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lundi 16 avril 2007

Où Alain fait la synthèse, et Vilfredo Paretto vient à la rescousse des Undertakers,

De l’avis de tous, cette séance de répétition a été la plus réussie depuis qu’on fait de la ‘Zique. Une Grôôôsse soirée ! Pourtant oserai-je avouer qu’en partant de chez moi à 17h30 je n’étais pas, comme disent les constructeurs Automobiles de Formule 1 « en configuration course » ! Je ne tenais pas une grande forme. Mais la magie du Rock, une fois de plus a fonctionné.
Cette séance a été placée sous les triples auspices du rythme, de la chorégraphie et du vocal. Et pas un vocal de cornichons. Pas de la conserve. Non, du pur frais du jour : The Voice, comme dit Christian.
Et surtout, Alain était là.
- Que dites vous ?
- Il a terminé ses bilans ?
- Non, pas du tout.
Alain était studieusement assis devant son bureau, tentant de synthétiser en une balance plausible les dépenses et recettes de la compta de Pascou. Comme à l’accoutumée, ce dernier lui avait apporté, en plusieurs fois, dans vingt-cinq sacs poubelles de cent litres bien ficelés, bouts de factures, justificatifs divers, récépissés, bordereaux, papiers de carambar griffonés et autres formulaires bien pliés en huit puis agrafés aux quatre coins par paquets de 100 dans des enveloppes scellées à la colle cyanocrylate.
Dans sa tête, une voix murmurait, après que l’ordi à bout de nerfs eut planté pour la dix-septième fois consécutive en butant sur une intégrale, une voix murmurait, donc,
- La synthèse Alain, la synthèse…
Relevant ses lunettes triple foyer sur son large front de quinquagénaire, levant ses pauvres yeux fatigués vers un ciel vengeur, il laissa son esprit vagabonder quelques secondes.
Au prix de l’heure de compta d’Alain, expert comptable certifié huitième échelon, Commissaire divisionnaire aux compte, les quelques secondes atteinrent vite une somme prodigieusement dispendieuse.
Sa rêverie le mena au Whallalha des Rockers. Elvis était là, vérifiant un énorme livre de comptes avec Kurt Cobain. Ils se retournèrent, et le fixant de leurs yeux fous, injectés de psychotropes et autres denrées hallucinogènes, à travers un nuage dense de fumée psychédélique lui chantèrent sur un rythme binaire qu’il martela de ses doigts :

Imagine there's no heaven
It's easy if you try
No hell below us
Above us only sky
Imagine all the people
Living for today

Il se sentit mieux : pas de paradis, mais pas d’enfer non plus. Ca c’était cartésien, c’était autre chose que les chiffres sans queue ni tête à la beauté vénéneuse dont l’avait inondé le Pascou.
Reprenant ses esprit, chassant avec peine les délétères hallucinations causées sans doute par un abus de chou farci servi le midi même par mammie Momo, Alain arrêtant de taper avec ses doigts s’admonesta : La synthèse ; reprends-toi…
- Je suis un synthétiseur, je suis un synthétiseur, tenta-t-il de se persuader..
C’est ainsi que nous avons baptisé le synthétiseur de Christian : Alain.
A chaque début de morceau on criait à « Alain » :
- Tu es prêt ?
Et en douce on appuyait sur Start ; « Alain » commençait à battre comme un métronome sur un tempo d’enfer ! Infatigable cet Alain (Alain, si tu me lis…..).. Ce matin j’en parlais à Alex, mon frère, qui m’a confirmé que de nombreux groupes qui possédent une boite à rythme lui donnent un prénom. Le plus souvent il l’appellent ROLAND, parceque c’est la marque la plus répandue. Nous aurions été ennuyés si nous avions fait de même, car notre marque c’est CASIO..
A l’inverse, on pourrait peut-être rebaptiser Alain en « Casio ». Casio, somme toute, c’est quand même un nickname plus guilleret que « le Baou », non ?
Vous n’êtes pas sans savoir, qu’après les premiers accords, nous nous gargarisons d’une petite lampée de cette excellent liquide à la couleur délicatement ambrée. Quand on regarde à travers le verre, le monde prend des colorations interessantes. Nos joues aussi d’ailleurs. Nos yeux se mettent à briller malicieusement, et l’inspiration s’invite à nos cotés.
Hélas, il ne restait qu’un fond de cet alcool miraculeux, que nous avons avalé bien rapidement, avec un brin de mélancolie.
Sur ces entrefaits, nous avons eu la visite d’Elodie, et de sa chienne Rixie. Toutes deux, dans un silence religieux, nous ont fait l’honneur d’accorder un peu d’écoute indulgente à nos vociférations pseudo-mélodiques. Puis Sylvie vint s’assoir à son tour, après qu’on nous ait apporté une bouteille à la teinte fluorescente et acidulée. Nous ne connaissions pas ce breuvage.
Jésou nous apprit que son épouse (Dieu l’ait éternellement en Sa Sainte garde) le fabriquait elle-même à partir de citrons et d’un doigt d’alcool. On nommait ça, à Oran, Limoncello je crois ; Vieille recette familiale sans doute, transmise de bouche de mères à oreille de filles, jalousement préservée. Jésou avec des airs de conspirateur, nous indiqua que ses vertus dépassaient largement la simple application apéritive, et qu’à l’occasion il s’en enduisait certaines parties du corps afin de redonner un peu de mordant à des facultés fléchissantes.
Après le deuxième verre, notre inspiration grimpa d’un cran. Il nous sembla d’ailleurs qu’un phénomène de synergie se manifestait dans l’association des deux boissons. Confusément, nous sentions bien que nous venions de mettre le doigt sur un principe bien connu de la Théorie Systémique (introduite en 1906 par un économiste, Vilfredo Paretto) : « Le Tout est plus grand que la somme des parties ». Cela signifie qu'il existe des qualités émergentes, c'est-à-dire qui naissent de l'organisation d'un tout, et qui peuvent rétroagir sur les parties. …………….Une petite pause peut-être ?..............
Non ! Jésou.. pas ces parties là.
Sincérement, Ce n’est pas précisémént à ce bon Vilfredo que je songeais en entonnant gaillardement « Oh les Filles ». Mais le système constitué par notre ensemble parfait dans l’exécution de cette œuvre majeure des années 70, n’aurait surement pas déplu à notre économiste. Et c’est au sol, tournant acrobatiquement sur 360° dans un espace de 1 m², vociférant « elles me rendent marteau », que je conclus cette remarquable soirée, porté, dans une apothéose sonore, par les riffs rageurs de Pierre soutenu par un Pascou en transe et un Jésou hilare. C’était Woodstok !

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