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samedi 9 février 2008

Thérapie Téléphonique : Théorie de la Série, du Peintre et du Cuisinier

Jésou vient de m’appeler ce matin. Il est au bord de la dépression. Malgré le traitement médicamenteux dont il a bénéficié, afin d’écarter de son esprit toute solution radicale et définitive, j’ai du lui prodiguer une aide psychologique intensive tant j’étais inquiet pour son intégrité mentale et physique.

Quels sont les faits ?

Hier soir nous nous sommes retrouvés au Haddock Café, afin d’y voir en concert Jako et sa bande de potes de trente ans. Il s’agit d’une formation occasionnelle dont la composition est similaire à la notre : bass-bat, guitares rythmique et solo, chanteur, autour de la cinquantaine. Là s’arrête toutefois la similitude.

Ce groupe est indécemment excellent. Vous le savez certains enfants naissent coiffés, ou avec une cuiller en argent dans la bouche, promis à un avenir brillant ; d’autres plus défavorisés, doivent s’élever à la force du poignet et gagner durement les galons de leur existence. On est en la circonstance tout à fait dans ce cas de figure. Pour prendre une autre image, c’est un peu comme dans le feuilleton amicalement votre, dans lequel nous incarnerions Dany Wilde tandis qu’avec insolence et désinvolture les Brett Sinclair exhiberaient avec le naturel que confère l’aisance une tranquille nonchalance.

Pratiquant un blues des origines, avec quelques incursions dans la variante rythme and blues, et un ou deux OVNIs telles les reprises du Boots de Nancy Sinatra, et une version hispanophone du twist Lola Lola, ces cinq salopards exhibent avec efficacité un jeu puissant, structuré a coté duquel notre aspiration au « propre et carré » semble bien simpliste.

Voici donc reproduite in extenso la conversation téléphonique d’une demi heure que j’ai eue avec Le Barde :

-Allo ?
-Ouais, Mitch ?
-Salut Christian, ça va ?
-Euh… non, ça ne va pas fort.
-Oh ? Qu’est ce qui se passe ?
-‘Tin c’est à cause d’hier : J’arrête tout ! Je vais briser ma guitare et faire autre chose ; ça m’a démonté cette soirée.
-Pourquoi dis-tu ça Ô Barde ?
-Tu as vu comment ils jouent, les Blue Bites ? On ne peut pas lutter, on n’est pas au niveau et on n’y sera jamais. Du coup ce matin j’ai pris deux prozac pour tenir le coup.
-Jésou moi c’est pareil, en plus de mon médicament habituel, j’ai pris deux lexomils histoire d’être sûr de ne pas flancher aujourd’hui.
Ce qui m’a le plus fait mal c’est Jako à la guitare. Comme je n’y vois pas bien de loin, je me suis rapproché, et je regardais ses mains pendant un riff. Ses doigts étaient encore flous, il y avait une espèce de nuage autour des cordes. Je me suis dit : ta vue a baissée à ce point ou bien il joue trop vite ? Du coup je me suis mis à cligner des yeux pour avoir une vision stroboscopique. Et ben même comme ça c’était encore flou !
-On est mal.
-Allez Jésou tu te fais du mal, on a des atouts quand même : Tu te souviens de ce que nous a dit Jako hier ?
-Non.
-Quand on l’a complimenté sur son groupe il nous a dit qu’ils n’avaient pas de mérite, ils jouent depuis trente ans ensemble. Trente ans, Jésou, tu vois le truc ? Et nous on joue depuis combien de temps hein ?
-Euhh… un an ?
-Voilà Christian, Un an. Te rends tu compte des progrès que nous avons fait en un an ?
-Ouais mais Michel tu as vu comment ils jouent ?
-Qu’est ce qu’il t’a répondu Jako ? Il a dit que la technique c’était rien. La technique ça s’acquiert, par contre l’énergie, le plaisir, l’enthousiasme, Ca ça ne s’invente pas : On l’a ou on ne l’a pas.
Et il a dit quoi encore Jako, qui est fondamental ?
-Euh…. Je sais pas Mitch.
-Il a dit : Une compo ça vaudra toujours 10 interprétations.
-Il a même dit 100.
-Ah, tu vois, tu t’en souviens hein.
On est des artistes, des vrais Cher Barde : On COMPOSE.
Et je te rappelle que Jako a précisé qu’il n’y avait pas tant de groupes que ça sur la région qui composaient. Jésou : On est unique, on compose !
-Ouais tu as raison.
On est des créateurs Christian on fabrique quelque chose, alors que la majorité des musiciens, ne font qu’interpréter.
Tu vois Christian, pour t’expliquer mieux, je vais prendre une image.
Dans la peinture par exemple, prends Rembrandt.
-…. Ouais ?...
-Bon Rembrandt c’est un génie, il crée. A coté de ça il y a d’excellents techniciens comme ce faussaire célèbre dont je ne me souviens plus le nom. Ils sont remarquables, ils arrivent à refaire du Rembrandt à tel point que les experts se cassent les dents dessus. Mais au final, de qui on se souvient Jésou ?
-….. De Rembrandt ?
-Voilà, exactement Jésou, de Rembrandt ! On est les Rembrandt du rock n roll……
……
Euh, Bon, Rembrandt c‘est pas tout à fait le bon exemple. Jésou, on est les Douanier Rousseau du rock n roll, tu vois le truc ? C’est-à-dire qu’on est des génies des créateurs et tout ça, mais comme le douanier Rousseau. Il n’a pas fait d’école le Douanier Rousseau, ce qu’il fait ça parait simpliste, brut, naïf ; il n’empêche que ce putain de douanier, Jésou, il est célèbre dans le monde entier et ses tableaux ils se vendent des millions. Alors que les tableaux du faussaire, ben ils ne valent pas tripette.
-‘Tin tu es con Mitch. Tu es sur que t’as rien pris d’autre que le prozak ce matin ?
-Réfléchis-y Jésou, on est le Douanier Rousseau.
-Oh con Mitch, tu as raison. On n’a pas à avoir honte. Mitch merci, ça va mieux. Le douanier Rousseau, tu as raison !
Merci Docteur, je te dois combien ?
-Rien Jésou, vas en paix.

