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lundi 31 janvier 2011

Où Il Faut Compter les Pieds et S'Adonner au Décryptage

Je le reconnais, ces derniers temps j'ai un peu levé le pied en ce qui concerne mes comptes-rendus de répétitions. Si l'on ajoute celles où il ne s'est rien passé de bien original à celles auxquelles je n'ai pas assisté, sans oublier les quelques qui ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable, et les rares dont je n'ai pas eu le courage de parler, cela doit faire au bas mot deux mois que ce blog est à jeun de nouvelles fraiches concernant notre travail, depuis ce fameux concert du 4 décembre qui a clos -et de quelle manière- notre session d'automne.

Il est donc utile de rattraper ce temps perdu, et pour coller à l'actualité, il me faut en priorité parler du sms sibyllin reçu ce vendredi, relayé par Poun dont je vous livre le contenu (je cite): "CD 3 morceaux fait docteur.. Bête de scène.. Train. ce cd est déjà dispo "Oublie" je le fais lundi Je suis chez moi jusqu'à 15h30" (Fin de citation).
Si je n'avais pas récemment évoqué avec mes camarades le destin en filigrane de notre fameux CD, cet enchaînement de mots n'aurait évoqué pour moi qu'une suite dénuée de sens dont j'aurais pu penser qu'elle s'était échappée de quelque esprit dérangé, ou encore qu'on l'avait tirée de l'un des 250000 messages cryptés échangés entre les ambassades américaines et le pentagone et récupérés par Weaky Leaks.

Je dus attendre le soir, et un rendez-vous chez mon dentiste référent pour avoir un semblant d'éclaircissement : Selon l'Ultrabassiste il s'agissait d'un message de Jako concernant notre CD.

Là il me faut rafraichir la mémoire de nos lecteurs : Souvenez-vous, il y a un peu plus d'un an, nous avions caressé l'idée d'immortaliser une dizaine de compos en demandant à Jako (du Studio de la Pierre Blanche) d'en faire la prise de son.
Partis la fleur au fusil, nous étions impatients d'en découdre, pleins d'énergie et confiants. Pour diverses raisons, dont certaines d'ailleurs m'échappent totalement, surtout celles qui se rapportent à la notion de délai, "les choses ont trainé".
Le souvenir de ces évènements et de ce que nous en attendions s'est petit à petit effacé dans les brumes du temps et a déserté nos mémoires, ne faisant qu'épisodiquement son apparition de loin en loin, un peu comme dans les conversations on évoque le souvenir de cette tante Berthe qui a émigré il y a des années aux Amériques pour suivre un riche péruvien, et dont on a perdu la trace, "tu te souviens c'est l'année où les oliviers ont gelé" ou encore ces cycliques marronniers que les journalistes ressuscitent chaque année : comme l’incontournable reportage sur les illuminations de noël. Ainsi quand nous parlions du CD, cela donnait souvent un dialogue dans ce genre :
- Et au fait, c'est pas le moment du CD ?
- Ah oui merde c'est vrai, le CD : Je l'avais oublié, je crois qu'il sera prêt pour la féria
- Ouaaaais, super.
- Non, mais celle des vendanges.
- Ah ok "...

Nous voici donc au bout d'un an sans nouvelles du résultat de nos séances d'enregistrement de l'époque, avec comme souvenir des maquettes successives un peu sommaires dont l'audition nous plongea parfois dans les tourments et la perplexité.
"Docteur Bonheur" est emblématique à cet égard : au cours de l'enregistrement, j'avais oublié qu'après le second couplet il n'y avait pas de refrain, mais un solo d'harmonica. Bien sûr sous le coup de l'émotion je me plantai et commençai à chanter "docteur" -le début du refrain- avant de m'apercevoir de mon erreur.
Ce défaut, mineur en apparence mais jamais corrigé, représente pour moi comme le bouton d'acné sur le nez parfait de l'adolescente ou, pour les gens qui repassent leur linge, le fameux Tshirt sans forme qu'on retrouve avec une ponctuelle régularité, avec détestation et fatalisme, chaaaaque semaine dans la panière à linge, bien qu’on ait pris la précaution par trois fois déjà de le jeter à la poubelle.

Redécouvrir immuablement ce défaut, à chaque nouvelle mouture, mois après mois malgré mes pressantes suppliques, a jeté sur ce travail un voile de suspicieuse méfiance mâtinée d’incrédule résignation dont même à présent j'ai du mal à me défaire.

