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lundi 13 avril 2009

Une Répète pour les Sourds et les Malentendants

La répète du mercredi. Sujet cent fois traité. Exercice imposé mais jamais bâclé. Chaque réunion des UFR est comme un nouveau départ, une nouvelle promesse de lendemains qui chantent. Et je me dois d’en traiter le compte-rendu avec la plus extrême rigueur. La postérité nous jugera sur ces brefs rapports, ils se doivent de relater le plus fidèlement possible les évènements qui ont influé sur la vie et les progrès du groupe. J’en regrette parfois le caractère austère, le style télégraphique et la trop grande concision. J’aimerais développer au long des pages le fil de nos débats animés afin de restituer exactement les événements qui ont conduit à l’élaboration par exemple de tel ou tel arrangement dont la pertinence ne peut être contestée. Hélas le temps me manque parfois, et je dois tailler dans le vif afin de ne garder que l’essentiel. Je prie le lecteur de m’en excuser.

Sylvie est absente lorsque nous prenons place autour de la table familiale. Mais heureusement Kaya est là pour assurer une présence féminine ; son accueil est chaleureux et humide mais empreint d’une certaine retenue : Quand elle vous renifle le cul, c’est avec tact et courtoisie et ses léchouilles ne se portent aux couilles que parce que son Maître, Jésou, lui a insufflé le sens de la rime. On reconnaît là le résultat de longues heures d’agility : pour les gosses comme pour les chiens, l’éducation, ça paie ! « Nos » femmes, Odile et Lolo, sont présentes aussi, qui tempèrent de leur féminité les outrances joyeuses du reste de la meute (avec moins de léchouilles par contre).

Je profite de l’occasion pour distribuer un exemplaire personnalisé de l’enregistrement de notre dernière répète. Ce n’est pas la première fois que je grave dans l’acétate nos travaux musicaux, mais cette fois-ci, je suis plutôt satisfait. L’objet est assez réussi esthétiquement, imprimé sur l’une des faces, et présenté dans un package original. Par ailleurs le contenu en est intéressant, même s’il n’est pas exempt d’imperfections. Il reflète l’état de l’art des UFR à un instant T dont nous n’avons pas à rougir. Enfin c’est mon avis. Il est vrai que je suis un peu de parti-pris.

Cela me permet de proposer un enchaînement des titres, afin de constituer une base pour nos concerts. Le prochain se profile désormais au bout de la ligne droite, puisque Sylvaine nous attend le 9 mai pour la pendaison de sa crémaillère. Il est temps de se fixer clairement un objectif et d’arrêter la liste des titres que nous allons interpréter. Grosso modo, nous n’avons pas les moyens de faire la fine bouche, ni d’ergoter sur les choix : ce seront TOUS nos morceaux que nous proposerons au public. Ce qui en fera 15. Notre seule marge de manœuvre reste donc leur ordre de passage, avec cette contrainte qu’on n’enchaîne pas deux titres de même tonalité. Ne me demandez pas pourquoi, il semble que ce soit un problème de lassitude auditive. Par chance je suis tombé presque juste, un peu comme le gagnant au Millionnaire, j’ai rempli ma grille : tous les numéros sont sortis, même si deux d’entre eux l’ont été dans le désordre.

C’est donc à cette nuance près dans l’ordre du CD, que nous faisons notre premier marathon. Je me dois de préciser que je ne suis pas au mieux de ma forme vocale. L’ambiance sonore y est peut-être pour quelque chose. Il est vrai qu’au delà des 120 décibels (dont l’échelle est logarithmique), c’est à dire à peu près le bruit des réacteurs d’un 747 au décollage, quand il prend son essor en bout de piste, ses roues se rabattant quelques centimètres au dessus du crâne de l’auditeur, j’ai du mal à hurler de manière intelligible et mon trémolo prend un peu de gîte tandis que mon sustain donne de la bande. Cependant j’ai appris à m’accommoder des ambiances sonores les plus hostiles, et à m’écouter chanter un peu comme le sourd suit une conversation sur les lèvres. Odile, quant à elle, se contente dans un premier temps de mimer les refrains, ce dont personne ne s’aperçoit, moi compris, avant qu’elle ne m’en fasse l’aveu lors du trajet de retour.

Elle est pourtant plus favorisée que moi puisqu’elle bénéficie d’une protection auriculaire prenant la forme d’un casque anti-bruit fort efficace.

L’atout majeur des UFR, c’est leur manière élégante de conclure un morceau. Des finaux propres et carrés comme on les aime. Autant parfois le corps musical est un peu approximatif, autant le final est d’une précision presque germanique. Ainsi, considérant que cela au moins est acquis, nous trouvons plus simple de le shunter .On sait faire : on se concentre sur les parties perfectibles.
Du coup ça va beaucoup plus vite ! On commence un titre et on l’exécute un peu à la manière de ce collectionneur mélomane qui passe ses titre en revue sur le magnétocassette : lecture, avance rapide, lecture, pause. Un couflet, deux reprains, le solo vite fait et on passe à autre chose !

Comme il n’y a plus de boisson ambrée, Jésou nous descend une bouteille de limoncello, dont les vertus curatives –à moins qu’elles ne soient qu’anesthésiantes- sur le nerf auditif ne sont plus à démontrer.
Mélangé à du rhum, ça donne « le Starter ». Nous l’avons testé il y a des mois puis l’avions abandonné : effets stochastiques redoutables. J’ai connu une polonaise que ça a rendue aveugle. Pour notre part, ça nous procure une sensation très agréable de toute puissance. Nous avons l’impression que plus rien ne peut nous arrêter et nous massacrons dans les règles de l’art nos titres dans un état d’excitation sereine assez éloigné de la réalité objective : C’est à chier, mais on ne s’en aperçoit plus. Pire : On a l’impression qu’on n’a jamais mieux joué !

Comme souvent, c’est dans la dernière partie de séance que les choses bougent. Les doigts tombent mieux sur les cordes, les voix sont meilleures, la rythmique en place. Et quand on n’a pas trop forcé sur le Starter, c’est sûrement dans ces périodes assez courtes que notre technique progresse. Ainsi c’est une demi heure avant la fin que nous reprenons Should I Stay. Odile et moi n’avons pas rechanté le morceau depuis une semaine, nous ne sommes pas très chaud pour nous y mettre. Mais finalement Pierrot a bien fait d’insister. Les paroles commencent à se mettre en place sur les accords déjà bien travaillés des musiciens. Quant à God Save The Queen, ça finit par ressembler à quelque chose. En tous cas c’est déjà bien mieux que l’original !

Peut être, si nous continuons à les travailler assidûment, pourrons nous proposer ces deux titres au prochain concert. On ne m’ôtera pas de l’idée qu’on devrait reprendre Highway to Hell aussi. Depuis que je l’ai entendu interprété par les Pop Ups, avec une magistrale approximation, je me dis qu’en définitive on serait bien bêtes de s’en priver !

Tien au fait, pour leur premier concert, nos jeunes Bouillarguais ont récolté 150 euros, on leur a offert une double pédale pour leur batterie, ils ont eu des bières à gogo, on leur a payé leur repas, et ils ont le droit de revenir jouer au Bureau. Elle est pas belle la vie ?

A ce tarif, je veux bien leur massacrer Highway to Hell une fois par semaine, aux gars du Bureau !

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