En définitive, nous avons un peu musardé en route et avons atteint notre destination vers 20h15. On s'est un peu fritté avec le petit Tom car il voulait absolument nous faire prendre son chemin, et désespérément tentait de nous faire tourner à droite. Sur la fin, il a même essayé, jetant ses dernières forces dans la bataille, de nous faire prendre un sens interdit. Mais nous avons été inflexibles ! Le temps est plus frais sur La Foucherie, et c'est bien agréable.
La maisonnette était toujours telle que restée dans nos mémoires. Le cousin Guy avait fauché l'immense près de 20 m² qui s'étend devant la porte fenêtre de la salle commune. La grande table de ferme nous attendait, gardée par les deux interminables bancs. Le temps de mettre l'eau et le chauffe-eau, l'électricité, de monter les affaires à l'étage et il était déjà 21 heures. Tandis-que je fumais une cigarette dehors, devant la Renault 21 break ouverte du cousin Yves, sous le préau de Philippe, je contemplais sa demeure en face, toujours flanquée d'échafaudages depuis une quinzaine d'années. La maison est « en cours » de rénovation. Soudain la porte s'ouvrit et je vis Yves avancer vers moi. Pour ceux qui ne connaissent pas « «notre » cousin, c'est le portrait craché de Staline : les cheveux poivre et sels drus et en bataille, les sourcils à la mephisto, la moustache frétillante, et cet éclair malicieux au coin de l'œil du paysan madré. Depuis notre dernière visite, il s'est fait opérer du genou. Il nous en a fièrement montré la cicatrice, remontant son pantalon jusqu'à la cuisse et nous commentant les détails de la rééducation. D'après lui, cette année sera une année à vin. Par contre pour les fruits, c'est cuit ! Y a plus de saison, tout ça c'est la faute au Grand Capital. Pascou et Pierrot, ainsi que les Daisy et le Kéké le savent : Yves a une particularité de langage : Il ponctue ses sentences d'un « Attends bouge pas! » péremptoire qui semble à chaque fois annoncer une révélation cruciale pour l'avenir de l'humanité, ou encore une info jusqu'ici tenue secrète et révélée au commun des mortels.. Quand on l'écoute, on guette donc l'irruption du gimmick verbal de notre Saintongeais, et on se prend à en compter les occurrences dans son discours par ailleurs volubile. Au début j'étais inquiet, au bout de dix minutes, pas un seul Attends bouge pas. Je scrutai son visage, à la recherche de quelque pathologie qui aurait eu un effet secondaire indésirable sur son charmant tic. Et puis, au moment ou je ne l'espérais plus, il s'agissait je crois du malaise des hôpitaux, le Attends bouge pas salvateur a fait irruption, enfin. Soulagé, je me relâchai et goûtai avec délectation le reste de la conversation, comme au spectacle on s'apprête à rire aux saillies d'un acteur comique.
Ce matin le temps océanique dominait ; en mer un vent de 7 Beaufort soufflait sur les embarcations. A Saintes les ondées succédaient aux éclaircies, comme souvent en pays Saintongeais. Nous avons parcouru la foire qui se tient sur le grand boulevard qui traverse la ville et enjambe le fleuve.
La cathédrale surplombait toujours les toits, alors que sur l'autre rive du fleuve, l'arc de triomphe antique dominait les éventaires des commerçants luttant contre les bourrasques. Ils soulevaient régulièrement leurs tentes pour en faire couler l'eau accumulée, aspergeant les pieds des passants. Je dois dire, et j'espère qu'aucun autochtone ne lira ces lignes, que les commerçants du cru ont vraiment un goût de chiottes. Il y a des kilomètres de fringues, toutes aussi moches les unes que les autres. Tiens pour vous dire, ça me rappelle le marché du Chambon ! Non, je plaisante Valérie. Nous ne nous attardâmes donc pas et nous mimes en quête d'un restaurant. Odile hélas avait oublié son guide du routard à Nîmes, nous partîmes donc à l'aventure.
Nous atterrîmes dans une boutique de vin, dans le centre de Saintes. Le jeune patron sert tous les midis un repas différent. Ce lundi c'était menu Antillais. Nous accompagnâmes le repas d'un excellent Chinon, que l'homme nous servit au verre.
Je repensai à Jean Carmet parlant de ce vin, ainsi que du Bourgueil comme de « vins de soif ». Je me souviens encore de son expression, émue, quand il évoquait celà. J'en emportai deux bouteilles pour une éventuelle future soif.
L'après midi fut consacrée aux travaux d'écriture, à la lecture, au farniente. Enfin les vacances !
Ce soir nous avons visité les Deux Moiselles Villeur : Gisou et Geneviève. Que du bonheur. Ces dames ne changent pas. Toujours aussi joyeuses et pimpantes, "les deux cloches de La Foucherie" comme elles se nomment ! Gisou est amoureuse du bel canto et de l'opéra, nous lui avons dit que nous aussi étions dans le chant lyrique. On a parlé opéra. Cette ancienne tailleur des armées a trouvé que Roberto Allagna était "un peu vert", elle préférait Pavaroti. Elle a déploré son peu d'intérêt pour la musique d'aujourd'hui, mais a éprouvé un certain plaisir à écouter de la country...
Et tout à l'heure nous recevons pour l'apéritif le cousin Yves.
Une excellente partie de « Attends bouge pas » en perspective !
lundi 7 juillet 2008
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