mercredi 14 mai 2008
La Feria, en Quelques Lignes
J'ai déjà l'impression que cette Feria a duré des siècles, bien que ce ne soit que vendredi.
Depuis le début de la semaine, où les ultimes répétitions ont débuté, les jours se télescopent et j'ai du mal à me remémorer l'enchaînement de nos journées, et surtout de nos nuits. Disons que c'est là un bilan à mi-parcours. La soirée du mercredi a bien sûr été pour nous la plus mémorable, qui fut le témoin de notre triomphe au cinéma Caméra. Une grosse centaine de personnes ont assisté à notre concert. Beaucoup d'amis, de collègues, et de jeunes sympathisants rameutés par nos enfants étaient venus grossir les rangs de nos spectateurs. Il faut le dire, hormis notre sono exécrable, qui comme à l'accoutumée nous obligea à jouer « au jugé », nous primes énormément de plaisir à nous produire devant ce public déjà conquis.
Nous ne le savions pas mais des journalistes de Midi-Libre étaient dans la salle. Ils demandèrent à Mathieu si c'était un canular, puis si le chanteur était dans son état normal ou bien s'il était malade. Néanmoins, ils nous firent l'honneur d'un article, certes ambigu, mais en tous cas bien réel. Si quelqu'un m'avait dit, il y a un an, que notre groupe ferait quasiment la Une pleine page de Midi Libre j'aurais signé des deux mains ! Bon, être qualifié de massacreurs consciencieux n'est pas le meilleur compliment qu'on ai fait au groupe, mais comme le dit l'adage « à cheval donné on ne regarde pas les dents ». D'après Mathieu, le journaliste éberlué répétait à l'envie « c'est énorme ».
Je n'ose croire qu'il y ait pu y avoir quelque once d'ironie dans son propos. Je prends donc ses appréciations comme les compliments d'un connaisseur.
Le plus dur dans ce genre d'exercice, c'est toute la manutention. Porter le matériel, faire les réglages. Puis tout démonter en un temps record, déménager à nouveau, c'est vraiment épuisant. Sans compter qu'une fois le concert plié, il n'y a plus personne. On se retrouve vidé, dans un état un peu mélancolique. Remarquons de plus qu'avant sa prestation le musicien est l'objet de toutes les attentions, alors que dès les dernières notes plaquées, c'est le blues post partum. On est un brin à la dérive, en train de charrier des poids dans l'indifférence générale, organisateurs compris, occupés qu'ils sont à remplir au mieux leur salle. Les musiciens ne les intéressent plus : The show must go on ! A tel point qu'il nous a fallu pleurer pour boire quelque chose après avoir fait place nette dans la salle.
Jeudi midi nous a permis, après une corrida à multi sections auriculo-caudée s(où ont été coupées beaucoup d'oreilles et de queues), de nous retrouver pour le traditionnel repas chez les Thevenon. La bande au complet était rassemblée autour d'un buffet-grillade très agréable. Jean Paul un peu fatigué, laissa à Alain le soin de griller saucisses, calmars et poissons. Ce dont ce dernier s'acquitta avec son habileté coutumière. Nous profitâmes de l'occasion pour briefer Damien sur les techniques de chasse à la fille, la saison battant son plein en cette période de printemps. Comme l'a très justement souligné Jésou : Sur un malentendu, ça peut marcher ! Au cours de l'après-midi je rappelai Mathieu car il nous avait renouvelé son souhait de nous faire animer le début de soirée au Caméra. Avec un enthousiasme mitigée, et une retenue prémonitoire, une partie des musiciens n'était pas très emballée. Le soir il fut convenu de se retrouver à 21h devant la bodéga pour réinstaller le fourbi et faire les essais son. Quant à nous, nous devions rejoindre les Fabre et les Desimeur chez Thibaud. L'emploi du temps ne correspondit pas vraiment à la programmation initiale car à 21 heures nous étions toujours place de la Mairie à attendre les uns et les autres, tandis que Mathieu lui-même promenait en ville et venait nous saluer. je me rassasiai dans l’inervalle d'une remarquable rouille aux trois mollusques (supion, calmar; poulpe). Pierrot et Phil le K durent attendre devant la bodéga Caméra, fermée. De plus au moment de leur ouvrir le local où était entreposé le matos, Mathieu s'aperçut qu'il n'avait pas les clés. Nous allâmes en chercher un double, Philou et moi, chez Foncia.
