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jeudi 3 juillet 2008

Le Flan d'Odile, le Bonheur d'Ingrid

Ça y est. Je le savais. Ça devait arriver. Pourtant depuis un an et demi, inlassablement, sans faillir, je me suis astreint à une règle à coté de laquelle la discipline monastique fait figure de règlement intérieur pour l'accueil des gentils membres au club med de Djerba. Sur un rythme hebdomadaire, assidument, je dois produire un compte-rendu des activités artistiques et autres des UFR. Et chaque semaine que Dieu fait depuis janvier 2007, je n'ai pas dérogé à cette règle, blanchissant avec ardeur ces sombres pages d'une plume allègre. A chaque fois se pose ce double crucial problème : d'une part me souvenir de ce qui s'est passé, et d'autre part chasser l'angoisse de la page blanche avec pour corollaire la douloureuse inquiétude de l'originalité dans la manière de débuter cette chronique afin de ne pas lasser le lecteur, et tenter de dépasser un peu le simple cadre du compte-rendu.

Cependant Pour la première fois, et peut être les congés y sont ils pour quelque chose, je peine à travailler. Une saison 2 particulièrement chargée, riche en évènements propices à de nombreux développements dans ces colonnes participe sans doute aussi à cette petite lassitude. On sent bien qu'en ce début d'été, ça sent le sapin pour cette fameuse deuxième saison. Déjà la séance de ce mercredi 2 juillet a été purement et simplement annulée, preuve s'il en était d'un enthousiasme déclinant de la part du Groupe. Comment dans ces conditions de démotivation collective me tenir grief d'un léger passage à vide ?

Pourtant ce ne sont pas les occasions d'écrire qui m'ont manquées depuis une dizaine de jours. On rappellera la répétition du mercredi 25 juin, passée à la trappe de l'histoire, le mariage du frère d'Odile, le 28 juin, et l'apéritif ô combien dinatoire du lendemain chez Pierrot à l'occasion de l'anniversaire de ses cinquante ans.

Ordre et méthode me seront donc nécessaires pour balayer avec rigueur le champ événementiel des jours écoulés, ceci dans le contexte dont je vous ai parlé déjà maintes fois : celui de ma mémoire défaillante. J'ai les plus grandes difficultés à me projeter dans le passé ou l'avenir, ce qui conforte parfois ma crainte d'un début d'Alzheimer tant cette particularité est un des signes conduisant à soupçonner ce type de maladie. En même temps cette affection touche les personnes d'une intelligence avérée pour ne pas dire supérieure, ce dont aux dire de tous je suis définitivement à l'abris. Mais trêve de digression, explorons donc le calendrier des jours écoulés.

Le mercredi 25 juin c'était donc la répétition qui suivait notre concert privé chez les Creach, dont le souvenir teinte encore ma mémoire des tons pastels du plaisir partagé. Je tiens encore à remercier nos Narbonnais pour la gentillesse de leur accueil, et la prise en charge irréprochable au niveau de l'hôtellerie, tant en ce qui concerne l'hébergement que l'approvisionnement en consommables aussi divers que variés.
Le charme discret et militant d'Anne me revient encore à l'esprit, et je garde en moi précieusement ces paroles d'encouragement qu'elle me prodigua ce soir là , renouvelant avec une chaleureuse ferveur son soutient de fan lorsqu'elle fit allusion à ma voix. Je dois dire que c'est dans ces moments, où l'on reçoit l'hommage sincère du public, que la justification d'un travail quotidien prend tout son sens. Surtout dans le contexte difficile qui est le mien chez les UFR, exempt de toute reconnaissance de ma contribution vocale. Je me suis habitué à n'être qu'un élément mineur de l'heptète (de veau), résigné à n'entendre qu'occasionnellement ma voix. Il n'y a guère que Jako, en son temps, qui a su déceler en moi une voix « intéressante » allant même jusqu'à en rapprocher le timbre de celui du chanteur Gérard Rinaldi, inoubliable interprète des « paupiettes » (de veau aussi), ce dont je lui serai éternellement reconnaissant tant je voue une admiration sans borne pour cet auteur dont l'engagement suscite l'admiration de tous. Pour paraphraser Alain D, qui est au compliment ce que MacDo est à l'entrecôte charolaise : dans mon top des tops, « en un » je mets Rinaldi, et assez loin derrière, e »n deux », Joe Cocker. Rappelons pour les lecteurs étrangers au cercle, l'anecdote dite du « flamby de chez Aldi ».
C'était un soir, nous recevions nos amis pour un « café amélioré » Odile avait confectionné son traditionnel flan aux oeufs. Le flan aux oeufs d'Odile c'est une institution, un monument élevé à la gloire du dessert. Alain notre choriste intermittent est prêt à se damner pour une part de ce mythique flan. Or donc, Alain D, trader bien connu sur la place de Nîmes, convié à ce goûter vespéral, teste pour la première fois une part du flan de ma tendre épouse. Le dessert est bien sur auréolé d'une réputation flatteuse. Les compliments pleuvent comme les balles à la bataille de Gravelotte tout cela dans un discours consensuel dans le genre, Ah Odile ton flanc...! mais pourquoi tu quittes pas ce pauvre type? moi je me marie avec toi pour un flan pareil, mais comment fais-tu Odile ? Quel es ton secret ? Odile ceci, Odile cela.. Enfin le concert de louanges. Là dessus tout le monde se tourne vers Alain D, qui mange son flan sans rien dire. On le questionne du regard, on attend son appréciation qu'on prévoit déjà dans un assaut de surenchère élogieuse. Il lève son regard, impassible et laisse tomber : Oui, c'est pas mal. En 1 je mets le flan de ma tante machin, et en 2 je place le flan d'Odile. Consternation. Là-dessus je rumine ça le reste de la soirée. Lors d'un repas, les jours suivants, on se retrouve de nouveau ensemble. Je ne sais plus quel était le plat, mais tout le monde se souvient de la sortie de Alain D, et chacun sort sa vanne du style, « en 1 je mettrais le flamby de chez Aldi » et en 2 le plat de machine. C'est ainsi qu'est né un gimmick qui revient régulièrement dans les soirées quand on veut complimenter quelqu'un : on le met toujours « en 2 » derrière un truc si possible décalé et improbable.

Mais revenons tout de même à cette répète (si je continue à digresser, je n'y arriverai jamais).

Tiens d'un coup il me vient une image dans la tête : ça se passe au temps des cavernes. Un type assez rondouillard, en peau de bête, puant, les dents noircies et pourries par des années de barbaque de pachyderme plus ou moins bien conservée, se plaint qu'il aimerait bien changer d'alimentation, et, allègre, s'exclame : Je vais digresser le mammouth !

Voilà, ça c'est fait....

