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mardi 16 juin 2009

Après Begbeder et ses 99 F, Charras et ses Fleumefleuhh Euros

Le briefing de début de séance de ce mercredi débuta par l’annonce de l’absence de Lolo. Appelée avant de partir à la répète, elle m’apprit qu’elle ne viendrait pas. Elle était seule, son mari étant en pèlerinage à la Mecque, enfin sur le chemin, puisqu’il séjournait comme tous les ans désormais en Algérie. Pour sa part, notre organiste s’employait à trier des poissons, tache complexe qui nécessitait beaucoup d’attention et de doigté, et ne pouvait souffrir qu’on l’abandonne au profit d’une activité ludique. C’est après l’arrivée de Pascou et Pierrot que j’appris qu’ils avaient vu notre encadreuse préférée la veille, pour une partie de poker me semble-t-il, et qu’elle avait manifesté une certaine lassitude et annoncé son retrait du groupe. Espérons que cette décision ne soit qu’un de ces passagers « coups de mou » dont les meilleurs d’entre nous ne sont pas exempts, et que bientôt nous la retrouverons derrière son clavier avec un enthousiasme renouvelé.

Mais heureusement, les nouvelles se suivent et ne se ressemblent pas. Avec un air mystérieux, Pierrot nous invita à nous rapprocher de lui, tels des conspirateurs, autour de la table de la cuisine d’été. « Mes chers compagnons », entama-t-il emphatique, tel un Chirac aux temps glorieux nous persuadant entre deux grany-smith qu’il allait réduire la fracture sociale, « comme je vous en avais parlé il y a quelques temps, je suis allé dans ce bar anglais et »…. Il sortit de sa poche un paquet de Camel et regarda ostensiblement son verre, vide, laissant sa phrase en suspens. Je m’empressai de tendre mon briquet pour lui allumer sa clope, et Jésou remplit à ras bord son verre d’un alcool de pomme. « Donc », poursuivit-il, se calant confortablement dans sa chaise et se déliant les bras comme un magistrat ajuste les manches de sa robe, « je suis allé chez l’anglais ». Il se fit un silence religieux, à peine troublé par les craquements de la machine à glaçons et les borborygmes de la tireuse de bière, à moins que ce ne fussent ceux de Kaïa. Chacun se fit attentif, serrant convulsivement les petits cônes de glace que nous avait offert le Barde quelques instants avant.
« Bon, alors, tu le crache le morceau ?» l’invectiva Pounet, manquant lui-même, sous le coup de l’émotion d’expectorer les morceaux de gaufrette de la glace qu’il avait engloutie en une seule et élégante bouchée, ce qui n’était pas sans rappeler certaines scènes de la vie des bêtes quand le squale d’une tonne attiré par l’appât jaillit de la mer et avale un quartier de bœuf entier, avec l’hameçon la ligne et une moitié du bastingage devant la caméra médusée de Yan Artus Bertrand aux commandes de son aéronef en travelling lent à deux mètres des vagues.
« J’y viens » tempéra Pierrot, visiblement amusé par notre soudaine fébrilité. « Je ne sais pas si c’est la chaleur ou l’émotion, mais il fait lourd ce soir, non ? » tenta-t-il pour détendre l’atmosphère. Phil n’y tenant plus se leva d’un bond, envoyant sa chaise bouler sur Kaya qui s’enfuit en jappant, la queue entre les jambes. En deux foulées prodigieuses, il fut devant Pierrot, saisit les pans de sa veste, et avec une force décuplée par l’exaspération le souleva de sa chaise et le secouant comme un shaker hurla, « mais-putain-tu-vas-parler-dis ? ».
Nous dûmes nous y mettre à trois pour maîtriser le forcené et le ramener à sa place. Je me tournai vers Pierrot es l’exhortai : « Pierrot, là ça devient insoutenable, dis-nous ce que tu as à dire, et finissons en ». Un peu décontenancé, Pierrot rajusta ses vêtements, et sortit d’une de ses poches une carte de visite, qu’il fit passer à la ronde.