Sans compter que les morceaux enregistrés sur ce CD, "état de notre art" en décembre 2010, ne sont plus le reflet de notre travail actuel. Nous ne jouons ni ne chantons plus de la même manière ! Ce CD est déjà vintage avant que d'être ! Enfin, si jamais nous l'avons un jour entre les mains, nous pourrons au moins mesurer le chemin parcouru !

Dans l'attente de plus amples précisions, je retrouvai après deux ou trois séances d'absence mes amis au premier étage de la villa de la rue des Clématites. Nous nous attablâmes autour d'une tourte feuilletée à la tapenade de chocolat, qu'on appelle communément dans nos régions "galette des rois". C'est Marie Françoise, la Moitié de notre Carré, qui nous régalait. J'aurais encore mieux apprécié ce dessert si mes dents ne m'avaient pas fait souffrir malgré l'attentive sollicitude de notre Ultradentiste. Au chapitre des souffrances nous déplorâmes aussi l'absence de Lolo, excusée pour cause de syndrome grippal, mais encore la petite mine de notre Sylvie, martyrisée sans doute au-delà du raisonnable par un Jésou qu'on sait taquin. J'avais par ailleurs lâchement abandonné au domicile Odile notre ex-choriste, victime d'une colique néphrétique méchante. C'est donc en fanfare, avec tambour ET trompette, que nous débutions cette année 2011, surtout si l'on prend en considération que vers le 15 février il me faudrait abandonner mon scalp, dont je maudis chaque jour la nudité stérile et exposée, aux mains d'un chirurgien qui se ferait une joie d'y pratiquer des scarifications même pas tribales à l'esthétique douteuse.

La salle Jim Morrison, depuis que nous avons arrêté de fumer est devenue un havre de repos à l'atmosphère épurée, alpine, revigorante, surtout en cette saison. Nous l'investîmes sans hâte, avec la sereine nonchalance de l'habitué du lieu, chacun rejoignant sa place, on pourrait presque dire son espace privatif, son territoire, avec cependant une petite angoisse face à la toute récente lassitude exprimée par notre hôtesse concernant nos répétitions hebdomadaires. Comme toujours, ce qui nous semble immuable peut cesser soudainement, et cette évidence me plonge à chaque fois dans un certain désarroi.

On fit rapidement les réglages pendant que P. commençait à nous exposer notre toute nouvelle compo Reviens. Ce titre est original en ce sens qu'on peut le chanter de trois manières différentes puisque Le Leader nous en a proposé plusieurs arrangements : Un blues désespéré et un rock plutôt tragique de son cru, ainsi qu'une chose encore inachevée à tendance swing-pop sur une mélodie hâtive proposé par mes soins. Ce soir là le blues désespéré eut la faveur de notre Guitar Héro. Nous le travaillâmes longuement avec un certain plaisir.

Je ne sais plus avec qui je discutais récemment du blues... C’est un genre musical au maniement fragile qui nécessite du doigté, du fait de sa structure très codifiée, un rien monotone si l’on n’y prend garde. Il y a constamment le risque, au bout d’un moment pour l’auditeur de s’emmerder un peu, avouons le sans détour. Mais, et je me souviens maintenant que c'est avec Poun que j'en parlais : à jouer, à chanter c'est très plaisant. Et le plaisir fut croissant au fil des versions de ce morceau.
Nous avions avant cela repris le Sweet Home Alabama des Lynyrd Skynnyrd après un drastique élagage de larges pans de son développement, amputant le texte d’un couplet, équeutant le solo mais agrémentant les refrains de chorus du plus bel effet grâce aux viriles tierces vocales de Pascou, Jésou, Pierrot et du Carré. Je dis « tierces » comme j’aurais pu vous jeter « quinte » en pâture. Par ces termes je veux signifier que l’on tenta de ne pas chanter sur le même ton, sans pour autant prétendre à une quelconque harmonie, et je n’aborderai même pas la notion de justesse.

Après la pause que nous marquâmes à peine (ne fumant plus elle se révéla quasiment sans objet), nous œuvrâmes à la mise en forme de Chuppa Chups (J’suis Pas Chaud), un petit rock acidulé aux accents ésotéro-zoologiques mettant en scène des corbeaux cannibales des renards bestiaux, des tamanoirs un peu blettes, sur une mélodie accrocheuse. C’est sur ce titre que je pris un réel pied pour ma part.
La boucle était bouclée : ayant entamé ce billet en levant le pied, je l’achevai en le prenant ! Comme quoi en matière de chanson, c’est toujours une histoire de pieds.

Comme à l’accoutumée, on se quitta vers 23 heures, plutôt satisfaits.

1 commentaire:

poun a dit…

eh ben......tu vois quand tu veux....