Quand la demeure familiale des Isenberg est apparue à travers les trouées des frondaisons, en bordure du chemin d'accès difficile, je crois que tous nous avons eu un choc visuel. Il s'agit d'un ancien relais de chasse construit au début du siècle précédent, puis étendu d'une aile dans le même style austère et monumental. Du pur granit de presque un mètre d'épaisseur, sur deux étages. des fenêtre nombreuses en éclairent la façade, un bow window aux larges baies, protégé par un volet roulant intérieur en souligne l'angle gauche. On remarque, du coté opposé, appendue sous le toit, une cloche de bonne dimension, récupérée du bateau du grand-père, et au pied du mur une fontaine qui coule en permanence à fort débit, alimentée par l'une des sources de l'Hérault naissant en amont. L'ermitage, tel est le nom de l'endroit gravé sur le fronton de l'édifice qui culmine à plus de dix mètres de hauteur, se situe dans une clairière herbeuse, bordée sur l'avant d'un canal étroit alimenté par la source.
La forêt, tout autour, domine les bâtiments, et imprime à l'ensemble un sentiment d'où l'inquiétude n'est pas absente. On ne peut s'empêcher de rapprocher cette vue de certaines images du Shining de Kubrick, dont on se souvient que l'imposant hôtel isolé dans les arbres était réellement un des personnages du film. En cet après midi de dimanche, alors que le temps est plutôt clément, malgré une température de 12°, les rayons du soleil jouent avec les nuages et éclairent les pierres sombres. On imagine en revanche une perspective moins rieuse au plus profond de l'hiver, ou par temps d'orage. Jouxtant le bâtiment principal qui m'évoque un manoir qui ne déparerait pas un paysage d'Écosse, le « chalet » peut accueillir trois familles. Il paraît petit à coté de son grand voisin, mais c'est une construction respectable, autonome dans ses fonctionnalités dont on s'accommoderait bien en manière de résidence principale. Un domaine de neuf hectares s'étend tout autour, constitué en majorité de feuillus et résineux dont les troncs serrés et les nombreux branchages morts jonchant le sol indiquent un entretien peu fréquent.
Jérôme accompagné de Pierrot et Kéké sont arrivés en fin de matinée, ils ont ouvert la maison et préparé les conditions de notre accueil, vers 14 heures. Des tables et des chaises ont été installées dans l'herbe, que nous recouvrons rapidement de tapas et boissons divers. L'après-midi nous permet de choisir et aménager les couchages. Pour notre part, nous logeons en compagnie des Fabre et des Richebois dans le chalet. Catherine, dont on connaît les manifestations intempestives lors de son sommeil, hérite de la chambre nuptiale. Les autres se partagent les chambres restantes dans le bâtiment principal. La distribution des lits nous amène à visiter les lieux. La pierre règne à l'extérieur, mais à l'intérieur c'est le bois qui prédomine et installe une ambiance douillette et chaleureuse, en particulier dans les deux grandes pièces à vivre, équipées de cheminées. La salle à manger notamment, abrite un âtre de taille imposante, ornée de carrelages vernissés sur son manteau, dans lequel ont été ménagées deux petites alcôves munies de bancs permettant de s'asseoir près du foyer. La température ayant notablement chuté sous un ciel très variable, celle-ci remplit parfaitement sa fonction pour réchauffer l'ambiance.
Mais avant de profiter du feu, nous explorons une partie du domaine, empruntant une draille qui nous conduit jusqu'à la source alimentant l'Ermitage. Info ou intox, Florence nous signale que ce petit trou d'eau au milieu des mousses est la naissance de l'Hérault. Cela nous amène à tirer des plans sur la comètes pour une commercialisation de cette eau de source. Nous estimons que nous pourrions transformer le domaine en une société d'exploitation des bienfaits de ce liquide de montagne, exempt de toute pollution et assurément utile pour la santé. Nous pourrions raser quelques arbres et construire une usine de production et d'embouteillage, le sentier serait sans gros travaux aménagé afin d'y favoriser l'accès des camions nécessaire à la distribution des palettes d'eau. D'autre part le domaine accueilleraient des clients fortunés qui sur place profiteraient des eaux, au sein d'un complexe de santé adapté. Une petite mise de fond serait nécessaire, à laquelle nous contribuerions à hauteur de nos moyens respectifs, la majeure partie du financement étant bien sûr dévolue à « Daisy », notre éternel bailleur de fonds.
A l'apéritif de midi, succède celui du soir, le kir est à l'honneur chez les dames. Lolo nous a préparé sa célèbre Pasta Asciutta dont nous rappelons brièvement les proportions : Pour 16 personnes, 16 kilos de spaghettis, trois kilos d'oignons, quatre cagettes de tomates émondées et pelées, et une vingtaine de litre d'huile d'olive. Prévoir quelques kilos de parmesan. Et du pain. Pour saucer. La soirée se termine en toute quiétude, dans une ambiance cosy, dans le salon. Pierre a apporté sa guitare, nous la grattons à tour de rôle. Nous évoquons la dernière répétition du mercredi, qui s'est déroulée en l'absence de la section chant. Le boogie semble avoir le vent en poupe, surtout dans le duo guitare/basse qui paraît se dessiner. Il semble par ailleurs que l'habitude jusqu'ici d'habiller nos textes d'un arrangement par Pierrot pourrait être modifiée : désormais la composition serait la base de notre travail et les textes conçus afin de coller à la musique. Nous attendons donc avec impatience les futures productions de Pierrot... ainsi que Christian, qui nous a dévoilé un air qu'il a composé. Du changement en perspective donc pour les répètes à venir. Pour ma part, partageant le goût du jazz avec Jérôme, je verrais bien une petite collaboration informelle avec ce dernier pour quelques essais voix sur des airs jazzy.
Notre vieille rivalité patrons salariés trouve son point culminant au cours de la soirée, qui voit autour de la table ancestrale en ce bastion libéral, les poings se lever et les gorges entamer l'Internationale ! Jérôme n'en revient pas, et précise que c'est la première fois que ce chant a retenti dans ces murs. Il ajoute d'une voix étranglée par l'émotion, espérer que ce soit la dernière.
La soirée se termine sur la promesse de se retrouver le lendemain vers 5 heures et demi, afin d'assister au lever du soleil depuis le sommet de l'Aigoual.
jeudi 17 juillet 2008
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