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lundi 4 août 2008

I Have A Dream

Quand j'arrive sur la terrasse de la résidence Fabre, chantonnant joyeusement en cette belle soirée de juillet, tous mes comparses sont déjà attablés. Je n'ai pas le temps de m'assoir que je suis soumis à un feu roulant de commentaires. Je ne comprends pas tout de suite la teneur de leur propos. Tous parlent en même temps, d'une voix excitée, sur un ton de reproche. C'est Pascou qui prend la direction du débat avec une lueur inquisitrice dans le regard :

- Michel, tu n'as toujours pas déposé nos chansons à la SAC ?
- Euh, non, je n'ai pas eu le temps ; mon travail, ma vie de famille, les soucis, les problèmes,tout ça...
- Eh ben c'est bien dommage, parce qu'on s'est fait voler une chanson !
- Comment ça, laquelle ?
- EcoloSong.
- Mais.. qui, quoi, comment, où, oh mon Dieu, ah là là, quel choc, comment t'en est-tu aperçu ?
- Bernard, mon frère avocat et manager putatif du groupe (ça c'est pour les lecteurs occasionnels, histoire de les replacer dans le contexte) est allé voir au Sémaphore le film de Rémi Bezançon, « Le premier jour du reste de ma vie », et il m'a appelé juste après pour nous dire qu'il avait entendu EcoloSong dans la bande son.
Je n'y croyais pas, du coup j'y suis allé moi aussi. Il n'y a aucun doute : même intro à la basse, même tempo.
C'est Sinclair qui a composé la bande originale : c'est lui qui nous a piqué notre chanson.
- Mais comment a-t-elle attéri là ?... Ce doryphore a du tomber par hasard sur le blog, ou sur une de nos vidéos sur Youtube.
- Surement, et maintenant, c'est lui qui va toucher le pactole avec notre travail.
- Tu dis qu'il n'y a pas de doute, il y a toute notre chanson, paroles et musique ?
- Non, il n'y a que l'intro.
- Tu es vraiment sur que c'est notre intro ?
- Je la joue suffisamment souvent pour en être certain.
- Bon, il n'y a pas mort d'homme alors, si c'est juste trois ou quatre notes.
- Mitch, il suffit de quatre notes identiques pour déterminer qu'il y a plagiat, et là, Jésou, on a compté combien de notes ?
- 11.
- 11 notes : C'est un plagiat ! Et on ne peut rien faire parce que tu n'as rien déposé.
- Attends, moi je connais très bien cette loi sur la propriété artistique. Tu n'a pas besoin de déposer une œuvre pour qu'elle soit reconnue comme t'appartenant. Le simple fait de l'avoir écrite ou composée t'en attribue la paternité. Il suffit juste de pouvoir le prouver. Donc on peut attaquer Sinclair en prouvant l'antériorité de l'oeuvre.
- Et comment prouves-tu l'antériorité ?
- Jako, bien sûr ! On a l'enregistrement, tous nos documents, le blog. Sur le blog je commence à parler d'écolosong en mars 2007.
Donc si nous voulons nous défendre nous avons tout ce qu'il faut. Appelle Bernard. On poursuit Sinclair en justice.
- Bah pour 11 notes, vous croyez qu'il faut aller jusque là ?
- Le problème, c'est que ce type a surement déposé la BO du film. Donc cette intro lui appartient maintenant. Quand on voudra jouer EcoloSong, on va devoir payer des droits dessus !
Pour prouver que c'est une œuvre originale, il va nous falloir attaquer Sinclair.
- En attendant, ça nous fait un titre perso en moins, et une reprise de plus ! intervient Phil le K.
- Il va peut être plaider « l'air du temps », ce Bob Sinclair. dire que ce morceau était dans l'air..
- Tu confonds Sinclair, le neveu de Patrice Blanc-Francard, avec Bob Sinclar le DJ pour ados dont le pseudonyme fait référence au personnage de Belmondo dans le Magnifique de Philippe de Broca.
Ouais, bon, Sinclar, Sinclair.... et toi Pierrot, ça t'est venu comment cette intro ? Es-tu sûr que tu ne l'a pas entendue ailleurs ?
- Non, je ne pense pas. Bien sur on ne peut jurer de rien, mais a priori je l'ai composée tout seul.
Alors on attaque, et on demande dix mille euros pour le pressium doloris.
- Chacun.
- Oui, tu as raison, dix mille euros chacun. Avec tout le blé qu'il se fait, il peut casquer ce salaud.
- Bon, on y va ? On a une répète sur le feu..

Sur cette dernière résolution, nous descendons à la SJM, dans une ambiance d'étuve due à la chaleur moite de cette nuit de juillet.
Les femmes ne sont pas là, Lolo est partie en Tunisie, se faire griller sur une plage de tourisme de masse, quelques jours auparavant. Odile reste avec Vincent notre fils, rentré d'un voyage d'étude en Espagne. Nous procédons à un semi-marathon comprenant uniquement nos titres perso, puis nous travaillons Oublie ça, et Docteur Bonheur. Pierrot a revu le refrain de ce dernier, qui en résumé dit : « Docteur, donne-moi du bonheur, sinon, je change de dealer ! » Les choristes nous manquent pour animer un peu les refrains, mais le travail avance bien et nous sommes satisfaits.

C'est la dernière répète avec l'effectif complet des musiciens avant la rentrée, Pascou part pour la Tunisie, puis avec Pierrot, pour New York. A ce propos, L'Ultrabassiste a eu un rêve que nous jugeons prémonitoire.
(fondu ; l'image ondule pour signifier l'ambiance onirique puis se stabilise : On est à New York, comme l'atteste l'arrière plan montrant la 5ème avenue. Des taxis jaunes se mêlent à la circulation, à l'angle d'une rue un vendeur de hot dogs inonde ses sandwiches de ketchup tandis qu'un prêcheur brandissant une bible promet la fin du monde et appelle au repentir).
Les femmes vont faire du shopping, avec l'euro fort, elles peuvent tout se permettre. Pascou et Pierrot décident de visiter un immense magasin de musique. Ils abordent un vendeur,et dans un anglais parfait lui demandent d'essayer les grattes. Il les conduit dans un auditorium, leur présente différents instruments, puis leur propose de jouer une compo des UFR. Il s'exécutent, se prennent au jeu. Ils ne savent pas que l'auditorium sonorise aussi les étages du magasin, et que tout le monde les entend. Bientôt, des gens s'attroupent derrière la vitre du studio, s'interrogent, demandent quel est ce titre. Finalement un mec rentre, leur tend une carte : c'est un producteur, il veut les faire signer. C'est la consécration, mais ils n'oublient pas le reste de l'orchestre et nous font venir les jours suivants au mythique studio d'Atlantic Record qui a signé les plus grands noms du Rock dont Led Zeppelin et les Stones ainsi que AC/DC, pour enregistrer notre premier album professionnel.

Et au final, on baise ce connard de Bob, On est numéro 1 des ventes durant 107 semaines consécutives dans 32 pays y compris l'Afghanistan, mais on ne prend pas la grosse tête pour autant. Nous restons les garçons courtois et humbles que nous avons toujours été.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

EXEPTIONELLE

je fut completement explosé de rire sur ce texte j'ai bien aimé le reve de pascal pourquoi pas sa peux arrivé ^^


nico