Je tente depuis quelques jours de faire la chronique hebdomadaire des deux dernières séances. Je suis assis dans le salon et j’ai par mégarde laissé la télécommande de notre écran plat seize neuvièmes à Odile. Elle a opté pour Ben Stiller dans ce qu’il est convenu d’appeler une comédie sentimentale américaine. Visiblement il campe un personnage falot, vendeur dans un magasin de musique, auquel personne ne s’intéresse. Bon, il est frustré, très mal à l’aise avec les femmes en dépit de ses trente ans bien tapés. Bien sûr sa sœur se mêle de lui faire rencontrer toutes ses copines célibataires les plus improbables et on sent bien que notre anti-héros va traverser les pires expériences avant de s’apercevoir que cette gentille fille qu’il ne regarde pas est faite pour lui alors que Tout les oppose. Voilà pour le pitch. Au moins ça constitue un fond sonore, et ça ne fusille pas les neurones. Ca reste accessible. De toute façon je suis depuis plusieurs années au degré zéro de la cinéphilie. Je n’aime que les films d’horreur, si possible tendance malsaine et gore. Ca m’apaise. Ca déclenche en moi une catharsis salvatrice. Et ces américains, si puritains dans leur vie réelle semblent comme moi raffoler de ce genre de film de genre. Très adeptes de la catharsis aussi, les yankees. D’ailleurs trente pour cent des américains sont obèses. Il y a trop de catharsis dans la bouffe de l’esprit étazunienne. Des études ont démontré qu’un abus de catharsis peut provoquer des troubles de l’érection, des angoisses anxiogènes, des arythmies cardiaques, et de l’obésité ; sans compter l’effet émollient sur le cerveau.
Les deux dernières répétitions se mélangent un peu dans ma tête. J’avais posé une ou deux vizirette ici ou là pour en tagger les évènement culminants, mais comme à chaque fois je n’arrive pas à voir au-delà du simple objet. J’ai l’impression d’être comme l’imbécile du proverbe, qui regarde le doigt quand le Sage lui montre la lune. Ma cathédrale perso est bourrée de bric à brac dont je ne sais plus quoi faire. C’est amusant d’ailleurs ce concept : J’ai le souvenir de souvenirs. Des enveloppes vides. Des fantômes sans substance. Sans saveur particulière, mais avec tout de même comme un parfum, une fragrance résiduelle de ce qui était à l’origine. Un peu comme l’index d’une encyclopédie qui pointerait sur des pages vides. Tout est là, mais inaccessible. Effacé comme la cassette VHS qui aurait séjournée trop longtemps près du vieux micro-onde dont le magnétron aurait des fuites.
Bon, on ne va pas en faire un roman, non plus.
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Rien que l’idée de mettre une cassette VHS « près » du micro-onde : pourquoi pas dedans tant qu’on y est. Faut avoir un grain, ou un TRES petit appartement, ou la nostalgie compulsive des objets anciens du siècle dernier. Tiens, peut-être que dans une cinquantaine d’annèes on renchérira à Drouot pour s’adjuger la cassette sous blister dans son boiter d’origine d’un workshop d’aérobic de Véronique et Davina ? Ceci dit j’ai eu longtemps un congélateur désaffecté qui faisait office de cave à vin, alors pourquoi pas un micro-onde range-cassettes-VHS. A l’heure actuelle J’AI une cave à vin. C’est comme un frigo en définitive. Et j’ai jeté toutes mes cassettes VHS, quelques années après mes Betamax. D’ailleurs on dira ce qu’on voudra, mais le Betamax, c’était vraiment le top question qualité. J’ai dû repasser la bande d’Alien un million de fois à l’endroit où Sigourney Weather est en marcel et slip militaire, infiniment érotique, dans la petite cabine de douche de sa capsule de survie, pendant que la Bestiole huilée du suisse H.R. GIGER paresse entre les tuyaux d’eau chaude et l’évacuation des eaux usées.
Au fait en parlant d’eau, c’est à cause d’elle que j’ai pu participer à la répétition de samedi. En effet j’avais promis à Odile de m’occuper du jardin ce week-end. Je n’exprimerai jamais assez mon indicible plaisir à m’occuper des espaces verts. Haies, arbres, plantes, pelouse, rocailles, taille, tondeuse, sécateur, feuilles mortes, déchetterie, sont des mots qui ont le don de provoquer une transe extatique en moi. C’est tellement trop de bonheur à chaque fois, que mon éducation judéochrétienne m’intime de ne pas en abuser. Je m’y plonge à corps perdu avec la plus extrême modération. Je m’étais toutefois résigné à sacrifier mon samedi au toilettage de notre terrain lorsque opportunément la pluie fit durablement son apparition. C’est ainsi que la mort dans l’âme je me retrouvai à la SJM avec mes compagnons d’infortune. Nous étions condamnés à répéter faute de meilleure occupation. Mais je brûle les étapes.
Le mercredi précédent, en l’absence de Lolo qui s’était déplacée pour applaudir Maxime Leforestier Nous avions fourni une prestation honorable. Ce n’était pas du stratosphérique, mais ça jouait propre et carré et nous avait valu un satisfecit de notre tutelle, en la personne des duettistes guitare-solo-batt. Doctement Phil nous avait expliqué que nous n’avions pas progressé mais que c’était mieux. A cause de la pratique hebdomadaire. Un raisonnement un rien jésuite, mais qui nous mit tout de même du baume au cœur. Jésou et Pascou en avait un peu gros sur la patate, qui avaient le sentiment d’avoir un peu progressé depuis notre premier rassemblement dans le garage de P., un soir de janvier, mais un compliment du Carré, fut-il en demi teinte, ne se refuse pas. Ce mercredi fut surtout marqué par la mise en chantier de God Save The Queen des Sex Pistols. Nous nous lançâmes un peu à l’aveuglette après les marathons de rigueur. Chacun déchiffra sa partie en écoutant attentivement la B.O. sur mon téléphone relié à l’ampli de scène. Au bout de cinq ou six auditions et plusieurs tentatives infructueuses nous arrivâmes tout de même à boucler le titre, un peu comme l’antique 4*4 franchit le lit de la rivière asséchée et remonte radiateur fumant la berge de l’autre rive. C’était fait ! A l’arrache. A la force du poignet. A l’énergie et aux nerfs. C’est au cours de ce morceaux que le Leader Maximo nous enseigna la notion du « jeu à l’étouffée ». Ca consiste à étouffer la note en ne plaquant pas complètement l’accord afin que les cordes rendent un son sourd : étouffé ! Jésou était scotché.
C’est le samedi, en l’absence des femmes du groupe, que nous travaillâmes réellement « God » dont nous fîmes un enregistrement de travail honnête musicalement, bien que la partie vocale soit très largement perfectible. En même temps ce qui nous sauve, c’est que les Sex Pistols, groupe de légende, ne l’est pas pour la perfection de son jeu ni les qualités vocales du chanteur Joe Strummer. C’est même leur marque de fabrique : le coté bancal, bricolé et faux. Je pense que dans ce domaine, je suis largement au niveau, et cela na-tu-rel-le-ment ! Par ailleurs nous parlâmes de notre jeu de scène, qu’il nous faut absolument développer. L’un d’entre nous proposa d’étoffer la section chœur en engageant des sortes de Claudettes. On chercha un nom pour elles : les blousettes (on puiserait dans le vivier des intérimaires infirmières) ou bien les Pasquettes. Le groupe changerait ainsi de nom et deviendrait : Pascou et ses Pasquettes. Jésou suggéra Pastèques, mais ce ne fut pas retenu.
Pourtant, « Pascou et ses Pastèques » , ça a de la gueule !
mercredi 1 avril 2009
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3 commentaires:
Pas d'abus des films d'horreur Mitch,autrement attention !!!!! il y a des risques !!!
je crois que le chanteur des sex pistols c'est johnny rotten,quant aux progres du groupe,certes un peu de technique mais surtout c'est la coordination et l'homogeneite qui fait qu'on a le sentiment d'etre meilleur, on devient presque ecoutable!!
phil le k
En effet Phil, quelle erreur grossière.
Cependant elle s'explique en partie par le fait que Joe Strummer est le chanteur-leader (pléonasme) des Clash. Et comme on travaille désormais les Clash, et en parallèle les Sex Pustules (Rotten), J'ai fait une petite confusion.
Je remercie Le Carré d'avoir rendu à chacun ce qui lui appartenait.
Concernant le second point : "On a le sentiment d'être un peu meilleur"... Mais si on s'en tient au ressenti, j'ai pour ma part "le sentiment qu'on est meilleur" depuis avant notre première répète. Donc à ce niveau pas de soucis.
J'aimerais bien maintenant qu'on dépasse cette excellence virtuelle et qu'on soit meilleur "en vrai".
Par ailleurs, à titre personnel, je me sens d'une rare homogénéité avec moi même. chaque cellule de mon corps se sent homogène. Chaque note que je tiens est d'une homogénéité à couper le soufle. je veux dire au niveau de l'intention.
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