Répète importante que celle de ce mercredi dernier qui a marqué un jalon dans notre histoire. En effet dans la journée et comme souvent le mercredi, Poun et Pierrot s’étaient retrouvés au café afin de définir les orientations du groupe pour les mois à venir. Hélas à notre grand regret, pour des raisons personnelles Poun n’avait pu venir ce soir-là, ce fut donc à Pierrot qu’échut le difficile exercice d’explication de texte.
Barrer le vaisseau UFR s’apparente à une difficile traversée du Cap Horn d’est en ouest, tant les vents y sont violents et les vagues démesurées, on parle d’ailleurs à juste titre de cinquantenaires hurlants pour qualifier les flux d’air et d’eau qui se pressent dans cet entonnoir naturel entre l’antarctique et la Cordillère des Andes. Dans notre groupe, qui est l’antarctique, qui est la Cordillère, bien malin qui peut le dire ; sans doutes le sommes nous tous à notre tour, soufflant le chaud et le froid au grès de nos humeurs. Chacun des équipiers de ce bateau ivre tente de parer à la manœuvre, mais aucun n’a fait les Glénans ou n’a même bénéficié d’un semblant de formation sur dériveur au club mickey de Carnon-Plage pour apprendre les ficelles, pardon : les cordages, du métier. Et ça se ressent sur la course plutôt erratique de notre coquille de noix.
Par chance nous avons un skipper solide à la barre, flegmatique, fin psychologue, rompu aux vicissitudes de la mer, et ses dangers permanents.
C’est ainsi qu’en l’absence de l’Ultrabassiste qui avait préféré faire bombance ce soir-là, nous entamâmes la séance du mercredi. Les femmes également s’étant désistées, nous n’étions que quatre. L’effectif réduit à pratiquement soixante pour cent, nous nous regardions, un brin perdus dans l’immensité de la SJM.
Avec infiniment de précautions oratoires Pierrot nous fit un court et informel briefing.
« Bon, les gars je me demande s’il faut continuer dans cette voie : celle des compos. Peut-être faudrait-il changer notre fusil d’épaule et se concentrer plus sur les reprises. Parce que finalement qu’est-ce qui compte pour nous ? C’est de prendre du plaisir. Et là, en ce moment, tout le monde ne prend pas de plaisir. Qu’est-ce que tu en penses Mitch ?
« Ben, en ce qui me concerne j’aurais beaucoup de mal à choisir : j’aime les compos bien sûr parce que c’est un acte de création, et quand je chante une compo j’ai le sentiment qu’on a fabriqué quelque chose qui nous appartient, ce qui est très gratifiant. En revanche j’adore aussi les reprises. J’aime chanter en anglais et puis si ces morceaux ont eu du succès à l’époque ce n’est pas pour rien ! Donc je serais bien en peine de te dire ce que je préfère.
« Merci Michel, ça nous avance beaucoup !
« Et toi Jésou, qu’est-ce que tu en penses ?
« Alors moi le problème c’est que je ne m’entends pas et forcément du coup…
« Le souci, poursuit Pierrot, c’est que nous ne sommes pas très forts techniquement. Pour les compos nous sommes obligés de simplifier considérablement, on joue basique. La conséquence c’est que certains se font plaisir, le chanteur notamment, qui a du texte à chanter, mais le guitariste rythmique, lui se fait chier à cause des arrangements simplistes. Au moins avec les reprises on peut jouer des airs connus qui tiennent la route et qui sont intéressants à interpréter.
« En plus l’avantage, en concert, c’est que tout le monde connait ces titres : c’est plus facile, alors que pour les compos il faut que le public adhère sur des trucs qu’il ne connait absolument pas. D’ailleurs je suis d’avis qu’on arrête de se mettre la pression avec ces concerts. On devrait se cantonner à des soirées entre potes, pour des amis, des anniversaires, ce genre de chose, et arrêter de se torturer avec des challenges impossibles, du style concerts de feria. A chaque fois on est à la ramasse parce qu’on est mal préparé, on joue dans des conditions épouvantables devant des gens qui n’en ont rien à foutre. C’est l’erreur de casting totale : Les gens ne sont pas venus pour nous écouter mais pour se bourrer la gueule ; à la limite on les fait chier ! et surtout : on SE fait chier !
« Oui, je suis d’accord avec toi Pierre, intervient Phil le K. j’ai toujours dit que les concerts ce n’était pas la priorité. On est là pour s’amuser entre copains, prendre du plaisir. On n’est pas prêts pour des concerts. Par contre, qu’est-ce qu’on fait par rapport à notre CD ? Jai encore vu Jaquot dernièrement, il nous attend.
« En effet, confirme Mitch, depuis le temps qu’on en parle, ce serait bien de s’y mettre. En plus ça nous ferait une récréation ça nous changerait les idées, d’autant qu’on a une douzaine de titres maintenant, en comptant un ou deux morceaux qu’on ne joue plus : par exemple Brockn’roll. C’est dommage qu’on ne le joue plus, j’aimais bien ce titre.
« Pourquoi pas approuve Pierrot ; on l’avait arrêté à cause du refrain qui n’était pas terrible, mais on pourrait retravailler dessus. En plus lorsque j’étais monté au Chambon, j’avais eu un très bon retour : Alain l’avait beaucoup aimé, (Mitch pensa : putain si on a le feu vert d’Alain, c’est sur mon gars c’est dans la poche !)
« et d’une manière générale, les gens apprécient ce morceau, il les titille, il a quelque chose. En tous cas : accueil positif.
« Bon, donc ça serait bien qu’on retourne en studio appuie Mitch ; et pour gagner du temps, on pourrait faire passer un CD complet de nos compos à Jaquot. Comme ça il se les mettrait en tête, il réfléchirait à des arrangements, des ambiances sonores et nous conseillerait sur les titres à mettre sur le CD. Il a un bon jugement, si c’est de la merde il nous le dira. Et comme ça si Pierrot ou Phil voient Jaquot, ils conviennent d’une date, et on aura le CD Pour Noël.
« Oooh là, comme tu y vas. Si on s’y met maintenant, le temps que ce soit terminé, faut pas espérer que le CD soit prêt avant Pâques s’exclame Pierrot. Euh, et même Pâques ça risque d’être juste renchérit Phil : moi je vois plutôt ça aux alentours de la feria ! C’est un perfectionniste le Jaquot, il fait pas dans fast food musical…
« Bon tout le monde est ok ? conclut Le Leader : le CD chez Jaquot, On se prend pas la tête sur les concerts, et on se trouve des reprises ? Il regarde ses partenaires d’un traveling circulaire, récolte leur approbation muette.
Un pacte vient de se conclure entre ceux-là. Comme pour les membres de l’Honorable Société, nul besoin d’une signature, le contrat moral est scellé de manière indélébile par la parole donnée.
Jésou conclut : « le plus dur ça va être de convaincre Poun, Celui-là, avec son caractère réboussier, du moment qu’il n’a pas pris part à la décision, il va nous en faire une pendule !
« J’en fais mon affaire, rassure Pierrot, si j’arrive à le convaincre, ce (censuré), que l’idée vient de lui, c’est gagné ! Allez, c’est pas là qu’ça touche comme dirait notre choriste honoraire, mais faudrait peut-être s’y mettre maintenant (se frottant les mains) : On se fait un petit marathon des familles ? Profitons de ce que nous ne sommes pas nombreux : pour une fois on risque de s’entendre !
lundi 19 octobre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire