Une fois n’est pas coutume ces derniers temps, j’ai bien aimé la dernière séance d’enregistrement au SPB. J’avais récupéré Lolo chez elle, et pour animer un peu la soirée, j’avais sur la tête cette casquette que Marlon Brando porte dans la Fureur de Vivre. Tout à fait dans l’esprit rocker qui anime notre groupe !
Jésou m’avait appelé dans la soirée pour signaler son absence pour cause de gastro. Poun était au ski, Odile encore empêchée par son problème de cou. Nous savions donc qu’un travail d’envergure serait impossible. Cependant il restait pas mal de choses à faire avec les gens présents, notamment les solos de guitare, des reprises de voix et toujours ces parties piano que Lolo doit compléter.
P. arriva un peu plus tard, accompagné de Liz. Cette dernière se révéla plutôt intéressée par notre activité, et en tous cas nota la complexité de sa mise en œuvre, ainsi que la foule de détails à gérer pour obtenir un résultat satisfaisant avec les attentes, les indécisions, les déceptions, et les soudaines accélérations que cela comporte. On commença, après s’être remis en mémoire les remarques notées par l’Ultrabassiste lors de la dernière écoute, par les solos de guitare. Puis on alterna Pierrot et moi, l’un faisant un solo l’autre reprenant un texte sur le « bon micro », celui de studio, avec la petite raquette en tissus pour protéger la capsule des projections de fluides corporels.
J’avais la technique désormais. Après que Jako m’ait branché et positionné le dispositif, prenant soin de bien capter la composante nasale de mon chant, je me campai bien en face de la raquette, et je ne bougeai plus la tête, tenant devant moi le cahier de chant à hauteur des yeux, le coude gauche et l’avant-bras confortablement appuyés sur un pupitre incliné pour ne pas fatiguer, et la main droite tenant fermement le câble du casque pour supprimer les faux contacts. A ce propos Jako m’expliqua avec le plus grand sérieux qu’il fallait faire attention : il y a deux sortes de nasales : les vraies et les fausses. « Et il faut toujours se méfier des fausses nasales qui dénaturent le son » commenta-t-il doctement avant de sourire ! Bien sûr le Leader en me voyant avec ma superbe casquette de cuir ne put s’empêcher de chanter à tue-tête « Frida Oumpapa », simulant une fanfare avec force bruits de grosse caisse et mimiques teutonnes, me filmant en plan serrés et virevoltants durant les réglages, il m’appela « Papa Schultz », ce soldat allemand dans la série télévisée éponyme, bien qu’à mieux y regarder P. aurait dû m’appeler « Colonel Hogan » puisque c’est lui qui portait la casquette d’aviateur.
Par ailleurs le fourbe ne manqua aucune occasion de tenter toutes les manœuvres de déstabilisation durant ma prestation. Je dus faire appel à mes ressources les plus profondément enfouies pour lui résister et rester dans un état de concentration maximale.
Pour la technique vocale j’avais opté pour la sobriété, adoptant la position dite « du chanteur désabusé » qui convint très bien à RocknBroc.
Je ne rendis pas la monnaie de la pièce au Leader quand ce fut son tour de passer sur la sellette. Je fus miséricordieux.
Pierrot se révéla très concentré, surtout sur les réglages de son trio infernal guitare-pédale-ampli. A trente cinq reprises (j’ai compté), il se pencha vers l’un ou l’autre des boutons pour peaufiner le son avant d’entamer la première prise de son premier solo. Pour finir, il démonta sa pédale !
Mais le résultat fut payant puisqu’il compléta plusieurs solos. De mon coté j’avais repris une voix. Il en restait quatre à refaire, mais comme sur les morceaux restants les musiciens n’étaient pas satisfaits de leur partie, nous décidâmes avec la pianiste et le batteur de les reprendre dans leur totalité.
Pierrot et moi avions rempli notre contrat.
On ne peut pas en dire autant de Lolo qui trouva tous les prétextes pour se défiler de son devoir pianistique.
Cependant il me faut ajouter que Jako me fit une petite frayeur : Je lui signalai que lors de notre dernière écoute critique, ce n’était pas la bonne voix qui était enregistrée sur l’« Oublie » présent sur le CD.
J’en étais certain car j’avais eu les plus grandes difficultés à refaire ma partie, la mélodie étant assez périlleuse sur certains passages. Je me souvenais donc parfaitement de ce moment, où je chantai avec application alors que Lolo dans la cabine, à travers la vitre, me mimait les refrains pour que je garde mes repères. L’ingé-son parcourut les pistes sans trouver la bonne, commençant, tel le médecin annonçant l’incurable maladie au patient rongé d’inquiétude, à égrener les circonlocutions pour me préparer à la perte irrémédiable de ce morceau de bravoure. Je commençais à concevoir les plus noirs desseins tandis qu’au dessus de ma tête s’amoncelaient les sombres nuages de la nervosité et du dépit, quand miraculeusement, la « piste fantôme » réapparut superposée à une autre version d’Oublie. En même temps, quoi de plus normal pour ce titre évocateur, qu’un effacement de la mémoire du technicien ? Tant qu’il restait présent dans celle de la bécane, hormis la frayeur passagère, je n’y voyais pas d’inconvénient majeur.
Ceci dit je me pris à épier du coin de l’œil notre ingé-son, vérifiant qu’il notait bien les prises, les modifications faites et celles à venir. Étant moi-même sujet à des absences et des distractions parfois invalidantes, je ne savais que trop bien les conséquences désastreuses, coûteuses en temps et en énergie qu’elles pouvaient entraîner.
Au terme de cette soirée agréable, il nous restait quatre morceaux à refaire dans leur totalité :
Spam, Le Train de la vie, Bête de Scène et Le Cochon. Manquaient encore à l’appel les solos de piano, les chœurs, et un drop ici ou là pour tel ou tel instrument.
Commencions-nous à percevoir la lumière au bout du tunnel ? C’est en tous cas à cet espoir que je m’accrochai en prenant congé de mes amis ce soir-là.
dimanche 28 février 2010
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1 commentaire:
he oui,les voies nasales c'est comme les oiseaux,
il y a les faucons et les vrais cons.
lebaouhumoristeàcertainesheuresdelajournée
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