Cette première répète de l’année 2010 fut fort plaisante. Outre le plaisir de se retrouver et de partager ces moments simple de la vie d’un groupe de rock, faite de micro évènements anodins en apparence mais propre à conforter l’amitié et régénérer des liens un peu distendus par l’absence, nous commençâmes cette soirée en sacrifiant au culte des Rois Mages. Opportunément, Marie Françoise avait confié à notre Carré une excellente galette feuilletée à la tapenade d’olive noire (P. soupçonna quand à lui un additif à base de daube de bœuf) qui s’accorda très élégamment avec le champagne qu’Odile avait transporté dans son volumineux sac rouge à fourrure réversible offert par la pianiste pour son anniversaire. Chacun raconta son réveillon et les mille évènements qui jalonnent la vie d’un cinquantenaire épanoui, tandis que les jumeaux se restauraient de sandwiches Nutella-jambon très appétissants, avec la froide et tranquille détermination du fauve qui vient d’éventrer sa première antilope de la journée mais qui jette un œil alentour afin de s’assurer que quelque rival moins adroit ou autres prédateurs à type de hyène ou de volatile au cou déplumé ne se mettent pas dans l’idée de s’inviter au lunch.
La plongée dans l’abyssale et immuable SJM se fit dans la bonne humeur, l’installation s’effectuant dans le joyeux bordel habituel ponctué d’accords, de roulements, de gargarismes, de borborygmes, d’onomatopées et d’interjections diverses, zébré ici et là d’adresses péremptoires et d’envois truculents.
J’avais pour l’occasion exhibé mon nouveau joujou, découvert par hasard derrière le coussin d’un fauteuil : une minuscule caméra numérique à carte flash. Je manipulai l’objet dans l’espace pour m’en approprier les fonctions et faire « style jeune » en multipliant les angles les plus improbables. Mais P., en Leader responsable nous rappela bientôt à l’ordre et nous décidâmes dans l’optique de notre prochaine rentrée en studio, de reprendre nos compos abandonnées depuis un mois, date du dernier concert. La session se déroula étonnamment bien, chacun après quelques mesures de recentrage se remémorant sa partie et rentrant dans la mêlée avec un synchronisme très satisfaisant. Il y eut bien sur ici et là quelques approximations, des niveaux sonores parfois perfectibles mais qui ne dénaturèrent pas trop la qualité de l’ensemble, et nous procurèrent un plaisir renouvelé, comme si nous redécouvrions avec gourmandise des titres pourtant ressassés depuis des mois et mordions à pleine dents dans le gâteau sonore, tels des gosses les yeux écarquillés se jetant sur un tarte au citron meringuée.
On consacra du temps aussi au travail sur les deux reprises Alabama et Tush. Saluons d’ailleurs la parfaite maîtrise de ce morceau par le Barde, ce fut un élément déterminant du succès de cette partie de la répète. Ceci dit, autant Tush selon moi sera assez facilement transposable dans notre univers sonore, tant les quelques interprétations que nous en avons faite furent convaincantes, avec en prime un blues-rock assez rustique, sans fioritures excessives et remarquablement condensé (deux minutes dix), autant faudra-t-il remettre un peu d’ouvrage sur le métier en ce qui concerne le titre des Lynyrd Skinyrd. Mon phrasé fut approximatif, le chœur audacieusement excentrique, le soutien rythmique un peu mou avec sa basse soyeuse et veloutée, l’approche pianistique encore timide et les solos perfectibles quoique prometteurs. La mélodie de ce morceau est assez linéaire, et c’est dans les riches détails de l’interprétation qu’il nous faudra puiser, si nous voulons animer cette reprise.
Notons les fantaisies vestimentaires de deux de nos musiciens : La pianiste s’était emmitouflée dans une confortable écharpe en camaïeux de tons sourds, de son coté le bassiste avait exhumé de son équipement de ski une paire de gants noirs en soie avec lesquels il entreprit de caresser sa basse. Semble-t-il pour ce dernier, il s’agissait de faciliter les déplacements de la main gauche sur les frètes, la partie Basse d’Alabama constituant pour le bassiste, selon Poun, « un solo permanent de quasiment cinq minutes ». Le résultat fut intéressant, le son de l’instrument se révéla feutré, rappelant celui d’une contrebasse.
Ajoutons pour l’anecdote que si l’ensemble des musiciens se quitta dans des conditions normales, il n’en fut pas de même pour la section chant. En effet une fois la cigarette du départ consumée, Odile tenta en vain de démarrer la studiomobile. Il fallut se rendre à l’évidence : Il n’y avait plus un centilitre de gas-oil dans le réservoir. Ce fut pour Le Barde l’occasion de nous montrer sa riche collection de jerrycans, depuis le modèle militaire en fonte d’acier kaki, jusqu’à l’élégant modèle avec vaporisateur pour jeune métrosexuelle branchée, à transporter dans un sac Prada pour frimer devant ses copines. Nous optâmes pour un ustensile plus basique et utilitaire, quoiqu’un peu douteux au niveau de la propreté, mais comme le dit la sagesse populaire : « A cheval donné on ne regarde pas les dents ! ». Ce ne fut plus qu’un jeu d’enfant pour l’Ultrabassiste de me transporter jusqu’à la pompe la plus proche afin que je me ravitaille et ramène ma section au bercail, après une petite séance de poussage du véhicules par température négative ma fois assez revigorante.
Le Jerrycan de Fille, griffé par PRADA.
mardi 12 janvier 2010
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