Lorsque Mercredi dernier Lolo m’annonça que je devais me présenter à « la loge » pour le derby languedocien Nîmes-Montpellier de foot, je ne cachai pas mon plaisir. Cela faisait trois matches auxquels je n’avais pu assister, les dures contraintes de la vie ne permettant pas toujours de se libérer. J’étais très désireux de renouer avec cette ambiance particulière du stade, au milieu des supporters, et puis après, à la table du repas, refaire le match avec Hubert et Jérôme, Philou et Jésou, le baou de Camplanier, avec JP A. notaire bien connu en guest star à la faconde dyslexique et péremptoire. Autant de spécialistes introduits aux arcanes de ce sport mystérieux, dont je ne me lasse pas d'écouter les commentaires pertinents, toujours teintés de modération, et les analyses au cordeau dont la pondération suscite ma béate admiration, surtout lorsqu'elles interviennent en fin de repas, alors que la "fatigue" du match se fait nettement sentir et que la parole a plus de difficulté à se frayer un chemin depuis le cerveau jusqu'à la bouche.
C’est pourquoi je fus très désappointé de ne pas faire partie des happy few cette fois-ci. Outre le fait que l’évolution de Nîmes en deuxième division me passionne, et que sa possible relégation me navre, j’aime partager les moments d’émotion que nous offre le jeu passionné, éclairé, brillant des Crocodiles.
C’est fortuitement, alors que j’avais décroché le téléphone, que Lolo m’apprit que Philou avait donné MA place à son futur gendre Domi. « Soi-disant » que je n’avais pas été très assidu ces dernières semaines. De plus Lolo n’appelait même pas pour me parler, mais dans le but de proposer à Odile de sortir entre filles au restaurant. Ejecté du foot comme un malpropre par Philou, ignoré pas son épouse, je me sentis soudain comme un paria, mis au banc de la vie gastronomique et sportive de la cité aux sept collines. A l’instar de son homologue cisalpine, La roche Tarpéienne de nouveau jouxtait funestement le Capitole ; plus fulgurante l’ascension sociale, plus vertigineuse la chute. Je n’étais plus invité, j’étais évité.
J’étais au fond du trou, terrassé par cette épreuve, lorsque je reçu un appel de Pascou. Il me proposait de faire avec Pierrot une virée musicale à L’entrepôt du Bureau et à La Suite, rue Fresque. C’est dans ces moments qu’on reconnaît ses vrais amis, ceux qui vous tendent une main secourable quend le doute vous étreint (couchette). Nous nous retrouvâmes chez Pierrot, devant un verre de whisky Guillon, distillé en champagne. C’était un cadeau de « Momo » La maman d’Alain, en remerciement des soins prodigués à la suite de son hospitalisation récente. L’alcool était bon, avec un arrière goût de fruits. De la pomme nous sembla-t-il, ou peut-être de la poire. Un whisky français, distillé en champagne de surcroît, la démarche était audacieuse, cependant. Sincèrement, les yeux fermés, on m’aurait dit que c’était du calva que je n’aurais pas crié au scandale.
Nous descendîmes en ville dans la petite Aygo de Poun. Un CD des UFR passait en sourdine. Nous stoppâmes en face du Napoléon et fîmes à pieds le chemin de la rue Fresque. Nous retrouvâmes Alexis, qui attendait. Le concert n’étant pas commencé, nous décidâmes de pousser jusqu’aux halles. J’avais un petit creux. Alors que nous attendions devant le guichet du MacDo on nous héla depuis une voiture : c’était Valou l’adorable épouse d’Hubert. Elle venait de manger avec ma filleule préférée (et unique) Marine au restaurant L’hypo. Inutile de dire que les oreilles d’Hubert durent siffler à nos commentaires. Sans doute du-il croire à cet instant que l’arbitre venait de sanctionner quelque action dangereuse des Montpelliérains. Qu’est-ce qu’une fille admirable comme elle pouvait bien trouver à ce type ? Nous planchâmes un moment sur ce mystère, puis notre tour venant, nous commandâmes des sandwiches et les dévorâmes tandis que des éboueurs et leur camion dansaient un ballet virevoltant autour de nous. Cela occupa d’ailleurs notre conversation un moment. A Marseille ils travaillent selon le principe du « fini-parti » qui a l’avantage d’accélérer la collecte des ordures, mais dont l’inconvénient est un travail parfois bâclé.
La Suite, rue Fresque, le Jour.
Tandis que nous nous interrogions sur le fonctionnement de la voirie Nîmoise, nous retournâmes rue Fresque. Il y avait toujours autant de monde devant le bar. Je plaignis les riverains : Les bars ne sont plus enfumés, mais désormais ce sont les places et les rues qui sont envahies, et les habitants des immeubles qui profitent des conversations animées. Las d’attendre, et comme il était déjà près de 22h, nous décidâmes de nous rendre au Bureau. Il y jouait pour la première fois le jeune groupe dont je vous ai parlé tantôt : Les Pop Ups. Après avoir acquitté notre droit d’entrée : 5 euros, avec une consommation offerte, nous montâmes à l’étage de l’entrepôt. Il y avait foule. Des jeunes et des vieux. A mon sens tous les amis Bouillarguais des musiciens étaient là. Nous arrivions après la pause, au mur passaient des vidéos de défilés de mode. Le groupe jouait depuis une heure. Il était installé sur une mezzanine assez exiguë. On y accédait par un escalier métallique abrupt. L’étroitesse de la scène obligeait le bassiste à jouer sur l’une des marches. Je fus accueilli par mon fils Nicolas, très élégamment vêtu d’un blaser et d’une chemise sombres. Je remarquai ses pieds chaussés de longues chaussures de cuir acajou, au bout interminable. Au bar, îlot de lumière dans la pénombre ambiante, j’aperçus François Lejeune, qui nous interpella joyeusement.
Pendant qu’on nous servait nos whiskys, je portai mon attention sur les Pop Ups. Inexplicablement, la magie de la répète s’était envolée. Le son était assez plat et le chanteur me parut moins assuré. Je ne retrouvais pas dans sa voix les accents qui m’avaient plus. On en était à la période des « slows », sans doute les Pop Ups étaient-ils un peu émoussés par une heure de concert, à moins que les bières offertes par l’organisation les aient amollis. J’en profitai pour aller embrasser Vincent, dans son costume BHL, chemise immaculée au col largement ouvert. Il en profita pour me gratter l’amitié : je lui offris une consommation. Poun et Pierrot étaient en grande conversation avec Lejeune. Ce dernier s’inquiétait de l’actu des UFR : les contrats, les dates et tout ça. Il proposa à nouveau de nous arranger le coup pour qu’on joue, en première partie au moins, au Mistinguett. Depuis ma récente prise de conscience de notre amateurisme, cette perspective ne me réjouit pas autant qu’elle l’aurait dû.
C’est à ce moment que les Pop Ups entamèrent Highway to Hell. Ca tombait bien, nous l’avions mise à notre répertoire et l’avions souvent répétée. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, ou pour nos nouveaux lecteurs Ouzbeks, je rappellerai que nous avions cessé de l’interpréter lors du cauchemardesque concert « du jeudi noir de la féria » chez Mathieu D. un an auparavant. J’en connaissais le texte, et les pièges de l’interprétation. Hélas Jimmy le chanteur négocia difficilement l’exercice. Sa voix, sans doute fatiguée écrêtait les aigus, et surtout il ne chanta pas très juste. Ce qui -et ce n’était pas une attitude très charitable- me rasséréna et m’amena à considérer différemment un éventuel passage au Mistinguett. Un regard échangé me confirma ce que pensaient mes comparses de cette prestation. Nous décidâmes de bouger. Après avoir salué les connaissances, embrassé mes fils, nous traçâmes à grandes enjambées pour rejoindre la rue Fresque.