A partir de là, je crois que ça a commencé à dévisser complètement. D'aucun dirait que c'est parti en couille ! L'installation se fit dans une noria effrénée entre le local et le haut de la salle de cinéma. Il était plus de 22 heures. Un sentiment d'urgence régnait au milieu de l'étalement anarchiques des différents éléments de notre matériel. Dans une improvisation totale et une nervosité palpable nous nous croisions, évitions, télescopions, invectivions, un peu comme les fourmis vaquant à leurs occupations mystérieuse, mais sans l'organisation parfaite qui est la leur hélas. On s'est installés à l'arrache alors que des consommateurs, pour certains des amis, commençaient à rentrer. La pénombre était totale, les organisateurs remarquablement absents ; nous nous sentions seuls et assez mal à l'aise. Bien sûr il ne fut pas question de tenter une quelconque répète, ni même des réglages sérieux. Nous commençâmes sporadiquement, les musiciens entamant l'intro de bête de scène alors que je n'avais pas encore ouvert mon cahier, que j'avais d'ailleurs beaucoup de mal à lire étant donné la sombre obscurité qui étalait son voile sur la salle.
Pourtant, assez miraculeusement, nous trouvâmes une allure de croisière qui nous permit un petit succès durant les cinq premiers morceaux, les gens semblaient contents, certains venaient nous saluer, d'autres dansaient. Je me permis d'aller au milieu de la petite assemblée d'une cinquantaine de personnes. Et puis, je ne sais pas : plusieurs facteurs contribuèrent à transformer cette session en un cauchemar. D'une part les gens commencèrent à partir, d'autre part il y eut des problèmes de son dans le groupe, les guitares se désaccordant. Aucun d'entre nous n'entendait plus l'autre et dans la purée que nous servions désormais aux spectateurs il finit par y avoir trop de grumeaux pour que ce soit viable. Nous étions consternés, nous en avions marre, ce concert tournait au calvaire d'autant que parmi la vingtaine de personnes qui restaient, à mon sens plus pour faire une pause dans leur longue pérégrination, que par réel intérêt, il y avait un groupe de quatre ados, très enthousiastes, mais épouvantablement farcis, qui commencèrent à devenir très remuant, confondant rocknroll et pogo, virevoltant pirouettant, percutant les pieds de nos micros, volubiles, incontrôlables ; je tournais la tête derrière le bar, jetant des regard implorants à la serveuse, Maud, pour qu'elle appelle un ou deux des molosses de couleur (style cane corso, le sourire en moins) avachis à l'entrée afin qu'ils canalisent avec leur gentillesse coutumière l'énergie fécondes des enfultes ébriards. Las nous dûmes boire le calice jusqu'à la lie.
Un des jeunes s'était pris d'amour pour Odile et Lolo, s'approchant dangereusement d'elles. Je crus un moment qu'une émeute allait se déclencher. Je repensais, en interprétant machinalement je ne sais plus quel titre, au film les Blues Brother. Il y a une scène ou les deux compères débarquent dans un bar texan. L'estrade est protégée par un rideau grillagé. L'un des deux frères demande : ça sert à quoi ce truc ? Et le patron luit dit :Vous verrez bien ! Ils commencent leur show. C'est du Rythm and Blues. Les consommateurs, des texans profonds sont attablés. Ils se figent. Ils attendaient du country.. le plan d'après on comprend, en même temps que les Bues Brothers, à quoi sert le grillage : c'est pour arrêter les ustensiles les plus improbables dont l'assistance bombarde les chanteurs. J'aurais aimé qu'il y ait un grillage ! J'étais également dans la situation de cette femme à qui son mari fait l'amour consciencieusement et qui sous les coups de boutoirs, le corps agité de spasmes, entre deux grimaces de douleur, réfléchit aux courses du lendemain, à l'arrosage automatique, à la machine à vider, et à la leçon de danse de la petite le lendemain.. J'étais ailleurs, les autres aussi, mais pas le même ailleurs hélas. Tout ce que nous voulions, dans cette cacophonie désespérée c'était en finir le plus vite possible. Les deux derniers titres furent menés tambour battant. Jamais nous ne les avons interprétés à ce tempo. Les gosse se régalaient, il devaient se croire à une rave partie. Les adultes étaient de marbre. Et sortaient par grappes, nous abandonnant avec le dernier carré des intimes.
