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vendredi 30 mars 2007

Le Soliloque du Café de la Poste

Ce matin j’étais dans l’un des trois cafés de Bouillargues. Je sortais de chez le docteur qui m’avait annoncé que mes analyses sanguines étaient bonnes, notamment le cholesterol, particulièrement faible et les marqueurs de l’activité hépatique et pancréatique qui ne gardaient aucune trace des nombreuses libations auxquelles j’ai sacrifié tout au long de ma p….. d’existence, ni en l’occurrence des boissons fermentées au pur malt rythmant nos vespérales vitupérations. Un peu comme Mick Jagger. Des pensées vagabondaient au grès des volutes paresseuses de ma cigarette, flirtant langoureusement avec les vapeur de mon expresso.Je repensais à la répétition de la veille, tout en regardant sur les écrans de télé disséminés dans la grande salle un peu viellote, les résultats du tirage d’un quelconque jeu. Non loin de là deux hommes assis au zinc rigolaient avec la serveuse, une jeune femme au teint mat et à la chevelure brune et raide, dont le savant dégradé devait être être l’œuvre de la coiffeuse du village. Le genre de petite femme méditerranéenne, piquante, la silhouette cambrée, les seins moulés dans un T-shirt fashion, arborant une de ces phrases du style « prends moi », écrite en petit caractère d’une aréole à l’autre, afin de donner au lecteur le prétexte de s’intéresser au fond plus qu’à la forme, et les fesses serrées dans un jean Kaporal savamment délavé.

A une table à coté, deux vieux (c'est-à-dire beaucoup plus vieux que moi), consultaient les pronostics du tiercé. Discussion silencieuse, conspirative, mais passionnée semble-t-il. A coté, un homme entre deux âges s’acharnait avec méthode sur un billard qui égrénait à coups de gingles électroniques les rebonds frénétiques de la balle alors qu’un afficheur lumineux flashait stroboscopiquement, enregistrant les envolées du score. Le bonheur. Le plaisir simple de l’instant présent. Les pensées superficielles qui s’appellent, se répondent, s’enchaînent et se défont, retournant au néant cérébral d’où elles sont nées. Le vide sidéral à l’intérieur d’un crâne. La profondeur du cercle n’a d’égale…Juste se concentrer sur la cigarette. Tirer.. le bout rougeoit, le tabac se consume en crépitant imperceptiblement, la cendre s’allonge. D’un coup d’index on fait tomber la cendre dans le cendrier. Vieux cendrier Cinzano. Le plastique rouge qui porte les traces de mégots incandescents. Sur la table des formulaires de jeu, j’en prends un, le regarde sans le lire. Des cases partout, d’autres cases, et encore d’autres. et à coté des dessous de verres publicitaires en carton. Ils sont tachés. Qui s’est assis avant moi à cette table, quelle était sa trajectoire ? je m’en fous d’ailleurs..
C’était bien hier soir. Hier soir c’était bien. Oui, c’était bien. Mes pensées tournent en rond. Qu’est ce que je vais leur raconter ce soir sur le blog ? qu’y-a-t-il eu comme évènement marquant ? de nouvelles chansons ? non. Toujours les mêmes. Bon alors qu’est ce que je vais leur dire ? Les vidéos. Je vais publier les vidéos sur le blog. Bon, ça c’est fait ! reste la chronique du mercredi. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire ? La cave de Jésou. On peut s’assoir, c’est confortable. Il me semble que j’en ai déjà parlé. Si, quand même : le travail de fond qui paye, ça il faut en parler, on joue la même chose mais on le joue mieux, les automatismes, l’aisance, le jeu d’ensemble. Et puis les chœurs ; on commence à chanter les refrains à deux. J’aime bien chanter à deux. Le chant, le contrechant, c’est harmonieux, dans le meilleur des cas, ca sonne bien, c’est chaud. La complicité, le plaisir de se retrouver, de partager, les rituels, les potins, les pauses. La couleur de la boisson ambrée dans le verre, servie avec prodigalité par Bruno. L’odeur de la boisson ambrée, puis le feu de la boisson ambrée, la chaleur qui ravive les cordes vocales et délie la langue et les doigts, à mesure qu’elle réchauffe la bouche, enflamme la gorge et s’éteint au long de l’œsophage.
Merde la cigarette s’est éteinte. La fille du bar contourne le zinc. Elle porte des santiags rouges et blanches. Des créoles à ses oreilles. Le décolleté scintille d’une croix provençale à la lumière des spots poussiereux. Elle apostrophe les vieux, ils sont contents. petit flirt anodin.. Viens m’apostropher ma belle ! Elle passe. Ramasse quelques tasses. Je finis la mienne. Je rassemble mes affaires, je me lève. Au revoir ! je pousse la porte et sors dans le matin frais. C’est le printemps. Je fredonne la mélodie de l’écolosong. La première cigarette du matin m’a tourné la tête, une légère brume brouille mes pensées. Mes pensées mélancoliques qui ressassent des idées de perte, de départ, de tistesse, de fin de quelque chose, de maturité, de recommencement, d’angoisse, d’incertitude, d’Amis.
Où cours-je, où vais-je, dans quel état j’erre ?

Quoique tu veuilles
Quoique tu aimes
Quoique tu dises,
Tu payes le prix,
Tu fais tes choix…..

Profonds, les Status Quo.

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