« Bon je suis allé dans ce bar musical et j’ai vu le patron pour lui proposer de jouer chez lui. Je vous le dis dès à présent (il jeta un regard prudent à Phil recroquevillé sur son siège) : On a un contrat ! ».
« Un contrat ? Un contrat ! On va être payés ? » demanda timidement le Barde ?
« Oui, un contrat payé, notre premier contrat payé » insista Pierrot.
« Combien », m’enquis-je ?
« Bon, ne vous attendez pas à un miracle, je crois qu’il ne faut pas se polariser sur l’aspect ‘rémunération’ des choses. Je vous préviens, c’est pas mirobolant, mais c’est la première fois qu’on va toucher quelque chose. Fort de ces précautions liminaires, il fit une pause et annonça : « Il va nous filer fleumefleu euros ».
« Hein ? » Interrogeâmes-nous en cœur.
« fleumefleu euros » répéta sans presque bouger les lèvres notre Leader.
« Con, Pierrot, articule, on comprend rien » insista le Barde.
« Cinquante euros ! » prononça le guitar hero plus distinctement, dans un murmure.
« Super ! », Odile fit un rapide calcul : « on est sept, ça fait 350 euros. C’est pas mal pour une première fois ».
« Euh, non », rectifia Pierrot, « c’est 50 euros en tout ! ».
Il y eut un court silence, chacun analysant les données. Mais tous convinrent que, bon c’était pas terrible, mais qu’il n’y avait pas lieu de faire la fine bouche.
Pounet demanda si comme pour le concert de Sainte Anastasie, l’organisateur se débrouillerait pour nous payer en bons de repas, ou en avantages en nature. Pierrot le rassura : ce serait du liquide. Il ajouta à propos de liquide que les boissons non alcoolisées seraient fournies à volonté pour les membres du groupe, et que nous aurions droit à 20 euros d’alcool. L’un d’entre nous demanda s’il fallait entendre cette somme par personne, ou pour l’ensemble du groupe ? Parce que 20 euros partagés entre tous, ça ferait pas bien lourd pour chacun.
Pierrot ne put nous répondre, expliquant que le simple fait de pouvoir se produire était déjà une victoire, on verrait après pour les détails.
« Le gars était très sympa, mais un peu gêné de ne pas pouvoir nous donner plus » poursuivit Pierrot, « mais il ne donne jamais plus de toute façon ».
Contrefaisant l’homme du bar, Pierrot rapporta : « Attention », moi je nourris l’orchestre avant ». « Et ce sera un bon repas, pas des sandwiches, et je vous assurre que personne ne s'est jamais plaint de ma cuisine». reprenant sa voix normale, il développa : « Et puis il se charge de faire la promo dans les semaines qui précèdent le concert, par voie d’affiches entre autre, sans oublier qu’il règle les droits SACEM, ce qui correspond à 70 euros en gros. Il m’a précisé qu’il reçoit beaucoup de groupes, soit des petits jeunes qui débutent, soit des plus confirmés. Et là il m’a regardé et j’ai compris qu’il nous rangeait dans le groupe des confirmés. Ce dont je lui sus grès ! Tout le monde est logé à la même enseigne question tarif. Il m’a demandé si on jouait des reprises ou des compos. Il a ajouté qu’il préférait les groupes qui faisaient des compos originales, que c’était le but des concerts qu’il organisait dans son bar : favoriser la promotion des créateurs locaux, brasser les styles, les personnes. Je lui ai dit qu’on jouait les deux. Il a voulu savoir notre style musical, je lui ai dit « rock », mais quand il m’a demandé de quoi on se rapprochait, je n’ai pas su trop que répondre. C’est lui qui a proposé « Téléphone ? » et j’ai répondu « voilà, c’est tout à fait ça ! ». Ensuite il m’a précisé que ça se passerait un vendredi, parce que tout de même dans ce genre de manifestation, le but premier c’est de faire consommer les gens, et qu’ils étaient plus nombreux le vendredi soir. Il a précisé qu’il vaudrait mieux qu’on commence vers 22h30, mais qu’à minuit il faudrait que ce soit terminé, par rapport au voisinage. Enfin il a expliqué que réglementairement il devait y avoir deux parties avec un entracte de vingt minutes. Pas tellement pour que l’orchestre se repose, mais surtout pour que les clients consomment ! Il a conclu en disant que bon, le contrat n’était pas mirobolant, mais que si le chiffre des consos était satisfaisant, un pourcentage serait versé. « Ca peut aller jusqu’à 600 euros » m’a-t-il dit ; mais il a ajouté qu’il n’avait jamais encore donné cette somme. On a tout intérêt à inviter une sacrée bande de soiffards à notre concert, si on veut rentabiliser l’opération au maximum ! Nous passâmes en revue nos amis et connaissances afin de lister ceux qui constitueraient le gros des contributeurs. Nous citâmes quelques noms, évaluâmes le potentiel de chacun et conclumes que finalement il se pourrait bien qu'on atteigne la commission record.
« Pour conclure il m’a demandé si nous avions un Myspace. Je lui ai répondu que non, mais que nous avions un blog, et que je pouvais lui apporter un CD aussi. Il m’a dit qu’il ne tenait pas trop au CD, que c’était compliqué, il fallait mettre la galette dans la fente, lancer le truc, choisir les pistes, il préférait par internet.
Voilà les mecs, vous savez tout ! Ah, non, j’oubliais une chose, ça se passera en octobre. Il nous appellera pour nous donner la date exacte. D’ici là, ça nous laisse le temps de travailler deux ou trois compos.