Quand nous avons terminé, nous étions vidés. Il m'a fallu encore discuter avec nos fans. L'un d'entre eux voulait absolument que j'annonce au micro que je ne sais quel groupe était the best in the world. Ce que je refusai avec une courtoisie mitigée. Heureusement son copain, miséricordieux, et sans doute moins farci intervint pour me dire « qu'en tous cas, tu avais assuré, mec, et bois un coup de ma sangria » ce que je fis, lâchement, pour qu'ils nous foute enfin la paix. Dix secondes après le dernier accord, le dernier coup de baguettes, on démontait déjà les câbles. En silence. Pour Pierrot c'était le courant qui n'était pas passé avec le public, pour Jésou des problèmes d'amplis les avaient gênés, Phil n'avait entendu personne, Odile avait vu toute la soirée deux types au comptoir en train de se marrer en nous regardant, et lolo ne pensaient qu'à une chose : se casser. Moi une fois de plus ma voix ne passait pas, étouffée, déformée par les enceintes mal placées accrochant le larsen au moindre déplacement. Une soirée de merde. En rangeant nous avions tous le bourdon, et je n'aurais voulu qu'une chose : rentrer chez moi et me coucher. On s'est cassé dans l'indifférence générale, déjà le prochain spectacle « sosies pourris » était sur les starting blocs. Je n'ai même pas eu envie de réclamer une boisson. Nous sommes restés un moment dehors, devant l'ancien magasin de Philou, à fumer une clope, et à dérouler notre rancœur sur le « concert de trop ».
Mais dans ce marécage émotionnel, nous ne nous sommes pas embourbés. Notamment il n'y a pas eu de récriminations faciles dans le genre, la rythmique c'était pourri, la voix merdique, la basse inaudible ou les solos exsangues. Nous avons fait corps, acceptant ce plantage comme une fatalité, un événement quasiment planifié parce que mal préparé. C'est une ratée collective, on a voulu se faire plaisir, et faire plaisir. Ça n'a pas marché ce soir-là. Trop de facteurs, dont certains ne nous étaient pas imputables ont contribué à transformer un plaisir en salle de torture. Par la suite nous avons assisté au début des sosies pourris. J'ai eu l'impression qu'on était dans la continuité dans cette soirée où la médiocrité était érigée en événement décalé et tendance. Je n'ai pas aimé le sentiment que j'ai eu à ce moment, je me suis éclipsé tandis que dans la noirceur crépusculaire de cet instant trash, se déhanchaient pitoyablement des gamines recouvertes de cartons argentés pour simuler la présence improbable des Daft Punk sous les laborieux commentaires d'un présentateur qui tentait d'insuffler une gaîté de pacotille dans ce combat perdu d'avance. Il n'aurait plus manqué pour clôturer cette soirée surréaliste qu'une exhibition de monstres de foires, ou un concours de cris de cochons, ou une compétition de « celui qui mange le plus paella par le nez », bien que j'eusse bien vu la soirée se terminer dans une piscine pour gosse de chez carouf a moitié remplie de boue, par le combat érotique des deux filles de Daft Punk sous les vivat avinés des gosses de notre concert. Après la musique de merde et les sosies misérables, nous aurions pu écrire sur la comédie humaine que n'aurait pas reniée un Zola, au milieu de cette cour des miracles. Par chance ma mère, qui devait assister à cette soirée, n'est pas venue. Je n'aurais pas supporté cette honte supplémentaire.