Alors pour cette répète, nous avions décidé de garder dans les voitures le matos déplacé pour le showcase du hameau des Pins. Il faut dire que nous en avions tous un peu marre des multiples manutentions lors des concerts. Une courte pause dans ce ballet incessant nous semblait bien venue. Par conséquent c'est avec le concours des amplis perso que s'est déroulée la session. Matériel minimaliste, sans la grosse machinerie de scène, sans micros multiples, sans les hectomètres de câbles ni l'Amazonie des praticables divers et variés. En gros nous avons retrouvé les conditions de nos débuts, et un son « roots » très rafraîchissant. C'était quasiment un concert acoustique ! Après des mois de bataille avec l'ampli, de réglages incessants, d'escalade dans la puissance sonore, nous revenions à des choses plus intimistes, sans surenchère de décibels. Reposant. Tout le monde d'ailleurs en a convenu lors du débriefing et en l'état actuel des choses il se pourrait bien qu'on ne se serve pas de l'ampli de scène lors de nos répètes. J'ai profité de ces conditions d'écoute exceptionnelles pour travailler ma voix. Bien sûr Odile, absente ce soir là nous a manqué, mais j'ai tout de même recueilli un satisfecit pour mes interprétations de New York et des nouvelles chansons
(Highway et Ill be there) un peu moins martyrisées que d'habitude. D'ailleurs Lololalolo n'a presque pas ri. C'est un critère.
Au terme d'un simple mais très enrichissant marathon, nous sommes séparés, en nous donnant rendez-vous le samedi suivant vers 20h pour le concert du mariage de Thierry, mon Bof
.
Tandis que j'écris ces lignes, sur mon lilliputien ordinateur portable, la télé passe en fond. En direct se déroule l'atterrissage des enfants d'Ingrid Betancourt. Je regarde cette femme, libérée selon les mots d'Uribe, au terme d'une « épopée épique ». Je suis stupéfait par l'énergie qui se dégage d'elle, sur sa beauté quasiment intacte après tant d'années en captivité. Je suis le reportage. La passerelle se rapproche, l'intensité dramatique atteint un paroxysme alors que la porte de l'appareil présidentiel s'ouvre. Ingrid monte. Le zoom tremblotant vole une scène d'intimité incroyablement digne, et cependant d'une infinie tendresse. Puis tous s'isolent pour quelques minutes dans la cabine de l'avion. Que se passe t il dans la tête de ces êtres à cet instant précis. Quelles émotions les submergent, quels mots trouvent-ils pour les exprimer?
Au milieu de ce monde de brutes, cet instant de bonheur pur me paraît comme un fragile ilot miraculeusement épargné par la tempête qui fait rage alentours. On tombe vite dans le pathos du style « dans ces moments plus rien ne compte », et pourtant, parfois il ne faut pas bouder son plaisir, ni aller chercher une signification au delà de l'image. Il faut se laisser porter par ce qu'on ressent. Partager le bonheur de cette famille, le faire sien. Après viendra le temps des analyse, des critiques, des récupérations qui en terniront l'éclat.

Je m'aperçois qu'au final deux pages sont remplies et je n'ai parlé que de la dernière répétition de la saison. Je serai magnanime, je vous servirai le reste dans un message prochain. Je ne voudrais pas que le Flan d'Odile, bien plus bourratif que le gâteau de riz en barquette de chez ED, rende ces pages indigestes et vous détourne de leur lecture.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

juste deux petites reflexions mitch

bravo pour les 50 ans du pierrot,ça va surement lui faire plaisir de prendre d'un seul coup 5 ou 6 ans dans sa tete de guitariste
deuxio c'est vrai qu'a la repete de mercredi ,lolo n'a fait aucune reflexion desagreable sur ta voix,mais bon ne te fais pas trop d'illusion ,c'est pas qu'elle commence a apprecier ton timbre ,c'est plutot qu'elle aussi,comme odile ,etait absente! ! !

poun le rectificateur

The Undertakers 5 a dit…

j'te ferai dire, cher poun, qu'il serait temps je crois que tu fasses l'effort de retourner chez un ophtalmo : Lolo était bel et bien là. on ne l'entendait pas bien car elle était mal sonorisée. come d'habitude la basse couvrait tout.

donc ma prescription : changement illico de lunettes. un bon modele panoramique à triple foyer serait judicieux.

Anonyme a dit…

ouaips,j'ai peut etre fait une petite erreur,en ce qui concerne les absintes et les offrandes,mais ce soir là, odile m'avais demandé de me sacrifier en buvant un maximum de boisson ambrée pour eviter que son mari ne rentre a la maison, farçi comme une dinde de noel!
et moi quand maman odile me demande quelque chose systemetiquement j'obeis et je m'incline devant elle,surtout quand elle porte un de ces celebres decolleté qui met si bien en valeur ses qualitées intelectuelles et mamaires

poun


pour ceux qui rentrent fatigués d'une eprouvante journée de travail,je traduit "absinte et offrande"
ça veut dire ,bien sur,absent et present