Il y avait de la tension ce vendredi, lors de notre deuxième session d’enregistrement.
La mise en place et les essais de la dernière guitare et du piano avaient en grande partie été faits dans l’après-midi par Pierrot qui s’était libéré pour l’occasion.
Les voix furent assez rapidement calibrées, et des bains de pied disposés afin de permettre les retours. Les filles avaient amené du thé et des cookies, Poun malgré son enthousiasme partagé d’ailleurs par l’ensemble des mâles du groupe pour ce breuvage anglo-saxon avait apporté un rien de whisky, tout aussi british mais plus énergisant : les conditions étaient donc optimales pour que la soirée débute sous les meilleurs auspices.
Cependant il flottait une certaine fébrilité dans l’air. La tension était palpable chez certains de nos musiciens, qui eurent du mal à se dégager de cette gangue d’angoisse qui entravait leur spontanéité habituelle.
On débuta par EcoloSong, la valeur sure, afin que tout le monde se mette en jambe. La section chant se mit en ordre de bataille, mais telle une armée trop nombreuse, eut du mal à s’ébrouer et se mettre en position. Il me fallait chauffer ma voix, et rentrer dans la chanson, et les filles un peu cueillies à froid ne trouvèrent pas le ton juste pour les chœurs. On décida donc que ces derniers seraient rajoutés en postproduction. Je me retrouvai seul au front face à une horde de musiciens décidés à en découdre. Décidés, mais tétanisés par le trac, c’était visible, c’était palpable. Les visages étaient fermés, concentrés, les gestes étaient contraints, tellement tendus sur l’objectif « zéro défaut » que nous en perdions toute fluidité. Ce qui ne nous empêcha pas de commettre quelques erreurs, nous obligeant à reprendre plusieurs fois.
Concernant les musiciens et moi-même, le fait que nous commettions des erreurs ne fut pas en soi une surprise, c’était même dans l’ordre des choses. Ce qui me surprit le plus par contre fut le taux élevé d’erreurs de notre Carré. Toutes proportions gardées bien entendu : ça n’arriva que trois ou quatre fois. Mais de sa part je ne m’y attendais pas. Lui dont la précision métronomique fait l’admiration des physiciens, lui qui a été pressenti pour remplacer la grande horloge de Big Ben à Londres, notre Phil, qui aurait pu avec brio suppléer le gros frappeur de tambours donnant la cadence à la chiourme des galères romaines, le batteur que la scène nîmoise nous envie, cet homme admirable je le sentais en difficulté, tenaillé par une sourde inquiétude qui paralysait son jeu et le rendait incertain.
Paradoxalement, ce sont les deux musiciens les plus chevronnés du groupe qui jouaient petit bras, comme s’ils ployaient sous une pression excessive. Ainsi P., lui aussi avait-il du mal à se lâcher, à se libérer, avec une inspiration en deçà de son niveau habituel, moins enjoué, en un mot : crispé. D’ailleurs d’une manière générale, nous étions tellement concentrés sur la nécessité de bien faire, que nous en avons perdu toute spontanéité. Je n’ai pas échappé à la malédiction : je m’en tenais à la lettre du texte, m’attachant à ne pas dériver d’un iota de la ligne mélodique définie, les yeux rivés sur des mots que je connaissais par cœur, obnubilé par l’idée que je devais être intelligible, chanter juste, respecter le tempo, ne pas trop bouger par rapport au micro. D’une manière générale nous fîmes tous la même expérience : hors du contexte strict d’exécution de nos titres, dès qu’un détail varie : absence de chœurs, son différent, et même une chose aussi simple qu’un micro sur pieds alors qu’il devrait être tenu dans la main, toute cela est générateur d’une indéfinissable gêne qui remet en cause notre spontanéité. Nous pensons à ce que nous faisons alors que tout cela devrait échapper à notre conscience et s’écouler de manière fluide, sans réfléchir, comme en répète ou sur scène. La réflexion tue l’action ! Pour garder les propriétés de saveur et de texture du produit frais, la conserve a encore des progrès à faire …
Seule Odile, en définitive, libérée de la corvée de chant, évolua tout au long de la soirée parmi nous, prenant photos et vidéos, discutant aimablement avec Jako tandis que de l’autre coté de la vitre nous attendions patiemment que notre ingé-son, sous le charme, veuille bien s’intéresser à nous. Pour nous rappeler à son bon souvenir, Phil lançait un sec roulement de tambour, puis regardait discrètement par la baie vitrée pour vérifier le résultat de son annonce. Mais las, indifférents à nos appels du pied assourdis par la cloison, leur tête résolument tournée, Jako et Odile continuaient leur papotage. « Jako ! » avais-je envie de lui lancer, « on ne t’a pas demandé de prendre le son en cabine, c’est dans le studio que ça se passe !"
Au final on a enregistré quatre morceaux, EcoloSong, ProtestSong, Brockn’Roll, et Docteur Bonheur, dont deux à mon sens sont à reprendre ! Ce qui nous laisse donc une solide marge de progression lors de la session de dimanche 17 heures pour faire les sept titres restants. Au passage j’espère qu’on donnera quitus aux Mazet de leur engagement et leur excellent état d’esprit : Nous avons chamboulé notre programme du dimanche pour nous adapter à des changements de dernière minute. C’est ça l’esprit de corps.
dimanche 24 janvier 2010
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1 commentaire:
ce soir a 17 heures se deroulera la deuxieme session d'enregistrement.
comme de coutume nous seront tous là, phil et moi arrivants les premiers, puis, surement les mazet accompagnés de lolo et comme souvent pierrot fermant la marche; jesous passionné comme nous le connaissons tous par la conduite automobile aura tres probablement trouvé quelqu'un pour le conduire chez les jaco's.
Rien de changé, pourrait-on croire.......et pourtant.......
Au contraire,si un observateur attentif nous examine scrupuleusement, il se rendra compte que rien n'est plus pareil, et que rien ne sera plus jamais pareil au sein de notre groupe,
Oh ce ne sont que de simples details, mais oh combien significatifs, une position d'epaule un peu plus voutée, un leger tremblement incontrolable dans les voix,un sournois ralentissement dans le rythme de nos morceaux.
Mais, mon dieu, que s'est-il donc t'il passé ?
C'est tout simple, depuis ce matin 8 heures...... nous sommes devenus
des papi's et des mami's
la petite jeanne, fille de tiam et thibault desimeur est née !!!!!!
Certes, seule lolo est vraiment devenu grand mere,mais notre implication a tous est telle dans la vie de chacuns que j'ai l'impression que ce "miracle de la vie" qui viens de se produire nous concerne tous.
Alors ce soir, j'en suis convaincu, nous les U.F.R,nous serons bons! juste pour le plaisir de souhaiter la bienvenue à "mademoiselle jeanne"
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