Las, il faut tirer des enseignements positifs de ce genre d'expérience. D'abord écouter ses copains quand ils disent qu'ils ne sentent pas quelque chose. Dans mon enthousiasme exhibitoire, je serais capable d'accepter n'importe quoi juste pour la griserie d'être en scène. Et puis toujours et encore notre son dont il va tout de même falloir qu'on s'occupe un peu un jour. Hubert nous proposé de faire l'ingé-son. Il est certain que c'est un boulot à part entière, et qu'il est difficile d'être à la fois juge et partie. Même matériellement, il est quasiment impossible de faire des réglages en cours de jeu. Il faut admettre aussi que le public est à la base de tout. Quand le courant passe, même si la prestation est perfectible, comme c'était le cas la veille ou le lendemain, tout va bien. Un sentiment d'euphorie nous gagne. Si nous étions un groupe professionnel, je dirais volontiers qu'après tout il y a un travail à fournir, quelque soit l'auditoire, mais ce n'est pas le cas. On est un groupe de potes, et le but principal, c'est de nous faire plaisir. Ou bien de se faire du blé ! Ce qui serait un bon substitut au plaisir. Mais pour l'instant nous sommes un peu condamnés à ce genre de « contrat ». nous sommes cependant d'accord sur ce dernier point : Plus de concert improvisé, mal ficelé, et dans tous les cas, sans une carotte au bout. Sinon j'ai rencontré des gens heureux de nous avoir écoutés. Même pour cette soirée minable. Les quatre ou cinq premiers titres n'étaient pas si mal, des gens ont apprécié, et ont dansé. Concernant la soirée du mercredi, Jako nous a même accordé un satisfecit. Nous avons la rock attitude. Mais notre son nous dessert, et il ne faudra pas selon ses termes, qu'on se grille par défaut de son. Il faut qu'on règle ce problème. Jako était même prêt à nous prêter sa sono. Vraiment sympa ce gars.
Au final cette soirée, sur laquelle je vous prie de m'en excuser je me suis étalé plus que de rigueur, c'est Odile qui l'a sauvée. Au bord de jeter l’éponge, ma tendre épouse a pris sur elle pour nous entraîner dans les rues et les bodégas afin de nous laver un peu l'esprit avec des images de féria. On a passé un moment chez Pablo. J'ai pu constater avec bonheur que l'interdiction de fumer dans les lieux publics a au moins cet effet positif que l'air est respirable. Les fumeurs respectent plutôt bien l'interdiction, même si ici et là quelque distrait allume sa clope. Pour finir cette soirée, nous avons terminé au Gambrinus où Christophe nous a servi une sangria. La sangria de papa c'est fini d'ailleurs. On te vend une bouteille d'un litre et demi déjà préparée. Plus le droit de fabriquer soi-même sa sangria désormais dans les bodégas. Quand on te vend de la sangria avec des fruits qui flottent, c'est essentiellement cosmétique. Et bien je l'avoue, cette sangria était honnête, ou peut être avais je soif. Une dame passablement imprégnée est même venue à notre table pour nous gratter un verre.
Le vendredi nous avons fait relâche dans la journée, afin de récupérer de la soirée calamiteuse de la veille, du moins dans sa partie « travail ». Je ne cache pas mon inquiétude au sujet de notre dernière représentation chez les Almansa. Les souvenir de la veille sont encore douloureux, et oserai je dire, nous guettons le ciel avec l'espoir qu'un orage salvateur nous délie du contrat moral passé quelques semaines auparavant. Mais si le temps est plutôt lourd, il reste stable et s'améliore même en fin de soirée. C'est donc un peu à reculons que nous arrivons tous devant le « Garage ». Il est noir de monde. Des rubans de sécurité ont été tendus afin de délimiter le carré des musiciens. Tout est déjà
installé, j'ai honte. J'ai l'impression d'être le chanteur qui arrive alors que tout a déjà été réglé. Je décide de m'octroyer un peu de boisson ambrée, celle de ma réserve personnelle qui ne me quitte pas. En effet je ne dérogerai pas de la ligne de conduite que je me suis fixée : pas de mélange, de la modération, même si mes copains, estiment que je sacrifie un peu trop au Bacchus écossais. En aparté je ne peux m'empêcher de penser à cet adage qui parle de regarder midi à sa porte, et de bien balayer devant avant que de porter des jugement hâtifs sur tel ou tel comportement alimentaire supposé. Tout finit par se mettre en place, nous grignotons quelques amuses bouches alors que la foule s'agite. Il semble que le moment approche où elle sera à point.
