Il n’y eut pas de répète ce mercredi 23 septembre.
A l’occasion de l’anniversaire de Lolo, Pascou nous proposa d’aller au pub l’Oxbridge. En effet il y avait une soirée spéciale autour de la grenouille, ou plutôt de ses cuisses. Cuisses de grenouilles à volonté ! C’est plutôt amusant quand on y pense que celui que nous surnommons l’anglais serve des cuisses de grenouille. C’est aussi ça l’Europe !
Nous nous retrouvâmes aux alentours de 21 heures devant le bar, rue Porte d’Ales, cette rue qui fait l’angle de la grande poste du boulevard Gambetta. Il y avait déjà pas mal de monde assis, aussi le patron dut-il installer tables et chaises dans la rue perpendiculaire, et la condamner à la circulation pour que nous puissions nous asseoir. La soirée était agréable, l’ambiance cosy et décontractée, « casual » comme disent les anglais.
On apporta des pichets de bière ainsi qu’une bouteille de blanc, certains n’hésitant pas à alterner l’un et l’autre pour étancher leur soif et tester cette association avec les grenouilles. Ces dernières étaient servies sur des tranches de pain de campagne, la mie recevant avec bonheur le beurre fondu et la persillade. Une partie d’entre nous avait déjà mangé avant de venir, cela ne nous empêcha pas d’apprécier entre une et trois assiettes de batraciens, selon les appétits de chacun.
Pour ajouter à l’ambiance, plusieurs camions de pompiers déboulèrent tous gyrophares et sirènes dehors, passant à vive allure devant le bar, puis remontant la rue avant de stopper deux cents mètres plus haut. Leurs lumières clignotantes rouges et bleues qui éclairaient comme dans un son et lumières les façades anciennes apportaient un contrepoint festif à notre repas. La rue fut très animée par les hésitations des véhicules tentant de se sortir de cette souricière, du fait que les pompiers la bouchaient complètement. Renseignement pris, il sembla qu’il s’agissait d’un départ de feu dans un squat.
En guise de promenade digestive, nous pénétrâmes jusqu’au fond du pub afin d’y évaluer la place que nous aurions le 4 décembre pour notre concert. Pour autant que nous pûmes en juger, il nous apparut que nous aurions juste assez d’espace pour nous produire et ménager en outre de la place pour deux voire trois spectateurs peu corpulents. Ce qui pour ma part, et à la lumière de l’écoute distraite des spectateurs lors de nos derniers concerts, me parut plus que suffisant.
Contre un mur, près des toilettes où l’un des musiciens avait suggéré que la section chant aurait pu avantageusement se rassembler pour chanter lors du concert, se trouvait un petit meuble de bois peint, évidés de trous sur sa tablette et muni d’étagères compartimentées et inclinées, identifiées par des nombres de 20 à 2000. Au milieu des trous trônait (décidément) une superbe grenouille en fonte, la bouche béante. Dans les casiers P. rassembla une dizaine de gros jetons en fonte, des sortes de palets dont nous comprimes que le but était de les lancer dans la gueule de la rainette. Celle-ci était protégée des assauts des joueurs par un lourd tourniquet métallique, disposé pour dévier sournoisement la trajectoire des palets. On connaît le don de Pierrot pour toutes les formes de jeu et de sport : il ne lui fallut que deux tirs de réglage pour que la grenouille engloutisse sa pitance et que l’étagère indiquant « 2000 » reçoive joyeusement son trophée dans un clac ! assourdissant. D’autres, moins doués, s’évertuèrent à transformer ce jeu d’adresse en jeu de hasard, tirant tous azimuts, de préférence AUTOUR du meuble, sans doute pour donner plus de piquant à l’exercice. Une jeune femme, prisonnière depuis plusieurs minutes dans les WC et n'osant sortir, finit par appeler à l'aide d'une voix apeurée en se demandant ce qu'étaient ces coups de fusils qu'elle entendait claquer tout contre sa porte. Le Leader quant à lui avait pris son allure de croisière et sur l'hymne du Sauvageon il enfilait les strike à 2000 points comme moi je me roule une clope, insensible désormais au monde qui l'entourait.
Au moment du café, l’anglais se rapprocha de nos tables pour nous faire un brin de causette. Nous reçûmes confirmation que le nom du bar était un condensé d’Oxford et de Cambridge -les deux grandes écoles- et que notre amphitryon y avait fait un séjour, dont je ne compris pas bien la nature. Il y avait travaillé en tous cas. Il conclut en expliquant qu’il avait dû en partir, son alternative étant d’y rester comme prof ou comme alcoolique, l’un et l’autre ne lui étant pas apparus comme une option pérenne. Il nous confirma notre engagement pour le 4 décembre. Devant notre avertissement à peine voilé quant à notre amateurisme, il nous rassura en évoquant, avec un certain flegme non dénué d'un humour tout britanique, l’indigence de tel groupe de heavy metal -plus heavy que métal-, passé par la scène de l’Oxbridge. En gros : plus rien ne pouvait l’étonner en matière de médiocrité. Sous entendu : au point où on en était, pourquoi pas les UFR ! et pour conclure : Il en avait vu d’autres.
Un vibrant message d’espoirs donc, propice à nous conforter dans cette obstination qui est la notre de vouloir nous montrer en public quoi qu’il advienne.
mardi 29 septembre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire