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vendredi 6 juillet 2007

Magna Cum Laude (non répète du mercredi 4 juillet)

Ce mercredi je suis allé manger chez ma mère, comme c’est désormais l’habitude, avant d’aller participer à notre traditionnelle rencontre musicale dans la fausse commune (1) dite « des climatites », lieu quasi mythique de l’enterrement de première classe que nous réservons aux meilleurs titre de Rock des années 70. En tant que Fossoyeurs, c’est notre mission. Il avait été convenu avec Jésou que nous ne jouerions pas ce soir là, eut égard au status particulier de ce 4 juillet. Outre que cette date est la fête nationale des Etats-Unis, et donc d’une certaine manière celle de tous les rockers, ce qui en soi aurait pu constituer, s’il en était, le point d’orgue de notre collaboration d’un semestre, c’était aussi l’échéance de l’oral du bac d’Alexis. Souvenez-vous, Alexis, notre batteur stagiaire, qui avait vaillamment retroussé les manches afin de palier l’absence d’Alain V1.0 aux moments sombres du groupe, quand nous n’avions personne pour marquer le tempo de nos gesticulations. J’ai eu envie, au sortir d’un bon repas en tête à tête avec maman, d’aller visiter notre guitariste dans son milieu naturel. Las, mon humeur vagabonde m’avait conduit dans ce lieu en un moment particulièrement mélancolique, car malgré l’espoir que je caressai, qu’une bonne nouvelle m’y attendrait, je du constater que 20 points manquaient, qui auraient transformé la tristesse ambiante, en une nuit de folie digne des plus grandes attractions hollywoodiennes.
Aussi ne vous raconterai-je pas cette soirée là, mais une autre, beaucoup plus gaie. Ce pourrait être une Utopie, qui narre ce qui se passe en un autre lieu, mais c’est d’une Uchronie que je vais disserter, une histoire qui se déroule en un autre temps, un temps où la vie bifurque, un moment qui modifie à jamais le cours des évènements futurs.

Il était donc une fois, vers 21h, comme à l’accoutumée au domicile des Fabre. Des ampoules multicolores avaient été installées, illuminant le portail, balisant l’allée de pierre, grimpant le long de l’escalier telles des glycines lumineuses, ruisselant sur les murs, scintillant dans l’atmosphère encore chaude de cette fin de soirée, guidant le visiteur vers le lieu de réunion d’où les eclats de voix joyeux parvenaient par vagues au grès de la brise vespérale.
Des torches fulligineuses prenaient le relais le long de la piscine, traçant un chemin moyenageux vers la fête.
Je parvins sous la paillote. Autour de moi virevoltaient les jumeaux impétueux, vêtus sobrement de maillots aux couleurs du Brésil, et sur un air de samba, scandant ma marche de babillages excités : Il a réussi, Il l’a eu ! Au milieu d’un groupe se tenait le nouveau bachelier, fier et droit, un sourire radieux irradiant tout son beau visage. Les membres du groupe étaient déjà là, tenant à la main une coupe de champagne, trinquant avec le lauréat « magna cum laude ».
« Mitch ! me héla, joyeux, notre jeune impétrant, tu es là enfin, toi dont le lumineux jugement éclaire, tel le phare dans la nuit, le chemin à venir autant que celui parcouru, toi dont les plus grands philosophes du passé se sont par anticipation inspirés pour guider dans la longue nuit de l’ignorance, les foules industrieuses d’une humanité vacillante.
Mazette, me dis-je en aparté, que voilà un jeune dont le verbe fait plaisir à entendre, il ira loin ce petit. Fendant le groupe d’amis, baisant au passage filialement les mains tendues de sa mère au regard humide de fierté et d’émotion contenue, il vint à moi, un verre de boisson ambrée à la main. « Tiens, c’est du Llagavullin, ton whiskey préféré, sans glaçon bien sûr, fleurant bon la tourbe et portant plus d’années que moi et un de mes frères réunis ; « je sais que tu ne goûte guère le champagne, même si c’est du Kristal Roederer, dont mon père m’a offert un Jeroboam afin de fêter dignement l’évènement. Je le congratulai sobrement, virilement, comme il sied entre pairs. C’était un homme désormais, et dans un éclair de préscience, j’entrouvris l’avenir pour y apercevoir son futur, dont j’eu l’intime conviction qu’il serait d’exception.

C’est alors que sortant mon micro de ma poche gauche, je fis un signe discret de connivence à mes amis rockers, mes bons Undertakers, mes fossoyeurs magnifiques, et dans un rugissement de décibels Pierrot entama rageusement l’intro de « We are The Champions » des Queen. Interdit Alex se figea, et tandis que je chantai comme jamais Freddy Mercury ne le fit, Je vis des larmes de joie couler le long de ses joues glabres tandis que de derrière la maison, sortait un flot de jeunes hétaïres qui entamèrent une chorégraphie dont Tina Turner et Cher réunies n’auraient pas renié le langoureux et lascif tempo. L’une d’elle, se détachant du groupe, vêtue d’un short fendu et d’un haut arachnéen, brandissait au bout de ses bras, comme une chearleader exhibe la ceinture du champion du monde lors d’un match de boxe, un facsimilé en or du diplôme d’Alex, sous les vivas de tous.
Jésou ne se tenant plus, lacha sa Gibson et se précipitant sur elle, mima une danse de rut ancestrale avant de conclure par un double salto arrière.
Au final, les filles, entraînant Alex dans leur tourbillon, firent corps avec lui, et le prenant par les bras, se jetèrent dans la piscine éclairée dans la nuit enfin tombée, faisant jaillir un geyser écumant qui éclaboussa les convives ravis.
Lors la sono se déchaîna :
La fête pouvait commencer, qui durerait jusqu’au bout de la nuit.

Délire ? non, c’est juillet 2008 dont j’ai par avance consulté les arcanes. C’est comme ça que ça va se passer. J’en suis certain.


(1) Fausse commune : Lieu dit.

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