L’angoisse de la page blanche ! Pourtant ce n’est pas faute d’évènements lors de ce concert « Family Tour » que nous donnames à Ritchwood Hall ce dernier mercredi. Cependant, je recule depuis plusieurs jours le moment de m’y mettre… Mon esprit est vide. Peut-être est il incapable encore de retranscrire les émotions qui nous envahirent durant la représentation. Cela se passa si vite. Quarante minutes montre en mains. Et autant de minutes d’un bonheur intense, fort comme une tequila, qui nous submergea d’une déferlante d’adrénaline et de sérotonine et autres truc en « nine », qui altéra nos perceptions, le temps se dilatant et se contractant, nous faisant perdre le contrôle, nous livrant à des forces puissantes que nous ne maîtrisions plus, tels des frêles fétus pris dans un maelström étourdissant.
Je tentai de surnager, laissant mon subconscient mener la danse, et les automatismes acquis au long des derniers six mois, prendre le relais d’une volonté engloutie. Autour de moi je vis les corps des autres tournoyer, surnager puis plonger dans l’écume des sons, dans les remous des rythmes, disparaissant, réapparaissant, me laissant parfois seul, puis nous rassemblant à nouveau dans une communion comme j’en ai peu connue jusqu’ici. Je fis des choses dont je ne me souviens plus, que l’on me raconta après, dont je pu constater la réalité sur la vidéo tournée ce soir-là. Encore maintenant, j’ai du mal à accepter que j’aie pu agir comme je l’ai fait, et je reste persuadé qu’une volonté schizophrène a pris le contrôle de mon corps pour le contraindre. Je crois que c’est ce que l’on appelle se transcender, aller puiser au-delà de ce que l’on pense possible une once d’infini qui vous dépasse vous transporte et vous comble. Pour moi , mécréant notoire, c’est peut-être l’approche la plus similaire à une expérience mystique que j’ai pu avoir, et sans doute, à cet instant, durant un bref moment, ai-je eu la révélation d’une présence supérieure dans laquelle j’ai pu me fondre. L’expérience du Grand Tout !
A la réflexion, c’est pas ce qu’on appelle un orgasme ?
Noooon ! (hein ?) mais enfin c’était pas loin !
Le Grand Vrai Panard d’Acier Bleuté dont parlent tous les Rockers !
( Jumping) Flashback……………………………………………
Dans l’après midi, les guitaristes avaient aidé notre hôte à déployer le matériel et fait quelques essais sons, déclenchant l’angoisse de Cathou devant la puissance dégagée.Quant à moi, je me présentai vers 19h30 pour installer mon micro et celui d’Odile. J’avais mis dans un sac mon costume de scène (Tshirt noir aux armes du groupe, jean noir et tennis rouges). Pour tromper l’attente, et surtout la nervosité qui commençait à monter, Nous primes un fond de cette compagne de nos joies et nos peines : la boisson ambrée. Les membres ainsi que les invités arrivèrent par petits groupes. L’ambiance était celle d’un début de concert : conversations autour d’un verre sur fond de préparatifs de scène. J’aime cette atmosphère liée à l’attente d’un évènement musical. Il y a de la fébrilité dans l’air, de la décontraction, un « je ne sais quoi » (comme disent les américains) de vacances, de festival. Ceci était encore accentué par le lieu et sa disposition. L’air du soir était doux, envahi par le bruit des cigales, les convives se massaient autour du bar de la cuisine d’été, près de la piscine.
J’en profitai pour discuter un moment avec Bernard, le frère de Pascou, avocat notoire. Il m’apprit qu’il avait commis un nouveau bouquin, un polar, mais qu’au dernier moment il avait refusé de signer le contrat de publication car l’éditeur avait souri à son désir d’utiliser un pseudonyme.Je saluai son indépendance d’esprit et sa farouche volonté de ne pas se faire dicter quelque loi que ce soit, fut-ce au détriment de la vente de quelques centaines de milliers d’exemplaire de son ouvrage. Je pensai tout de même par devers moi que cette force d’âme, j’en serais incapable, et que je serais prêt à me prostituer (au figuré) pour voir une de mes œuvres publiée. Je butinai de groupe en groupe, échangeant quelques propos ici, écoutant telle conversation là et dirigeai mes pas vers le théâtre des opérations : En contrebas, sur l’immense terrasse carrelée, délimitée sur trois cotés par la façades du « mas » et les hauts murs d’enceinte percés d’ouvertures, se dressait une manière de scène ou s’étalait largement le matériel des musiciens. A quelques mètres des pieds de micro, qui tel des tournesols, orientaient leur corolle grillagée vers le soleil musical, on avait placé les tables de mixage. Alexis en était l’officiant, chargé de régler en temps réels les niveaux de chacun. Cette image du tournesol musical appelle un nouveau mot d’ailleurs : celui de « tourneson » qui est au son ce que le tournesol est à la lumière. Des chaises aux couleurs acidulées circonscites par un muret accueillant, permettaient à une trentaine de personne de prendre place.
Au milieu de cette ambiance détendue, nos réactions étaient diverses, certains montrant plus de nervosité que d’autres. Mais l’assurance affichée, n’était-elle pas une façade destinée à donner le change ? La nervosité était-elle motivée par l’angoisse, ou bien par l’excitation ? Le sais-je moi-même ? Toutefois, en vrais professionnels, nous ne nous réfugiames pas derrière la facilité d’une consommation excessive de produits illicites, nous tenant ainsi dans la stricte observance des règles que nous nous étions imposées quelques semaines plus tôt. Le public avant tout ! vers 21h les mouvements de l’orchestre se firent plus précis. Nous convergeames vers la scène, chacun prenant possession de son espace, les guitaristes accordant leur guitare, le batteur roulant quelques rythmes, l’ultrabassiste déliant ses doigts sur son ultrabasse, et les chanteurs lançant des « un ! deux ! » péremptoires à une assistance clairsemée encore. Je constatai au passage que le sol était envahi de cables, tendus par la distance trop longue à la console de mixage. Je notai que j’allais devoir être précautionneux dans mes déplacements, et anticipai vitruellement une chûte malencontreuse et ridicule devant un public hilare.
