Dans le fil décousu des dernières chroniques, je constate que je n'ai pas encore narré notre dernier concert de la saison. Il s'est déroulé le dimanche 28 juin, près de Grabels, banlieue de Montpellier. C'est à l'occasion du mariage du frère d'Odile, Thierry, et de sa compagne Sylvie que j'ai accepté cet engagement. Mon beau frère et ma belle sœur ne sont pas ce qu'on pourrait appeler des « novis » car ils vivent maritalement depuis 14 ans. On pense que cette longue période de réflexion leur aura permis de faire ce choix en connaissance de cause ! Quoiqu'il en soit, c'est un peu dans l'urgence que nous avons rejoint le reste des participants à 11h30 ce dimanche. Le petit Tom avait fait son possible, mais ce jour de premier départ massif de juillet n'était pas vraiment propice à la performance automobile. Nous avons fait une suite de choix désastreux en matière de stratégie routière, empruntant systématiquement les axes les plus encombrés, à seule fin aurait-il paru, de retarder encore notre arrivée en temps et heure. Un peu comme une série d'actes manqués !je ne vous raconte pas l'état d'énervement d'Odile à mesure que la « deadline » approchait.
La mairie était relativement fraîche, l'ambiance décontractée, l'assistance débonnaire. Le maire nous fit un petit laïus sur la tradition locale en matière d'union. Désignant les portes ouvertes, de la salle des mariages, il justifia leur béance par l'observance d'une coutume ancestrale selon laquelle par ce moyen, on garantissait qu'aucun mariage n'aurait pu être célébré sans le consentement express des deux parties : pas de mariage forcé à Grabels donc. Peu d'hommes cependant on su profiter de cette disposition au cours des années écoulées. Les malheureux. La cérémonie dura vingt minutes; baisers, discours, signatures compris. Poussant leur désir de ne pas emmerder le monde jusqu'à sa limite, les mariés nous épargnèrent même l'église. Nous fonçâmes donc à Bel Air, résidence des époux et lieu des agapes. On connaît la demeure des Martinez, elle est très agréable, c'est une maison de village de caractère dont la particularité est qu'elle se trouve en rase campagne, à la fourche de deux départementales heureusement peu passantes, située sur un terrain très modérément arboré.
La calvitie du terrain combinée à l'exceptionnelle chaleur de ce dernier jour de juin rendit assez pénible l'après midi. Malgré ma précaution de me munir d'un chapeau, et la protection des vérandas et toiles de tente qui abritaient l'apéritif et les tables du repas, j'eus beaucoup de mal à supporter la chaleur étouffante. Un planteur de très belle facture ainsi qu'un copieux rosé servi à la fontaine m'y aidèrent toutefois. Mais c'est la paella qui me terrassa bien qu'il n'y eut rien à redire sur ses qualités gustatives, quasiment du niveau de la célèbre paella du Pascou. Un couple avait été recruté par les mariés pour découper des plaques de pizzas et de quiches, ainsi que pour préparer et servir la paella. Cette dernière avait cuit pendant l'apéritif. Malgré notre nombre, 80 personnes, nous n'entamâmes que la moitié de l'immense poêle. Vaincu par les effets combinés de la chaleur et de la paella, je me traînai à l'intérieur et réquisitionnai un canapé sur lequel je m'endormis promptement du sommeil du juste.
Vers 18h, alors que les plus téméraires avaient entamés des parties de boules et que les enfants s'ébattaient avec ardeur dans la piscine, je montai la sono et y installai ma discothèque de poche afin de préparer en douceur tout ce monde aux festivités nocturnes. Au cours du repas de midi, Michel un des meilleurs potes de Thierry m'avait appris qu'il était passionné de rock, et que d'ailleurs il jouait de la guitare. Il fut très déçu de ne pas avoir pensé à apporter son instrument, et je remédiai à cet oubli en demandant au Barde d'en apporter un de plus (on a du matos maintenant !).
C'est à 20 heures que le reste du groupe débarqua à la fête. Pour se chauffer un peu il se mêlèrent aux invités, tentant de se mettre au niveau en consommant quelques breuvages, avec la modération que nous leur connaissons. Moi même j'étais très joyeux... à l'idée d'offrir aux nouveaux mariés un petit concentré de notre talent et notre enthousiasme.
Signalons le tour de force de Dominique, autre intime de Thierry, qui servit une mouclade de 50 kilos. Ce fut excellent. Dominique a l'habitude de mélanger les bivalves avec des herbes variées, et de flamber le tout avec un mélange des alcools disponibles, ce qui donne à sa préparation un goût inimitable.
Ver 22h, après une balance à l'arrache, mais satisfaisante notamment sur le plan du larsen qui eut le bon goût de nous lâcher la grappe, nous attaquâmes le show. Dans le combat qui oppose les musiciens au public, dans le soucis des premiers de susciter l'adhésion des seconds, nous avions un atout dans notre manche. Un atout de taille. Sylvie. Sylvie est notre meilleure attachée de presse, notre première fan, et question claque elle en connaît un rayon. Elle en remontrerait aux chauffeurs de salle professionnels tant son talent pour déchaîner les foules est impressionnant. Bref, au milieu des spectateurs assemblée devant la scène improvisée, elle se démena tant et si bien qu'une ambiance surchauffée accompagna notre concert. Il faut dire que de notre coté nous étions très en forme. Nous aimons ces show dans lesquels il n'y a pas d'enjeux. Juste celui de se faire plaisir, de distraire les gens présents. La sauce prit bien entre eux et nous, ils surent manifester quand il le fallait, et un dialogue s'installa rapidement entre le public et la scène. Pour dire si nous étions en forme : Phil le K dont le calme et la rigueur sont légendaires, laissa tomber une baguette par deux fois, le barde joua quelques morceaux un ton en dessous notamment marre, pour ma part j'intervertis quelques couplets et plaçai quelques shabadas pour remplir un blanc ou deux, mais avec suffisamment de roublardise pour que peu s'en aperçoivent.
Jésou m'expliqua plus tard que Marre lui fait peur désormais. Dans une chronique précédente, je vous avais raconté le concert donné pour les Almansa. Nous avions joué, en bonus, ce fameux Marre. Les première mesures furent tellement catastrophique que je stoppai délibérément la chanson expliquant à Jésou qu'il n'était pas dans le ton. Je sais ça ne se fait pas, the show must go on quoi qu'il arrive. Je m'en étais excusé à la fin du concert, mais le mal était fait : Jésou est désormais traumatisé par ce titre, et chaque fois qu'il l'aborde il sent mon regard sur lui et perd ses moyens. Bref, le public était enthousiaste, et nous prenions notre pied. Au terme de notre répertoire, que nous amputâmes volontairement de Highway et I'll be Waiting, il se passa une chose bizarre : la dernière note jouée, le silence se fit coté musiciens. Nous étions en nage malgré les multiples ravitaillements en eau de Sylvie et Vincent tout au long de notre prestation, et pour ma part j'étais vidé.
Nous avions cependant dans notre besace un dernier titre « Oh les filles » pour le rappel. Ce Oh les filles nous avions décidé de l'adapter pour Thierry et Sylvie « à la volée » en remplaçant les prénoms. Nous attendions donc qu'on manifesta dans l'assistance une volonté de nous entendre une dernière fois. En gros nous attendions le rappel. Et ce rappel ne venait pas. Sans doute le public lui aussi était-il fatigué. Le moment s'éternisa, avec une petite gêne qui commençait à s'installer de notre coté. Nous nous regardions, un peu navrés, ne sachant trop comment nous en sortir avec ce titre qu'on ne nous réclamait pas. Sur un regard de Phil je pris donc mon courage à deux mains et mon micro de l'autre et annonçait un dernier titre. Là dessus la foule se déchaîna : Une autre, une autre ! L'honneur était sauf, ouf !
La chanson débuta bien, avec le premier couplet ; je remplaçai Hélène par je ne sais plus trop quel prénom d'une fille dans l'assistance, rajoutait « Oh Thierry » au bon moment : ça roulait. Et puis ce fut le début du second couplet. Silence des guitares, j'envoyai : « Je suis sorti avec...... » rapidement je fis le tour de l'assistance cherchant un prénom, et là : le blanc complet. Impossible de me souvenir d'un prénom. Tout le monde attendait, l'orchestre attendait, on était tous là, dans l'expectative. J'en surpris même une ou deux qui me soufflaient leur prénom. En parcourant de nouveau le parterre devant moi j'aperçus ma nièce de 22 ans, Aurélie. Désespéré je la désignai : « Je suis sorti avec... » Vous me croirez si vous voulez, mais parfois le chanteur se sent très seul sur scène : Impossible de me rappeler son prénom. En désespoir de cause, sous les rires du public je continuai : « Je-suis-sorti-avec-la-jeune-personne-qui-est-devant-moi -qui-se-trouve-être- ma-nièce ». L'orchestre n'attendait que ça pour démarrer, les guitares lancèrent leur riff, la batterie attaqua, le piano suivit, tout allait bien, soulagement général.
Mais le problème c'est que je réalisai au moment d'aborder le vers suivant qu'Aurélie était ma nièce. Comment pouvais-je chanter le reste du couplet, à savoir « dans un cinéma on est allé » bon encore là ça passait, mais surtout juste derrière « elle m'a demandé de l'embrasser, et comme je suis un gars pratique, je ne me suis pas fait prier » Impossible de chanter ça, sinon je risquais de passer pour un immonde vieux satire libidineux. J'improvisai donc à mesure, en regardant derrière moi les visages hilares et tout de même un peu inquiets de mes acolytes genre « putain comme il va s'en sortir ! ». Au final je pondis un truc consensuel quoique peut-être un peu bancal, évitant le lynchage et le mauvais goût. Intéressant en tous cas comme expérience, et formateur ! Le reste de la chanson se passa bien, notamment le pédé fut bien négocié, ne me demandez pas comment, j'étais dans un état second, je me rattrapai définitivement sur le dernier couplet et sortis enfin de cette terra incognita vers laquelle j'avais imprudemment poussé le vaisseau UFR qui ne sombra pas toutefois. Sans doute échaudé par ma frayeur du dernier morceau, je ne tentai même pas d'inciter mes amis à reprendre Highway et les laissai boucler à la vitesse du cheval au galop qui n'a qu'une idée en tête c'est de rentrer au paddock sans encombres (sans doute pour ne pas me laisser le temps de faire une annonce que j'aurais regretté après, ile me connaissent maintenant). En trois minutes montre en mains, tout était démonté à part la sono. Dans la précipitation nous oubliâmes même de proposer à Michel de se joindre à nous pour un petit bœuf, lui qui attendait ce moment comme un communiant le saint sacrement, sagement assis près de la scène, à demi levé déjà dans l'espoir de participer enfin.
Michel, si tu nous écoutes, je te présente les excuses des fossoyeurs !
lundi 7 juillet 2008
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1 commentaire:
effectivement ,odile tu dois prendre la direction taillebourg,mais juste avant d'entrer dans le village ;au premier croisement tu tournes a gauche,tu franchis la riviere ,direction:saint-james
a l'entrée du village tu as une espece de patte d'oie ,tu prends la branche de gauche ,et au niveau du croisement avec la route principale la boulangerie s'offrira a ta vue juste en face
bisous poun
le bonjour a cousin yves
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