Je commençais à estimer que peut-être nous n’étions pas si mauvais que ça. Je voulais espérer que le travail payait finalement et que notre groupe n’avait pas à rougir de sa musique. En tous cas j’avais le sentiment d’une progression. Pas d’un talent, mon Dieu non, loin de moi cette pensée orgueilleuse et inapproprié, mais peut-être d’un soupçon de pratique. Heureusement je suis allé vendredi dernier chez les Desimeur pour aller chercher Philou avant de partir voir l’excellent match de foot que Nîmes a remporté deux à un contre euh… . Ça m’échappe sur l’instant mais ça me reviendra.
Mathieu D. était là. En visite chez ses parents. Il était calme, détendu, serein. Loin des strass et des paillettes, du succès, des hommages, et finalement des vicissitudes parisiennes d’une vie d’artiste dont on ne soupçonne pas les pesantes obligations en regard de l’énergie qu’il faut mobiliser pour accomplir son destin. Je perçus qu’il était retourné en province pour se ressourcer aux plaisirs simples de la vie familiale. Je le saluai, échangeai quelques banalités, puis rejoignis Philippe au salon. J’avais apporté un Cd de notre dernière répétition pour le faire écouter à Lolo. Dans la minute qui suivit, dès les premières mesures, mes illusions s’étaient envolées : Mathieu venu par hasard au bar était plié en deux, -de rire- me suppliant d’arrêter le massacre !
Il est bon de pouvoir, dans ce monde changeant qui est le notre, qui nous échappe à chaque fois qu’on tente d’en saisir la complexité, se raccrocher à un invariant, une sorte d’îlot de stabilité propre à nous rassurer. Mathieu est de cette trempe. D’année en année il nous conforte sur notre niveau, qui reste nominalement médiocre, et en tous cas hilarant. Parfois on dérive, on se prend à espérer, on oublie d’où on vient, on se berce d’illusions. Mais par chance certains ont la faculté de recentrer les choses. Et ça c’est infiniment précieux. C’est comme un bain revigorant, une jouvence salvatrice. Une thérapie par le rire.
Lolo, miséricordieuse incrimina la qualité de l’enregistrement, mal servi par un appareil à la technologie douteuse. Conciliant à mon tour, faisant appel à toute l’hypocrite complaisance dont j’étais capable, je convins de la chose, laissant Mathieu retourner vers son poker online multiplayers.
Un rayon de soleil cependant : ça n’est pas pire qu’il y a un an. On se maintient. Et tout ça grâce à notre travail hebdomadaire régulier.
Pourtant le mercredi, ça nous avait semblé honnête. Bien sur nous n’étions pas au taquet de nos possibilités, mais c’était d’un niveau correct. Bon, évidemment si l’on passe sous silence quelques solos évasifs, sur une rythmique parfois absente sous l’impulsion un peu hasardeuse d’une batterie désinvolte. Cependant on ne peut la blâmer tant la basse était omniprésente. Il est vrai qu’au chant j’étais au fond des cordes et que les chœurs n’en avaient plus guère –du cœur- pour prendre la peine de chanter en harmonie, ce qui influa grandement sur le tempo des claviers. Cependant ils étaient utilisés d’une main, l’autre était occupée à fumer.
Mais grosso modo on reconnaissait assez bien les morceaux. Surtout qu’on les jouait assez fort. Enfin, moins fort que d’habitude, mais tout de même suffisamment pour inciter Lololalolo à jouer avec le casque antibruit. Encore que je me demandai sur l’instant si c’était à cause du niveau sonore, ou bien par anticipation du fou rire de Mathieu D. le samedi suivant. Il est vrai que notre perception était comme à l’accoutumée faussée par un niveau modéré d’insouciance suite à une thérapie déshinibitrice à base de Starter. A ce niveau « d’insouciance » on est perméable à tous les excès notamment celui de croire qu’on joue bien.
La pause permit à Jésou de nous raconter une anecdote désopilante comme lui seul en a le talent, celui des conteurs occitans. J’aurais voulu vous en faire partager le sel, hélas j’ai beau me creuser la tête je n’en ai plus que le souvenir de nos rires.
Pour conclure j’ai reçu un « faire suivre » de Pascou contenant deux compos du KreaX. Je les ai un peu évoquées en commentaires : j’ai bien aimé le thème de Pichon 3. Juste une chose pourquoi ce nom « Pichon » ? Il se trouve que pour moi il renvoie au patronyme de mon ancienne chef, Madame Jeanne Pichon, une espèce de teigne madrée, sournoise et calculatrice qui n’eut de cesse que de me barrer le chemin vers la promotion durant dix ans.
Donc, cher Michel, si tu pouvais changer le nom de tes compos, ça m’éviterait de mauvaises pensées à chaque fois que j’ouvre un de tes fichiers.
mercredi 29 avril 2009
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1 commentaire:
Il est des jours où mon insouciance m'inquiète ...
P.
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