A la fin de son intervention, nous manifestâmes notre joie, et remerciâmes notre soliste avec chaleur. Je lançai un regard vers Odile, l'exhortant muettement à faire un geste pour notre Leader, mais elle se contenta de battre des cils et resta sagement à sa place. C'est Jésou, ému, qui se leva, et prenant notre jeunot dans ses bras lui roula une pelle affectueuse sous les vivas du groupe.

Ca y était : De nouveau nous avion un challenge, un but à atteindre, un projet à réaliser.

Après la morosité des quinze derniers jours, nous trouvions un regain d’intérêt, et c’est l’esprit léger que nous descendîmes à la SJM. Pour la seconde séance consécutive, nous accordâmes beaucoup d’attention aux réglages. Phil se tint près des tables de mixage et prit soin d’en régler les entrées. Par ailleurs Pierrot nous fit remarquer que sur le dernier CD, on jouait l’ensemble des morceaux sur un tempo vraiment très rapide, ce qui nuisait à la clarté de chacun. Nous reprîmes donc les titres sur un rythme beaucoup plus lent. Associé à la baisse générale du volume sonore, Odile et moi pûmes chanter dans des conditions de confort rarement atteintes jusqu’ici. Cependant, si c’était le beau fixe pour les chanteurs, le Barde eut des difficultés à s’entendre, malgré son ampli utilisé comme retour. Phil quant à lui fut d’humeur espiègle, il ne dédaigna pas le contretemps, sauta même allègrement tel le cabri de l’année une ou deux mesures, et procéda à quelques lâchers de baguettes, signe chez lui d’une rare désinvolture. Cela perturba Odile sur New York, et elle eut les plus grandes difficultés à démarrer sous les fous rires du Carré décidément très détendu. Pour le reste, la séance se déroula selon le schéma classique dont il n’est pas nécessaire d’exposer les modalités, tant elles sont connues de chacun de nos lecteurs assidus.

En somme excellente répétition, au détail près qu’il faudra améliorer les réglages de Jésou pour notre prochaine rencontre.
On est de nouveau remonté comme des jouets à ressorts, prêts à nous colleter à de nouvelles difficultés, puisqu’au bout ce sont de nouvelles aventures qui nous attendent, dont je ne manquerai pas de vous rapporter les péripéties dans la présente tribune.

6 commentaires:

The Undertakers 5 a dit…

Lever aux aurores ce matin. Il est 8h et je suis déjà sur le pont. Un samedi matin !

Mais il faut dire que la circonstance vaut bien ce sacrifice : France/Nelle Zélande en rugby. On ne peut pas passer à coté.

Donc à tous : rendez-vous chez l'Ultrabassiste à 9h30 dernier délais pour un petit déjeuner rugbystique aux accents guerriers de l'AKA sous les regards noirs de Chabal (N°4). Et mettez une petite laine : c'est l'hiver à Auckland.

Anonyme a dit…

Et aujourd'hui les amis c'est la fête des MEROS, alors pour fêter cela,une petite répète ce matin, rendez vous à 9h45.
(Mérovingien)
Monsieur BIP

Anonyme a dit…

C'est quoi ce Méros ? Celui qui se tond ?!
P.

The Undertakers 5 a dit…

M. Bip, pourrait-on clarifier la situation ? l'irruption des Mérovingiens dans le débat notamment me laisse un tantinet perplexe, et le rendez-vous à 9h45 également.

Pour info, s'il s'agit de ce soir, hélas nous ne sommes pas libres, nous sommes invités à une Draubert partie chez les Jean...

Quant au Mérou de Monsieur P. qu'il se tonde est une chose entendue, mais je préfère qu'on le bignole. sa peau garde mieux sa souplesse.

Anonyme a dit…

bande d'iniares
Aujourd'hui on est le 20 Juin
Donc c'est la fête des méros
merosvingtjuin
(Mérovingien)
Mr BIP

The Undertakers 5 a dit…

M. Bip, la fête des mères au 20 juin, ça fait la fête des pères à mi-juillet : c'est pas possibe. et puis y a déja le tour de france en juillet.