me rallie au consensus. va pour jeudi au studio noir !

hein ?

Anonyme a dit…

Trop tard pour Jeudi .Tous les studios sont pris.
Il nous reste encore , pour l'instant, la possibilité de répéter dans le Studio Rouge ce soir ou vendredi .

P.louf

Anonyme a dit…

Vendredi, je ne pourrais d'ailleurs pas être des vôtres.
P.ouic

The Undertakers 5 a dit…

Moi je suis désolė mais c'est ce soir que je ne suis pas libre. On installe depuis trois jours un nouveau yisteme et ça nécessite que je reste tard ce soir dans le service.

Poun a dit…

Ouahh,tu vas encore toucher plein d'heures sup!
T'en as de la chance