Voici donc l’impact d’un concert sur le moral d’un groupe de rock.
Je nous regardais, attablés au Haddock Café, écoutant le concert des Blue Bit : nous étions atterrés ! Chacun de nous était perdu dans ses pensées, évaluant le chemin à parcourir pour atteindre le niveau d’aisance de la bande à Jako.
En même temps, je me disais que nous ne pédalions pas dans la même catégorie. Comme le faisait justement remarquer Mathieu, venu nous livrer un clavier au café : Ils jouent bien, mais il y a trop de notes ! Derrière cette sentence radicale se cache tout de même une vérité : notre rock est dépouillé. Par nécessité bien sûr : notre technique est encore rudimentaire, mais aussi par choix de notre Pierrot. C’est sa patte. Il fabrique un rock mélodique et simple, il va à l’essentiel.

Du coup nos titres, à l’instar d’un plat, ne sont pas « gastonomiques », ils s’apparenteraient à une cuisine simple, proche du produit, peu transformée. Pas de rajout excessif d’une sauce passe partout qui masquerait la faiblesse des ingrédients, par de lourd appareil pour enrober le tout. Le produit, tout le produit, sain, avec tout son goût, et rien que son goût.

Jean Pierre Coffe serait content !

21 commentaires:

Pascale a dit…

Dites les jeunes ! (non non, ne me remerciez pas). Vous n'allez pas déprimer à chaque fois que vous allez assister à un concert performé par des quinquas, sinon l'industrie pharmaceutique et France Télécom ont de beaux jours devant eux...

Anonyme a dit…

Salut les vieux,je vois que le moral est au beau fixe aprés la soirée musicale ....
Vous avez pris un coup de bluuus..
Au fait le celebre jaco entre deux concerts il pourrait aussi terminer le CD.
Allons courage dans trente ans on aura (en guinaire) 80 balais .
le doyen de camplanier

Anonyme a dit…

petite remise à niveau :
quand on débute dans n'importe quelle activité, on commence par le bas ( hé oui !):
. au tennis, il y a 4 séries et vous êtes situés dans la 4°, environ 30/4 (avant dernier classement)
. au ski, ce sera l'ourson
. au judo ou au karaté, on va tabler sur la ceinture blanche-jaune
...

travailler, travailler, travailler,travailler,
travailler, travailler, travailler.........

