Deux répètes cette semaine. La traditionnelle « séance d’entretien » du mercredi et sa petite soeur pré-dominicale du samedi.
Mais avant d’en extraire les temps forts, il nous faut rendre compte de la soirée d’inauguration du nouveau cabinet de Catou.
Sis dans le quartier nîmois qui abrite également le cyclotron, au-delà du Parnasse, et du complexe cinématographique Kinepolis, il occupe une partie du premier étage d’un petit immeuble d’une trentaine de mètres d’arrête en toit terrasse. Catou en partage la propriété avec trois confrères. Au fronton, une enseigne indique « NEMOSART ». Je ne sais pourquoi ce nom m’évoque une destination artistique : une galerie ou un musée, à tout le moins une villégiature pour artistes dans le style de la Villa Médicis. En fait il faut lire : Nem(ausus), OS, ART(iculation). Ce qui est un peu plus prosaïque, quoique assez poétique au final et ne m’étonne nullement de Catou, auteur de l’acronyme.
Tout d’abord, saluons le buffet impressionnant et délicieux, et son excellente gestion par l’énergique Josette, factotum de l’association. La Compagnie du Cercle élargie avait répondu présent à l’invitation, et c’est dans une ambiance amicale, presque exempte de trous du cul (mais on n’est jamais à l’abris d’en être un soi-même hélas) que nous visitâmes les bureaux et installations du lieu. Le concept est intéressant qui a permis à chacun des médecins de personnaliser son bureau selon ses goûts. Chez Catou, ambiance New Yorkaise avec un gigantesque cliché de la ville pris depuis le sommet de l’Empire State Building, chez ses confrères atmosphère marocaine, ou bien littorale. Des aménagements confortables, presque intimes, où il sera dommage selon moi d’accueillir des patients ! Enfin, il faut bien vivre..
Je constate (entre parenthèses) que le lieu serait propice -et « Nemosart » en prendrait toute sa signification- à l’épanouissement nocturne d’un groupe de rock, qui ne saurait que prendre un essor fulgurant dans un tel environnement. Je laisse l’idée cheminer. Mais tiens-moi au courant Catou. Après 21h on ne devrait plus gêner grand monde.
Entre deux amuse-gueules cette rencontre fut l’occasion pour notre Baou, le choriste honoraire, de demander notre avis de la part de son caviste personnel J.P. Pottier sur le whisky français que sa mère avait offert à Pierrot. Nous fûmes plutôt embarrassés pour répondre. Comme boisson, ce produit est intéressant, il est fruité, en même temps fort en alcool. Mais à l’épreuve d’un blind test il rappellerait plutôt un calva ou un cognac et n’aurait qu’une lointaine parenté avec le goût tourbé d’un whisky écossais. En manière d’analogie, je rappelai à Alain qu’en Californie on faisait un excellent vin « méthode champenoise », pour autant les puristes ne le qualifieraient pas de champagne. Ce qui ne l’empêchait pas d’enivrer fort correctement son homme.
L’opportunité fut également donnée à Bernard, l’avocat bien connu, de nous renouveler son inconditionnel soutien dans notre entreprise, et de réaffirmer la nécessité d’enregistrer enfin nos compos auprès des instances compétentes afin de les protéger, dans un contexte international féroce, des prédateurs de tous ordres, tant leur originalité de ton et leur perfection mélodique sont des attracteurs potentiels puissants de la fourbe convoitise des rapaces de l’édition musicale. Pierrot en convint, qui promit de coucher sur papier les lignes mélodiques de ses compos et d’y joindre sous pli pas trop discret les paroles de nos chansons.
A l’instar du champagne étasunien évoqué plus haut, les deux dernières répétitions ne furent pas exceptionnellement pétillantes. Et s’il devait y avoir des bulles elles prendraient une forme moins champenoise, plus grosse, à types de boulette, dont chacun à son tour émailla sa prestation. Mais modérons notre propos, ce ne fut pas catastrophique pour autant. Pour tout dire c’est de moins en moins habituel, par conséquent les rares imperfections n’en prennent que plus de relief. On va le dire comme ça…
Mercredi, en l’absence de Lolo, partie avec sa tribu tester le whisky agricole de la Guadeloupe, nous pûmes tout de même travailler les chœurs avec Odile, et aussi les duos, notamment sur Proud Mary, God Save the Queen ou Should I Stay. Comme j’en ai fait un enregistrement, j’ai pu par la suite constater que l’harmonie, ce n’est pas facile. Il faudrait vraiment qu’on s’y mette, de ce coté. Chacun a tendance à composer sa propre partition, parfois ça tombe plutôt juste et parfois c’est… perfectible !
