C’est le soulagement ce mercredi matin après la répète d’hier soir. Heureusement car pour faire une analogie, il s’agissait de « la dernière station service avant l’autoroute » ; l’autoroute de ce soir, qui nous conduira vers le succès je l’espère.
Pourtant ça a très mal débuté. Pour commencer on a tourné et viré pendant vingt minutes avant de trouver une place dans cette « rue du maire » où il y a des bites partout. En plus les rares places restantes étaient occupées par les longs comptoirs des bodega qui fourbissaient leurs armes avant la grande bataille de la Feria. Ensuite il y a eu de nouveau la traditionnelle séance de réglages. Tout le monde était un peu à cran, surtout moi en fait. Dès qu’on a branché les appareils, ça s’est mis à siffler à tout-va. Je me suis dit « merde c’est reparti pour un tour, la chasse au larsen est ouverte ». Le larsen, avec son cri aigu, est un animal sournois, insaisissable. On le devine partout, il se cache derrière les micros, les amplis, les câbles. On soupçonne sa présence derrière les dispositifs les plus improbables, et ça nous rend fou. Moi qui n’entend pas bien dans les aigus, ça ne me gêne pas autant que le reste du groupe, mais tout de même, il n’y a rien de plus agaçant. Pour ma part ce n’est pas le bruit en soi qui me pose problème, mais plutôt sa conséquence directe : il faut baisser les micros ! Et bien sûr je ne m’entends plus !
Chacun avait son idée pour traquer le Larsen, laquelle relevait plus de la pratique shamanique et des suppliques incantatoires que de la réelle compétence. La profusion de boutons permit à chacun de tourner le sien et de s’initier à l’art difficile du diagnostic. Le patient continua à hurler malgré cette profusion de praticiens. J’avais quant à moi, sur les conseils éclairés d’un collègue musicien hospitalier, acheté des bonnettes de mousse pour les micros, sensées arracher le mal à la racine. Il n’en fut rien hélas. La protection n’eut pas l’efficacité escomptée.
Bien sûr nous profitâmes de cette chasse ouverte pour incriminer les câbles, que nous déplaçâmes de prises en prises jusqu’à ne plus très bien reconnaître la correspondance initiale. Ce qui augmenta un peu plus la complexité de notre travail d’harmonisation. Rajoutons, qu’outre les légers problèmes de voix, il fallu gérer aussi les autres musiciens vaquant à leurs occupations : tel improvisant un blues sur sa basse, telle autre une trille sur son clavier, alors qu’un dernier s’accordait, ceci sur fond de hurlements dès qu’un réglage malencontreux oblitérait une fonctionnalité jusqu’ici accessible. Ma tension était à son comble, je me servis un fond de boisson ambrée, me roulai une cigarette comme toujours en situation de crise. Je m’éloignai de quelques mètres, contemplant d’un regard faussement distancié, la comédie humaine qui se jouait devant moi. D’autres s’était éparpillés aussi, les femmes faisant abstraction de la technique échangeant quelques recettes et deux ou trois potins, les mecs tirant sur leur cigarette nerveusement en sirotant leur whisky coca.
Deux hommes toutefois surnageaient imperturbables sur l’océan de notre détresse : Phil le K, qui méthodiquement ajustait les boutons du pupitre de centrale nucléaire qui nous sert de table de mixage et Le Grand Thomas, qui ne justifia jamais autant son qualificatif, et eut l’idée géniale de déplacer les enceintes. Petites causes grands effets : comme par enchantement les malicieuses bestioles qui avaient squatté notre installation s’égayèrent dans la nature : la chasse aux Larsens venait de prendre fin après une heure d’efforts. Il restait bien ici et là quelques cris mais je compris que c’était de leur part un combat d’arrière garde, un dernier baroud d’honneur. Si dans mes déplacements je prenais soin d’emprunter le chemin balisé qui me conduisait à distance des baffles, il n’y aurait plus de problèmes.
La répète pouvait débuter. Je saisis mon micro sans fil et….. Et rien ! La pile venait de lâcher ! Et devinez quoi ? Alors que j’ai toujours des piles de rechange dans mon sac à malice, je venais deux heures auparavant de les mettre de coté, avec d’autres ustensiles dont j’avais jugé qu’ils ne me seraient pas utiles !
C’est donc avec le micro de Pierre que j’entamai le marathon. Un semi Marathon en fait, car vers 22h30 nous dûmes interrompre notre travail, qui par ailleurs était encourageant. Sylvie fan inconditionnelle était ravie, Mathieu eut des pensées érotiques lors de l’interprétation par Odile de New York, le Grand Thomas nous fit part de son satisfecit, et même l’orchestre ressentit de bonne vibrations. Cependant malgré l’excellente insonorisation, les vibrations arrivaient à faire bouger le lit de la voisine à l’étage. Peu habituée à ce genre de massage elle demanda à Mathieu de cesser notre activité pour ce soir. Miséricordieux, nous nous exécutâmes.
Amis musiciens, pour le concert pensez à apporter de la boisson ambrée, et inscrivez « artiste » dessus, notre limonadier n’a pas la licence nécessaire pour en vendre. Il ne peut offrir à la consommation que des bières et autres smirnoff ou du champagne. Pensez aussi à bien fumer avant. Car bien sûr cela nous sera interdit dans le lieu public.
mercredi 7 mai 2008
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3 commentaires:
Bon, je serais avec vous... en pensées.
Bisous d'encouragement. Vous allez les scotcher les fêtards !
AH, Lolo ? N'hésite pas avec les bruitages, ça peut rendre service parfois pour distraire l'attention du public. ;-)
Vous me raconterez, hein ?
merci Pascale pour ces paroles d'encouragement. On est gonflé à bloc. On va se les faire !
On va balancer la sauce, on va les enterrer sous les décibels et quand on en aura fini, des décombres fumants de la bodéga se lèveront les hurlements hystériques de la foule en délire. Après nous, leur vision du Rock ne sera plus jamais la même !
Ah ça ! Il y a des chances... lol!
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