Pascale a dit…

Ouais.... mais pas que...

Anonyme a dit…

pareil

P

Anonyme a dit…

Avis a la population musicale

a propos de travailler
HIGHWAY TO HELL de ACDC sera notre prochaine reprise alors d'ici mercredi ,faudrait un peu travailler les partitions et mitch apprendre les paroles .Comme ça on progressera plus vite
pour moi c'est bon ,je vais avoir du temps pour reviser le morceau :
En voulant faire le jeune ,ce dimanche matin,je me suis fait un superbe claquage au tennis avec clara,
P.....,que ça fait mal ce truc ,mais il faut voir le coté positif, catou m'a donné un arret de travail de 15 jours ,je vais rester a la maison et peaufinner mon jeu a la basse sur tous nos morceaux,
salut a tous et bon dimanche



P.S: malheureusement,dans cette histoire tout est vrai ,sauf l'arret de travail

Anonyme a dit…

j'ai mis en titre pounet l'echangiste, parce que vraiment il y a des jours ,j'echangerai bien mon status(quo) de profession liberale pour celui de fonctionnaire syndiqué
desolé mesdames :ça n'avait rien de sexuel

The Undertakers 5 a dit…

Je comprends ta souffrance Pascou. moi même il y a quelques années j'ai été victime d'un claquage similaire au cours d'un match de foot acharné. et au moment de marquer un but, j'ai pris trop d'élan, j'y ai mis trop de coeur (je suis un passionné) et paf ! le claquage. ca a mis fin à ma carrière : je n'ai plus jamais pu jouer au foot. C'est difficile de se dire que plus jamais on ne pourra pratiquer son sport de prédilection. J'avais eu une aventure de ce style avec le Baou en Corse dans les années 80. J'étais un très bon joueur de tennis à cette époque, j'avais des stages compétition aux hauts de nimes avec jean françois Deniaud ex entraineur de l'équipe de france. Et puis j'ai eu le malheur de tomber sur un prédateur : Alain Jean. Il a profité de ma faiblesse un soir, ne me laissant aucune chance. Il s'est acharné sur moi comme les choukas sur le champ de manioc. il m'a détruit mon coup droit, a dévasté mon incomparable jeu de jambe. Et mon revers n'a plus jamais été le même, sans compter mon redoutable service dont les aces étaient craints au delà du département.
Je n'en ai jamais reparlé, j'ai gardé cette plaie béante dans mon coeur de sportif tout au fond de moi. J'ai meme continué à parler à Alain. Je suis comme ça. Incapable de rancune. Mais tu vois Mon Pascou, ca m'a fait du bien d'évoquer cet évènement, il fallait que je crêve l'abcès après toutes ces années.. je n'en veux plus à Alain.. même s'il a détruit mes espoirs...

Anonyme a dit…

A échanger, allons jusqu'au bout à savoir, la feuille de paye.
Mais, qu'est ce que je raconte, on ne fait pas ça pour le fric, Pascou, on fait ça parce qu'au fond de nous même ( pour certains, au fond du fond du fond )seuls le sens de l'abnégation et l'amour du prochain nous guident.... Amen!

Une fonctionnaire non syndiquée

The Undertakers 5 a dit…

Dis-moi kéké,
j'ai relu ton analyse sur notre niveau musical, et tes hardies comparaisons avec le milieu sportif.

Je me demandais... en photo... tu te situerais à quel degré ?

Moi j'ai ma petite idée.. sur une ligne qui irait de ""Appareil jetable à "Reflex Professionnel" toi dont tout le monde reconnait le talent, je te vois bien au niveau "instamatic" ?

mais, avec un peu de travail, et beaucoup de chance, je suis sur que tu as une ENORME marge de progression !

Anonyme a dit…

Mitch,je n'en crois pas mes yeux,tu évoques des faits qui remontent à 30 ans ....il y a prescription .
Moi je n'ai jamais rien dit sur les pistes enneigées de VARS quand tu m'as sauvagement poussé dans le ravin pour arriver le premier au bar et ainsi faire le beau devant un car de monitrices suédoises....
Et quand pierrot a profité du faible tirant d'eau de son PINEDUICK pour s'attribuer la victoire de la célébre OVVN CUP de PORT CAMARGUE lors d'un dimanche de juin....
Et quand le pascou étant jeune lycéen profitait de la détresse passagére de mes copines pour les attirer(et meme tirer tout court )dans sa chambre aux trois pilliers...Mais tu vois mon MITCH,ca m'a fait du bien d'évoquer ces évenements douloureux de ma jeunesse et de ma vie d'adulte.je n'en veux a personne et je vous pardonne tous ..pére baou de camplanier

Anonyme a dit…

en photo ou au tennis, je suis nul !


toi, ex-grand tennisman, tu connais bien les classements, tu sais donc ou je me situe !

The Undertakers 5 a dit…

snifff.

mon alain.....

que nous est il arrivé ?....

qu'on t ils fait de nous ?

mais il n'est pas trop tard. du passé faisons table rase. c'est toi qui as raison. Mercredi soir pour la répète on reparlera de tout ça, toi et moi, pendant qu'Odile chantera New York.

Anonyme a dit…

Moi aussi j'ai accumulé des claquages, des entorses et de multiples rancoeurs ,mais de ces souffrances je ne dirais pas un mot et continuerais à vous haïr tous et à tout jamais.

Psichaud

Anonyme a dit…

Mitch, tu as également oublié ton terrible accident, tu sais quand tu t'es cassé le petit orteuil au bord de ta piscine, et que tu as été arrété 1 mois
Et le fabuleux claquage de Sylvie sur son lieu de travail,qui a nécessité un arrêt de travail de 2 mois
Jésou

The Undertakers 5 a dit…

c'est dingue quand on y pense, toutes ces plaies au corps et à l'âme q'on accumule en cinquante ans..

combien ça peut en faire.. une par an ? deux dans les meilleures années, avec des années sans...

allez, on dit peut être une quarantaine de plaies véritables si on amalgame le corps et l'âme..

40 plaies. en définitive ça fait pas lourd au regard des 430000 heures de notre existence. Je parle de belles plaies, de beaux claquages avec ou sans arrêt de travail.

Des plaies béantes qui ont encore du mal à se refermer. De ces moments dont on se souviendra quoiqu'il arrive. de ces évènements intimes qui resteront à jamais gravés dans notre mémoire.

essayons de nous souvenir...
le plus beau claquage : qui me le raconte ?
le gagnant aura droit à une chanson personnalisée de son histoire.

Anonyme a dit…

une chanson personnalisée de son histoire.... ?

pas un seul claquage, même pas un petit !


j'ai pas gagné, hein ?

Anonyme a dit…

au fait, je me suis définitivement explosee tous mes petits mougnons qui me servaient a frapper sur les touches du somptueux piano du barde, et là présentement je dicte ce non moins somptueux texte à mon secretaire particulier ( les filles , je vous en parlerai + tard ) donc pour moi je pense que je ne pourrai plus agrémenter vos compos des quelques fabuleuses notes, qu avec une grande parcimonie j egrenais les mercredi soir.
a moins que j invite mon secretaire tres tres particulier ........ lol

courage les bardes je reste en contact
lololalolo

The Undertakers 5 a dit…

euh.. est ce qu'on pourrait avoir la clé de décryptage de ton message codé lolo ?

et qu'est ce que c'est que cet ultimatum que je devine derrière ?

On ne dicte pas sa loi aux UFR. Les UFR sont un peuple libre, Souverain, qui ne saurait prendre en considération tel ou tel prétexte.

Tu a pris un engagement, tu ne peux te soutraire à tes obligations contractuelles..
Quelques abrasions de doigts ne sauraient constituer un motif suffisant de congés maladie. (en plus tu n'es pas fonctionnaire).

ce serait l'anarchie sinon.

Anonyme a dit…

le plus beau claquage ? en fait celui là est mon premier et honnetement il est pas bien gros
Par contre je pourrais te raconter cher mitch le plus beau claquage dans la g....,parce que là j'en ai pris plus d'une (de claques) et certaines d'anthologie ,crois moi!

The Undertakers 5 a dit…

Raconte-nous ça.. un beau beignet dans la gueule.

on en fera une chanson de geste.