La place était dans l’état où nous l’avions laissée une heure plus tôt : noire de fumeurs. Nous pénétrâmes dans le lieu. Nous dûmes nous acquitter d’un droit d’entrée de trois euros avant de nous avancer péniblement dans la salle du concert. Pour voir les musiciens, dans une salle au bout d’un couloir servant aussi de bar, nous nous insérâmes dans le lent flux des clients. Le bar laissait peu de place aux mouvements. J’imaginai le déplacement des glaciers, les plaques de glace se frottant les unes aux autres et laissant peu d’espace aux eaux libres, puis se rapprochant soudainement au risque d’écraser l’imprudent qui se serait aventuré dans les interstices pour avancer plus vite. Le flot nous échoua à quelques mètres de la scène, sur le bord. Notre vue était très partielle, le public et les murs nous cachant la majeure partie du spectacle. Il s’agissait d’un trio, bass/batt et guitare. Au fil des morceaux, interminables, se dégagea un schéma simpliste qui leur tenait lieu d’inspiration. Une ligne de basse monocorde, sur une note, rappelant le bourdon de la vielle, sur laquelle se greffaient les trois accords du guitariste, soutenus pas les battements lourds et cardiaques des drums. Le chanteur me rappela celui de Magma, le groupe des années 70. J’avais l’impression qu’il chantait en Cobaien, d’une voix sépulcrale. Le texte était incompréhensible. D’autant qu’il s’ingéniait à appliquer des effets de distorsion à sa voix, par des sortes de trémolos et des saccades gutturales intéressants mais très répétitifs à la longue. On percevait qu'il prenait énormément de plaisir à écouter sa propre voix et qu'il semblait en temps réel en explorer des ressources ignorées et fascinantes pour -du moins en était-il persuadé- le plus grand plaisir de l'assistance. Nous nous laissâmes à nouveau entraîner par les mouvements de la foule, qui nous rejeta finalement au fond de la salle. Nous y retrouvâmes Mathilde Charras et Charlotte la fille du Kéké et leurs amies. Elles n’étaient pas très enthousiastes. Elles nous apprirent que c’était le Clan Edison, anciennement « La Mouise ». Après une petite demi-heure de ce régime musical, nous décidâmes de sortir. Mais avant de franchir la porte, nous attendîmes qu’on nous apporte des gobelets en plastique dans lesquels verser nos consommations, afin qu’on ne (se) casse pas (avec) les verres !
Nous venions de voir deux groupes. Le premier m’avait déçu au regard de sa performance en demi teinte comparée à son travail en répétition. Il avait été desservi par une sono très perfectible. Le chanteur n’était pas au mieux de sa forme. Et puis nous n’avions assisté qu’à la fin de leur concert. Je veux espérer que le début aurait mieux comblé nos attentes. Le second groupe, professionnel, bénéficiait d’un excellent son. Mais ses compos étaient sans inspirations, basées sur le duo bass/batt. Une musique répétitive sans imagination, déroulant au long de plage interminables une autosatisfaction palpable. Une musique sans aucune ligne mélodique. Du son, du rythme, et une mélopée, lancinante. Efficace par contre : Avec trois morceaux ils tenaient une heure !
Nous prîmes le temps de discuter un peu avec les filles, assurant que les UFR auraient aisément tenu la scène, avec un meilleur résultat, que « La Mouise ». Plutôt ragaillardi par cette soirée un peu tiède sur le plan musical, mais riche en enseignements, nous raccompagnâmes Pierrot chez lui. Nous passâmes une demi-heure dans la voiture, à écouter notre dernier CD, finalement satisfaits du résultat. Un disque techniquement basique, non exempt de défauts, mais chaleureux. Même le son Garage, un peu sourd et brut nous émut. Au moins les UFR avaient-ils un son. Un son que nous étions prêts de nouveau à proposer au public.
samedi 11 avril 2009
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1 commentaire:
Moi je me suis vraiment régalé à se concert au Bureau apart 3 chansons ou le chanteur n'étai pas dans le bain... tres bonne ambiance A REFAIRE :)
nico
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