Changement complet d'ambiance ce soir. Le son est un peu meilleur, on a disposé les enceintes différemment. Toujours des problèmes de micro et de larsen, mais gérables. Du moment que je chante en léger trois quart droit, et que je ne bouge pas du quadrilatère de 50 cm de coté à l'intérieur duquel les ondes sonores protégées par mon corps n'interfèrent pas avec les ampli des instruments et les baffles devant, et bien sur si par ailleurs je chante la tête légèrement de coté, avec si possible le bras bien levé en l'air : ça passe ! La soirée est différente. Il y a une bonne centaine de personnes, rassemblées en une masse compacte. Ils ont envie de s'amuser, et d'écouter. Philou est au premier rang, qui reprend les refrains de nos chansons, Jérôme Isemberg à ses coté observe et surveille le comportement de notre sono et me renseigne en temps réel sur les corrections à effectuer. Même si ce n'est pas encore le concert du siècle, car il véhicule sont lot d'imperfections, il nous apporte tout de même beaucoup de plaisir. Même Odile, qui au départ ne voulait pas chanter, accepte sous la pression de l'auditoire, de reprendre New York en solo. Je vois dans le public des inconnus écouter avec attention, d'autres marquent le rythme, les filles devant reprennent les paroles, une dame me regarde dans les yeux et me sourit largement : il n'en faut pas plus pour me faire oublier les déboires de la veille.
Nous bouclons sans trop de mal notre affaire, sous les applaudissement de sympathie et les vivats d'encouragements de nos aficionados.
Hélas encore, nous cédons à la pression du public et acceptons de reprendre deux chansons. Une fois de plus ce n'était pas un bon choix tactique. Jésou avait raison : on aurait dû les laisser sur leur fin. Mais bon. Ils sont indulgents ce soir, et malgré un final très perfectible, c'est plutôt dans la satisfaction que se termine ce concert de rue.
Ce qui est très agréable ce sont les gens qui viennent après, et nous parlent. Ils ont aimé plutôt nos reprises, ou bien apprécié nos compos, ils évoquent les années 70, leurs souvenirs de boums, parlent matériel, demandent quelles seront nos prochaines dates. Les professionnels, comme Michel Creach ou Jérôme, ou bien François Lejeune sont complices, nous indiquent nos marges de progression, où nous font part de leur satisfecit. On se sent bien. Vidés mais heureux. Comme d'habitude une fois tout débarrassé, il ne reste plus rien à boire ni à manger. Heureusement que j'ai ma réserve personnelle.
Nous terminons joyeusement la soirée au Mano à Mano. La musique est bonne, l'ambiance festive et joyeuse, il y a du monde mais juste ce qu'il faut. Nous nous tenons au bar, et pour une fois je déroge à la règle. Je termine au champagne. Du Deutz tout de même. Un type me prend pour Jean Nouvel, à cause de mon chapeau. Je joue le jeu, lui aussi. Un dialogue un peu surréaliste se noue, avec la complicité d'Isenberg.
Nous reprenons notre procession, direction l'Impérator. La queue est interminable. Jean Paul Thevenon a le temps d'échanger des informations passionnantes avec deux jeunes anglo-saxonnes ; j'apprends ainsi qu'il maîtrise parfaitement la langue de Beckham, ayant passé deux ans à London. Toute cette attente pour rejoindre une partie de la bande. Quand nous entrons, ils sortent. C'en est trop : nous retournons aux voitures. Nous aurions du rester au Mano.
Autre point d'orgue de cette longue feria, le Samedi. Avec Lolo, nous rejoignons les invités des Isenberg au 33 rue de la Biche. Parcours un peu compliqué par une Enciero juste dans ce quartier. Nous y retrouvons les représentant des deux bandes du Kéké. Les Isenberg habitent, au delà d'une toute petite porte ferronée discrète, un superbe terrain arboré en léger espalier, recouvert de pelouse et agrémenté de rhododendrons en pots d'Anduze et de rosiers éclatants, enchâssé entre les hauts murs des maisons mitoyennes, bordé sur son long coté par une vaste « maison de village ». Le gros de la troupe arrive en ordre dispersé après la fin de la corrida du matin. Florence nous a honoré d'un superbe buffet. Je me jette dessus comme les choucas sur le champ de mais. Nous passons un très agréable moment. Je fais des rencontres intéressantes. Notamment un convive m'explique que plus qu'un rock basé sur le massacre consciencieux, notre jeu se comparerait plutôt à une entreprise de démolition. Nous sommes les Volpilières du Rock. J'aime bien l'analogie. Ça me donne une idée de nouveau logo pour le groupe, où pourrait figurer en bonne place une grue de chantier fracassant notre nom en briques façon titre de Ben Uhr. Ensuite une jeune femme noire adorable m'indique que mon anglais mâtiné d'accent nîmois est charmant ! Nous terminons vers 16 heures par une farandole de desserts où figure en bonne place un énorme compotier d'île flottante confectionné par Sylvie et qui me rappelle tant celle que me préparait ma mère dans mon enfance.
Nous rentrons et faisons une petite sieste réparatrice. Mais ce samedi soir, nous décidons de faire relâche. Il faut reposer un peu les muscles.
Le plat de résistance c'est le dimanche soir. Pascou reçoit le Tout-Nîmes chez Philou pour une gigantesque paella. Lolo et lui nous ont confectionné la meilleure paella que j'aie jamais mangée. Un plat prévu pour une soixantaine de personnes. Ce sont 51 convives qui répondent à l'appel du chorizo de la crevette et de la moule entre autres. Ah, tiens, au fait comment va Kéké ? demande candidement Cathou quand elle prend connaissance du nombre de personnes...
L'échantillon d'invités, très éclectique, aurait pu virer au disparate. Il n'en est rien, tout le monde se connaît plus où moins et la sauce prend très vite. Pour aider d'ailleurs, ce sont 33 bouteilles de champagne qui passent de vie à trépas pour le bonheur de tous. Quant à moi, je m'en tiens à mon strict précepte, qui me fut enseigné autrefois par un ancien fêtard : Hubert. Pas de mélanges. Je mange donc ma paella parcimonieusement arrosée de whisky. C'est goûtu !
Mentionnons une programmation musicale vite reprise en mains par Philou, qui permit à une chenille assise de faire passer les corps des femmes de mains en mains jusqu'à notre maître de cérémonie d'un soir, notre Pounet. Signalons aussi la présence colorée du peintre Etchebarria, transfuge temporaire des Landes, venu accrocher ses toiles à la salle « mon espace ». Miguel et son copain Henri, ancien footballeur professionnel devenu espincher de jeunes talents ont contribué à animer cette soirée. N'oublions pas les piliers de bars habituels, le Baou, le Barde, le Leader Maximo, Jérôme et François, Tonton Jacques, Philou, Pascou, Bruno, Phil, Laurent et d'autres dont je ne saluerai jamais assez la volonté d'airain et la constance dans l'acharnement à démontrer qu'en matière de consommation alcoolique ils savent être bien meilleurs que moi ! Quant à moi, j'ai préféré piétiner les plate-bandes du Kéké en allant murmurer à l'oreille de leurs femmes pour une fois. Et je suis loin d'avoir trouvé l'exercice déplaisant ! Si, tout de même, avec Jérôme nous avons longuement développé le thème du principe d'Isenberg, également connu sous le nom de principe d'incertitude. Tu sais où ou quand, mais tu ne peux jamais prédire ou et quand. Bon, nous avons appliqué ce principe à des cas très variés de la vie de tous les jours, et Jérôme a convenu que ce principe allait lui être très utile à l'avenir.