A la pause nous parlâmes eschatologie. « L’étude de la fin ». Pour Jésou (qui est au courant, mais qui aime brouiller les cartes), prompt à fourrer des plumes dans le cul de tout ce qui paraît exotique, je précise qu’il ne s’agit pas d’une version érudite de la scatologie, mais plutôt d’une tentative de prédiction de la fin des temps. Une sorte de météo cataclysmique à plus de cinq jours, au caractère aléatoire fort, et très empreinte d’un naïf anthropomorphisme teinté de créationnisme à rebours issus des délires psychédéliques des hippies mystiques de l’époque. Elle est prophétisée par toutes les religions, sur des modes divers. Pour les catho un consensus semble s’être dégagé au cours des siècles, à grands renforts de conciles et d’encycliques, d’excommunications et de massacres variés, tandis que chez les protestants et les musulmans il apparaît que chaque ministre du culte développe sa propre analyse comme on joue une variation d’un standard du jazz. Pour les juifs et les bouddhistes, ainsi que les hindouistes c’est un peu du même tonneau. Une constante toutefois : tout ça va se terminer dans le plus complet chaos ! Là-dessus l’opinion est très œcuménique : avant d’accéder au Nirvana et ses clones, on va passablement en chier. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre l’avenir misérable de l’humanité dans son cheminement terrestre et la destinée des UFR. Quelle sera notre eschatologie ? Sera-t-elle glorieuse, ou bien ne connaîtrons nous l’apogée du groupe qu’une fois son souvenir dissout dans les turbulences d’un Armageddon du Rock et ses membres dispersés au hasard des falaises du haut desquelles on aura jeté leurs cendres ?
A ma décharge cette vision apocalyptique et brumeuse de notre avenir me vint après avoir testé un peu du starter de Jésou. Rappelons-le, il s’agit d’un détonnant et instable mélange de Limoncello de Sylvie (qui est au limoncello standard ce que le TNT est au petit bâton qui pétounège des étincelles, qu’on pose sur les gâteaux d’anniversaire) et de Rhum agricole. Ce cocktail est d’ailleurs connu pour ses effets dévastateurs sur les centres cognitifs. Les américains l’ont utilisé durant la guerre du Viet Nam, et l’on constamment perfectionné depuis. C’est le même produit qu’a utilisé la CIA dans les sinistres geôles de Guantanamo pour briser les résistances des chefs présumés d’Al Kaida. Le principe actif est extrait d’une plante rare des bords du fleuve Orénoque, jalousement protégé jusqu’à récemment par la tribu Arumbaya (celle là même qu’évoqua Hergé dans l’Oreille Cassée) et volé au cours d’une nuit d’orgie par un missionnaire adventiste dévoyé et saoul, puis échangé contre une bouteille de mauvais whisky au représentant d’une grand groupe pharmaceutique français en cheville avec le directeur régional de l’INRA de Montpellier travaillant sur l’hybridation des citronniers quatre saisons. Un client de Sylvie. En remerciement d'un silence complaisant au sujet d'un découvert mineur, il s'était engagé à lui fournir des boutures de l'agrume expérimental.
C’est peut être du coup par excès de méfiance que nous décidâmes tacitement de nous débrouiller à l’eau claire le samedi. Ce fut une répétition d’homme, virile à souhaits, et sobre. Pour autant elle promit plus qu’elle ne tint. Pourtant tout se passa brillamment durant la première moitié de la répète. Et puis l’écueil : Proud Mary et Caroline. Le soufflet qui retombe. Et le son qui enfle.
Bon, au final nous travaillâmes tout de même avec un relatif bonheur nos deux chansons subversives des Clash et des Pistols. Et puis n’oublions pas, dans une sorte de trilogie de la rébellion, le cultissime Antisocial de Trust dont nous devons accrocher le titre à notre tableau de chasse dans les prochaines sessions.
En parlant de final, et d’eschatologie, rappelons que les finaux, justement, sont notre point fort. On est parfois approximatifs dans nos interprétations mais pour ce qui est de les conclure, ça on sait faire ! Si on ne voit pas comment va finir le groupe et s’il y aura une résurrection après sa mort si tant est qu’elle survienne un jour, en tous cas on à la certitude qu’il sait terminer les morceaux.
Un premier pas sur le chemin de la sagesse mais à force de pédaler le nez dans l’Armageddon, à fixer les cailloux de la route du succès, on oublie de lever les yeux, contempler le paysage et se laisser gagner par l’émotion. Le rock, ça doit être planant, intemporel, sauvage et tripal, sans règles ni barrières. On s’en fout de demain. Le Rock c’est ici et maintenant. Hic et Nunc. C’est notre Religion.
mardi 21 avril 2009
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