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mardi 11 mai 2010

Autofiction à la Française Autour d'un Concert

Les choses ne sont pas tout à fait passées comme ça, et les sentiments décrits ne sont pas exactement ceux qui ont été éprouvés. Voyons cela comme une autofiction, prenant racine dans une réalité un peu décalée, déformée. C’est la mode chez les écrivains français.
C‘est pourquoi je ne lis que des auteurs étrangers !

Le concert du Mas Merlet…
Que peut-on en dire ? -Que puis-je en dire plutôt ?- Puisque fidèle à la subjective perception des évènements qui est la mienne, je ne prétends aucunement traduire le sentiment du Groupe.
Il ne s’agit là que d’impressions fugaces, parfois informulées, effleurant à peine le seuil de ma conscience dont j’essaie de percer le sens, qui ne sont en définitive que des interprétations viciées de la réalité, au travers du prisme déformant de ma propre sensibilité.

Pour en quelque sorte me dédouaner par avance, je citerai deux échanges que j’eus avec des filles de notre groupe d’amis, assez emblématique je crois de la perception qui fut la mienne ce soir là et de la vision qu’en eut le public, tant la distance fut grande entre la charge émotionnelle que j’y mis, comme si ma vie en dépendait, et la vision beaucoup plus simple et objective, distanciée, de l’assistance pour laquelle il ne s’agissait là que de l’un des éléments du décors de cette soirée, une sorte d’écrin propre à mettre en valeur un joyau évènementiel autrement plus important.

A la première de mes interlocutrices, avec une pointe d’amertume et un léger sentiment de blues, j’expliquai que je n’avais pas dû être bien terrible puisqu’à l’issu du concert personne n’avait tenté de me donner le moindre avis sur ma prestation, fut-il bon ou mauvais. Pas un regard, pas un signe de sympathie, Rien. Le néant. J’avais traversé comme une ombre une foule d’une centaine de personnes, dans un état de transparence total. Je me sentais inexistant, même pas mauvais, juste ignoré. Je conclus avec une triste ironie en me lamentant sur le fait que j’étais l’unique chanteur d’un groupe, auquel personne ne prêtait attention.
Elle marqua une pause, ouvrit la bouche puis se ravisa, et me rétorqua avec un rien de cruauté qu’en d’autres temps elle aurait trouvé des mots pour me réconforter, mais qu’en effet c’était comme ça, on ne pouvait rien y faire : j’étais inexistant. Je devais m’y résoudre. Sur ce, elle me tourna le dos et vaqua à des occupations plus festives emportant avec grâce son verre de rosé. J’allai au bar me servir un drink.

La deuxième assistait à un dialogue que j’avais avec P. Bien sur nous évoquions le concert et ses différents temps et j’entonnai de nouveau le couplet de l’auto flagellation. Excédée la jeune femme me cria « Mitch, tu fais chier : C’était très bien. Arrête de te prendre la tête !».
J’en conviens je suis un chieur. De plus la soirée était celle de Philou, et c’était vers lui légitimement, que les attentions se portaient, à quoi bon se faire un cinéma pareil pour un truc sans grande importance finalement ?

Cependant je ne pouvais m’empêcher de repenser au déroulement du concert qui me laissait une impression mitigée. Au long des morceaux j’avais eu le sentiment que notre groupe se délitait, que nous n’étions pas tout à fait au jeu, distraits, un peu désinvoltes, absents, sans cohésion, chacun menant son propre combat, enfermé dans sa bulle. Observant mes camarades, épiant les réactions du public dont je remarquai à mesure le reflux, comme la mer qui se retire vers sa basse marée, découvrant les fonds vaseux et désolée jusque là cachés par la surface reflétant un ciel aux tons progressivement menaçants, je conçus au fil des minutes un sentiment de malaise très perturbant qui altéra mon comportement. Moi qui puis être si démonstratif, j’eus les plus grandes difficultés au fil des morceaux à me mouvoir, à me déplacer. Je me sentais emprunté, gauche. Je chantai mécaniquement en observant chacun de mes compagnons, en proie à une inquiétude croissante face aux signes de flottement que je croyais déceler dans leur posture, leur jeu, leurs mimiques, leurs commentaires, leurs regards qui se croisaient interrogatifs et incertains.

Par contraste je me réjouis au spectacle de nos Desimettes. Je surpris sur leur visage la joie pure qui avait été la notre quand inconscients nous nous étions jetés à corps perdu dans l’aventure de notre premier concert. Le plaisir brut d’avoir réussi quelque chose ensemble, et de l’avoir partagé devant et avec les autres. L’adrénaline, le sang qui coulait plus vite dans nos veine, la griserie ; mieux, l’ivresse : l’absence de tout questionnement, l’insouciance et les torrents d’énergie qui irriguaient notre jeu collectif, foutraque, désordonné, approximatif, mais vivant et communicatif. Je me pris à les envier pour ce plaisir qu’ils éprouvaient, et qui me boudait ce soir.

Par la suite j’eu des avis contradictoires, certains nous donnant un satisfecit, d’autres soulignant des absences, ou des défauts techniques au niveau du son bien que ceux-ci fussent jugée mineurs au regard de certaines de nos prestations les plus catastrophiques. Des commentaires assez cliniques, dépassionnés, techniques. Tièdes. La routine en définitive : tous commentaires en tous cas auxquels il convenait d’être habitué depuis le temps que nous nous produisions en public, et qui devaient conforter un détachement abreuvé aux mamelles de l’expérience.

Tout ce long et introspectif préambule pour expliciter mon sentiment : C’était correct, ce n’était en aucun cas inspiré. C’était plutôt professionnel, à la lisière de la propre et quadrangulaire rectitude que professe notre batteur, chacun d’entre nous ayant assuré le minimum pour que « ça passe ». Sans passion.
On voudrait tellement découvrir encore et encore le secret de cette pierre philosophale qui fait qu’un évènement musical puisse devenir inoubliable aux oreilles du public et aux cœurs des musiciens…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hé ben moi, je te trouves très bien Michel... et puis tu prends tellement les choses à coeur!!! C'est très émouvant. L'autre soir à Merlet, vous avez tous été, comme d'hab, très consciencieux, très appliqués, très impliqués et j'avoue qu'il doit falloir une certaine dose de courage et de patience pour mettre tout cela en oeuvre. Non, franchement à chaque fois que je vous vois je me dis : " vraiment....c'est fort, chapeau les U.F.R" et pourtant le rock n'est pas ma tasse de thé. En conclusion : Mitch, te fais pas de cheveu....Tu es en CHANTEUR DE ROCK!!!!!
SD

Anonyme a dit…

un jour quelqu'un m'a dit : "je crois que les UFR ont une admiratrice", depuis 3 ans je la cherchais, enfin je la découvre aujourd'hui, merci Sylvie.
P.S. si tu pouvais intervenir pour moi auprès de Monsieur N.REY, pour sa vieille voiture pourrie qu'il doit me vendre, je pense que compte tenu de la couleur de cette voiture,et de son état,10 000 Euros me parait une somme correcte.
Merci d'avance

Anonyme a dit…

Cher mitch,
Comment te remercier pour ton analyse pertinente du concert de philou et de tes commentaires toujours justes sur les prestations des artistes ....
Cependant comme d'habitude je te trouve très pessimiste sur la qualité du groupe.
Au fil de vos différents concerts vous avez acquis une bonne maitrise des chansons,il manque à mon humble avis l'étincelle qui mettra le feu à la soirée.
Il faudrait plus de mouvement sur la scéne aussi bien pour toi le chanteur que les musiciens qui sont trop statiques.
Souviens toi du concert russe en avignon ou tu avais fait exploser les convives en sautant de la scéne et en chantant parmi eux.
Tu peux aussi utiliser la technique des désimettes et te desalterer avec modération d'une bonne bouteille de champagne avant ta prestation...
voila cher mitch quelques conseils amicaux qui je l'espére pourront d'aider à passer ce cap difficile.

le baoulinda de camplanier