Pour conclure cette soirée, une petite visite au Lulu Bar nous a confirmée que les backrooms étaient toujours à l'étage, près des pipirooms. Nous avons passé une heure dans ce lieu charmant et pittoresque avant de rendre les armes et de nous pieuter enfin vers 5h30 du matin. Odile et moi avons dormi chez l'habitant, rue Carnot. Une légère fringale m'a amené à chercher dans tous les placards un morceau de pain. Les portes étaient opportunément munies de pendentifs métalliques dont la sonorité à type de clochette finit au bout de dix minutes par alerter Lolo malgré le soin que j'avais mis à ne pas faire de bruit. Afin que je cesse mon activité elle me trouva un quignon. Je pus enfin me coucher à mon tour.
Quelle belle Feria !
Libellés :
affiche,
compte-rendu,
concert,
humeur
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
8 commentaires:
Tu me rappelles ces hommes politiques qui commencent leur discours par "je serai bref"... lol!
Bon, ben je suis jalouse, ça avait l'air fun votre Féria.
Lol, vi, tu as bien mordu l'esprit du titre !
C'est un peu fleuve en effet. Mais ceci dit, c'est une synthèse. Je vais essayer d'étoffer un peu, je m'aperçois qu'il s'est passé beaucoup plus de choses encore.
L’an dernier, sur ce blog, « on » me faisait passer pour une saloperie de mauvaise hyène à la recherche de proies toutes les nuits.
Je vais vous avouer ce que j’aime dans la féria : les rencontres, les rencontres en tous genres ! ( les filles, et même des garçons !...)
Evidemment qu’on est farçis- bourrés, et même que c'est pas bien ! (ho làlà !) , évidemment !
et pourtant ! on voit des gens extraordinaires, à longueur de soirées, et à longueur de soirées on passe de grands moments !
Et cette année, encore, j’ai passé de grands moments !
mais cette année, il y a eu un gros plus, les gens que j’aime se sont croisés, rencontrés et appréciés !
C’est pas beau, ça !
kéké
je reve ou le kéké ,avec l'age deviens lyrique ?
Et meme atendrissant,faudrait pas que ça dure, allez vite une petite vacherie dont tu as le secret : ça te fera du bien et ça nous rassurera
poun le rescucité d'internet
la hyène est devenue vieille, donc sage
en fait c'est que je sors d'une réunion de bureau au pénis et qu'aprés quelques verres je deviens un peu sentimental
mais je continuerai à bazarder de temps en temps une saloperie... juste pour stimuler un peu les commentaires ( y en a des qu'on n'entend pas des masses sur les ondes )
vieux kéké
obsédé pervers tubard et pébron
J'aime bien quand tu deviens lyrique Kéké.
Attention tout de même que la cinquantaine ne t'entraîne pas à une larmoyance sentimentale qui nuirait à ton image. Ceci-dit, les conversations de comptoir, je te l'accorde, sont toujours propices aux épanchements les plus débridés. et tu as raison, en ces occasions, on rencontre des gens extraordinairement... bourrés, dont les divagations erratiques n'ont d'égale que la profondeur du Cercle.
Par ailleurs, comme toi je suis pour les croisements. je me croiserais volontiers avec une majorité des représentants féminins de la manifestation du dimanche soir par exemple. D'autres croisements me paraissent plus aléatoires. Ainsi, croiser un Jésou avec un Lejeune, me parait très périlleux et relèverait plutôt de la tératogénèse. Ce serait trop de bonheur à mon sens. et l'humanité n'est pas prête !
superbe texte avec beaucoup de rebondissement et surtout un texte qui sent la jeunesse et l'esprit de la fete bravo ^^
nico
euh... Nicolas, toi tu as quelque chose à me demander ??!!
;-)
Enregistrer un commentaire