Mais les spectateurs s’assirent, qui mirent fin à mes sombres pressentiments. On captait une indécision dans l’air. Même les cigales parurent marquer une pause dans leur mélopée africaine.Pierrot plaqua quelques accords de blues.
Je SUS que c’était LE moment. Je partis en courant, fendant la foule, m’éloignant de la scène. Un léger brouhaha accompagna ma fuite supposée ; je compris que les interrogations allaient bon train. Les membres du groupe eux-même ne comprirent pas tout de suite la manœuvre, car dans ma spontaniéité j’avais omis de les tenir au courant ! de loin je fis signe à Pierrot de continuer. Le blues se consolida, la batterie entrant en scène, la basse soutenant l’ensemble tandis que Jésou emboitait le pas. Je me lançai, saisit fermement mon tourneson dans ma main gauche, et d’une voix de crooner accueillit le public d’un « bonjour Nîmes » joyeux.
Je me réveillai de ma transe quarante cinq minutes plus tard. Je compris que c’était terminé, les gens applaudissaient et commençaient à se lever. J’étais épuisé, essoufflé, en sueur. Mon corps me faisait mal et j’étais au milieu des miens. Je repris contact avec la réalité, comme à regret. Je ressentais une immense fatigue, comme après un exercice physique intense. Mais cette fatigue était bonne, elle me laissait apaisé, repu, serein. La tension retombait doucement, comme les dernières escarbilles dans le ciel après l’explosion du bouquet final, qui s’évanouissent dans le vent, laissant derrière elles quelques volutes de fumées, et une odeur de poudre dans l’air, alors qu’en fermant les yeux, l’image rémanente du feu d’artifice nous rassure et conforte notre sentiment de plénitude.
On me raconta que le public avait été content, et que même les plus sceptiques, venus par compassion et avec une conviction modérée dans les capacités artistiques de tel ou tel membre du groupe, en avaient retiré quelque satisfaction.
Bernard proposa de devenir notre impresario, nous accordant 85% de nos gains. Calculs faits, je réalisai que chaque musicien toucherait ainsi 12% du total. Pas con le Bernard ! Mais de toute façon, on sait depuis la nuit des temps de l’économie de marché, que ce n’est pas le travail qui rapporte, mais ses revenus. La logique est donc sauve.
Je m’enquis auprès d’Henri, le père d’Alain, de ses impressions « à chaud ». Contre toute attente, il ne fut pas féroce, nous accordant même un satisfecit, « compte-tenu de notre inexpérience ». Il ajouta que d’ici quelques années de travail acharné, il consentirait même à se joindre à notre groupe, pour peu que nous abandonnions le Rock, dépassé, et nous adonnions enfin à la seule musique qui vaille : le Jazz.
Tous convainrent qu’à défaut d’être un grand chanteur, j’étais au moins mobile. Les choristes furent inclus dans cette analyse, d’autant que leur voix hélas manqua de puissance par défaut de réglages, ce dont nous devrons tenir compte à l’avenir. D’ailleurs mon extrême mobilité entraîna deux accidents, identiques. Au cours de mes pérégrinations, je me pris les pieds dans le câble de la basse, arrachant même quelques vis. Heureusement Alexis, promu régisseur machiniste fournit le tournevis salvateur qui nous permit de reprendre.
C’est au champagne que se conclut cette soirée riche d’émotions, ce n’est pas que je sois un inconditionnel de ce breuvage, mais bon, il signait un événement important pour nous, et à ce titre j’y fis, ainsi que mes camarades, honneur.
mardi 31 juillet 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Mitch, ecrit !!!
bon, ça c'est fait !
Mitch, arrete la fumette !!!
le public , vous l'aviez payé et en plus c'était la famille !
le 29.09.2007 on vous attend !!!
salut le keke, hier je regardais mon confrère à la télé dans le Trouvère à Orange : Roberto Alagna.. lui et moi, outre un organe interessant, et un physique avantageux, partageons les même problèmes : Les critiques acides et injustes, les coteries et les cabales. lui et moi apportons la même réponse : courage, ténacité, et mépris à la profondeur abissale pour les détracteurs de tous poils. moi je suis pour le respect des doigts de l'homme, et le mien de doigt, considère que je l'introduit profondément, bien qu'avec une infinie douceur, dans tout orifice à ta convenance.. je t'embrasse et on reste en contact !
ALors vous avez fait l'expérience du Grand Tout ! Vous avez goûté à l'enivrement provoqué par le maëlstrom orgasmique de la scène !
Ca va pas être simple pour vos charmantes épouses...;-)
Mitch, range ce doigt !
fort heureusement, il se trouve que MON épouse, à partagé cette expérience du GRAND TOUT en tant que choriste. ainsi avons-nous pu vivre ensemble cette félicité. il est vrai que pour les épouses des autres musiciens, ca va être très dur. Elles vont devoir ramer pour compenser ce moment fort et indescriptible. Mais je ne doute pas qu'elles useront de toutes leurs armes pour relever ce défi.
Enregistrer un commentaire